Saturday, December 15, 2007

Marie Glon, à propos de Dior n'est pas Dieu

Chez Yves-Noël Genod, la pirouette survient dès le début : « Ce soir, je suis récupéré. Mais dans deux jours, je pars en vacances ! » Télérama a publié une pleine page sur lui. En outre, les programmateurs se sont déplacés - quel dommage, il ne pourra pas en dire du mal. Malgré tout, il met en branle une véritable machine à laminer, qui ne l'épargne pas lui-même. Il nous livre des bribes de scènes mal raccordées, avec des invités dont il n'a pas inscrit le nom dans le programme : « je ne suis pas sûr qu'ils viennent » justifie-t-il. Bref : il refuse de produire un spectacle. Pourtant, Yves-Noël Genod n'est pas du genre à s'enfermer dans une règle - fût-elle le refus de la règle. C'est alors un non-spectacle magistral, où l'ironie et l'affectation conduisent non à la distanciation, mais à une adhésion totale, dans le plus pur rapport traditionnel entre l'acteur et le spectateur. Car le trouble naît devant l'improvisation non feinte : on prend peur devant l'artiste-démiurge qui terrorise son équipe, on est sidéré par ses ridicules au point d'y croire. On rit beaucoup devant certaines parodies - deux commentateurs qui dissertent avec enthousiasme sur les caleçons d'un danseur- mais on ne sait quoi penser lorsqu'on s'ennuie pour de vrai et que le maître de la soirée affecte de ne rien maîtriser. La dérision mène à l'adhésion la plus sincère, la frontière entre la personne et le personnage est réellement brouillée. Le « non à la spectacularisation » trouve ici une complétude à la fois jubilatoire et dérangeante.

Marie Glon

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