Sunday, October 17, 2010

En bas des pistes

Un homme assez puissant, patibulaire, assez puissant pour jouer les méchants dans James Bond – a dormi tout le voyage de Genève à Paris à côté de moi. Je me suis demandé ce qu’il faisait dans la vie pour être si ensommeillé. (Il dormait comme dans un avion.) J’étais tout excité à côté de lui. Je l’ai enjambé plusieurs fois, j’avais la bougeotte. Il est vrai que j’avais passé l’après-midi au soleil– et nu – aux bains des Paquis et que je m’y étais endormi (comme, une fois, Pierre). Je n’avais pas de maillot de bain (les Suisses disent « costume »), c’était drôle, comme ça, d’être nu à l’air libre en pleine ville. J’avais connu cet effet à Munich et à Montpellier aussi, prendre le bus pour aller à la plage, c’était comme être en ville. Aucune « pudeur » aux bains des Paquis, sauf chez un Don Juan sûr de son fait qui déposait négligemment – mais précisément – une serviette sur son sexe probablement dans le sens d’en indiquer la révélation future. Les autres, en général, avaient passé l’âge de se sentir des objets sexuels (s’ils l’avaient jamais étés) et je faisais partie des autres – moi non plus, je ne ressentais rien. Et mon voyeurisme était invisible. Encore la phrase sacrée se répétait dans mon cerveau : « La sexualité est une chose fragile, il est difficile d’y entrer, si facile d’en sortir. » Je pensais aussi qu’un homme de mon âge, dans les temps préhistoriques (qui sont ceux qui m’intéressent) était déjà mort et ça me plaisait finalement de regarder la vie comme depuis un balcon, d’imaginer une sorte de survie magique. Bien sûr, je pensais aussi à tout ce qu’il s’était passé en deux jours... jusqu’à la dernière rencontre, celle de Cédric Leproust…

Mais j’avais revu Catherine Travelletti à la gare, les signes perduraient. Elle avait fait remarquer avec humour qu'elle aimerait bien aussi auditionner pour moi, mais que, s’il fallait, pour prendre son tour, que j’en aie d’abord fini avec tous les homosexuels de la Suisse, plus tous les surfeurs des montagnes, sa beauté, peut-être, déclinerait… Catherine était, en effet, très belle. Une Peau d'âne. Il faudrait peut-être aussi préciser que j'étais coincé aux bains des Paquis toute la journée à Genève entre sauna, bain turc et bains de lac parmi les poules d'eau et les cygnes, sous le soleil et le jet d'eau – à cause de la grève des trains en France.

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1 Comments:

Anonymous F said...

ça me plait ce côté aléatoire dans la vie de YNG

3:46 PM  

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