Thursday, June 25, 2009

Marie Plantin

Yves-Noël Genod - Vénus et Adonis
Théâtre critiques

du 25/06/2009 au 27/06/2009

La critique de la rédaction


Il entre en scène discrètement, sur le côté, comme si de rien n’était. Il est comme ça Yves-Noël Genod, l’air de rien. Il a le don de nous faire croire que tout est simple, improvisé sur le moment. Yves-Noël Genod est chouchouté au théâtre2gennevilliers. C’est sa deuxième année au Festival TJCC, ce qui lui confère un statut particulier, celui d’artiste revenant (le genre gamin collant dont il est impossible de se débarrasser) ou de créateur préféré (le genre tellement doué et attachant qu’on ne peut pas s’empêcher de l’inviter, au risque de faire des jaloux dans le métier). Après « Oh, pas d’femme, pas d’cri », Yves-Noël Genod présente « Vénus et Adonis », divagation shakespearienne, bucolique et printanière. Le metteur en scène s’octroie le rôle sur mesure du narrateur. Il est celui qui se pose devant nous, en avant scène, pour nous conter une histoire. C’est le B-A-BA du théâtre, son origine, sa source claire. « Je vais vous raconter le début d'une histoire rocambolesque, celle de Vénus & d'Adonis. Ça commence avec le soleil... ». Dès les premiers mots, on est conquis, tellement l’homme a l’art de créer entre lui et son public un espace de communication directe dans lequel notre présence de spectateur est totalement inclue à la représentation. Moitié urbain contemporain (jean, baskets), moitié théâtral et décalé (sa veste à manches ballons s’ouvre sur son torse nu, ses doigts sont garnis de bagues énormes), son costume semble être le reflet de ce positionnement. Il lui confère une silhouette hybride, majestueuse et désinvolte à la fois. Il a quelque chose de la classe nonchalante d’un Gainsbourg, ce côté rock’n roll décadent aussi. Mais le comédien ne se repose pas sur les lauriers de son aura, il nous livre la prose shakespearienne avec un sens musical de la phrase : sa respiration, son rythme, son moelleux même. Il fait de Shakespeare un auteur de proximité sans l’affaiblir, sans le trahir dans ses mots, le restituant même (par le biais de la comédienne américaine Kate Moran) dans sa langue originelle. Le reste n’est pas à dévoiler mais à savourer sur place tant la grâce, parfois, échappe aux mots, tant les expériences théâtrales d’Yves-Noël Genod ne se laissent pas étiqueter ni déchiffrer. Après, c’est une affaire de sensibilité. La sienne est aiguisée comme la plume du poète.

Marie Plantin



(Aussi :

Yves-Noël Genod - Vénus et Adonis
Théâtre

Metteur en scène : Yves-Noël Genod
Avec Felix M.Ott , Kate Moran , Pierre Courcelle , Yves-Noël Genod

Durée : 1h15min


Laurent Goumarre, journaliste, critique d’art et critique littéraire, est aux commandes du Festival TJCC initié l’année dernière. Les TJCC, c’est quoi ? De Très Jeunes Créateurs Contemporains, pas forcément jeunes en âge mais suffisamment jeunes dans leur démarche artistique pour faire partie de la sélection select de l’événement. Peu d’élus en effet, le festival ne se déroulant que sur l’éclair de trois jours. Pas de restriction de forme ou de genre, les représentations peuvent prendre la forme de performances, de pièces de théâtre ou de danse, de concerts, de lectures. Le résultat est forcément inattendu et dans l’air du temps puisqu’il s’agit d’une sorte de repérage en concentré des expérimentations scéniques de l’année, en France ou à l’étranger. Alors, si la ligne directrice des TJCC reste, en cette deuxième édition, difficilement définissable, voire vague, peu importe. Car les choix de programmation ressemblent à de vrais coups de cœur et on fait confiance à Laurent Goumarre pour nous surprendre et nous révéler des talents encore cachés.
Dans le cadre du festival, le metteur en scène maestro Yves-Noël Genod présente une proposition performative et poétique, un spectacle inspiré du poème de Shakespeare, Vénus et Adonis. Avec la brindille évanescente Kate Moran en Vénus, le superbe Félix M. Ott en Adonis et Yves-Noël Genod "himself" en narrateur.)

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