Wednesday, September 29, 2010

Fascisme renouvelé

Jean-Christophe Meurisse se met à me hurler dessus parce que j’ai parlé avec – d’abord Thomas Scimeca, ensuite Philippe Quesne et ensuite Lætitia Dosch pendant la performance que ses acteurs donnaient et dont j’ai vu un morceau au niveau -1 du centre Georges Pompidou. Il porte exactement l’argument récent (on le trouve sur YouTube) d’Eric Besson et Brice Hortefeux : « Si des gens (des Roms) venaient s’installer chez vous, vous n’auriez pas envie de les déloger ? » Dans la bouche de Jean-Christophe Meurisse, ça donne : « Tu serais content, toi, si je venais parler pendant tes spectacles ? » Donc le fascisme est partout. Je tiens à dire pour ma défense et mon attaque que : 1) je n’avais pas compris que c’était un spectacle, ça ressemblait plutôt à une installation, entrée libre et toute la journée, dans quelque chose qui ressemble à un supermarché (c’est quand même pas moi qui l’invente) et 2) les gens parlent pendant les spectacles que je propose et je ne les engueule évidemment jamais. Parfois les programmateurs ou les équipes techniques mal informées les engueulent, ça arrive forcément souvent, mais tout est fait par moi et les artistes qui m’accompagnent pour, au contraire, répandre le slogan de mai 68 repris par Gilles Deleuze : « Cesser de faire le gendarme pour soi et les autres. » En agissant comme il l’a fait – « stressé », disent ses amis (dont je ne suis plus) – Jean-Christophe Meurisse vient d’exploser en plein vol la fusée Ariane d’une saison qui s’affirmait pourtant prometteuse. Si c’est faire des formes nouvelles et que ce soit aussi chiant qu’à l’Opéra de Paris pendant l’occupation, on ira plutôt voir les UPSBD parce que, là, que ça parle où que ça parle pas dans la salle, que ça boive ou que ça fume, que ça pète ou que ça rote, ça ne change strictement rien au génie de l’affaire : la première fois que je les ai vus, ils jouaient dans une boîte improbable vers les Champs-Elysées, mais eux n’avaient d’extrême-droite que cette localisation (improbable). C’était un bonheur ! Joëlle Gayot me disait de me méfier des loups des institutions qui ne manqueraient pas, etc., de me guetter au coin des bois… Quand les artistes sont des porcs, c’est normal qu’ils se fassent bouffer. Allez dégueuler chez Jean-Christophe Meurisse, moi, ces fausses formes novatrices plus coincées qu’à l’Opéra, je ne peux pas y croire.

Fascisme renouvelé.

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