Thursday, August 16, 2007

Le jardin

Rosita Boisseau

Quant à Yves-Noël Genod, qui se met lui-même en scène sur un texte d'Hélèna Villovitch dans La Descendance, il va cul nu sous ses fanfreluches et livre un bulletin-météo de sa vie pas piqué des hannetons. Forban moqueur et drôle, cet ancien comédien de Claude Régy mélange confidences intimes et gags sexe. Tout est vrai (sa nouvelle femme est une fausse blonde), tout semble inventé (sa nouvelle femme est une fausse blonde) et c'est déjà un talent que celui de devenir sous nos yeux le héros d'une fiction en roue libre qui s'appelle Genod.

Rosita Boisseau, « Le Monde », daté du 20/07/07.

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L'avenir

Le feu

"Mon père, il m'avait fait une lance. Mes cousins l'ont cassée."

« Mon père, il m’avait fait une lance. Mes cousins l’ont cassée. »

Pour Xavier Caroff






Les fleurs disparaissent rapides et lentes, le paysage prend son sens

Flaque de vent, flaque de mer, la fabrication du malheur

Le cercueil de verre, la vitre diffuse

La voile blanche ou l’oiseau vivant

Cormoran noir

Long cou fringale

Tête de mort, les enfants. C’était vivant

Voile morte au moteur régulier

Vaisseau fantôme et, là, le sexe d’une fille

Têtes de morts identiques aux coquillages. Crabe miniature et pur

« People », cela veut dire « peuple »

« Elle manque, elle manque, elle manque, elle manque de plus en plus ! »

Raviver la douleur, le feu de l’épouvantable

Tous les graviers de cette grève ont toujours semblé vivants

La beauté, l’enfance à chercher

Elle est tout un lac

Transparence des eaux purifiées par ses cendres

L’enfant rose clarté joue sur l’arbre mort

L’invisible soit dessous soit dessus






Yves-Noël Genod. Porsisquin, 15 août 2007.

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Les images d'Éric Martin prises dans le noir du Dispariteur

Rémy Héritier

Audrey Gaisan

Le soir où David TV est venu

















Photos David TV. Yves-Noël Genod, Marcus Vigeron-Coudray, Marlène Saldana, Hélèna Villovitch.

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Stijn Celis

hello Yves-Noel, I thought your performance was very inspiring and that you have the incredible capacity of constructing and destroying in the same second. You were like a dictaror, Caligula or Bokassa or Adolphchen or even Ludwig on exit of morfine. Don't know, nothing seemed important but all elements in your piece are vital and identifiable but yet secret aswell. I fell terribly in love with your voice and the way you speak words. You made us all feel inconfortable but seduced.
Ici en Suisse, things are calm, I am in the countryside preparing my comming projects of which none will be in Switserland. I'll be in Canada, US, Sweden and the Holland. Keep me informed, and if you have any intention of using a middleaged balletdancer and if you are looking for a Bruce Willis inpersonator with the voice of Elvis (I do black woman very well too), don't forget to contact me. Big kiss and good luck for the comming months, Stijn

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Les zèbres










Légende : les zèbres claquent des dents après s'être baignés à Arlan, la plage la plus froide d'Ouessant, mais la plus belle, l'île la plus froide de France, la plus belle.

Photos Audrey Gaisan. Rémy Héritier, Yves-Noël Genod.

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L'ile au caramel

L’île au caramel






A pour nom : ENEZ AN EIN






Hélèna voulait dire, lors d’un précédent poème

Mais les soirées se ressemblent et se précisent

La Baie d’Along

« C’est une quadrichromie délavée par le soleil. »






Voyez-vous un vieil emballage d’Esquimau

De glace d’il y a longtemps

Qu’on aurait retrouvé. Le jaune et le noir disparaissent en premier ; ne restent plus que le rouge et le bleu, du magenta et du cyan






Débat :

- Moi j’vois pas mal de jaune. J’vois du blond, pour tout te dire
- Oui, mais moi j’vois… c’est une déformation professionnelle si tu veux… j’vois les choses imprimées






Ouessant les jardins






Les enfants

La Baie d’Along

Le soir-meurtre

Tout se tu

Rien ne se

Sait






Un bleu gris Britt

Miroir-lac

Les verts, le vert émeraude, bleu, soir et ces couleurs qui vont mourir, fleurs

Pelouse vers la mer






Le bonheur sourd quoi que nous fassions, nous transpirons, quoique nous fassions dans le bonheur

Hélèna ne sait pas, ne sait pas ce qu’elle sait






Barbecue dérive un peu de fumée






Le chiffre 735 est apparu dans le sommeil

Hé ho !

« Mère la mort la fenêtre ouverte de tes bras me casse les vitres de mes oreilles !… Non, j’invente un peu… »






Le vent, qu’il fasse sa vie, on le laisse pénétrer

Où il veut

Pour lire les fenêtres sont ouvertes, pour lire, pour rêver, pour

Attendre. Un petit bruit électrique, c’est le cliquetis d’un hauban

Les rideaux, les fenêtres, les arbres et leurs branches

Les plumes, les poils

Les feuilles

Volantes, attachées






Tout cela, tandis que je continue de rêver, me semble parfaitement cohérent

La jungle s’assombrit

La fumée traverse la route

Les enfants sont passés (au travers)






Les rochers du Sud

Tout reste en place, mais le temps change

Le linge, morceaux de vent, morceaux de ciel

La vue, la vie verte

Ciel couvert là où la population des herbes pousse vers le haut comme une marée

Comme une jouissance

M’a dit Hélèna

Mais j’y pensais aussi

En la branlant

Je pensais que c’était comme

Quand j’étais sur le rocher, nu, recouvert par les vagues

Au bout de la Pointe Sud

Qui doit avoir un autre nom, peut-être, que « Pointe Sud »






Des vélos passent sur la route comme un tuyau

Des côtelettes de veau nous attendent, nous

Mais un avion vrombit, fabrication humaine

Comme les boîtes de Banania






Mouettes laquées, ciel tonnerre. Des îles dans le ciel un archipel

Un chapelet…

La frange soulevée à l’Ouest






Je ne fuis pas l’angoisse de la mort dans la suractivité

La réalité les yeux tournent et voient

La vie est le théâtre et la mise en scène de ce qu’il y a de mieux chez nous

Rocky Bay, Christmas Island

People : sac de Sandrine Kiberlain (porté par Audrey) et chemise de nuit (qu’Hélèna porte en robe) de Sylvia Bataille

Noms souvent évoqués : celui d’Emmanuel Carrère, de Nicolas Sarkozy, de Lady Di

Heu…






POINTE DE ROC’H HIR






Le poète a toujours raison, Amy Winehouse, Jean-Louis Bidet

Puis, sur le tard, Catherine Deneuve (qu’Hélèna a interviewée), Vincent Gallo, Jean d’Ormesson

On a parlé de Christophe Fiat, de David Monceau, de Marguerite Duras, de Julien Gallé-Ferré

De Yann Tiersen, de Titi, de Fifi la boulange, de la bouchère de Lampaul

Et de Rémy Héritier, de Marlène Saldana, d’Audrey Gaisan, le cas a été évoqué de Carole Bodin, celui de Marcus Vigeron-Coudray

Caroline Marcilhac, Maud Le Pladec, Mickaël Phelippeau, Vincent Druguet, José Alfaroba, Marie-Thérèse Allier, Cécilia Bengoléa

Loïc Touzé, Latifa Laâbissi, David Di Nota

Patrick Poivre d’Arvor, Claire Chazal, Sandra Basch, Georges Prat (le fils d’Hélèna), Frédéric Danos, Tom Danos

Hélèna Villovitch, Yves-Noël Genod

Xavier Carroff, Joséphina Lemoniz

Olivier Py

Wayne Byars, Julie Guibert, Boris Charmatz, Édouard Levé…





Elle est là, la vie heureuse, sous l’eau, dans la force et le silence






10, 11, 12, 13, 14 août 2007.

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Vendredi 15 heures

Vendredi 15 heures






Si le temps n’avait pas été gris, si la plage n’avait pas été déserte…






Hier

La mer, le miroir éclairé par en dessous

« C’est une bichromie délavée usée par le soleil. », dit Hélèna






Beaucoup de folles au village ce matin. Toujours à moitié repéré, mais de loin. Deux, c’est beaucoup, la blonde et la brune

Forment une cage






Mourir sans le savoir

La mer, la mort, longer, la mer, la mort découpée comme un corps

Un corps marin, malin

Doux, liquide

Qui a peur ? Le lézard attrapé. Il est monté sur le genou

Il s’est enfui dans la maison






« Je » n’est plus la peine

Rémy prend en charge quelque part. « Je », son sexe devant lui

Elle, à l’intérieur, limpidité des erreurs…

Elle a rêvé des Minimoyes alors qu’elle

Avait un gorille dans le cœur






Dont elle n’a pas profité cette nuit-là. Comprenez-vous ce que vous lisez ?

Nous passons sans cesse à côté du plus proche ; la peinture…

L’île monte vers toi. Le psychiatre aurait peut-être besoin d’un psychiatre

– Tu fais quoi ?






Les recouvrements de bruyères. La phosphorescence de la chèvre

Le Phare de la Jument

N’est pas en face d’Arlan

Mais de l’autre côté, de l’autre côté de l’île, en face de ton odeur






Que faire du mépris des bêtes ?






10 août 2007 (16 heures).

La mer la vague

La mer la vague






Relire Le Lion de Kessel

Elle écrit à la porte d’à côté ; séparé par la cloison, ses petites touches – de chat qui pianote – sans musique

La nuit l’ouvert, c’est en plein jour, « Dim Dam Dom », « Dim » comme « dimanche », « Dam » comme « dames » et « Dom » comme « d’hommes »

Tout le monde est cool






Marilyn Monroe a dit : « Il n’y a pas besoin d’utiliser sa voix dans un mode spécial. Si vous pensez à quelque chose de sexuel, la voix suit naturellement. »

Si vous pensez qu’il y a cette plage, cette double plage d’Arlan avec la jetée, les rochers, la marée basse ou haute, le soleil, l’ombre, la solitude ou la proximité

Vous pouvez






La rumeur infime du plus beau paysage du monde, juste là. La Terre est lourde et longue et si vaste et légère, même si les hommes sont encore dans la religion

Mais les animaux, les animaux ont raison

Et nous parlent






Ils ont leurs raisons, ils ont l’été

Les petits chats pandas

Les poules comme des gros mammifères dorés, des sculptures comme d’été, des buissons, un ensemble légèrement animés

Une forêt pour les petits tigres






Écartèlement des cils, des cieux ; rien n’est dicible anyway…

Le sang des guitares que j’aimais

Les filles en prière, le sourire d’un ange

La mer, matière contractuelle, épaisse

– Les lézards, t’en as déjà vu autant ? on dirait Zabriskie Point






Elle garde à l’écran sa voix de ville

Émouvant dimanche mouvant

Quelques petits points dans l’espace sont ces cris du zoo

La femelle a deux pattes un peu lourdes sur le plancher

Rêverie mate le cœur

À l’intérieur

Une fois puis deux fois






Métaphore, ciel, écriture, infini

Marilyn était enfin hors de vue

Une voix, une cavalcade de voix, d’une voix dans un spectacle de Christian Rizzo

Ces liserés de lumière colorée, très gracieux que forme la Terre, chaque jour, chaque « soir », quand elle se détourne de son étoile

On parle de « baie vitrée », mais il est bien évident qu’il n’y aura pas, bientôt, de « baie vitrée » ni en Californie ni ici

Ni sur Terre ni nulle part que l’amour

Et il n’y en a pas eu – en préfiguration – hier au soir –

Pique-nique au-dessus de la Baie de Lampaul






Le livre pris dans sa fiction, le livre et l’auteur et lecteur

La cime des palmiers

Par exemple au milieu de tout, du Tout il y a quelques bêlements de moutons – cela existe ?

Les autres animaux, les gens de la kermesse, le poids du homard, le poids du panier, Hemingway à genoux puis debout enfin reconnu par Hélèna ; Hélèna toujours ailleurs, tendresse à répéter les choses une fois, deux fois, trente-six milles fois, tendresse à ne pas l’écouter (elle n’écoute pas ce qu’elle dit)

Mais tendresse à lui dire : « Je t’aime. »






Un poème pour Hélèna :



Amène les ciels, emporte, emporte les portes, amène la campagne dans tes reins la campagne plate et longue, liquide et ronde, étalée, la campagne de mes pieds

La bonne longueur pour les jambes, c’est quand les pieds touchent par terre






La brume de chaleur bave

« C’est figé et ça pourrait être aussi bien glacé. » dit Hélèna

Elle en dit peu

Le gris de la pierre dans l’air. La télé est floue

La nuit autour, grise

Cornes de brume






La pluie merveille

Éventuellement son odeur de claire chaleur

Mouille les chaises

Long rythme lent, long, sonore – toujours cette phosphorescence blanche qui fait les choses










À l’intérieur est un vaste espace de neige où toutes les choses sont là (sous la neige) (souriantes) et boivent leur propre substance. À l’extérieur…

Puisqu’il y a des mots

Pendant la nuit. Pendant le sommeil, la sieste, la gorge

Moi j’ai rencontré un noir

- Un noir ? sur l’île ? c’est dans tes rêves qu’est-ce qu’il foutait là ?
- Non, un grand beau noir en vélo il avait l’air pauvre…

- Qu’est-ce tu disais ? qu’il avait l’air pauvre et qu’il avait des chaussettes ?
- Des chaussures. Des chaussures de sport rouges toute neuves. Je crois qu’il est allé sur la petite plage et je vais aller discuter avec lui

Dit-elle en me fouillant les poils

Grand déploiement comme un rideau, du beau

Du beau temps






La mort peut frapper, marquer ; oui, c’est un événement

Marquant






De la fenêtre on voit si loin, on voit les ébats d’oiseaux lointains

On voit une voiture bleue transparente. Les couleurs, intenses ; les noirs sont noirs, les blancs permanents

Les couleurs bleues, intenses, fugaces (par exemple) montent – évidemment il y a les caches, les cadres

Les tableaux

Les vieux n’ont rien vu ni la rose, fugace, presque, dans le canevas. Les mains des mouettes dévalent avides la pente des corps des rochers

Les mouettes comme des mains courantes






La nature, qu’est-ce que tu veux ? le bord détaché

Nuit immense sans fatigue






4, 5, 6, 7, 8, 9 août 2007.





Arlan, Ouessant.

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À Ouessant en Bretagne

À Ouessant en Bretagne






Cris toujours de toute la vie avec des formulations, des détails, les animaux, leurs peaux, leurs ongles, les détails chéris, l’œil






Et ce que l’on supprime si on ne lit pas

si on ne –

ce que l’on supprime de la vie



Chacun ajoute, ajoute acajou Ou retient, retraite, altère ; un vaste paysage dilué, sans nous, des particules, tout ce dont on ne sait rien, la Terre est ronde, on le sait On arrive, maintenant, à le savoir, le savoir, le savoir






Les mouches et les femmes, les chevelures d’araignées






Antonioni décrypte ; on écrit, le bruit de la machine, les touches, le fouillis à l’intérieur du buisson des ifs à la gendarmerie par dessus le mur Le silence est instable, je veux dire, le dedans, le dehors Ce qui bouge en silence sans un mot, sans un bruit, sans un violon et cette ventilation à l’intérieur comme un bruit de chasse d’eau Mademoiselle Le Gwen est très belle, on a souhaité se revoir. Il est déjà le soir. L’heure est indifférente : il a fait un temps plat, mou, léger Un temps de lecture, de page, d’indifférence, un taxi mauve Chaque jour demain annoncera un recommencement

Et la science, ici, j’aimerais l’oublier, comme ces cris de femmes, etc.






Comme j’écris ces lignes, quatre larmes muettes ont coulé sur mes joues Là où tu jouis, je joue Les hommes veulent atteindre la lune mais personne ne s’intéresse au cœur humain Les gens heureux ne sont pas encore nés C’est la lettre de Marilyn
Et Hélèna m’attend pour un pique-nique. Un courrier sous ma porte. Un bout de papier déchiré et au feutre rouge : « on va (pique-) niquer ? » Elle veut emmener le crabe et l’araignée au bord de la mer. Elle comprendra que j’emploie « emmener » bien que ces choses soient mortes






Tu n’as que moi au monde. Jour et nuit dans la voiture. La femme imparfaite, Marilyn Hélèna rit, rit beaucoup avec moi. On rigole et on développe les sketches de la télé, Jacques Higelin qui fait le jeune Le crabe et sa femelle, l’araignée. Elle me demande comment je l’appellerai, le crabe, si j’en avais un à moi. Quelle drôle d’idée, je l’appellerai : « Cancer »







Hélèna jour et nuit, l’île, la nuit La chambre et la nuit J’ai supprimé la ventilation, j’ai réussi, le fusible. Maintenant le seul souffle agressif, c’est celui de l’ordinateur. L’or dîne à teur, ; le sar dîne à l’huile Des rideaux qui fermaient l’accès au jour, tendre sur les baies de son appartement






J’ai opéré les étoiles et je leur ai dit (aux autres) : « Regardez-les, elles sont si brillantes et si solitaires. » Notre monde… Ces rochers du pique-nique de la préhistoire Hélèna a demandé s’ils en mangeaient, si je le croyais, ces hommes et ces femmes de la préhistoire. J’ai inventé que premièrement les crabes étaient beaucoup plus gros premièrement Et que deuxièmement ils avaient peut-être assez à manger avec les ours et les lions où il y a plus à manger et moins de coquille même si les crabes étaient certainement plus gros – et je ne trouvais pas le mot « mammouth » Mamie écrase les prouts






Elle n’aimait plus les voitures, ne voulait plus en avoir une à elle Le tapis du ciel, de la nature et de ma nature






Terre, océan… Le corps, la peur en dégât noir Lourds rideaux bleus en triple épaisseurs, les yeux, les paupières. Un monsieur aime une bête Monsieur Seguin. Sur l’île, il y a des bêtes dispersées, étonnées, aimantes Elle se laissait glisser dans le passé, towards zero Mon petit panda Puis elle se tut longtemps, baissant les yeux, torride et tordant ses doigts Une seule pensée inconsciente, un seul amour, mais de soi La main de l’île Tout à l’heure le dentiste, à 16h30, l’appeler dans son cabinet de l’île (il me trouvera un rendez-vous). Les animaux, les enfants ; les animaux laissent les enfants crier L’air précise, précise Précise, précise Les bras d’hommes, quand ils vous contiennent sans vous emprisonner ; la force des arbres Les trois visages d’Eve Tu me donnes une idée : Les deux visages d’Ellen






La venue de la nuit brûle comme la venue de la nuit Elle ne savait pas à quoi servait la nuit À attendre Demain, c’est quoi ?






Le tapis du ciel, disé-je. L’avion, l’aérodrome. La peur plate de l’après-midi






Suite à un naufrage, une femme se retrouve sur une île tropicale avec un bel homme Ma femme belle, ma bel homme My favorite wife Elle pleure. Toujours ce voile de verre L’île tient au ciel par les petites pinces, les petites griffes, les pinces à linge des maisons ; l’île n’est qu’un linge, un voile Charmante dorure, ce bleu du ciel dégagé parcimonieusement






Y a pas de problèmes ! Bon ben, bonne continuation. L’étalement qui dit toujours que l’invisible, ici, est de nature Au diable les fenêtres, les glaces ! Sept ans ont passé et je suis toujours dévasté Ici plutôt que là






Ses poèmes sont ses délégués Georges Balanchine, Tennessee Williams Elle sillonnait la ville en taxi Le récit des chambres bleues, les apaisements ; la femme dort… Le linge. Deux personnes oranges courent dans l’image. Le linge, petits carrés suspendus, petits carrés de papier découpés, déchirés, ajustés Le bleu, profonde sagesse noyée ; une chambre à café Toujours nue, allant de son lit à sa baignoire, toujours nue, allant de la cuisine au jardin






L’épreuve de l’eau. L’eau, il suffisait de dire : « Elle brûle. » Nous étions fait pour ne pas nous rencontrer comme le tigre et la baleine L’homme qui devient sa femme Magie, image






L’épreuve de l’eau, celle qui chaque jour devait devenir et paraître ma femme, Hélèna, celle – , l’a réussie. De lourds galets séparaient la plage – séparation radicale inattendue – en deux parties Formant une marche L’indécision pour y choisir le lieu, un instant. La jetée, elle la verrait demain ou plus tard. Elle ne voulait pas repasser là où je lui décrivais une scène Déjà jouée. Et je lui dis : « Nous avons pris cinquante ans alors que nous cherchons plutôt à en avoir vingt de moins. » Une petite fille dansait sur le parvis de bois de la mairie. Ça aussi, c’était une image d’autrefois






Cris comme dans la journée dans la nuit La lune déçoit, lanterne, mais belle La lune rattache, attache toutes les menaces autour de l’île, l’eau, l’amour ou l’amour, l’eau






Et le grand silence, marcher, les bruyères, s’extasier Les inventions liquides, régulières Les mots à lui apprendre : « embruns », « bruyères » et elle m’apprend : « aloès », le répétant gentiment plusieurs fois : « aloès » Les blancs indécis et les noirs sans fond… Il fait super beau ! C’est beau, les mouettes par en dessous. Appartenir – à rien. Frisson de cette journée glacée comme au bord d’un lac de soleil La mer est une nature Invisible, inconnue Mais nue






Les décisions sous la terre Aller chercher cette force dans l’ombre. Le vent frais Au sommet de l’île. Midi, midi trente






Une femme déplacée, déplacée dans le village. On s’intéresse à elle : personne Comme moi






Le mur, la mer. Plat, horizontal, merveilleux. Hélèna demande : « Pourquoi ça a l’air d’un lac ? » « – Parce que c’est plat, horizontal, merveilleux. » L’eau de serpent. L’eau de joie Le bastringue de la psychanalyse Voilà où j’aurais pu être, quelque part en haut, tout en haut, derrière les poutres, près du plafond. Mais je suis là, au centre Le jeu de la star cassée Donner plus d’apparence à ses nuits blanches. Une divagation prétentieuse. Manie crépusculaire Magnifique, Marilyn, magnifique






Elle dit : « Je traîne Marilyn Monroe partout comme un albatros. » Quelque chose de très bas attire vers l’autre Le lendemain soir, tandis que la brume rose… Autour de la joie ou du bien






Absolument seul Les maisons sans livres, la honte devant l’immensité, le sexe apparent …Et leur branches blanches, rares et hautes…






On entend ce mot : « femme » Black magic of love. Écran noir À sa merci, indéfiniment prisonnier, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sur l’île, prisonnier sur parole Ulysse resté, de Joyce Il lui faisait écouter La Bohème, renversée sur le tapis de beauté Je lis, je lis, fenêtre ouverte, île ouverte, elle ouverte, île et elle ouvertes et invisibles, séparées par des murs, des cloisons de cinéma, des façades






On s’émerveille… C’est le décollement de la première fois Un avion dans le Golfe du Lion






Et on peut regarder la musique tous les deux, en dansant dans le noir






Le petit avion vibre autour de l’île. Nuages, belle journée hantée Et ces oiseaux dont les cris, petit peuplement… Comme ma poupée dans sa poussette Passait par-dessus les fissures






Il savait mieux que personne qu’on n’écoute pas ceux qu’on couche






Commencer l’été, commencement Les teintes de la réalité : un gris reconnu par les yeux comme de la couleur Une couleur si belle et si visible dont le mot pour la définir au mieux est : « gris » Une couleur « gris »






Les pieds qu’elle trouve beaux. Dit-elle ce qui lui passe par la tête ou parle-t-elle ? Le bleu bave, il y faut cette couleur de l’air. Le couvre-lit chenille L’eau fragile, l’ombre dessinée, vivante, quelques rochers, quelques murs de la même pierre de toujours, superposés L’imaginaire rouge Marilyn, c’est une rencontre. Les poiriers s’appuient au mur, mais s’accrochent au ciel (ou le contraire) Que nos vies aient l’air d’un film parfait Le fond derrière le muret ; un peu de musique et passe une « femme » La mer gracieuse et puissante






« Aussi longtemps qu’on vit et qu’on désire, disait Freud, on ne fait que troquer une prise contre l’autre, changer d’emprise. » « Tu sais à quel animal tu ressembles ? À une sardine. J’en ai vu une belle, c’était une star dîne (sylo). » L’accoutumance à l’imaginaire






Silhouette lourde Pilules en forme de cœur










1, 2, 3 août 2007.

La lecture dont il est question est celle de Marilyn, dernières séances de Michel Schneider.





Hélèna Villovitch le 14 août 2007 à Ouessant.

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