Thursday, April 15, 2010

Guy Degeorges sur C'est pas pour les cochons !

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Heureusement, deux heures auparavant, Kataline Patkai et Yves-Noël Genod ne nous avaient pas posé de lapin. Les cochons étaient de retour à Artdanthé, un anniversaire offert comme un beau cadeau d'au-revoir pour cette fin de festival. Je goûte ce moment qui revient, d'une délectable inconsistance, le temps évaporé en volutes. Plein de riens qui apaisent. Kataline, Yvonnick Muller béat et leur ménagerie semblent glisser sans toucher terre en cet éden et entraînent autour eux une irrésistible douceur, par nappes et rêveries. La neige fond doucement tout au fond flou des paysages d'hiver et Y.N.G. plane quelque part derrière nous au micro dans la salle, en retrait. On croirait par moment qu'il n'ose parler, muet comme une carpe, chuchote à tout prendre. Je repense à cette évidence que je formulais la veille en compagnie de deux écrivains de romans : le texte de théatre se nourrit de silences. La nouveauté de ce texte-ci est éventée, mais les redites s'offrent simples et modestes. Les notes de piano de Pierre Courcelle se perdent en cercle, le lapin, le chat et autres bestioles de la ferme se promènent, quant à eux, sans affolement sur la scène calme. La curiosité ne tue pas le chat. Kataline est nue, Kataline est belle. D'une dangereuse candeur. Sa voix douce, nouvellement assurée. La beauté, comme la nature, est cruelle : Kataline plume un pigeon, désosse un civet. Suscitant l'indignation de certaines, mais les chiens aboient et la caravane passe : elle le plume avec tendresse. Puis elle revient, contre son sein un petit homme qui était absent l'année d'avant, on ne peut résister au suprenant partage de cette intimité, ce bonheur osé.

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