Thursday, August 16, 2007

À Ouessant en Bretagne

À Ouessant en Bretagne






Cris toujours de toute la vie avec des formulations, des détails, les animaux, leurs peaux, leurs ongles, les détails chéris, l’œil






Et ce que l’on supprime si on ne lit pas

si on ne –

ce que l’on supprime de la vie



Chacun ajoute, ajoute acajou Ou retient, retraite, altère ; un vaste paysage dilué, sans nous, des particules, tout ce dont on ne sait rien, la Terre est ronde, on le sait On arrive, maintenant, à le savoir, le savoir, le savoir






Les mouches et les femmes, les chevelures d’araignées






Antonioni décrypte ; on écrit, le bruit de la machine, les touches, le fouillis à l’intérieur du buisson des ifs à la gendarmerie par dessus le mur Le silence est instable, je veux dire, le dedans, le dehors Ce qui bouge en silence sans un mot, sans un bruit, sans un violon et cette ventilation à l’intérieur comme un bruit de chasse d’eau Mademoiselle Le Gwen est très belle, on a souhaité se revoir. Il est déjà le soir. L’heure est indifférente : il a fait un temps plat, mou, léger Un temps de lecture, de page, d’indifférence, un taxi mauve Chaque jour demain annoncera un recommencement

Et la science, ici, j’aimerais l’oublier, comme ces cris de femmes, etc.






Comme j’écris ces lignes, quatre larmes muettes ont coulé sur mes joues Là où tu jouis, je joue Les hommes veulent atteindre la lune mais personne ne s’intéresse au cœur humain Les gens heureux ne sont pas encore nés C’est la lettre de Marilyn
Et Hélèna m’attend pour un pique-nique. Un courrier sous ma porte. Un bout de papier déchiré et au feutre rouge : « on va (pique-) niquer ? » Elle veut emmener le crabe et l’araignée au bord de la mer. Elle comprendra que j’emploie « emmener » bien que ces choses soient mortes






Tu n’as que moi au monde. Jour et nuit dans la voiture. La femme imparfaite, Marilyn Hélèna rit, rit beaucoup avec moi. On rigole et on développe les sketches de la télé, Jacques Higelin qui fait le jeune Le crabe et sa femelle, l’araignée. Elle me demande comment je l’appellerai, le crabe, si j’en avais un à moi. Quelle drôle d’idée, je l’appellerai : « Cancer »







Hélèna jour et nuit, l’île, la nuit La chambre et la nuit J’ai supprimé la ventilation, j’ai réussi, le fusible. Maintenant le seul souffle agressif, c’est celui de l’ordinateur. L’or dîne à teur, ; le sar dîne à l’huile Des rideaux qui fermaient l’accès au jour, tendre sur les baies de son appartement






J’ai opéré les étoiles et je leur ai dit (aux autres) : « Regardez-les, elles sont si brillantes et si solitaires. » Notre monde… Ces rochers du pique-nique de la préhistoire Hélèna a demandé s’ils en mangeaient, si je le croyais, ces hommes et ces femmes de la préhistoire. J’ai inventé que premièrement les crabes étaient beaucoup plus gros premièrement Et que deuxièmement ils avaient peut-être assez à manger avec les ours et les lions où il y a plus à manger et moins de coquille même si les crabes étaient certainement plus gros – et je ne trouvais pas le mot « mammouth » Mamie écrase les prouts






Elle n’aimait plus les voitures, ne voulait plus en avoir une à elle Le tapis du ciel, de la nature et de ma nature






Terre, océan… Le corps, la peur en dégât noir Lourds rideaux bleus en triple épaisseurs, les yeux, les paupières. Un monsieur aime une bête Monsieur Seguin. Sur l’île, il y a des bêtes dispersées, étonnées, aimantes Elle se laissait glisser dans le passé, towards zero Mon petit panda Puis elle se tut longtemps, baissant les yeux, torride et tordant ses doigts Une seule pensée inconsciente, un seul amour, mais de soi La main de l’île Tout à l’heure le dentiste, à 16h30, l’appeler dans son cabinet de l’île (il me trouvera un rendez-vous). Les animaux, les enfants ; les animaux laissent les enfants crier L’air précise, précise Précise, précise Les bras d’hommes, quand ils vous contiennent sans vous emprisonner ; la force des arbres Les trois visages d’Eve Tu me donnes une idée : Les deux visages d’Ellen






La venue de la nuit brûle comme la venue de la nuit Elle ne savait pas à quoi servait la nuit À attendre Demain, c’est quoi ?






Le tapis du ciel, disé-je. L’avion, l’aérodrome. La peur plate de l’après-midi






Suite à un naufrage, une femme se retrouve sur une île tropicale avec un bel homme Ma femme belle, ma bel homme My favorite wife Elle pleure. Toujours ce voile de verre L’île tient au ciel par les petites pinces, les petites griffes, les pinces à linge des maisons ; l’île n’est qu’un linge, un voile Charmante dorure, ce bleu du ciel dégagé parcimonieusement






Y a pas de problèmes ! Bon ben, bonne continuation. L’étalement qui dit toujours que l’invisible, ici, est de nature Au diable les fenêtres, les glaces ! Sept ans ont passé et je suis toujours dévasté Ici plutôt que là






Ses poèmes sont ses délégués Georges Balanchine, Tennessee Williams Elle sillonnait la ville en taxi Le récit des chambres bleues, les apaisements ; la femme dort… Le linge. Deux personnes oranges courent dans l’image. Le linge, petits carrés suspendus, petits carrés de papier découpés, déchirés, ajustés Le bleu, profonde sagesse noyée ; une chambre à café Toujours nue, allant de son lit à sa baignoire, toujours nue, allant de la cuisine au jardin






L’épreuve de l’eau. L’eau, il suffisait de dire : « Elle brûle. » Nous étions fait pour ne pas nous rencontrer comme le tigre et la baleine L’homme qui devient sa femme Magie, image






L’épreuve de l’eau, celle qui chaque jour devait devenir et paraître ma femme, Hélèna, celle – , l’a réussie. De lourds galets séparaient la plage – séparation radicale inattendue – en deux parties Formant une marche L’indécision pour y choisir le lieu, un instant. La jetée, elle la verrait demain ou plus tard. Elle ne voulait pas repasser là où je lui décrivais une scène Déjà jouée. Et je lui dis : « Nous avons pris cinquante ans alors que nous cherchons plutôt à en avoir vingt de moins. » Une petite fille dansait sur le parvis de bois de la mairie. Ça aussi, c’était une image d’autrefois






Cris comme dans la journée dans la nuit La lune déçoit, lanterne, mais belle La lune rattache, attache toutes les menaces autour de l’île, l’eau, l’amour ou l’amour, l’eau






Et le grand silence, marcher, les bruyères, s’extasier Les inventions liquides, régulières Les mots à lui apprendre : « embruns », « bruyères » et elle m’apprend : « aloès », le répétant gentiment plusieurs fois : « aloès » Les blancs indécis et les noirs sans fond… Il fait super beau ! C’est beau, les mouettes par en dessous. Appartenir – à rien. Frisson de cette journée glacée comme au bord d’un lac de soleil La mer est une nature Invisible, inconnue Mais nue






Les décisions sous la terre Aller chercher cette force dans l’ombre. Le vent frais Au sommet de l’île. Midi, midi trente






Une femme déplacée, déplacée dans le village. On s’intéresse à elle : personne Comme moi






Le mur, la mer. Plat, horizontal, merveilleux. Hélèna demande : « Pourquoi ça a l’air d’un lac ? » « – Parce que c’est plat, horizontal, merveilleux. » L’eau de serpent. L’eau de joie Le bastringue de la psychanalyse Voilà où j’aurais pu être, quelque part en haut, tout en haut, derrière les poutres, près du plafond. Mais je suis là, au centre Le jeu de la star cassée Donner plus d’apparence à ses nuits blanches. Une divagation prétentieuse. Manie crépusculaire Magnifique, Marilyn, magnifique






Elle dit : « Je traîne Marilyn Monroe partout comme un albatros. » Quelque chose de très bas attire vers l’autre Le lendemain soir, tandis que la brume rose… Autour de la joie ou du bien






Absolument seul Les maisons sans livres, la honte devant l’immensité, le sexe apparent …Et leur branches blanches, rares et hautes…






On entend ce mot : « femme » Black magic of love. Écran noir À sa merci, indéfiniment prisonnier, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sur l’île, prisonnier sur parole Ulysse resté, de Joyce Il lui faisait écouter La Bohème, renversée sur le tapis de beauté Je lis, je lis, fenêtre ouverte, île ouverte, elle ouverte, île et elle ouvertes et invisibles, séparées par des murs, des cloisons de cinéma, des façades






On s’émerveille… C’est le décollement de la première fois Un avion dans le Golfe du Lion






Et on peut regarder la musique tous les deux, en dansant dans le noir






Le petit avion vibre autour de l’île. Nuages, belle journée hantée Et ces oiseaux dont les cris, petit peuplement… Comme ma poupée dans sa poussette Passait par-dessus les fissures






Il savait mieux que personne qu’on n’écoute pas ceux qu’on couche






Commencer l’été, commencement Les teintes de la réalité : un gris reconnu par les yeux comme de la couleur Une couleur si belle et si visible dont le mot pour la définir au mieux est : « gris » Une couleur « gris »






Les pieds qu’elle trouve beaux. Dit-elle ce qui lui passe par la tête ou parle-t-elle ? Le bleu bave, il y faut cette couleur de l’air. Le couvre-lit chenille L’eau fragile, l’ombre dessinée, vivante, quelques rochers, quelques murs de la même pierre de toujours, superposés L’imaginaire rouge Marilyn, c’est une rencontre. Les poiriers s’appuient au mur, mais s’accrochent au ciel (ou le contraire) Que nos vies aient l’air d’un film parfait Le fond derrière le muret ; un peu de musique et passe une « femme » La mer gracieuse et puissante






« Aussi longtemps qu’on vit et qu’on désire, disait Freud, on ne fait que troquer une prise contre l’autre, changer d’emprise. » « Tu sais à quel animal tu ressembles ? À une sardine. J’en ai vu une belle, c’était une star dîne (sylo). » L’accoutumance à l’imaginaire






Silhouette lourde Pilules en forme de cœur










1, 2, 3 août 2007.

La lecture dont il est question est celle de Marilyn, dernières séances de Michel Schneider.





Hélèna Villovitch le 14 août 2007 à Ouessant.

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