Wednesday, December 02, 2009

Poème (égyptien, 9)

Les soirées.



Je ne suis pas pressé. Il y a au bout du bien-être (pourquoi au bout ? en plein d'dans) l'Egypte qui remonte... C'est à dire, les moments calmes où on te fout la paix sont rares.
Tu as mangé dans le restaurant chic. Tu as payé, tu as laissé un bon pourboire, le garçon t'a laissé en te remerciant. C'est le moment calme.

Ça ne t'a pas empêché de voir le peuple puisque le restaurant donne sur le parc et que tu as mangé en terrasse.
Les enfants escaladent la barrière. A qui appartiennent-ils ? Aux riches, aux pauvres ?
Avant le pourboire, le garçon m'a montré la citadelle "à visiter". Ah, oui, la citadelle... Tout le monde est très aimable ici. Le problème, c'est que "très aimable", il faut comprendre : backchich.
Vous préfériez donner, si vous aviez le choix, à la poule qui ne demande rien, au chien qui se tourne vers vous d'un air grave, aux ânes qui vous regardent avec intensité, à la vache qui va mourir, ou aux multiples de chats faméliques qui fouillent les tas d'ordure, par exemple au petit blanc sale qui jouait avec le cafard...
Mais non, vous appartenez à la race des rusés, c'est pitié.
Si vous n'êtes pas sœur Emmanuelle, vous avez forcément à gérer tout ça.

Les déductions de voyage sont justes et fausses.






Et cette langue dont tu ne comprends pas un mot (sauf le mot "hasard"). Cette langue qui se mêle à tout, incessante, et qui n'a pas de sens, que dit-elle ? Elle tresse comme une musique. La terre roule, et nous avec, son rythme si simple jour nuit jour nuit... L'ombre de ma main et de mon crayon forme sur la page une tête d'Anubis.






Du haut de la colline, la ville s'est noircie grâce aux lumières du restaurant chic. La ville noire et éclairée plus parcimonieusement que New York devient une ville du futur.

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