Thursday, September 02, 2010

Les Garçons près du lac

Dieu que je suis célèbre ! A Yverdon, quand on a annoncé aux candidats de la deuxième journée que je faisais partie du jury, ça a été ébaudissement, on m’a raconté. Ensuite, le plus mignon de tous, Philippe Wicht, m’a cité dans son improvisation : je me suis levé de mon banc pour saluer, mais le mal était fait : tout le jury était jaloux. Ça, c’était Yverdon (sur le lac de Neuchâtel). Maintenant, Lausanne où je me suis arrêté aujourd’hui pour discuter avec Patrick de Rham, voir les espaces possibles pour décembre. Et puis il faisait tellement beau, Patrick avait à faire dans l’après-midi, mon train n’était qu’à six heures, j’ai décidé de descendre vers le lac. J’ai marché longtemps jusqu’à la petite plage dans mon costume de Frankenstein et je me suis arrêté sur la pelouse. J’avais le pantalon aux genoux quand un très beau garçon m’a abordé et le classique, maintenant : « Je voulais vous féliciter pour Avignon. » Ma mère – si elle était encore de ce monde – s’étonnerait de ces rencontres de hasard. Elle s’émerveillait que nous nous rencontrions, ma sœur et moi dans Paris. Mais Paris, quand on n’y vit pas, est une ville immense, quand on y vit, c’est un village. Il était bien normal que ma sœur et moi nous nous croisions assez souvent. De même, le monde paraît immense, mais le monde du théâtre est une famille (un peu peuplée, mais une famille). Pour parler, puisque j’étais en vacances – et disponible -, j’ai demandé à la belle personne si elle aussi était comédienne. J’ai fait répéter plusieurs fois et plusieurs fois j’ai entendu : « Je dis pute. » (« Je débute. ») En fait, nous étions sur la pelouse du théâtre Vidy (à Lausanne) et une partie de l’équipe d’une création qui venait d’arriver prenait un bain de soleil avant de s’enfermer pendant six semaines. La plupart des garçons qui étaient là venait de l’école du TNB, la même promotion, et formait un ensemble très convainquant, moderne et sauvage. C’était une promotion que Claude Régy avait aimé, tous m’ont dit que ça c’était bien passé (ce qui n’est pas toujours le cas). Ensuite on a parlé, on a parlé d’autre chose, de plein d’autres choses, on s’est baigné. J’étais bien content de trouver des amis, d’inventer des amis parce que, sinon, j’ai toujours peur qu’on me pique mes affaires quand je vais me baigner, le plaisir m'est un peu gâché… Julien Polet m’a dit qu’il m’avait reconnu de loin à mon pantalon, « A Avignon, tu portais un pantalon taille basse. » On s’est dit tu, très vite. Julien m’a demandé quels étaient les spectacles que j’aimais voir. J’ai parlé (mais sans rien pouvoir en dire) du Gros, la vache et le mainate au théâtre du Peuple dans la forêt vosgienne. Julien nage le crawl. L’herbe était verte, l’imaginaire : de septembre, l’eau (du lac), on pouvait la boire et les montagnes majestueuses et lointaines comme des divas, des idées, des maladies estompées et douces, des cancers de la beauté, de l’autre côté…

0 Comments:

Post a Comment

<< Home