Friday, August 20, 2010

La Langue française est infinie

Dans le bric-à-brac qui constitue le texte du monstre (morceaux de cadavres comme il est composé), je n'aime pas tout dire, loin de là. Je n'aime pas ce qui est faible dans la poésie car je suis obligé de m'appuyer sur mes talents de comédien. Ça m'ennuie. Je n'aime pas non plus ce qui dépend des à-peu-près des traductions, même Shakespeare (Richard III) parce que je suis obligé de m'appuyer plus sur le sens que sur le son. Mais j'ai réussi à placer deux ou trois choses qui me font immensément plaisir. Deux strophes de Baudelaire et une ligne de Milton traduite par Chateaubriand. Les voici.

Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
Peut-on déchirer des ténèbres
Plus denses que la poix, sans matin et sans soir,
Sans astres, sans éclairs funèbres ?
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?

Rocs, grottes, lacs, mares, gouffres, antres et ombres de mort.

Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?
Dis, connais-tu l'irrémissible ?
Connais-tu le Remords, aux traits empoisonnés,
A qui notre cœur sert de cible ?
Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?


Il faut imaginer ça hurlé. Ce que la langue française a de plus beau, hurlé et, de plus, à une Anglaise qui ne le comprend pas (que les sons). Adorable Hedydd qui m'aide tant (bien qu'elle soit de dos au public). Honte de lui dire les morceaux de Shakespeare en français, mais Baudelaire et Chateaubriand, nom de Dieu, non !

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