Sunday, June 06, 2010

L'émotion du pont
Le ciel de crayon gris
Le dimanche soir

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Belles de nuit

"Car la beauté qu'ont cherchée tous les âges, celui qui la perçoit est affranchi de lui-même."



"Ceux qui savent saisissent le sens de l'art, les ignorants en perçoivent le plaisir."

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Yves-Noël Genod Très touché de t'avoir rencontrée. Demain, je ferai un cours sur toi. Ça résonne, ça résonne, ça résonne...

Nawel Ben Kraiem ah c est souper , ti va le faire avec l accent j espere;)
j' ai été bouleversée par ce stage. les mots st pauvres, ms enfin c etait vraiment beau.. merci

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Le Pont du Diable


Laurence Mayor qui vient d'arriver pour la deuxième semaine raconte que c'est toujours la même légende partout où l'on trouve des ponts du Diable. Toujours une gorge, une rivière encaissée, un pont difficile à construire, le diable propose ses services en échange d'une âme. Au moment de la rançon, on envoie une chèvre sur le pont étroit (ou un chien se précipite...) Le diable est lésé. Celui-ci est sidérant de beauté. C'est d'ailleurs un mystère auquel j'ai repensé les yeux écarquillés sur la splendeur. Pourquoi, quand on voit un panonceau : Pont du XIIème siècle, est-on sûr que cela sera beau ? Bien sûr, il y a l'œuvre du temps, les pierres que le temps a usées, mais l'arche que le temps a maintenue est aussi belle qu'une architecture de Jean Nouvel... Il devait bien y avoir des vilains faiseurs de pont, quand même... C'est très troublant. Bernard Shaw a qui l'on demandait un jour s'il pensait que la Bible était l'œuvre du Saint-Esprit aurait répondu : "Non seulement le Saint-Esprit a écrit la Bible, mais il a écrit tous les livres." "Je suppose que tous les livres méritent d'être lus", ajoute Jorge Luis Borges qui rapporte le mot.

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Trois belles du (dimanche) soir

"Nos vies sont les fleuves
Qui se jettent dans la mer
La mer qu'est la mort."

"J'aimerais être la nuit pour observer ton sommeil avec des milliers d'yeux."

"so that my life (wich liked the sun and the moon)
resembles something that has not occured."

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La Transmission

Robin est parti et je voulais encore tout lui dire, Maxime est parti et je voulais encore tout inventer avec lui, Nawel est partie et je m'apprête pourtant, avec elle, à créer enfin le tout de ce que nous avions sur le cœur... Demain, d'autres étudiants vont venir et ceux qui sont restés de la première semaine ne sont pas les meilleurs (car les meilleurs partent les premiers)... Nous écoutons des chansons de Barbara qui ont pour thème "à force de m'être cherchée, c'est toi que j'ai perdu", nous sortirons (avec Maxime) un film du premier jour intitulé : Reviens quand tu auras disparue. Je parle avec délice, avec douleur à Robin, Maxime, Nawel, plus prêts de mon cœur que jamais, mes chers disparus...

Robin Causse, Maxime Fleuriot, Nawel Ben Kraiem,
grands poètes.

La lune est le miroir du temps.

Demain je ferai un cours sur la suggestion. "Si le poète l'avait dit en toutes lettres, ses vers feraient bien moins d'effets."
Ce qui s'est dit, voyez, ici, ne s'est pas dit en toutes lettres. Les moyens du théâtre sont immenses et brutaux comme du verre. Où va partir - partir, c'est participer - ce que Nawel, Maxime, Robin ont dit dans le désert de Ouarzazat ?

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Reprise

Robin s'inquiète un peu de ce que je peux écrire sur le blog, il me dit : "Tu sais que ma mère te lit, alors si elle lit des choses... après, elle m'appelle." Il regarde et voit le texte interrompu qui commence par "...à l'heure où les homosexuels traînaient et se flairaient au bar..." : ""Se flairaient !", oh là, là, qu'est-ce qu'elle va penser ? elle va penser que..." Alors, Pascale L., j'avais envie de vous dire à quel point je trouve votre fils remarquable. Je suis sidéré, à vrai dire. Il est venu au stage une semaine. Parfois, il fait un peu la tête, mais c'est aussi qu'il construit un univers tellement personnel, tellement inventé, avec cette disponibilité plastique qu'il a, l'art de la transformation, il dispose de son corps parfait comme d'une base, capable de travelos d'hommes ou de femmes extraordinaires. Je le regarde comme un maître, un genre Kazuo Ohno (qui vient de mourir à cent et quelques). Il s'inspire de la folie d'embrassement de Salvador Dali, il a le même agent qu'Amanda Lear, amant de Dali, c'est très troublant après l'avoir vu évoluer tout l'après-midi dans de surnaturelles apparitions comme cette Carmen ou Arlésienne de choc transportant comme un pot de couleur sa haine et sa survie* (mais capable aussi de dégager, après s'être fait oublier, sur quelques notes de guitares - comme sous hypnose -, une page de Dostoïevski, infiltrant du secret, de la beauté à la beauté, poison comme un poisson dans l'eau) et de le retrouver le soir à la veillée comme un enfant demande conseil - ou est-ce même conseil ? - à un "moi" d'une présence paternelle.

Sur le déshabillement, il dit aux stagiaires qui ne saisissent pas complètement ma démarche : "Ce n'est pas malsain." Il m'a dit qu'il aimerait sortir avec Jeanne Balibar. Je l'ai donc proposé après la répétition à Jeanne (puisque je la voyais cette nuit, il faut aller vite dans ces cas-là). J'ai dit à Jeanne : "Tu n'aurais pas envie de te la jouer un peu cougar ?" Jeanne a dû reconnaître que cette éventualité était pour elle moins éloignée encore que je pouvais l'envisager. Jeanne s'étant mise nue pendant la répétition de son concert (elle le refera le 20 juin à la Flèche d'Or), elle est d'une beauté surnaturelle. Une lumière. Qui n'aurait pas envie de sortir avec Jeanne Balibar ? Jeanne me demande des nouvelles de Kate, de Marlène.
Je lui ai demandé, autour d'un whisky, sur un trottoir de Paris, après la répétition, matinée de la nuit, si j'avais eu raison de conseiller à Robin de tout jouer, d'aller aux castings que son agent lui trouve : "Bien sûr, surtout à son âge..."



* Au bout de quelques jours, il l'a nommée Dolores.

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On s'endort, on a bu de l'or

(Première semaine.) Mathias arrive au petit-déjeuner. Nous sommes prêts pour l'interview. Robin pose les questions, moi, je tape. Direct sur le blog ! Première question : "Comment était cette nuit ?" Réponse : "Aussi savoureuse que les autres." Pourquoi aller plus loin ? Vous n'en saurez pas plus, petits cochons ! (Tout est dit.)

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Des petits orages à venir

Il y a la maladie du soir, la maladie de l'oreille. C'est le soir, le mois de juin, c'est l'été, il y a mal aux oreilles malgré le soir (l'infini), malgré l'été - et grâce - qui donne, donne, donne. "Tous les vendredis, à Paris." On entend on-ne-sait-de-quelle-oreille. On entend aussi, dans un autre wagon ou à l'étage en-dessous, des supporters de rugby exprimer leur joie multiple...

Belle de jour

"Si nous étions d'humeur chestertonienne (et il y a peu d'humeur plus désirable à mon avis), nous pourrions soutenir que l'on ne peut définir une chose que si l'on ne sait rien sur elle."

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Pierre & Gilles


Belle de jour

"La beauté est tapie partout autour de nous."

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...que quelque chose que l'on peut nommer la beauté

Hier, il s'est passé que quelque chose que l'on peut nommer la beauté a eu lieu à travers les baies vitrées, les notes de guitare de Pauline appliquée, concentrée et noyée sous sa perruque dorée et, soudain - tandis que des morceaux de bras, de nuques, des cheveux, des joues tournoyaient dans l'espace à l'unisson de la déclivité de la terre -, Robin qui, depuis le début de l'après-midi, travaillait d'arrache-pied à l'existence intacte de cette travelotte sorte de Carmen ou d'Arlésienne sadique et - comme toujours chez Robin - surréaliste, s'est mis à dire une page d'une incroyable délicatesse, une page qui parlait et parlait, qui disait : la vie est un songe, mais c'était une page ouverte au hasard, une page de Dostoïevski perdue peut-être maintenant, mais qu'à ce moment-là, il a accompagné de la main lentement entre les édifices et les éboulis, sur le gué de la rivière trop rapide, avec les arbres de la guerre, les lourds sapins maintenus dans l'adoration des hommes et du soleil, partagés entre l'idée de la vérité et la vérité, entre se taire et participer - il y a trop de beauté au monde - et cette splendeur m'a effrayé quand je me suis retrouvé nu et seul à l'intérieur de la caravane dans le noir, tandis que Maxime était dans une autre caravane perdue parmi les étoiles, les millions d'étoiles (les milliers de maximes) - et ce silence noir et infini ayant succédé au couchant où était apparue la beauté - derniers feux - j'ai maudit la beauté qui, ayant soulevé ses voiles, m'avait laissé mort, dénudé.

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La Tristesse passe en moto (leitmotiv)

Laetitia raconte (troisième scoop) que Barbara était toujours en moto. Elle le tient d'un ancien amoureux qui a écrit des chansons pour elle. Il lui a écrit, par exemple : A force de chercher, c'est toi que j'ai perdu, sur le dernier album.
"Ça, c'est vraiment un titre de film français", remarque encore Maxime. "Ou de spectacle de Christian Rizzo", j'ajoute. (Leitmotiv.)
Plus tard (une autre fois), comme Arnaud parle de Julie Depardieu avec qui il est ami, Laetitia dit que cet amoureux était Guillaume Depardieu. Tristesse.