Sunday, November 22, 2009

Essai pour l'hommage à Pina Bausch au théâtre de Vanves

Pina, c'est moi. Je ne crois pas que je pourrais vous faire passer ce que je ressens à l'intérieur de moi des souvenirs des spectacles de Pina Bausch, parce que c'est inconscient.
Pendant des années dans ma vie, j'étais très seul - osons le dire : d'une solitude infinie, métaphysique, irrémissible (j'emploie ce mot à défaut d'un autre).
Et, donc, voyez, je survivais, et j'avais - puisque je ne vivais pas - un temps infini, quasi infini... J'étais jeune, mais ce mot ne veut rien dire et ne vous dira rien.
je regardais sans fin les films de Marguerite Duras qui passaient à Lyon ces années-là, plus tard les films de Robert Bresson qui passaient à Paris ces années-là, je fréquentais Claude Régy, dont le théâtre avait effacé tout le reste et je voyais tous les spectacles de Pina Bausch, à toutes les représentations, à Villeurbanne, Paris, Avignon, Wuppertal... J'étais fan aussi de la chanteuse Barbara. Vous voyez, rien d'avouable.
Heureusement la jeunesse a changé.
Les époques changent au galop, c'est ce qui fait que les choses que nous avons vécues restent vivantes, inconscientes.
En ce temps-là, d'abord, Pina Bausch montrait, à Villleurbanne, Bandonéon, la pièce uniquement sur les musique de tango. La troupe était jeune et aiguë, acerbe, douce. C'était le début des années 80. L'année du bac.
Quand Pina Bausch a repris le spectacle vingt-cinq ans plus tard avec les mêmes danseurs, inutile de vous dire que je n'ai strictement rien reconnu de celui dont chaque détail est pourtant en moi si vivace, si précis, vivant. Les danseurs avaient vieilli, je voyais devant moi une reconstitution poussiéreuse, c'était très intéressant, la couleur du spectacle était grise, ambre, fantômale... Le théâtre n'était pas le même, l'époque avait changé, moi, je n'étais pas le même, j'avais changé complètement, et pourtant j'avais en moi et j'ai en moi - comme je vous dis - le souvenir parfait de ce spectacle peut-être le plus important de ma vie. Ce spectacle dont je pourrais vous décrire chaque moment.

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Le quartier de Saint-Lazare





On explique à Cleelie quand on arrive à la gare qui était Lazare. "Entretemps, ils étaient arrivés devant le caveau familial, une petite grotte naturelle, ou déclivité, dans l'épaulement rocheux d'une dizaine de mètres de hauteur qui s'élevait au bout du jardin." Page évangélique.

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Belle du soir

" Et je voudrais dire une chose, c'est que tous les enfants mal-aimés, aujourd'hui au moment où nous parlons, tous les enfants maltraités, tous les enfants battus, tous les enfants abandonnés, enfin tous les enfants à qui il est arrivé quelque chose... ils sont tous - tous - les enfants de couples hétérosexuels."

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Apercevez-vous Cleelie dans le train ?


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A l'entracte de Masurca Fogo


Pina absente. Beaucoup de gens se plaignent que ce n'est plus pareille, qu'on n'y croit plus, etc. Je trouve qu'au contraire on y croit encore mieux. Comme si la mort physique finissait la vie... C'est la démonstration absolue, blanche, et avec quelle splendeur ! qu'une personne, tant qu'on y pense, reste vivante... Elle mourra quand plus personne ne se souviendra d'elle - mais mourra-t-elle ? Shakespeare, il est mort ? Je me souviens d'une blague d'une gardienne de la National Gallery, à Londres, à qui j'avais demandé : "Where is Rembrandt ?" et qui m'avait répondu, pleine d'à-propos : "I'm sorry, he's dead."

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