Friday, May 28, 2010

Photo-souvenir


Photo Denis Guéguin.

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Le temps s'enfuit sans m'en apercevoir








La Dépression (de l'Est)

"Pourquoi la mer ? La mer n'est plus la mer."
Luis Bunuel, Le Fantôme de la liberté



Ah, la dépression ! Thomas Ferrand est donc venu à Chaumont. Esclandre à l'hôtel à cause du racisme d'extrême-droite anti p'tite fille avec deux garçons. On lui fait payer un max, mais on a une belle chambre avec deux grands lits et une salle de bain sublime. Thomas s'excuse de son état (qui ne se voit pas tant que ça) et, très vite : "Ah, l'Est ! je déteste l'Est." Ça, c'est sûr, on est à l'Est. (C'est pas le Chaumont plus célèbre des pays de la Loire.) Il sort manger "des frites et du jambon - Ou si y a pas ça ? - Des pâtes et du jambon" avec Garance et on se retrouve ensuite là où doit avoir lieu la performance. Il arrive, je le présente à tout le monde : pas un mot. Puis, au bout de cinq minutes : "Yves-Noël, je ne me sens vraiment pas bien, je vais rentrer." Je le retrouve vers onze heures lorsque je vais déposer ma veste Dior toute trempée de la pluie avant de rejoindre les autres au restaurant au sous-sol. Il est allongé nu avec sa fille dans l'un des grands lits. Il me dit : "Elle ne dort pas encore." Vers deux heures, les deux semblent dormir, toujours dans cette position d'enlacement. Le matin, je lui propose de rester un peu dans la chambre, de profiter du petit-déjeuner, non, il n'a qu'une envie, c'est de fuir. Il court à la gare acheter son billet et je suis chargé de remplir un sac de viennoiseries. Il ne reprend du poil de la bête que dans le train. Soulagement. Je comprends enfin pourquoi il est venu à Chaumont : c'était pour le plaisir d'en repartir. Et c'est vrai qu'après ce samedi un peu sinistre, le dimanche paraît délicat et serein. Garance m'appelle toujours "le monsieur", mais m'offre des chocolats qu'elle me fait passer par son père. Amitié à tous les étages. L'aurais-je soigné (le père) ? Je propose (encore dans la chambre) : "Si nous allions nous baigner au Pont du Gard ?" "C'est où, ça ?" Ou, comme je le vois rassembler les affaires rapidement comme en cavale, je nous imagine comme dans le film Gloria de Cassavetes à protéger cette gosse et à courir d'hôtel en hôtel, de ville en ville. Sinon, j'ai lu le très beau texte de Blaise Cendrars sur Arthur Cravan, assis par terre sur les affiches d'un si beau bleu imaginé par Frédéric et, après la pizza au restau de l'hôtel, j'ai bu un Lagavuline bien servi et, là, j'ai compris ce que c'était que les graphistes dont Nathalie Quintane avait dressé un portrait dans Blektre. Des beaux gosses. Graphiste 1, graphiste 2, graphiste 3, graphiste 4, graphiste 5... Thomas me dit que la petite lui a demandé de dormir ensemble, il s'était d'abord installé dans mon lit, elle n'arrivait pas à dormir, qu'elle ne le lui demandait jamais - et que, même, elle avait voulu qu'il mette son bras autour d'elle, ce que d'habitude elle n'aimait pas. Elle a trois ans et demie. Je lui dis que, peut-être, elle arrive à l'âge du complexe d'Œdipe. (Je parle de la petite de Pierre.) Je suis fasciné du rapport des pères avec leur fille. Il y avait aussi la petite de Frédéric, Alma, sept ans, magnifique qui, après un quart de pizza grignoté s'était endormie sur l'avant-bras de son père posé sur la table, puis sur son père encore plus entier dans le canapé à l'imprimé panthère du bar du Lagavuline (très bien servi par le genre méchant de James Bond, un spécialiste de la tuerie classe). Dans le train, Thomas lit un "Sciences et Avenir" dont la manchette est : "Ce que la science nous apprend du BONHEUR". "C'est intéressant, ils disent qu'il y a des gens prédisposés pour le bonheur et d'autres pas." Nous sommes arrêtés en gare de Nogent-sur-Seine. Il y a une heure trente de retard. Nous décidons de sortir nous balader. Quand nous revenons, le train est déjà parti. Nous faisons du stop jusqu'à Provins. Nous chopons le train de 13h45. Nous sommes dans le train à nouveau. Les deux femmes qui nous on pris en stop nous apprennent que c'est la fête des Mères. Le département, c'est L'Aube...
Etre de gauche, pour moi, ce n'est pas forcément être de gauche, être de gauche, c'est ne pas être d'extrême-droite - l'extrême-droite, elle parcourt toute la société, pas seulement la droite, bien au contraire. L'extrême-droite est majoritaire en France. Au moment de l'abolition de la peine de mort par François Mitterrand et Robert Badinter, en 1981, 63 % des Français sont contre. C'est-à-dire l'immense majorité. Et ce pourcentage - proprement monstrueux - se retrouve tout le temps, inchangé. Si c'est pas la peine de mort, c'est autre chose. A chaque avancée, il y a toujours plus de soixante pour cent des Français qui sont contre. C'est ce que j'appelle l'extrême-droite. On se plaint des politiques, des bêtises qu'ils sortent constamment (des gens quand même intelligents...), mais on ne comprend pas si on ne voit pas qu'il faut, pour être élu, forcément puiser des voix dans cette masse fabuleuse de l'extrême-droite. J'ai dit ça à mon psy, il a trouvé très bien, ce raisonnement. Il m'a dit qu'il me citerait. Il y a un combat, c'est pas la question de la droite et de la gauche, les jeunes, ne vous laissez pas prendre... Non, c'est beaucoup, beaucoup plus grave. Cela dit, j'ai toujours voté à gauche, mais, ça, c'est un détail, question de famille, comme on dit. J'ai regretté d'avoir voté pour Fabius (que je n'aime pas) à des Européennes alors que j'aurais dû voter pour Simone Veil (que j'apprécie beaucoup) qui a fait un faible score. il faut voter pour les personnes plutôt que pour les partis. Aux dernières régionales, je n'ai pas voté.

Du vin pour écrire

Je suis retourné au wagon-restaurant (c'est plus comme ça qu'on dit) pour reprendre la bouteille de Merlot dégueulasse que j'avais laissée à disposition. Parce que je veux quand même picoler finalement. C'est toujours un peu chiant d'écrire, c'est décevant, vaut mieux picoler, quand même. Alors, blabla... Dans le train, au bar, donc, je croise Cécile Mainardi. Chose étonnante, je me souviens de quand on s'est croisé la première fois. J'invente, mais je tombe juste. Elle est si enthousiaste qu'elle m'offre son livre. Elle n'en a qu'un exemplaire sur elle et elle doit faire une conférence dessus, elle dit qu'elle la fera de mémoire, elle me parle d'une performance de Liliane Giraudon qui "lisait" son livre, La Poétesse, sans son livre. Avec une oreillette. Je trouve ça très bien, je lui dis ce que je ferai à Avignon (Vénus & Adonis), je lui dis que, l'année dernière, je savais mon texte (avec l'aide d'un souffleur, quand même), mais que, là, je n'allais pas le réapprendre, ça n'avait pas de sens. Les choses existent dans les livres autant les y laisser. Ça n'empêche pas de faire du théâtre - mais est-ce que les spectateurs savent le texte par cœur ? non. Pourtant ce sont les spectateurs qui font le spectacle. (C'est pour ça que je ne vais pas les faire payer, en plus...) Son livre s'appelle Deuxième blondeur, c'est un titre pour moi. Avec, en sous-titre, L'Immaculé conceptuel, encore un titre pour moi (et pour Avignon). Je lui promets d'en lire un passage le soir même, je vais faire une performance à l'invitation de Frédéric Teschner, au festival de Chaumont. Je dois lire Arthur Cravan, Frédéric m'a prêté un livre, mais je réussirai bien à placer des phrases comme : "Tu as merveilleusement un autre âge, tes cheveux blond-ciment." ou "Ta blondeur, c'est ton fleuve, m'annonce Stéphane." ou encore : "Tu serais blond-à-y-passer-la-main-dans-le-langage." Elle me raconte qu'elle voulait mettre L'immaculée Conceptuelle au féminin, mais que l'éditeur n'a pas voulu. Qu'est-ce qu'ils sont cons, ces éditeurs ! A Avignon, pas d'éditeur, quel soulagement ! Je fais ce que je veux, c'est moi qui invite, c'est moi qui paye, c'est moi qui offre. Reste plus qu'à trouver du blé (pour l'année prochaine) - parce que c'est l'idéal. Tu payes, tu offres. Ensuite, un contrôleur (mais en tenue légère, juste une broche) vient me demander si je ne suis pas le cousin de "Denis Fatet". Un collègue qui lui a dit : "Y a mon cousin qu'est monté, il s'est trompé de TGV, c'est un grand blond." Trop sexy, ce contrôleur marqué Alain, je lui aurait bien montré si j'en étais un vrai, de blond... avec ses cheveux, lui, poivre-et-sel. (C'est aussi pour ça que j'ai repris la bouteille.) Thomas Ferrand me demande ce matin comment je fais avec la solitude. Solitude ? Quelle solitude ? Tout afflue, on est constamment très, très ensemble, comme des fourmis, y a rien de solitaire, c'est ça, la vérité - mais je veux bien m'occuper de sa solitude à lui, Thomas, je vois bien de quoi il souffre (j'ai mon idée). Je lui propose de venir dormir avec moi ce soir à Chaumont. S'il vient, il viendra avec sa fille, il faudrait rajouter un matelas (elle a l'âge de celle de Pierre). Ça devrait être possible, il faut juste appeler l'hôtel. Du coup, un peu plus tard, je le propose aussi à Pierre, mais Pierre (qui n'a pas sa fille, ce week-end), non, c'est pas le genre : il est venu à Bruxelles après beaucoup d'insistance, mais il est venu en stop parce que, malgré son haut revenu (d'après l'Insee, au Grand Journal), il n'a pas de fric pour prendre le train, il faut le vivre pour le croire, mais on l'aime pour ça ! Il m'avait envoyé un texto : "Mon amour, mon amour, je me sens tout près de toi !" et je lui répond oralement, je lui parle de Thomas, je lui dis que, moi non plus, je ne me sens pas seul, à cause de lui et puis du reste, de la lumière, de la chaleur, du fleuve qui, cette nuit, entourait de sa boucle la ville avec le pont cassé, et puis de l'autre fleuve où je me suis baigné, très vivant, très vivace, pas loin, sous l'aqueduc des Romains et puis, là, je me dis qu'il faudrait que je relise Claude Simon parce que ça va bien de blablater sur tout comme ça, mais qu'il y a quand même les AUTEURS !

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Hôtel à 29 euros et trop sympa comme quoi le monde n'est pas encore entièrement aux mains de l'extrême-droite même dans ses apparences









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musique de perle coule sur le sac d'eau
je suis près du Rhône, près du Gard
il n'y a rien d'autre que le sac qui accouche d'une fleur
d'une rose bleue (je ne trouvais pas le nom)
et son nom et son odeur et son hommage
plus d'image, générique, générique bleu
avec quelques touches de blanc quand la couleur n'est pas passée

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Cherche des acteurs et actrices pour un stage intitulé

De la représentation - à la présence

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Belle de jour

"La nuit, c'est le désir qui voit le mieux."

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Sommairement (Vénus & Adonis)

L'Apéro porno, 18h, à La Condition des Soies

Le mouvement dramatique du poème s'articule sur le refus obstiné d'Adonis de participer au festin sensuel que Vénus lui offre, mais dans lequel il craint d'être dévoré. Vénus, brûlant de se repaître de lui est vraiment la Vénus de Racine - Vénus tout entière à sa proie attachée.

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Belle de jour

"Qu'est-ce qu'un grand spectacle ? Un souvenir de l'enfance qu'on a eue, qu'on aurait pu avoir, creusé dans le chagrin d'être en solitude et la merveille de la peupler."

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Belle de jour (avec l'accent)

"Je laisse passer l'orage..."

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Belle de jour Marlène

"Elle a laissé toutes ses frites, la fille, demande-lui, la prochaine fois, si elle préfère pas d'la salade."

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