Wednesday, October 29, 2008

Le cours du temps

Ces années soixante

Le coupable est un assassin. La victime est le poème. Je suis embêté de lire Liliane Giraudon parce que je recopie. J’avais arrêté de la lire parce que je recopiais. Trop. Tout. Comment lire sans recopier ? Elle est gentille, Liliane Giraudon, elle m’offre son week-end, elle va m’expliquer comment on écrit le texte, la drôle de pièce que je vais monter, que je vais d’abord bientôt présenter en lecture avec Bénédicte Le Lamer. Elle va me dire des choses que je répéterai à Bénédicte – mais peut-être que Bénédicte aura déjà compris ces choses (par intuition), c’est ce que j’espère. Allons pour les femmes à barbes ! Liliane se voit en femme à barbe, Bénédicte fera ça très bien. Ce n’est pas ça qui l’effrayera. Moi, je suis un touriste, je lis ce que je pourrais écrire. Ça peut m’ennuyer. Que le poème est une victime. Etc. Et que l’assassin frémit (comme l’eau). L’assassin qui chauffe. Je suis perdu avec Liliane Giraudon, je comprends tout. Les assassins assistent à l’assassinat du poème. Les assistants.



Les vagues charmantes

La forme du livre résiste à moi car il s’agit d’amour. Alors pourquoi lire ? Car il s’agit d’amour. Hélèna, se baigner, se toucher, se dormir, se manger, se regarder, se voir – pas se sentir, dans mon cas : l’handicap – et se lire car l’on s’écrit, l’on s’écrit dans ce que l’on lit. Elle lit des livres – et des livres. Elle écrit dans « Elle ». (Elle écrit aussi là où elle trouve à éditer.) Ariane Massenet. Je continue – car de l’amour que me procurait le livre, j’en étais distrait. Je ne suis pas allé voir le spectacle d’Alain Platel qui s’intitule : Pitié ! parce que Gérard Mayen (le célèbre critique) au téléphone m’a dit que c’était pompeux – et pour lire Marquise vos beaux yeux de Liliane Giraudon (et ses copines : elles sont quatre).



Une multitude de signes, un ciel

J’ai déjà lu un ensemble. C’est contenu là. À la fin de la page, dans le théâtre de la nuit, le théâtre de l’espace – qui va jusqu’à la mer, jusqu’à la montagne, jusque dans les années soixante et jusque dans les prochaines années de bonheur promises (contrairement à ce qu’on peut lire, dans les journaux, de la fin des temps) – une sirène formait la fin. Et le chien aboya en coda à l’infini. Le fameux chien, l’ami de l’homme.

Que font les gens quand ils ne sont pas près de moi ? C’est le jour des Morts et je descends à Marseille. (J’irai voir mes neveux peut-être…) Et mon père, et les acteurs, ils s’occupent à quoi ? Et Kate Moran, elle fait quoi ? Elle répond pas. Personne répond. Personne. Tous occupés (sans doute), mais à quoi ? Avec les technologies modernes, on pourrait savoir, tout le temps, ce que tout le monde que l’on connaît… Comment ils occupent leur temps. Je rappelle le mot de Borges : Borges disait qu’il écrivait « pour adoucir le cours du temps ».



Et la chanson, leur art, leur passion

« Bon, maint’nant, dors tranquille et nous embête p’us. », dit Nicolas Sarkozy (le chef), mais à qui ? Il y a un moment où le livre Marquise vos beaux yeux et la pièce Voilà les nous sont exactement les mêmes sauf que, dans le livre, il est écrit : « Parce que quand je lit-écrit c’est souvent nous. » et que, dans la pièce, Liliane Giraudon a ajouté à la main : « lit-écrit ou qu’il baise » Va-t-elle, le jour des Morts, m’en rajouter des cochonneries (à la main) ? Cette Marguerite Duras… Hélèna continue de défendre Christine Angot dont on n’entend plus du tout parler (on va bientôt entendre parler de Doc Gyneco puisqu’il va sortir un disque avec le fils Sarko (le DJ – dont j’ignore le nom). « Pouvons-nous garantir que vous aurez réellement une activité sexuelle plus importante dès que vous utiliserez Pheroline ? Non, mais vous remarquerez probablement que plus de femmes de tous âges vous sourient plus souvent, cherchent votre regard, engagent la conversation et flirtent même avec vous. Il faut bien que cela commence quelque part ! » Et voici ce que je reçois de l’homosexuel Olivier Normand : une publicité pour un flacon de phéromones humaines mélangées très concentrées, conçu pour renforcer l’attirance des femmes vers les personnes qui le portent. Il faut sauver l’hétérosexualité, je suis d’accord ! Courage, Olivier !



« ses feux paupières »

Inscrit sous une phrase : « L’amour pour un jeune me plaît » qui finit le chapitre deux. En un poème. « L’amour pour un jeune me plaît ses feux paupières » doit être de Michelle Grangaud, l’une des coauteurs, que j’adore, par ailleurs.

« …qui assemblent, pour l’alimentation et la science, les différentes pièces du personnage de la duchesse de Guermantes… »

« …et les animaux que nous sommes – l’idée de la goutte d’eau – ne sont jamais suffisamment précis »

« la chaise abîmée la rose fanée aussi »






29 oct 08.

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Par amour, jusqu’où irai-je ?

Par amour, jusqu’où irai-je ?

Les acteurs américains doivent jouer les Américains. Quels Américains ? Something about me. Are you (…) because of me ? Les gentils ? (Hélèna le dit qu’ils le sont.) Ils le sont tous, même les moyenâgeux. Gentils. Et ils ont tous raison. C’est ce que leur a permis la démocratie – et le capitalisme. He’s dancing on the edge of like (…) homosexuality. I might be able to comprehend the universe. But I’ll never discover the truth about you. Never. Marlon Brando tombe et aime l’escalier. It’s much heavier than I imagined… Pour traiter un rhume. Par amour, jusqu’où irai-je ? La chose fanée, la rose fanée.

Sunset tan. La peur ne nous rend pas libre. La jeune femme s’affolant dans mes bras. La nuit de sa sincérité. La lumière est un système de ratures inventé par Van Gogh (pour son usage personnel). (Son propre système, en somme.) Quelqu’un qui ne se lave jamais et qui met beaucoup de parfum. Le château de La Tour d’Argent. La gourmandise. Il disait : « Quand on a tout, on n’a rien et quand on n’a rien, on a tout. » Borges disait qu’il écrivait « pour adoucir le cours du temps ». J’avais loué une voiture américaine lambda. Égarés dans le travail. Nous avons plus de quatre-vingt-dix pourcent de gènes en commun avec les chimpanzés. Roman d’amour avec la machine. Toucher les limites. Dessiner un cadre très précis. La musique des Pooh berce doucement la chambre. Faire de l’exploration une réconciliation. By thousands, over the fields of France. Ils s’inquiètent pour leurs enfants et cherchent à concilier leurs racines avec la fascination pour les progrès du monde. Par contre, est-ce qu’on l’assume ? Le brouillard de la guerre.

Un palais d’Espagne pour la haine. Una noche excepcional. La lumière de la nuit, de la variété. Marseille éclate en plein ciel – la ville projetée au ciel – grâce aux télécommunications.






27, 28, 29 oct. 08.

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La vie parisienne

Difficulté de vivre

Aujourd'hui, Hélèna s’est levée tôt dans son petit appartement du fond du XVIIIème arrondissement de Paris, a déjeuné et a passé beaucoup, beaucoup de temps à choisir – avec beaucoup de concentration – et je ne devais pas la distraire – et je ne pouvais que donner mon avis d’expert (d’artiste) – la tenue qu’elle allait porter pour – elle a choisi finalement une robe en lamé rose un peu osée pour l’heure matinale – mais je l’ai bien sûr encouragée – pour – pour – pour donc aller interviewer à l’hôtel Fouquet’s – pour « Elle » – je vous le donne en mille : Roger Moore ! (Amicalement Vôtre.)

Vers midi, voici ce que je lui envoyai : « Alors, il t’a emmenée dans sa chambre, le James Bond ? » Et elle me répondit : « Oui, avec sa femme, son agent, son assistant, l’éditeur et l’attachée de presse… Quelle party ! Dommage que tu ne sois pas venu. Avec tes sacs de déguisements. »

Les « sacs de déguisements » sont ceux que j’ai oubliés chez Hélèna ce matin et que m’avait préparés hier soir Marlène Saldana avec les « déguisements » qui restaient de sa performance à Bétonsalon (28 septembre) pour me les remettre avant son départ pour Lyon (et sa première, le 5 novembre, de la pièce de Sophie Perrez et Xavier Boussiron) et que j’avais donc avec moi quand j’ai rejoint Hélèna après la danse, à 21 heures, chez elle, pour une soupe avec Rémy et Audrey. (Cours de danse avec Wayne Byars au Studio Harmonic à La Bastille.)

Plus tard, après avoir déjeuner comme à mon habitude au Café Divan, rue de la Roquette, je suis passé à la Ménagerie de Verre où Yves Godin prépare une installation scénographique dans laquelle il voudrait que j’intervienne. Marie-Thérèse Allier était toute contente que j’admire ses travaux du mois d’août. Elle m’a par ailleurs avoué qu’elle adorait le tarama (j’avais fait des courses), m’en a demandé la marque, a fait semblant de lire l’étiquette, mais semblait surtout toute heureuse d’une diversion trouvée à quelque difficulté de vivre…






Mercredi 29 octobre 2008.

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