Thursday, July 08, 2010

Lætitia Dosch

(Mon Journal dans la cour des grands)



J’ai dit à mon père que s’il restait tout le mois à Avignon, il deviendrait une vedette jusqu’à la fin de ses jours. (Mais ma mère ne le laisserait pas, bien sûr, comme c’est organisé…) Il est resté une soirée de plus et nous avons tracté ensemble à la tombée de la nuit. Succès phénoménal. Ce sera dur de faire aussi bien qu’avec lui sans lui… Rencontre merveilleuse du « tout Avignon ». Beaucoup de gens (la grande majorité) sont merveilleux, quelques-uns sont à côté de la plaque, mais très repérables (et encore, c’est peut-être momentané). Je pense à mon psychiatre à qui je demandais il y a quelque temps s’il aimait l’espèce humaine… Il y a dans ce tractage avec mon père (je joue le rôle de l’accompagnateur-garde du corps de la vedette) une démonstration de cette évidence : l’espèce humaine est émouvante, enfantine, émouvante, savante, discrète, polie, bien élevé, nature, peuplante, répandue, été, ouverte, sur tous les continents… Mon père plaît à tout le monde exactement. Sauf, je disais, aux sombres, mais très, très repérables, on ne s’en approche pas…
Beaucoup de sombres, vers une heure, pour le pot de première du festival In au potager (ou verger) du Pape (derrière le palais), mais mon père n’est pas avec moi. Ni en tenue de ski. Peut-être ai-je oublié de le préciser : mon père, dans les rues d’Avignon, est en tenue – combinaison très voyante, « flashy » - de ski de fond – lunettes, bonnet… C’est aussi ça. Quand je lui fais remarquer qu’il est une vedette, il me dit : « C’est pas la personne, c'est la tenue… » Non, non, c’est les deux : le moine et l’habit. Un spectacle de Christoph Marthaler à lui tout seul. Marthaler dit (dans « Les Inrocks ») que Grüber, pour lui, était un dieu. C’est comme pour moi. Christophe Wavelet me dit qu’il a un ami psychanalyste qui reçoit Hélèna Villovitch. Il me fait rire en disant que je l’ai complètement « essorée », qu’elle est arrivée chez ce psychanalyste « à ramasser à la petite cuillère ». Et Pierre, ça en est où ? Comme j’hésite à dire, à nommer… il se déchaîne : « Lui aussi, tu vas l’essorer et le jeter comme un Kleenex… » J’adore Christophe, il est exactement là où il ne faut pas être : le scandale. Mais il a raison aussi : le scandale-la vérité (ou l’exagération-la vérité, le théâtre (l’opéra)-la vérité, le comique-la vérité). Bien sûr, comme dit Marthaler : « Le théâtre, cette artificialité, ça ne m’intéressait pas. »
J'ai bien joué, sinon. Je suis si content que Lætitia ait été là. Aujourd'hui, c'est son dernier jour. Et c'est le premier officiel.

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