Thursday, June 18, 2009

To Kate

Le maître-mot est d'avoir du plaisir (surtout toi qui en es si capable) et ensuite, plus particulièrement, de prendre du plaisir à éviter les pièges (la supériorité que nous avons, quand même, sur nos chers spectateurs, c'est que nous les connaissons un peu), éviter les pièges autant que faire se peut pour amener le public le plus rapidement possible là où nous avons envie de l'amener, à ces "vacances dans la réalité" dont parle le poète.
Le spectacle (ta partie, avec Pierre) était très beau sans Felix. Toute l'astuce maintenant c'est qu'il le soit autant avec lui, c'est à dire qu'il garde cette beauté "India song", anthracite, et que néanmoins Felix soit là comme un catalyseur de réalité, d'indépendance (et d'amour vivant).
Toujours dans l'idée d'éviter qu'une idée du spectacle soit perçue à la place de la chose elle-même.
Tu me demandais le sujet du spectacle. Je pense que le sujet, c'est la beauté - mais justement la beauté, ce n'est pas une idée. C'est une perception qui a à voir avec le réel. Ce qui est beau, ce ne sont pas - ou pas seulement - les représentations du beau. C'est le sujet de ce poème de Shakespeare, peut-on dire par exemple. Nous jouons dans la lumière de service pour "aggraver" le réel. Le lieu tel qu'il existe, de ce théâtre, en ce moment.
Les arrangements importent peu. Et pourtant, comme tu le sais, c'est très précis. Il faut rassembler. Il faut rassembler avec des masses de vide. Plus que des masses de matière. (Proportion de la matière dans l'univers : 3%, dit-on, le reste est jardin virtuel). On ne peut pas rassembler avec les moyens ludiques qu'on avait à Chaillot. Mais les moyens du cosmos sont là, dans cette salle parfaite, ludiques aussi.

Je vous guiderai encore deux jours. Nous utilisons le temps au mieux. Tout le temps. Et vous, toi, juste s'ouvrir, la plénitude, l'être, l'inconscient du bonheur.
Le spectacle a été très bien reçu par les amis d'hier.

Je t'embrasse


Yves-Noël

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