Thursday, January 14, 2010

Suisse résumé


Conte de Noël

... Et puis je rentrais raccompagnant Krzysztof à son hôtel... J'espérais encore un incident de drogue ou de sexe pour pimenter la soirée... Mais Krzysztof était sage, ce soir-là... Il avait passé une fois plusieurs heures menotté à Zurich, mauvais trip, et il était inquiet, fatigué peut-être par sa première (à venir), à Paris, du Tramway nommé Désir... Toute la ville était sous linceul blanc, comme on dit. Ça tombait et ça tombait. C'était indéniablement joli. C'était encore l'occasion de redire le mot de Dominique Isserman, le mot qui marche quand on a tout essayer (avec quelqu'un qu'il faut photographié) : "Il neige." Main dans la main, tous les poètes, Emily Dickinson, John Keats, Jane Campion, Paul Verlaine, Serge Gainsbourg, etc. etc. Tous les poètes qui n'utilisaient pas l'expression "faire l'amour". Près de l'hôtel de Warlikowski, un jeune homme se précipitait vers nous s'affalant à nos pieds dans la mousse blanche. Il demandait de l'argent, "Ayez pitié !", pour qu'il puisse passer la nuit dans le foyer de jeunes, il lui manquait sept francs. J'essayais d'amener (lourdement) la négociation sur le terrain sexuel - son jean lui tombait sur les reins à la manière de la dernière mode (stupide dans cette météo) - mais le jeune était trop fou, trop fatigué, trop saoul ou trop hétéro pour comprendre que je ne faisais pas que parler dans le vide (une joute verbale). J'aurais pu lui proposer de le ramener à mon hôtel où il aurait eu plus chaud, mais ce que je voulais plus, c'était le rabattre vers Krzysztof, mâle dominant de la soirée. Tout mon numéro n'était qu'en direction de Krzysztof qui, d'un sourire amusé, semblait aussi vouloir faire durer cet instant en cherchant infiniment dans une sacoche un fond d'argent. Le gosse prenait tout, chocolats, euros. Il voulait juste - et le plus sérieusement du monde - ne pas coucher dehors comme la veille. Un cycliste - une jeune fille, cette fois - s'écrasa à notre niveau. Je dis : "Il va falloir sauver beaucoup de vies, cette nuit."



Après avoir vu le spectacle de Guillaume Béguin, l'amant de Pierre Maillet, j'avalais rapidement un plat de traiteur, saluais Véronique Alain et me dirigeais vers le BFM, lieu sur le Rhône à quelques centaines de mètres où se donnait (A)pollonia. J'entrai à l'entracte. Toujours le théâtre le plus inouï. Sentir que les acteurs agissent sur et avec le public. Sentir toute la salle vibrer. Aujourd'hui Genève. Aujourd'hui la langue polonaise nous déchire le voile de la réalité ou de l'illusion. Ce que vous entendez là, ce qui vous a fait vibrer, vous l'avez en vous pour toujours. Je reconnaissais l'astrophysicien qui était tombé amoureux de la mère de Loïc Touzé (qui ressemblait à Mireille Darc). Je l'avais rencontré à Nyons quelques années auparavant. Mais lui ne me reconnaissait pas et, comme il était avec une autre femme, je n'osais pas intervenir. Je passais dans les coulisses pour un deuxième buffet de première absolument délicieux. Soupe de légumes de nos grand-mères, etc. Je saluais Renate Jett et bavardais avec elle et sa petite chienne toujours aussi névrosée. Puis Malgorzata, adorable. Puis, finalement, quand tout le monde se fut enfui, le grand jeu avec Krzysztof. Krzysztof insultait une femme qui venait lui dire aussi, comme une idiote, qu'elle faisait de la danse indienne : "Heureusement que vous ne chantez pas car vous avez une voix de soprano russe épouvantable." Et comme je protestais : "Comment, mais tu n'entends pas sa voix ?" La fille était assez soufflée car elle était effectivement russe et détestait chanter, détestait sa voix. Krzysztof m'expliquait que les femmes russes étaient obligées d'être soprano parce que les Russes étaient tellement machos. Je faisais le tampon entre le génie clairvoyant qui pouvait tout se permettre et cette pauvre femme qui hésitait dans sa dignité de femme. On discutait aussi de l'horreur suisse avec la directrice du lieu. Comme toujours la phrase : "Mais, vous aussi, les Français, la guerre d'Algérie..." On était d'accord avec Krzysztof pour dire qu'au moins les Français - et les Polonais, les Allemands, les Autrichiens, etc. avaient mauvaise conscience, mais que les Suisses, c'était ça, le problème pur, étaient droits dans leurs bottes. La Suisse cette tache "blanche" au cœur de l'Europe. Et de demander son démantèlement (selon le mot de Kadhafi). La directrice n'était pas contre que la Suisse disparaisse. C'était cela : que la Suisse disparaisse ! Je faisais remarquer en contrepoint à quel point les gens étaient adorablement aimables dans la rue. Au petit-déjeuner, j'écoutais, en même temps que j'écrivais tout ça : Dutronc (Paris s'éveille), Ballavoine (Le Chanteur), Gainsbourg (Je suis venu te dire que je m'en vais), Ferrer (Le Sud). La neige tombait toujours, toujours toujours, et je me proposais de rester pour toujours dans la Suisse inconnue, si proche - dans l'accent aimable - de ma région natale de l'autre côté de la frontière.

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Sujet du bac

L'ambivalence est massive dans la société, pas que dans Shakespeare.

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"Est-ce là l'image de Dieu ?"

(Felix, chien malade)

Felix sensualité, chien, pisser...
Thomas...



Felix, avec moi,

tu es une chose, une bête, un type bourré, un mort, un fantôme, un ectoplasme, un héros sans jambes, un mort-vivant, une bête, un animal, un Juif, esclave ou soldat, un ouvrier fatigué, un paysan, un corps, un rêveur, un adolescent, un enfant, un bébé, un fœtus, une bête de toute sorte, de telle sorte, un insecte, un zoo, une vache, un mouton, un hippopotame, un singe, des singes, un sauvage, un brûlé, un irradié, un vieillard, un noyé - voix des sans voix - et cet homme est banal et se lave et se rase posément presque (rien n'est banal sur une scène de théâtre).
Un amant, un bébé.
Tu peux tout te permettre.
Un débile, un enfant.
Un monstre, un handicapé.
Un organe, un ectoplasme.
"Est-ce là l'image de Dieu ?"
"Ce sont eux dans les wagons à bestiaux qui passent..."
Une victime, Hamlet...
"Comment serait-ce si c'était moi qui brûlait ?"



(Pour Hamlet et aussi en dialogue (je m'adresse à lui) pour la Suisse...)

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Sujets du bac

Le théâtre si ouvert - je n'en fais plus partie.

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Je suis le Christ. Je suis le Christ-Théâtre.

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Pourquoi attendre

Belles du soir

"Je n'suis pas sûr d'aimer New York."

"J'aime ma voix pendant la grippe."

"Je lis la Bible dans le désordre."

"Je fais des photographies parce que je n'ai pas vraiment envie d'changer les choses."

"Je vois de l'art où d'autres voient des choses."

"Je multiplie les petits ouvrages plutôt que d'en entreprendre un grand."

"Je rêve d'une écriture blanche, mais elle n'existe pas."

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Park Luna

Le Pain Quotidien



"On découvrait Hollywood inscrit en grandes lettres sur la colline."
Je lis la success story du Pain Quotidien et ça me (re)donne envie de faire Mes souvenirs dont j'avais programmé une version de vingt minutes pour un festival de poésie

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Projet pour un one man show en Suisse

Dolce Vita,
du nom de cette émission naïve et stupide que j'ai vue à la télé de Genève le jour où je suis arrivé.
Sur une autre chaîne, je vois un téléfilm (genre l'Amérique) où un policier n'est pas un vrai policier, mais un strip-teaser. Et, en effet, à un moment - à un moment où quelqu'un, son supérieur, a besoin d'un mouchoir - "plus grand qu'un mouchoir" - pour essuyer sa chaussure pleine de boue - le policier arrache et envoie, d'un geste leste, d'un geste de chippendale, sa chemise bleue de policier probablement scratchée dévoilant un torse parfait du point de vue des femmes et des homosexuels.
Ce geste magnifique, cet effet magnifique, dans un téléfilm anonyme, me donnerait envie d'arrêter le théâtre. Que peut-on faire de mieux ?

Et puis un jeu.
"Il est toujours assis à côté de la maîtresse...- L'amant !"
Et puis aussi, au Canada, un plat typique qui n'a rien de russe : la poutine. Et Pierre Bellemare ajoute : "Ça a un bel aspect dans l'assiette, ça n'a pas une sale gueule, comme..." Parfait aussi, je veux dire : politiquement.
Il n'y a plus rien à faire, je vous dis, au théâtre, et je suis venu pour vous le dire : Fermez vos théâtres, entrouvrez-les pour moi me laisser venir vous le dire... (Mais à part moi...)

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La nuit de la neige

De dos, Krzysztof Warlikowski au sortir d'(A)pollonia.











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Belle du soir

"Je reste lucide et je regarde le succès, je ne l'absorbe pas (j'aurais trop peur que ça m'démolisse)."

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Plaine de Plainpalais

Sujet du bac

Ce que je fais, c'est pas de l'art, mais des affaires - et j'arrive pas à m'y faire.

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La Suisse, ce vide au cœur de l'Europe... Jardin vide, jardin zen. Protégé par les montagnes.
L'argent liquide du lac Léman... "Très mauvaise métaphore", dirait Vladimir Nabokov...

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Sujet du bac

Ne rien connaître d'une ville est supérieur à la connaître.

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