Sunday, February 10, 2008

L'arbre cache la forêt

L’arbre cache la forêt










La grâce des hommes, je la vois comme une danse, très fabriquée. Il s’agit de masquer l’obsession sexuelle qui est une tare. Un péché, un plaisir. Le pliant, le divin pliant. La puissance, l’enfance, tout doit être caché. Chez un garçon qui réussit. On ne doit voir que la jeunesse, la désinvolture. Beaucoup de fric. L’arbre cache la forêt. Je ne cherche pas des idées. On se borne à chercher des idées. Je parle à haute voix. Comme la mer et comme l’on dit. L’arbre cache la forêt. Si j’écrivais d’une manière fluide, vous me liriez ? Si j’écrivais comme Philippe Lançon ? « Cendrillon entrait enfin au bal de la chair. » Il avait imaginé une machine qui fabriquait des artefacts. La forêt de Marly-le-Roi. Une ambition de prince. Des films irracontables. Alors, celui-là, il est un peu plus racontable que les autres. Le début du film ne fait que préparer, pendant une heure et demie, les longues scènes d’amour de la fin. Les ciels d’Amérique. Comme si vous y étiez. Crépuscule, insectes. Bruits de machines, de (...) électroniques. The two are now best friends. He talks about – what do you call that ? – democracy. Le voyage se prépare. Le vide s’opère. La nuit s’ouvre. Les objets, friendly objets. Chaleur des bougies, des flammes. Des promesses. L’arbre cache la forêt. Tout est illuminé comme pour une fête. Le bon fond. Je mets en doute. À s’occuper des mots, ils ne veulent plus rien dire, il faut quand même qu’il y ait un fond. Un motif. Un embrassement de la réalité. La réalité n’est pas les mots (je le rappelle). De la hauteur de vue. View. « J’aimerais enfin visiter les pays que je n’aperçois qu’à travers une chambre d’hôtel. », dit Anne Lauvergeon. Il y a tellement de choses dans le JDD. La machine à faire des photocopies en 3 D. Et un crime où il n’y a ni mobile ni cadavre – mais dont s’accusent les assassins sans réussir à en fournir la preuve. Une énigme à la Columbo. L’arbre cache la forêt. Un bruit gratte la porte. Et j’ai perdu le fil. Comme si vous y étiez. L’impression que donnent les mots d’être immédiatement partout. Mais les images aussi. C’est le monde qui est partout. Les minces conseils spirituels. Et encore, rien n’est fait. Coquille de noix, la Guyane.










Yves-Noël, 10 février 2008.

Labels:

Pour une reprise d’Hamlet

Pour une reprise d’Hamlet


Hamlet, tel que vous ne l’avez jamais vu

Il s’agit de la même chose, mais dans un style différent. Le style, pour moi, importe peu, interchangeable, mais il s’agit de trouver à chaque fois celui qui envoûtera le public à partir du contexte et du lieu.

« Nous n’existons pas dans la majorité de ces temps ; dans quelques-uns vous existez et moi pas, dans d’autres, moi, et pas vous ; dans d’autres, tous les deux. Dans celui-ci, que m’accorde un hasard favorable, vous êtes arrivé chez moi ; dans un autre, en traversant le jardin, vous m’avez trouvé mort ; dans un autre, je dis ces mêmes paroles, mais je suis une erreur, un fantôme. »
Jorge Luis Borges, Le jardin aux sentiers qui bifurquent.

"L'acteur doit exclure la décoration et conserver le monde intérieur..." "Les acteurs jouent de telle sorte que c'est équivalent à une mise en scène." Anatoli Vassiliev.

Labels:

Hamlet, texte de Guillaume

Tous les événements, témoignant contre moi, éperonnent ma molle vengeance. Que vaut un homme dont le bien suprême et le meilleur emploi du temps est de manger et de dormir ? Un animal, sans plus. Certes le créateur, qui permit à notre esprit une si large ouverture sur l’avenir et sur le passé, ne nous a-t-il pas donné cette idoine et quasi divine raison pour que nous la laissions moisir inactive. Mais, sinon par oubli bestial, du moins par un scrupule timoré qui réfléchit trop minutieusement aux conséquences – réflexion composée d’un quart de sagesse et de trois quarts de couardise – j’en suis encore à douter si je ne vis que pour me dire : « Ce geste-ci doit être fait. » Cependant que j’ai motif, volonté, force et moyen de l’accomplir. Des exemples épais comme la terre m’exhortent ; témoin cette armée, nombreuse et coûteuse, que conduit un délicat et tendre prince dont le courage, enflé d’une ambition divine, fait fi du hasard invisible et risque ce qui est mortel et peu sûr, dans tout ce que le destin, la mort et le danger font surgir – et cela pour une coquille d’œuf ! Être grand, c’est ne guerroyer point sans grande cause, mais c’est trouver grande cause dans un fétu dès que ce qui est en jeu c’est l’honneur. Où donc en suis-je ? moi dont on a tué le père, souillé la mère, crimes devant quoi le cœur et la raison s’insurge, et qui laisse tout dormir ; cependant, je vois, pour ma honte, vingt milles hommes prêts à mourir, pour un caprice, un hochet de gloire ; à se coucher comme en un lit dans le cercueil, combattant pour un espace trop petit pour y étaler leur conteste, trop peu profond pour y cacher leurs morts. Désormais toute pensée qui ne soit pas de sang, je la renie.
Hamlet, acte IV, scène IV.

Labels:

Couple

























Rémy Héritier et Audrey Gaisan.

Labels:

L’arnaque

L’arnaque










Certaines personnes ont vécu leur jeunesse. Moi, non. Je cherchais le mot. Leur enfance. La force négative de Valéry. L’impériale force. Transparent, le pastel des yeux, transporté. It’s a God auwful small affair. Un rêve coulé. Nuit, les nuées, l’éclair chaud du couchant… Le « passionné » sur tous les plans. Planet Earth is blue and there’s nothing I can do… Les œuvres apparaissent, sans inconvénient. La musique lie. Relie. Les radios répandent la bonne musique. Les yeux clairs. Les éclaboussures éclatantes. C’est décidé. I may be white, but I’m a white nigger (you ask anybody). Fumer une cigarette quand tout est dit. Enfin… ce genre de cigarettes. Des éclatants ciels, des éclatantes nuits. L’heure. Importe. Chaleur de miel, de caramel avec les taches de feu bleu. Le froid, si on n’allume pas. Un grand roman. Sans style. Une couverture drapée sur tes genoux. (Un plaid.) Just for a change, you know. Suffit d’mettre en rapport. L’envahissement d’une musique calme – avec des couleurs spécieuses. Daily life is so documented. Les imbéciles vitraux. Étroits, des miroirs. Moment for literature. Storytellers. Right at the end of the story, turning back into a new love story. Modestly dressed. De n’avoir pas lu les livres. Mais parcouru. Parcouru The Satanic Verses. Ou entendu-lu. La langue, forcément par certaines manières féminine. Intonations. Forcément, par certaines manières, transformant l’homme en folle, par endroits. Si on veut faire les intonations... Why are you sure he will kill you ? – It’s his word against mine. Sa parole. Est-il possible que le sens – et pas plus – soit contenu à peu près partout en tâtonnant… Divine sanction. … avec cette manière de mettre un mot après l’autre, ça ne doit pas être ça, la littérature, ça ne peut pas être ça. The fishy smell. L’altération...










Yves-Noël Genod, 10 février 2008.

Labels: