Thursday, August 26, 2010

Prière

Demain, je quitte le balcon de la Bourgogne. Je me lèverai un peu plus tôt pour acheter du vin pour demain soir. Je suis déjà passé, mais les viticulteurs n'étaient pas là. Du Givry. Il fait incroyablement doux, ce soir, une douceur de solitude. J'ai quitté J. depuis un moment déjà, nous avons regardé "Les Années Yé-yé" sur Arte avec les enfants. A l'heure actuelle, il y a Les Idoles, avec Bulle Ogier, mais j'ai laissé tombé. Je suis venu m'installer sur la terrasse. Je regrette que l'ordinateur soit si lumineux. Je ne lis pas toujours ce que je voudrais lire, je dirais : par paresse - mais aussi : par désolation. Il faudrait fouiller, il faudrait trier. Mais tout le monde est occupé à écrire précisément ce qui ne me concerne pas, ce qui ne m'intéresse pas. C'est quand je me mets à penser que je suis heureux. Que je ressens que je suis heureux. "La pensée est triste" ou "rend triste", "penser rend triste", a dit, une fois, Leslie Kaplan. Là encore, je pense exactement le contraire. La pensée, pour moi, est comme une prière ; c'est quand je pense que je suis avec. Mais je suis abruti, le plus souvent, par ce que je lis. Pas toujours parce que c'est mauvais. Parce que ça ne parle pas de tout. De tout à la fois. S'arrêter toujours ou ne pas s'arrêter. Sauf Juliette Drouet et P. (souvent), sauf Shakespeare et La Douleur de Marguerite Duras, par exemple. Sauf les lettres de Colette et le journal de Virginia Woolf... Les poèmes aussi, par intermittence. Mais c'est plus facile pour les poèmes parce que les poèmes sont partout sauf dans les poèmes (par exemple : She walks in beauty like the night)...
Maintenant, écoutez, je vais éteindre mon ordinateur pour quelques secondes, que deviendrez-vous ?
Me revient immédiatement comme l'écriture, me revient le noir de la vie où se déploie la vie.
Que nous contemplons.

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