Thursday, April 08, 2010

La Peur, peut-être
























Je pense encore à cette fuite en forêt ce matin, inattendue, et de l'excitation de Clélie pour en profiter. Les fleurs, les souches, les troncs pour jouer. Les bourgeons ne l'intéressaient pas. J'ai pas insisté.

La protection de l'environnement est un souci tout récent pour l'humanité

quelque chose se mijote, les plaines acharnées d'eau, assoiffées avec cette boule de feu, comme au premier jour, au jour doux et au dernier : maintenant / je suis le Luc charmant, je me regarde dans un reflet à perdre haleine / le paysage défile d'une nuit qui ne viendra pas / dernier jour lourd / les grands visages, les grandes vitesses...

dans le café, regarde, qui touche la terre, la ligne, dans le café - quel récit ? - je lis le récit du café dans le journal - et Apollinaire est à la guerre, dans le café, libre, la boule de feu, son amour, pour Clélie - où dormira Clélie qui voulait dormir deux nuits dans cet appartement de Bruxelles ? / longue, la plaine du Nord, la plaine qui mène à la forêt / les éoliennes d'or

oh, oui, le soleil sombre ! / c'était donc vraie (cette histoire) / le soleil d'or sombre / encore, encore, il réfugie les poils par mignon / lourde, douce chaleur-terre avec ses petites griffures... ses traces d'oiseaux (sur la peau) et les éraflures au ciel aussi

le soir décide du vert, du pastel, les petits pinceaux bruns des arbres réfléchissent / j'écris comme Sidonie et Chloé / (à cause de ce livre sur le clonage) / noire avenue, noire aventure, repli calme de Ta venue / petite chèvre et, maintenant, des lumières / les grands sombres lacs du démon / l'espoir va venir des manipulations génétiques : améliorer l'être humain qui est en train de se foutre en l'air (de par ses qualités mêmes (génétiques)) / la Grand-Place à Bruxelles / il n'y a rien à voir, tout à penser / la naissance est une loterie ("parmi les millions de spermatozoïdes")

Oh, le voyage n'avait pas de fin / maintenant qu'apparaissent les lumières de la ville / la nuit n'est toujours pas tombée : pas tombée - d'ailleurs rien ne tombe ; tout tourne / tout, au fusain, tourne / au fusain tourne / l'électricité gratuite, pour peu de temps, le feu... / petite contrée d'or / malheureusement : l'activisme écologique (sans logique ou d'idées, d'idéaux) / quelque chose se mijote : les plaines chamarrées d'eau...

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Belle du soir

"Je marche dans les rues, chimpanzé au cœur de napalm / Je suis le fils en fuite de la bombe A / Je suis le garçon oublié du monde / Celui qui cherche et qui détruit."

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Lunettes Dior, manteau Alexander McQueen, bague Abraxas, iPhone.

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Journal d'un créateur, 8 avril

La forme œuf
I opened my desk today
La féerie flétrie




Aujourd'hui, détente - et reprise : c'est tout de suite beau. Comme si tout le monde comprenait que ça n'allait pas être si difficile à bâtir, ce spectacle. Les Célibataires et leur blancheur immaculée sont au loin sur la montagne comme abbatus de soleil. En fait, ce qui me fait dire que c'est bien, c'est ça : les distances nouvelles sur la montagne, entre les mondes, sont plus grandes, immenses - apparaissent enfin.... Et cette profondeur de l'espace, cette immensité, ce feutré entre les mondes, montre que quelque chose est compris : l'homme est perdu dans le cosmos - mais il y a l'amour, il y a les rêves. Il y a cette chaleur et il y a le fait que nous allons nous en sortir, qu'il va y avoir un rédempteur, qu'il va apparaître parmi les hommes : il va apparaître, nous n'avons pas le choix - comme disait Clélie ce matin quand nous cherchions notre route : "Il y a toujours de l'espoir." - mais que nous allons aussi sans doute beaucoup souffrir, l'humanité toute entière, beaucoup souffrir avant de trouver comment nous en sortir, tous ou en partie, et définitivement.

Pierre et Clélie sont venus me rendre visite. L'appartement, le restaurant, les promenades en ville... Ce matin, après les jeux dans l'apparte - par exemple : déplier les tables, les canapés et, comme c'est moderne, Clélie y arrive aussi bien que nous (j'ai compté qu'on pouvait allonger sept personnes) -, nous étions dans la forêt de Soignes, sorte d'immense bois de Boulogne (ou de Vincennes) qui mange la ville au Sud, qui la frôle, qui s'y greffe. Clélie a adoré (alors que le projet de s'y rendre lui avait semblé fastidieux). Je lui ai raconté que, dans la pièce, j'étranglais une petite fille de neuf ans puis, plus tard, nous parlions des Anglais et elle dit : "C'est pas bien d'être Anglais." Pourquoi donc ? "Non, c'est pas bien d'étrangler." Ah, oui, non, c'est pas bien. Pierre me raconte qu'un enfant (quatre ans), en le voyant (à Lille, peut-être...) a dit à sa mère : "Il est pas beau, le monsieur." d'un air définitif et révulsé. Lui aussi joue Frankenstein ?

Les rêves de l'humanité. Toute une histoire... L'humanité a rêvé, elle a rêvé depuis le début, sans doute un peu plus que les autres singes, parce qu'on en a écrit des histoires, des histoires, oh, oui, cette Bible infinie... Jusqu'à la fin du monde, prédite, la fin du monde : maintenant - ou non... Elle a rêvé, elle a rêvé à partir de ce défaut originel, cette tache, cette faille dans les gènes (tout un livre que je feuillette, dans la pénombre à côté de mon ordinateur, intitulé : Génétique du péché originel). Et si Frankenstein n'était rien d'autre que la personnification de ce défaut, de ce péché atroce à partir de quoi tout s'écrit - le mot "tache", "blot", revient souvent dans son propre discours comme dans celui de son créateur - ce vide, ce défaut de néant dans l'être, cet accident qui le dévalue, le maudit... "You know me - or you do not." Bitter observation.

C'est effrayant - et si émouvant - de voir ces êtres qui vont mourir perdus sur cette montagne - montage de velours noir, la montagne-théâtre itself, la montagne flétrie, l'histoire-montagne de toute ces époques qui ont cru à l'avénement d'un homme nouveau, le romantisme, bien sûr dans le sillage des révolutions (américaine et française), mais Tchekhov aussi, on y pense assez facilement. Jeanne Balibar m'a raconté que La Cerisaie qu'elle va jouer avec Julie Brochen fait partie d'un cycle projeté par Tchekhov qu'il avait intitulé : le cycle du blanc. La deuxième pièce devait se passer au pôle Nord - tiens, comme la fin de Frankenstein - la troisième, on ne sait pas. Anton Tchekhov est mort en ayant écrit seulement La Cerisaie. (Et il est mort en disant ce mot, vous savez :"Ich sterbe.", dont Nathalie Sarraute a fait l'une de ses plus belles nouvelles.)

Tout d'un coup apparaissent, sur la montagne, comme des fantômes, les présences droites et dressées des animaux romantiques, mes préférés dans la pièce, les héros, les Fantastiques. Hedydd (Mary) en fait aussi partie, mais elle a un rôle plus chargé (le rôle-titre), tout se passe dans sa tête, elle est toute la pièce à l'avant-scène, Seamus, Rebecca et Joseph sont parfaits, long legs, les animaux sacrés. La lumière parfois cherche comme une torche, parmi le noir infini, des traces. J'ai peur de gâcher ce texte en avouant que Byron, d'où je suis et d'où maintenant je me penche, semble bien imposant sous son pantalon. La lumière sans doute. J'ai bien peur que Joseph Chance, alias George Byron, reste, pour moi, jusqu'à la fin, le diapason sexuel de cette histoire. C'est peut-être que, par hasard, Joseph joue bien.

Je vais revenir dans la vie, tiens, même noire, pas trop d'écriture, même blanche - non sans peut-être auparavant saluer ici Audrey Bonnet qui m'a avoué gentiment l'autre jour suivre sur le blog cette drôle d'histoire de Frankenstein.

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