Sunday, October 24, 2010

Défendre la puissance de l'âme

Puis je suis passé chez Agnès B. chez qui je n’avais rien acheté depuis des années, mais j’ai vu qu’elle travaillait bien. Il y avait une photo de Jean-Michel Basquiat avec plein de chandeliers baroques et de bougies fondantes posés au sol. Ça m’a donné une idée pour un spectacle (celui de Bruxelles). Basquiat qu’on voit partout si vivant. Est-ce important d’être vivant ? Je veux dire « en vie » ? Je pensais à la chanson de Philippe Katerine Morts-vivants où l’on entend mon nom parmi ceux des grands aînés. J’avais le livre d’Isabelle Barbéris à la main dont le chapitre qui m’est consacré s’intitule : « Le théâtre d’illusions mortes d’Yves-Noël Genod »*. «…nous amène à méditer en ce dimanche… » C’était samedi, c’était la messe du samedi soir qui vaut pour le dimanche. Ce qui est merveilleux, c’est que tous ces vieux réacs ont maintenant pour prêtres des Africains et des Asiatiques. Mais il y avait néanmoins une ambiance crépusculaire, une ambiance émouvante, une ambiance de secte, tous ces gens si butés et si faibles étaient comme les Juifs qu’on conduisait aux chambres à gaz. Puis, après avoir changé de place, hésité, je suis resté à lire le livre d’Isabelle Barbéris me concernant. J’étais gêné parce qu’il fallait souvent se mettre debout. Les chants étaient très beaux. Idée pour l’opérette : tout à l’orgue. Ensuite le sermon incroyablement décalé (mais ça a été dit tellement). Incroyablement décalé car le prêtre parle comme à la télé sous une hauteur de plus de trente mètres avec la résonance sans fond, sans sens. En sortant, c’était la pluie, l’orage, le déluge avec le gris encore plus noir, plus foncé. Et j’entendais : « Ah, ça m’évite une belle photo ! ... Une photo d’enfer ! » (« Ça mérite… », en fait.) C’était la pluie fatale comme spectacle, la pluie rafale, la pluie fabuleuse. Dans la place Carrée, en sous-sol, il y avait la même messe, mais intitulée L’Arche de la Biodiversité. Avec des entertainers, des Québecois et des traducteurs en langage des signes.






* Isabelle Barbéris, Théâtre contemporains, mythes et idéologies, aux Presses Universitaires de France.

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