Monday, August 10, 2009

Bourg-en-Bresse, en septembre

(Prière d'insérer)



Yves-Noël Genod, natif de l'Ain, c'est une carrière fulgurante : en six ans, il a été l'auteur de trente spectacles (plus quelques performances) représentés en général dans les festivals de l'avant-garde et des formes hybrides, mais aussi au Théâtre National de Chaillot, récemment, ou au Festival d'Avignon en 2007. Il travaillera dans le stage à partir de l'imaginaire, il travaillera - en quelques heures - comme à Hollywood (c'est le même métier) et à partir des participants. Pour les participants, pour les acteurs, une seule règle : donner. Comme dans la vie. Ne dit-on pas : plus l'on donne, plus l'on reçoit ? Le théâtre, c'est aussi simple que la vie - et aussi vide - et aussi vaste. C'est bouddhique, il y a le show, le big show et, derrière, le velours foncé de la vacuité. C'est à partir de ces trois puissances de l'intelligence, du cœur et de la confiance. Il évoquera son parcours dans la présentation du samedi soir qui ne sera pas un spectacle, même rapidement fait, mais un échange, c'est ainsi qu'il voit les choses en tout cas "à l'heure où nous mettons sous presse".

L'automne butoh

Bonjour Boris,

Je suis content de tout ce que tu me proposes cet automne, je dis oui à tout, avec enthousiasme ! J'espère que l'enthousiasme est l'essentiel parce que pour le reste, l'intellect, les idées, ça se bouscule pas au portillon !
Je suis dans un temps où je ne fous rien, mais rien du tout. C'est loin d'être désagréable et c'est sans doute nécessaire, se laisser couler comme au bord de la mer sans même lire un livre.
Mais si tu peux, d'une phrase ou deux, me dire comment tu vois mon intervention dans la soirée Butoh, même la durée, l'esprit (sérieux ou libre...), etc.
Et puis aussi si tu avais aussi finalement deux-trois pistes pour Saint-Nazaire le Musée de la Danse... (Je pourrai pas venir lors de la première cession à Rennes.) Parce que c'est pas que ça travaille pas à un endroit de ma tête, mais il faudrait deux-trois aiguillages, ou aiguillons...
Je pars à Venise demain pour quatre jours, je retrouve Internet samedi 15.
Je t'embrasse
(Pardon de cette mendicité)

Yvno

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Vulnérabilité

On vit une époque de plus en plus empoisonnée par la censure. Internet était une utopie : ça reposait sur la bienveillance. (Le théâtre aussi repose sur la bienveillance.) Mais cette bienveillance est une naïveté : il faut imaginer qu'on s'adresse à toute l'humanité - et l'humanité c'est aussi les terroristes, les nazis, ceux qui supportent pas les homosexuels - ou les femmes - ou les femmes qui supportent pas les femmes, ou les femmes masculines, ou les hommes féminins, ou qui supportent les homosexuels, mais pas qu'ils s'embrassent dans la rue, ou les noirs, mais pas qu'ils... Ou les épileptiques, il faut penser qu'il peut y avoir des épileptiques dans le public, ou des religieux, ou des gens qui mangent pas d'porc ou des femmes enceintes qui si elles voient des masques de singes risquent de donner naissance à un petit très vilain ou les obsédés sexuels, les malades, il faut penser à eux, pas d'enfants, pas d'adultes déshabillés, ça évoque, ça évoque le mal, les handicapés, ceux qui ont peur du noir, ceux qui ne veulent pas que leur nom apparaissent, ceux qui ont peur (à peu près tout le monde, mais encore faut-il savoir de quoi) ceux qui "Sarkozy je te vois"... Or tout ça, c'est pas possible du tout, intrinsèquement, le théâtre ou un blog, ça ne s'adresse qu'aux amis, strictement, puisque si les gens aiment alors ils deviennent des amis. ("C'est pas bête, ça", disait François Tanguy.) Mais enfin ça ne fait rien, le monde est intéressant de toute façon, même avec la plus grande censure. La banalité, la plus grande banalité, c'est intéressant et avec le lyrisme comme dit Pierre, l'accompagnement en attendant des jours meilleurs. Une révolution de velours. Et après tout c'est intéressant de voir les gens se mettre dans tous leurs états, c'est comique. Il faut s'attendre de plus en plus à voir les murs recouverts d'avertissements : "...pouvant heurter les sensibilités...", "interdit aux moins de dix-huit ans", "déconseillé aux femmes enceintes", de voir les sexes floutés dans les programmes de danse (Maison de la Danse, Lyon), de voir les comparutions en justice, de devoir demander pardon, pardon d'avoir marcher dans la manifestation, pardon d'avoir pris des photos, pardon d'avoir appelé au téléphone, pardon de tenir une épicerie dans un village excentré, les fous attaquent les moins fous. Et les moins fous doivent accueillir les plus fous (c'est la grâce de leur supériorité...) en attendant...



Gilles Deleuze, je crois dans L'Abécédaire, reprend ce slogan de mai 68 : "cesser de faire le gendarme pour soi et les autres" et il ajoute, je crois, "seulement ça".