Wednesday, August 11, 2010

"Les Temps modernes", Micheline Servin

Cher joueur d'Adonis,
Je suis parvenue à retrouver la chronique d'Avignon 2007 dans laquelle j'ai osé quelques lignes, avec coquille, in "Les Temps modernes" n° décembre 2007- janvier 2008. Si nous nous croisons, je vous donnerai une photocopie.
Où en êtes-vous à Avignon ?
Le champagne coule-t-il encore ?
mbs






La Descendance

Un gamin (Marcus Vigneron-Coudray) se costume en vague mousquetaire. Il se fait son théâtre. Entre en scène, jeans à moitié boutonné, un boa en plumes sur les épaules, « bad boy », Yves-Noël Genod. Il parle de sa femme (Marlène Saldana) qui écrit, spécialiste de théâtre – elle interviendra, perruque rouge sur le crâne, robe courte et décolletée, allant, à quatre pattes, manger des feuilles d’un arbuste dépassant d’un coin de la scène, avec la drôlerie des clowns felliniens -. Ah ! le théâtre. Il lit, volontairement mal, sur des feuilles gribouillées, un texte qui est une mise à mal féroce, et très spirituelle, tant du théâtre actuel que de ses artistes. Lui-même dit « je », dans un narcissisme qui a l’élégance de se moquer de soi-même. Il a été comédien, mais les silences de Claude Régy ne lui permettaient pas de montrer ses fesses (il les montre fugitivement). Tout y passe, les soireés chic – il enfile une moitié de jeans argent -, on pense aux costumes des acteurs des Feuillets d’Hypnos, surtout qu’il exhibe une paire de bouchons d’oreille (semblables à ceux distribués avec les programmes de certaines représentations) avant de tirer un coup de pistolet en l’air, allusion à plusieurs spectacles possibles dont celui pré-cité), les avis sur tout, le jeu des relations, l’hypocrisie… Une femme vient en avant-scène avec une tarte aux pommes (Hyppolyte), coupe des parts qu’elle offre aux spectateurs (Cantarella ne leur laissa que l’odeur). Les traits cinglants font mouche, surtout pour ceux qui ont suivi quelques spectacles de cette édition du Festival. Une insolence et une finesse dans le déglingué affecté qui parodient avec causticité un certain théâtre, bien différent de celui que voudrait le gamin qui s’échine à intervenir, et sa classe sociale. Un avatar de Boris Vian déjanté qui jouerait à être Andy Warhol. Yves-Noël Genod a le culot libertaire, cet irrespect en voie de disparition. Ce n’est pas de la danse (qu’est la danse au regard de ce Festival ?), mais que Daniel Larrieu a eu une bonne idée de programmer cette prestation railleuse bien en situation. Sujet à vif.

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