Monday, January 19, 2009

Amour et mensonge

(La maladie d’invention)






De Pierre Courcelle.

Cher toi,

Soirée perdue : Entre les murs à Théâtre Ouvert, sans commentaire (je n’imagine même pas ce que tu pourrais inventer sur le gaspillage de l’argent public). Presque deux heures trente. Insoutenables. J’ai repris la ligne 2, en plus, et, franchement, sans le boulot qui me pèse en début de semaine, j’aurais tenté une descente à La Chapelle.
Platon, Le Banquet, la moitié, etc. Je n’ai pas envie de réfléchir à ces questions-là. Mais c’est bon de revenir aux mythes. Comme l’histoire de Perceval. Tu cherches vraiment une femme? Je veux dire, maintenant, dans l’immédiat ?
Touché par ce que tu dis d’Héléna, en général, et dans tes dernières notes en particulier (mais je ne peux rien dire sur vous, pas juger surtout, je ne peux pas avoir d’avis).
Je pense à toi souvent, très souvent. Je vis depuis quelque temps avec toi dans mes pensées, je m’y habitue, ça me ravit. C’est un goût que je ne connaissais pas (tu es sans doute un homme d’un type nouveau pour moi).
Enfin tout ça c’est des mots, et ce soir c’est le vide d’écriture, reposant. C’est des mots et ce que je peux dire de plus juste, c’est que je voudrais partager ta couche, ou toi la mienne (ce week-end j’aurai un créneau je crois, champ libre chez moi).
On se voit demain soir...
Je t’embrasse et te serre très fort. Vais essayer d’ouvrir mon Perceval ce soir, pas sûr d’y arriver.

Pierre






À Pierre Courcelle.

oh, moi aussi, je voudrais partager ta couche ! tellement entièrement ! je te l’avais dit (en 2008) : « s’il n’y avait que les mots, ça serait trop bizarre » et je te l’ai dit encore après : « ton étreinte vaut tous tes mots » (Dieu sait si je les aime) et je crois que je te le redirai : l’incarnation me bouleverse et c’est la tienne. (je suis amoureux, quoi !) j’aime aussi ton « vide d’écriture », comme tu me le dis, « reposant ». oui, je cherche vraiment une femme, activement, mais cette recherche pourrait durer tout un voyage d'Ulysse – ou toute une tapisserie de Pénélope... cette femme est diaphane, comme je disais aujourd’hui près de la porte Saint-Denis à Gaspard Delanoë, c’est une présence, et Gaspard me disait : « je trouve ça beau d’être dans une espèce de recherche d’une femme comme tu n’en aurais encore jamais rencontrée, en te disant que tu n’sais même pas si tu seras capable de la voir. » j’essaie de mettre ensemble des choses maladroites, inadéquates, mal adaptées... pour m’en libérer, sans doute, ou peut-être...
je voudrais manger avec une paille pour que la fissure à la commissure de mes lèvres ne se re-ouvre pas tout le temps, c'est lent aussi, cette tapisserie-ci.
les pensées, oui, c’est une drôle de chose...
je suis triste que tu aies souffert ce soir. tu mérites pas. je prends tout sur moi : oublie vite !
je t’embrasse. je regarde le temps avec un rictus d’étoile, mais c’est bien de se voir demain, c'est déjà bon. dors bien

yours

Yvno






Gaspard Delanoë va se présenter aux Européennes, comme il l'avait fait aux Municipales de Paris, dans le dixième. Ses idées sont bonnes. Il semblait intéresser par les miennes. Un vrai échange, très agréable, comme dans les débats américain : fifty-fifty. On s’écoute et on se parle, c’est fluide et net, sans arrière-pensées, le café est beau, « Chez Jeannette ». Il m’écrit :

« C’était super de te voir...

Tu inventes des mondes ;
Tu inventes des vies qui n’existent pas.
De ce monde si terre à terre, tu fais un autre monde où tout est autre,
comme sublimé.
Continue d’engendrer des mondes !

Bises
Gaspard. »






http://www.dailymotion.com/video/x3d2c8_votez-gaspard-delanoe_events






Quant à Nathalie Quintane, à qui je demandais si, par hasard, elle n’avait pas une idée pour un nouveau nom d’association qui remplacerait Le Dispariteur qui a déjà bien servi, un nom qui ouvrirait (j'évoquais aussi François-Marie Banier qui avait créer le nom du parfum Poison et aussi Opium) (mais je sais que c’est Pierre qui me le donnera, ce nom), elle me répond :

« tout à l’heure j’en avais 1
le mentiste
ou les fruits du mentisme
ou les bienfaits du mentisme
ça vaut ce que ça vaut
(mentisme, c’est un vrai mot, j’ai un peu oublié le sens exact, faut vérifier) »






[psych.] Automatisme mental consistant en un défilement incontrôlable des représentations et des idées.

1.(médecine) trouble intellectuel caractérisé par des idées se succédant rapidement et d’une façon incoercible, proche de l’obsession.

Psychiatrie
Activité mentale pénible se traduisant par une succession rapide d’idées et d'images sur laquelle le sujet n'a plus de maîtrise. Le mentisme se produit à la faveur d'une baisse de l’attention favorisée par un état anxieux, le stress ou le manque de sommeil. La survenue de ces états est elle-même favorisée par la consommation de toxiques psychostimulants tels que la caféine ou la nicotine. Le mentisme n’est pas une pathologie en tant que telle, dans la mesure où il n'est pas accompagné d’autres symptômes. Ce trouble se traite efficacement par la relaxation et l'arrêt ou la diminution de l'utilisation du tabac et du café.

nom masculin singulier trouble de la pensée caractérisé par une fuite des idées accompagné d’anxiété






Gaspard Delanoë à qui je faisais part de mon désir de donner une fête qui réunirait tous les gens avec qui j’avais travaillé depuis le début, acteurs, programmateurs, journalistes, éclairagistes, vidéastes, etc. – les vingt-cinq spectacles – et qui fermerait la maison Le Dispariteur, pour en ouvrir une autre, fête que je repoussais (elle devait avoir lieu en janvier chez Marlène) parce que je ne trouvais pas de nom pour la suite, me dit : « Fais ta fête, le nouveau nom apparaîtra de cette soirée. »






La fête, c’est en ce moment, tout l'temps, avec Pierre qui entre en scène, Hélèna qui passe en coulisse, théâtre ouvert. (Mais le nom est pris.)

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Un mythe fondateur

Mon dramaturge m’écrit… (Sous l’objet : « Missive du soir, espoir ».)

« Byron : « Pour connaître la joie, il faut partager. Le bonheur est né jumeau. » – citation vue sur le Facebook de David TV. Je ne sais pas s’il a écrit ça pour toi. On dirait. Tu es le centre de toutes les attentions, en ce moment, n’est-ce pas?



Bon en tout cas, c’est un peu l’idéalisme platonicien, ça aussi.
Enfin, ça rappelle le discours d’Aristophane (un théâtreux) dans Le Banquet.
C’est le mythe de l’androgyne... Il fut une période où l'homme avait quatre bras, quatre jambes, deux têtes... et deux sexes. Ce qui constituait trois catégories, les individus entièrement masculins, ceux entièrement féminins et ceux partagés, les androgynes.
Or Zeus, irritable comme d’habitude, sépara ces créatures en deux pour aboutir à la forme que nous connaissons, incomplète, insatisfaite... (Je ne sais plus trop pourquoi il a fait ça, un truc mal digéré sans doute.)
Chaque moitié cherche alors sa moitié durant sa vie entière.
Quand ils se retrouvent, ils s’unissent... Ils coïtent sauvagement, quoi : « Ah ! han ! je ne pensais pas que tu existais vraiment, tu m’as manqué. »
Mais ça ne s’arrête pas là. Les moitiés d’androgynes engendrent la vie et perpétuent l'espèce. Tandis que les moitiés d’individus entièrement masculins (les pédés), eux, engendrent l’esprit et l’intelligence !
J'espère que ce mythe fondateur éclairera ta caverne...
Mais, attention, on ne peut avoir qu’une seule moitié. »






« Quand nous rencontrons notre moitié, nous sommes frappés d’un sentiment d’affection et d’amour : nous refusons alors d’en être séparés. Qu’attendent-ils donc, ceux qui passent leur vie ensemble ? Ce n’est certes pas la jouissance sexuelle. C'est quelque chose que souhaite l’âme, qu’elle ne saurait exprimer ; et pourtant elle le devine : ce qu’elle souhaite, c’est se fondre le plus possible dans l’autre pour former un même être. C’est cela que nous souhaitons tous, nous transformer en un être unique. Personne ne le refuserait, car personne ne souhaite autre chose.
Le nom d'amour est donc donné à ce souhait de retrouver notre totalité, et Éros est notre guide pour découvrir les bien-aimés qui nous conviennent véritablement. Le bonheur de l’espèce humaine, c’est de retourner à son ancienne nature grâce à l'amour, c’est là notre état le meilleur. Éros nous sert en nous menant vers ce qui nous est apparenté, il soulève en nous l’espoir de rétablir notre nature et de nous donner la félicité et le bonheur. »






Puis Paloma m’envoie une photo prise aujourd’hui (ils sont allés voir une maison qui va être mise aux enchères, du côté de Senlis) de deux matous pourris (son vieux voisin, branché normalement sur les blacks à gros seins, mais très affectif, et l’un de ses premiers amours, un architecte avec voitures de course qui la re-capture assez intensément depuis quelque temps – en attendant son heure). Sur la photo, on les sent déjà prêts à se battre. Un duel. L’un porte une écharpe rouge fluo dans la friche sans couleur autour de la maison (c’est lui qui veut l’acheter, la maison), l’autre, plus éloigné au moment de la prise de vue, semble compter sur sa volonté de puissance, une douleur plus obsédée (c’est qu’il y pense depuis un moment), faux air de Francis Huster, aussi (me souffle mon dramaturge à qui je soumets la photo). Deux acteurs prêts à briller, en tout cas. Qu’on les déshabille et qu’on les compare !

Paloma me demande mon avis, ingénument, comme ça, en objet : « Tu me conseilles lequel des deux ? » Puis dans le corps du texte : « Faut que je m’occupe. C’est vrai que je m’ennuie. » Nathalie – Quintane, je donne le nom, ça lui fera très certainement plaisir, à Paloma – à qui je demandais si elle ne connaissait pas, par hasard, dans ses relations, la nouvelle fille d’un type nouveau, bref... que je recherchais, m’a répondu tout à l’heure : « mouai... j’en ai bien une ou deux, seules à Paris et perdues dans l’excès de boulot, mais j’ai de la sympathie pour Paloma... j’ai pas envie qu’elle m’en veuille... ce genre d’histoire – toujours terrible ». (C’est elle qui emploie le nom « Paloma », que je réutilise, donc.)

Faut surtout pas qu’elle se formalise, Nathalie de la montagne, je vais lui envoyer tout de suite la photo des deux gouttières pour lui montrer à quel point la Picasso, elle se laisse pas abattre (ça m’aurait étonné aussi) et à quel point elle pense, c'est humain, elle aussi, à se recaser. La maison ou les voitures ? (Qu’elle prenne le tout, c’est mon conseil !)

Dans le même envoi, avec la photo, Paloma se plaint encore du bijou en forme de petit chat doré qu’elle ne m’a « pas rendu, mais juste confié ». Mais, bon Dieu, chérie, je l’ai pas jeté, ce pendentif ! Au prix de l’or, en c’moment, faudrait être cinglé ! J’l’ai mis au coffre, voilà ! T'es contente ? Enfin, une latte de plancher parce que les banques, plus confiance.)






Enfin, ce soir, il y a une phrase que mon dramaturge (Florent Delval, donc) me conseille après tout de mettre sur le blog. C’est justement celle que je lui envoyais à l'instant et qui lui disait : « Ah, ça me fait plaisir qu’on se dise des choses qu’on ne peut pas mettre sur le blog ! » Il m’explique : « Ça ouvrirait une nouvelle perspective à tes lecteurs… un hors-champ mystérieux et interlope… » Mais c'est vrai que j'aime Pierre.

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Marlon, David, Claude et moi

De Claude Schmitz.

Cher Yves-Noël,

Très heureux de notre belle journée commune ce samedi... La note de cent trois euros et sa douzaine d’huîtres – la ballade sous la grande arche péplum Duras – Saint-Eustache – Notre-Dame – les tapis rouges, les cafés et les trains. C’est amusant, nous voilà très amis, comme ça, tout de suite... Et c’est charmant pour mes yeux… Que les os, le sheriff, la table, et les Kellog's Corn Flakes et les Loops te plaisent, j’en suis tellement ravi (si tu regardes le tout en vingt séances, c’est très bien) !

Quelqu’un me dit: « Ah, oui, Yves-Noël Genod (born 1962) pour la créature, c’est très bien... ce sera comme David Bowie dans The Man Who Fell To Earth. »

Je ne résiste pas à te transmettre la première phrase sur laquelle je tombe en ouvrant le recueil des lettres et journaux intimes de Lord Byron : « Je ne peux jamais faire comprendre aux gens que la poésie est l’expression de la passion enflammée, et qu’une vie de passion n’existe pas d’avantage qu’un tremblement de terre permanent, ou qu’une fièvre éternelle. Au demeurant, à vivre dans un état pareil, se raserait-on jamais ? »
Voilà, ça m’amuse, et puis ça fait écho à notre discussion concernant cette journaliste* qui paraissait si surprise de ne pas te voir en « costume » du Dispariteur (comme si tu le portais jour et nuit...)

Je vais lire le blog de Pierre...

Existe-t-il une captation de En attendant Genod ?

Je t’embrasse bien,

Claude

PS. Je t’enverrai bientôt des trucs un peu plus concrets – via la production – concernant les aspects pratiques du projet...
PPS. Dès que je mets la main sur mon directeur technique, je t’envoie les plans du white cube...






*« Cette journaliste », c’est, en fait, Gérard Mayen, le célèbre critique. Je m’étais pourtant entouré du bar du Lutétia (comme font les « vraies » vedettes), mais il était surpris de me voir « en pull ». Je lui ai répondu que je pensais que ce n’était pas le jour de la photo – et en effet. Gérard voulait me voir afin que je lui parle de mon « rapport à l’homosexualité » pour un double page dans « Pref » (le magazine rival de « Têtu », voyez-vous ?) et, comme il est jaloux – ou qu'il voulait me le montrer – il m’a dit : « Tu es moins bien habillé que pour Laurent Goumarre ! » (Qui venait de me faire un papier plus une photo pour « Danser », mais qui écrit aussi dans « Têtu » (pour résumer : Laurent est partout quand Gérard est à Barcelone.) Gérard m’a ensuite alors raconté qu’à une époque, à Montpellier, à une époque où il faisait les chiens écrasés dans je ne sais quelle feuille de choux-papier à chiotte, il s’était tout d’un coup retrouvé, comme ça, un jour de demi-saison à Montpellier, à interviewer Amanda Lear et, comme il avait été surpris (dégoûté ?) de la voir débouler « dans un vague pull avec lequel elle aurait pu faire ses courses au Monoprix – et pas le Monoprix nouvelle manière, non… », il l’avait mis dans le papier. Il s’était ensuite fait allumé par l’agent d’Amanda Lear qui lui avait dit que tout le monde savait, que c’était convenu, que, quand il n’y avait pas de photo à faire – et que c’était une loi du métier ! et qu’il fallait tout lui apprendre à ce blanc-bec ! – que le journaliste ne parlait jamais de l’habillement casual de la star (Catherine en bas filés, avec ses racines apparentes, Isabelle en charentaises, Amanda en pull d'en bas d'chez elle et Perceval en pyjama molletonné – pour dans la neige, les jours où y a pas photo ni Pierre de prévu…) (Note de l’auteur.)






À Claude Schmitz.

ah, c’est comme ça que je tombe ami en ce moment, oui, en coup d’foudre (l’âge venant, faut se presser) – mais c’est que j’ai d’la chance, aussi : en ce moment, je rencontre...
pardon pour tes yeux… mais c’est vrai que, franchement, ils étaient roses ! (j'ai même pensé aux Fauves, tu sais, Matisse, j'me voyais avec un pinceau, une toile...)
j'ai hâte de lire Byron, et Shelley, et tout ça (mais comme je suis lent, c'est bien d’avoir cette perspective d’un an...)
je vois que tu as déjà compris la manière de me parler (en tant qu’interprète) (malin comme tu es) : la flatterie !
Tiens, je vais me le passer ce soir, The Man Who Fell To Earth, je vois qu’il est sur YouTube.
en effet, je vais continuer de regarder ton Amerika de toi (que j’ai déjà vu plusieurs fois), et, surtout, dans l’immédiat, pour Lou Castel qui me stupéfie, un art extrême (que j’aimerais bien apprendre), il est constamment en train de redistribuer toutes les possibilités par un travail très actif, c’est lui le plus précis (quant à la pièce, tes intentions) et c’est lui – bien sûr car ça va ensemble – le plus ouvert – le plus ailleurs, partout – dans tous les sens et avec tous les autres (qui sont absolument très bien, d’ailleurs), sorte de Marlon Brando...
que ta vie soit douce, va en paix, gamin

Yves-No

ah oui, il existe une captation de En attendant Genod si tu peux lire les VHS, j'en ai tout un stock dont j'aimerais me débarrasser. une preuve que les époques vont vite : quand j'ai commencé – et tu étais déjà né puisque c'était il y a cinq ans –, c'était encore le temps des VHS... mais tu m'en apprendras bien plus sur la vitesse, je le vois à tes yeux brillant de cette couleur inconnue... comment disions-nous ?... comme l'eau d'un coquillage et entourés de cette chair rose et sexuelle, peinte, comme sucrée... (ça te va ?)

http://guarantyofsanity.hautetfort.com/archive/2009/01/17/le-dispariteur-blond-chevalier.html

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« C’est trop tôt. »

Les écritures de soleil sur le mur dans la chambre, nettes comme de la pacotille neuve. Et, quant au son de ce spectacle qui dure – l’intensité… on y voit aussi passer les nuages… – une jeune fille de la tranchée qui crie « Maman ! », comme ça, plusieurs fois, et on entend aussi les bruits de la scierie, on coupe du bois. Et Pierre travaille au Ministère et Hélèna, elle, travaillait au « Elle » (ce n’est pas qu’elle n’y travaille plus, n’est-ce pas ?) Il y a des chantiers, tout frais, les chantiers de la ville et de la rue. Et les écritures durent, les écritures nouvelles durent sur le mur comme un écran. Elles parlent. Elles s’effacent et s’émulsionnent, elle voyagent comme dans l’eau, les méduses de tous les spectacles, parfois précises comme du sang, dans l’intensité, parfois découpées comme des bijoux. Elle forment un mot, le plus souvent, le mot « cime », comme gravé, rupestre et « nouvelle technologie » aussi bien.






Qu’est-ce qu’elle veut, Paloma ? Elle m’a précipité dans les bras de Pierre, elle est complice aussi… Ça allait très bien, ma constitution me le permettait, ça allait même mieux (qu’avant) : j’aimais Pierre et je couchais avec Paloma. Eh bien, Paloma, elle n’était pas contente (finalement), elle aurait préféré que je couche avec Pierre, mais que je l’aime, elle. Oui, elle s’en fiche des coucheries, mais que je l’aime elle. Elle n’en dormait plus la nuit. C’est vrai que je la comprends. On préfère toujours l’amour au sexe. Sauf avec les filles, j’dirais. C’est là que tous les petits pédés intellectuels qui me traitent de macho ont bien raison. Pourquoi Dieu (ou la nature) a-t-il créé l’attirance sexuelle ? C’est parce que c’est pas si facile… Comme disait Duras : « Il faut vraiment aimer les hommes pour les aimer ! »* C’est vrai dans l’autre sens. Si y avait pas ça – et si on était seulement amoureux –, on ne serait même pas là !

Alors maintenant je couche avec Pierre et tant bien que mal, je fais de mon mieux – où a-t-on rangé les épées ? – et je suis ami avec Paloma. Mais va falloir un peu de temps pour goûter la pureté de l’amitié, la tranquillité de la paix, la complicité de ceux qui ont tout compris, l’âge, la retraite, n’est-ce pas ? C’est pour ça que je l’ai foutue dehors, hier : « C’est trop tôt. »



* « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. » (La Vie matérielle, p. 47.)

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La sagesse des Sagittaires

Dans le ciel en impasse

Je vous prie de m’excuser, ce n’est pas la première fois que je raconte cette histoire : vous vous en apercevrez à un certain ton emphatique ou à mes phrases allongées.



Homme, tigre, voici que je deviens un chevalier. Moi aussi, il faut que je relise (Chrétien de Troyes) et que j’accepte – et les chevaliers (selon Michel Foucault) ne sont ni homosexuels ni pas, personne ne se pose la question, ils font ce qu’ils veulent ; ils peuvent – ou pas – faire un peu tout car la femme est repoussée, éloignée, elle a les clés, on les lui reprend, il n’y a plus de femme qu’éloignée. On n’y pense plus, à celle-ci précisément, mais on pense à la Dame. Et la nuit et la plage et le bruit de la mer dans la nuit dans le fond dans le ciel en masse quantité dans l’air qui fait une bonne partie de la terre l’air en réserve vers l’Ouest.

On ne peut mesurer le temps avec des jours, comme on compte l’argent en centimes ou en euros, parce que les euros sont tous pareils tandis que chaque jour est différent, et peut-être même chaque heure.

Hélèna voudrait me parler, mais « hors micro ». Elle n’ose pas m’écrire parce que je mets tout sur le blog où je la « tourne en ridicule ». Alors elle vient frapper à ma porte et, comme je ne réponds pas, elle retourne chez elle et revient avec les clés, elle rentre, je récupère les clés et je la fous dehors. En fait, elle voulait me faire lire un « nouveau texte ». Si ce n’est qu'ça…

Hélèna travaille avec une éditrice et je voudrais dire à Hélèna que j’ai compris ce qu’aimait cette éditrice. Elle n’avait pas aimé le manuscrit du roman intitulé un moment Bouvarde et Pécuchère, elle a adoré la dernière nouvelle d’Hélèna qui s’appelle Ping pong et qui est effectivement très bonne, eh bien, je voudrais dire à Hélèna qu’elle n’aimera pas le texte sur moi intitulé Mon plus beau spectacle, parce que c’est pas du tout comme la nouvelle Ping pong, c’est plutôt comme Bouvarde et Pécuchère, le personnage n’a pas d’épaisseur et il ne lui arrive rien. En fait, ce qu’aime cette éditrice, c’est quand Hélèna se dépasse pour faire quelque chose qui ne lui appartient pas. C’est d’ailleurs ce qu’essaie de faire Hélèna V.

Et puis aussi Hélèna voulait récupérer le bijou (le chat doré) que je lui avais offert et qu’elle m’avait rendu pour que j’aille le faire réparer parce que la chaîne s’était cassée, oui, bon…

À part ça, Hélèna pense que je suis fâché. Fâché ? Certainement pas contre elle, certainement pas… Sans doute contre moi un peu, oui, mais je me soigne. J’ai plusieurs médecins, ça va…

« Le secret de son art réside dans sa capacité à opérer, selon ses propres mots, la bonne conjointure, c’est-à-dire l’alliage savamment dosé entre la matière et le sens. » (Wikipédia.)

En fait, avec Hélèna, on avait décidé d’être amis, mais je vois qu’elle s’ennuie sans moi, ce que je comprends, mon Dieu, très bien d’ailleurs… Je ne sais pas pourquoi, depuis toujours, chaque fois que je tape le mot « amis », il se transforme automatiquement en « mais », je suis obligé de le retaper. J’emploie sans doute beaucoup plus souvent « mais » que « amis », mais, quand même, « amis » existe… Et « amour » ? « Amour » n’existe pas, que pour être gentil.






L’amour dévorant

Je me demande si Pierre, l’écriture de Pierre, ne représente pas pour moi la libération, la respiration d’un amour plus étouffant, celui, disons, sur le modèle de la mère (qui fait à la place), de la même façon que ton livre, Rauque la ville, Jean-Pierre Ceton, avait proposé pour moi, dans cette adolescence sans joie, un amour beaucoup plus fort, beaucoup plus libre (et inconnu) que celui de Marguerite Duras dans lequel j’étais embringué et le suis encore…






L’idéalisme de la situation



(De Florent Delval.)

dis
tu sais que tu as une grande influence sur moi
car j’ai rêvé d’orgies...

enfin bon, c'est idiot d’associer les orgies avec toi car tu es un pur, toi, un idéaliste...

je cite : « les femmes me manquent tellement (elles me manquaient déjà avec Hélèna, alors...) »

si c'est pas être idéaliste, ça... je t’imagine le menton légèrement levé vers le ciel, les yeux humides en train de voir cette femme inconnue, et que tu aimes et qui t’aimes...

moi aussi, ça me fait ça – à Paris… quand je suis à Paris, Paris me manque... sûrement celui que j’ai imaginé au travers des films...



romantique, va !



(À Florent Delval.)

ah, tu commences à me comprendre, toi !

(c'est vrai qu’en ce moment, c’est de plus en plus exprimé, les chevaliers, la Dame, Pierre parle de Nadja que je n'ai pas lu...)

créons un réseau de filets pour la chopper, cette accueillante, organisons des auditions (les orgies...)

et s’il y a trop de pur, créons de l’impur (Georges Bataille)...

YN



(À Pierre Courcelle.)

oui, je l'avais reçue – et, ce matin, j’en trouve la variation (tu travaillais donc encore dessus quand je me suis endormi), pluie d'or et de papier pour compléter l’endroit un peu noir du donjon et de la vinaigrette (mais j'aimais bien la première version). je voulais répondre en reprenant la phrase de Marguerite Duras – que tu connais – : « C'est la plus belle lettre que j'ai reçue de ma vie. », tu aurais senti l'ironie et l'amour, l'amour et l'ironie, mais, justement, c'est autre chose : tu me proposes un amour cavalier (et Sagittaire je suis), un amour pour me sortir de cet amour étouffant, le seul que je connaisse par cœur, de cette femme qui décide pour moi (et que j'ai reproduit avec une curieuse intensité – alors que j’en étais pourtant plus conscient – avec Hélèna). J’ai lu sur Wikipédia que Perceval était enfermé dans la forêt par sa mère et qu’il s’est libéré en rencontrant un jour un groupe de chevaliers aux armures si étincelantes qu’il les a pris pour des anges... (lumière de la littérature). je t’ai choisi alors pour que tu m’accompagnes (mais ce chemin peut-être infini – ou : « vers moi encore longtemps » – ou : « au printemps » – ou « l'impasse de l'absolu », mais je n’y crois pas) dans cette quête de la nouvelle bien-aimée... l’accueillante, la serviable... je suis en confiance avec toi malgré cette éraflure (infinie) sur la lèvre... et je me donnerai à toi tant que tu le désireras. tu as toute mon affection, ma joie et ma confiance – et mon excitation

Yves-Noël


je suis conscient de l’idéalisme de la situation (Hélèna dirait : la connerie : « À moins que tu n’éprouves une grande fierté à répéter j’ai quitté ma copine, j’ai quitté Hélèna, etc. ce qui, je trouve, n'ajoute rien à ton prestige, je dirais même, au contraire, que ça te donne l’air un peu con. ») mais, que veux-tu ? et je me soigne... et j’ai plusieurs médecins. et tu n’es pas le moins médecin de tous – de l’âme – ou du cœur.

les rêves aussi – dont je ne me souviens plus –, je le sens, ont du mérite et des résonances...



(De Pierre Courcelle.)

Bonjour beau blond,

C’est amusant, j’ai croisé Philippe Le Guillou rue de Grenelle, en allant chez les Charlus. Je l’ai reconnu, mais lui non, puisqu’il ne me connaît que de nom.

Je suis allé sur le site de Jean-Pierre Ceton, et j’ai pioché ça:

« Je crois que le temps n’est plus à l’écriture du désespoir, même s’il conserve tout son attrait romantique, mais à l’écriture du monde, à l’invention de la vie... au travail de vie. »

On se voit demain chez Christophe ? J’arriverai plus tard, vers 21h je crois, il faut que je potasse un peu pour le lendemain, je dois préparer une visite guidée au musée du Quai Branly, bien obligé, à l’occasion des vœux de mon DG. Pfff rythme dur en ce moment, ça se décoincera après mercredi.

Bisous,

Pierre



(À Pierre Courcelle.)

oui, moi aussi j’arriverai à 21h après la danse : c’est parfait. travaille bien, amuse-toi dur, tu es aimé ! petit veinard !

YN

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