Sunday, May 16, 2010

Le Rassurement

Les cloches, ce dimanche matin. On va être (dire qu’on est) dans une ville étrangère. D’une vie étrangère. Aller à la cathédrale. Rêver les dimanche. Je n’aimais pas les dimanche, étant petit. Des choses un peu glacées, un peu froides s’y passaient (un peu ennuyeuses). Mais, maintenant, le grand silence blanc est ce que je désire (plus que tout). Je voudrais être sur une île, toujours, mais le dimanche est cette île. Profitons du dimanche sans sortir ni même jusqu’à la ville ni même jusqu’à la cathédrale ni même jusqu’à la mer, jusqu’à la forêt. Restons dans les livres dont la lecture est interdite, restons ensemble. Feuilletons le feuilleton. Les saisons sont indifférentes du moment que la couette, la gorge, le thé vert… Peut-être un oiseau, peut-être un chien, peut-être un enfant qui pleure dans la cage d’escalier… Peut-être un train, un nuage, un cri de train… Les animaux manquent. Peut-être la seule raison de sortir aujourd’hui serait d’aller voir les animaux au zoo. J’ai lu des choses hier sur l’intelligence des dauphins, j’ai vu la photo d’un gorille soucieux comme François Fillon (mais en pleine jungle). J’ai appris hier que les poussins encore dans l’œuf pépiaient déjà et communiquaient avec les autres poussins pour décider de percer la coquille tous ensemble (et aussi avec leur parents). J’ai lu que certaines espèces étaient quasi muettes, les lamas, les girafes… J’ai lu le système de communication chimique des fourmis… Ce livre m’a rempli de joie car, comme je ne pense pas grand bien de l’humanité (en ce moment) et qu’on dit que certaines espèces pourraient survivre à sa disparition prochaine, j'ai été rassuré - et j'ai changé de livre ensuite. Il y en avait un sur Venise (qui se terminait aussi sur le chapitre de sa disparition). Et puis un d'un auteur...

Le calme et le vin faisant son effet et le foulard (acheté aujourd'hui) et le gilet (remonté jusqu'au menton), j'avais envie d'un peu d'amour. Venise, vous imaginez...

J'avais envie de me saouler la gueule, rentrer bourré, j'ai pris un deuxième verre. J'ai lu un livre sur Venise. A côté de moi, un garçon avait les bras si longs que je pouvais le regarder sans souffrir comme une espèce nouvelle et désirable*.

Je fondais encore en lisant une citation de Michel de Montaigne sur Venise : "Les vivres y sont chers come à Paris ; mais c'est la ville du monde où on vit à meilleur conte, d'autant que la suite des valets nous y est du tout inutile, chacun y allant tout sul ; et la despense des vetemans de mesmes ; & puis qu'il n'y faut nul cheval."

Je feuilletais aussi un auteur dont je ne connaissais rien. Du théâtre. Des titres étonnants. La Nuit et le Moment ; Le Hasard du coin du feu**.






* Et désinvolte.
** Crébillon fils.

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