Saturday, July 17, 2010

Belle de jour

"Dieu repose en sa raison."

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Judicaël Jermer








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Le Rendez-vous, Laurent Goumarre

(France Culture)

19h45, plateau 3, Off et digressions : YNG est à Avignon. Il sable le champagne, il invite des guess, il cite Claude Régy, fait payer à la sortie puisque l’entrée est gratuite et il emporte Shakespeare dans son Parc intérieur, c’est le titre de sa pièce. On le retrouvera quelques minutes après son spectacle qu’il digresse actuellement à la Condition des soies, mais tout d’abord…
...
Y en a un qui est en train de s'installer et il est merveilleux. Il sort actuellement du Parc... c'est ça ? YNG vient de nous rejoindre sur le plateau...
...
Plateau 3 digressions avec Jonathan Capdevielle qui devrait peut-être nous rejoindre et YNG. (...) YNG qui sort de son Parc intérieur, variations et digressions shakespeariennes autour de V&A. Festival Off. C'est chaque jour à dix-huit heures. L'entrée est libre, la sortie est payante. Si on veut. C'est à la Conditions des soies. Chaque jour, il y a un guess qui ouvre le spectacle, qui offre le champagne aux invités qui sont d'abord des invités avant d'être des spectateurs. C'était qui aujourd'hui, le guess ?
- Ah, ben, c'était magnifique parce que c'était Raphaëlle Delaunay.
- Raphaëlle Delaunay, donc ancienne danseuse de l'opéra de Paris qui a travaillé avec Alain Platel...
- Pina Bausch, etc.
- Pascal Rambert...
- Ouais. Et qui fait maintenant ses propres pièces. Une des danseuses les plus belles au monde, je crois.
- Qu'est-ce qu'elle a pu faire ? Parce que chaque jour...
- Ecoutez, moi, je sors de scène, je ne sais pas ce que les guess font. Les spectateurs me racontent après. parce que, moi, je n'suis pas dans la salle quand ils interviennent. C'est une première partie, c'est comme une première partie. J'leur ai d'mandé de servir l'champagne et puis de chauffer la salle. Un petit spectacle de cinq minutes, si vous voulez...
- Parmi les guess, il y a aussi Evelyne Didi qu'on a pu voir et entendre dans le formidable spectacle de Marthaler. Là aussi quelle était cette première partie qu'elle a pu imaginer ?
- Ben, Evelyne Didi, elle a chanté un bonus du spectacle de Christoph Marthaler, une chanson qu'ils avaient pas gardé, finalement, parce qu'ils ont beaucoup plus répété, beaucoup plus improvisé que c'qu'on voit dans le spectacle... Donc ils ont plein de matériaux magnifiques qu'ils ont délaissés pour composer le spectacle.
- Le Parc intérieur, donc c'est le spectacle imaginé par YNG. Un spectacle qui vous met en scène véritablement autant que vous le mettez en scène. C'est YNG, Shakespeare et les maîtres. Notamment Claude Régy, on m'a dit que vous l'citiez à plusieurs reprise. Il intervient à quel niveau ? Claude Régy avec qui vous avez débuté il y a quelques années, on taira les dates...
- Ben, il intervient... Ben, je l’cite parce qu'il fait partie de... Oui, c'est quelqu'un qui, évidemment... Comment dire ? C’est lui qui m’a fait commencer le théâtre à Paris et... C'est vrai, je cite Claude Régy, je cite pas François Tanguy, par exemple,
- Pour quelle raison ? Vous avez travaillé aussi avec lui.
- Non, mais dans mes spectacles, en général... Je sais pas pourquoi parce que François Tanguy, c'est très important évidemment... Mais peut-être que Claude Régy est un personnage plus... dont j'peux plus facilement me moquer ou manifester de l'amour envers lui que François Tanguy qui est... Finalement, on était, on s'entendait très, très bien, mais on s’parlait pas, j’crois, avec François Tanguy.
- C'est la première fois que vous participez au Off ?
- Oui, c'est la première fois !
- Et que vous jouez l'jeu
- Et j'suis vachement content !
- avec les parades ? Les parades aussi ?
- Oui, oui, oui.
- Votre père est intervenu en skieur de ski d'fond ?
- Ah, oui, ça, c'était le...
- Ça a bien marché ?
- On aura du mal à faire mieux, quand même, que ça. Très, très bien.
- Et Marlène Saldana...
- C'est très bien parce qu'on touche le grand public, à c'moment-là. On touche les gens qui viendront pas, jamais, dans une salle de théâtre, hein. Quand mon père est en ski d'fond ou Marlène toute nue peinte en or sur les talons sur les pavés, c'est très bien aussi.
- Pourquoi avoir choisi justement ce marathon du Off ? YNG ?
- Moi, j'adore Avignon. Vraiment...
- L’année dernière vous étiez...
- Y a trois ans.
- Y a trois ans...
- Y a trois ans, j'étais dans le In, j'étais dans l'Sujet à vif. Et j’ai toujours envie d’y revenir. Et... vraiment, j'ai une passion pour ce... C'est pas original, d'ailleurs, mais... J'ai trouvé cette salle, l'année dernière...
- La Condition des soies
- Oui.
- C'est le titre, c'est le nom qui vous a ?
- C'est une salle sublime, en rond, avec une acoustique extraordinaire. J'connais le directeur artistique de ce lieu, Benjamin Boiffier. Il m'a montré sa salle et j'ai... Ben, j'ai tout de suite eu envie d'faire quelque chose là-dedans et même plus d'une chose ! Mais enfin, bon, voilà.
- Pourquoi autour de Shakespeare ? Enfin, "autour de Shakespeare", est-ce véritablement autour de Shakespeare...
- Parce que la salle est très belle acoustiquement et induit un petit peu la poésie. On peut faire plein d'choses, mais y a quand même une qualité pour le poème. J'ai pensé. Voilà.
- Pourquoi précisément Vénus & Adonis ?
- Ben, euh... Précisément... C'est un peu un prétexte, hein. Mais j'avais déjà travaillé ce texte dans un spectacle avec plus de personnages. Avec Kate Moran, Felix Ott et c'était au théâtre de Gennevilliers, l'année dernière, au mois d'juin. Et puis y avait aussi un musicien, Pierre Courcelle. Et dans ce spectacle, je disais déjà une partie du poème parce que celui qui m'avait programmé m'avait demandé d'être dans le spectacle. Donc je m’étais rajouté - c'était une mise en scène, très belle - mais j'm'étais rajouté, comme ça, un monologue au début. Donc c'est c'monologue que je continue, que je perpétue...
- Pourquoi pensez-vous que...
- Bonjour Jonathan !
- Jonathan Capdevielle qui a été aussi l'un des guess de cette partie... Qu'est-ce que vous aviez imaginé pour cette première partie, pour chauffer la salle ?
- La même chose, la même chose...
- Oh, toujours pareil.
- Il a chanté... il a chanté la même chanson...
- Toujours des chansons... Mais avec le répertoire que j'ai qui est quand même un répertoire local et international, j'ai d'quoi faire, hein !
- Vous avez déjà travaillé ensemble à plusieurs reprises, vous vous êtes rencontré dans quelle circonstance ?
- A plusieurs dizaines de reprises, on peut même dire.
- Alors... Jonathan Capdevielle ?
- On s'est rencontré lors d'un spectacle, heu...
- Le premier spectacle. Enfin, on s’est rencontré avant, mais, c'que j'voulais dire, c'est qu't'étais... C'était très émouvant hier parce qu'il était dans mon premier one man show, déjà comme invité. Il était à la fin du one man show, après les saluts.
- Qui s'appelait ?
- Il venait chanter Vanina. Le one man show s'appelait En attendant Genod. Et, là, il est au début du one man show...
(Jonathan entonne Vanina et entraîne avec lui le public.)
- Allez ! Musée Calvet !
(Idem.)
- Alors, je voulais dire parce que y a des gens qui demandent si on a... Ils veulent savoir qui va être l’invité à l’avance. Non, c’est une surprise, hein.
- Chaque jour, il y a une surprise à la Condition des soies. Pourquoi précisément pensez-vous que le programmateur qui vous programmé au festival de... enfin, à Gennevilliers, vous avait demandé d'être en personne sur vos spectacles que vous désertiez les derniers temps ?
- Non, c'est parce que, moi... Moi, j'adore jouer, mais j'ai une passion, comme dirait Stanislas Nordey, pour la mise en scène ! Alors, et puis... Et aussi pour les acteurs. Alors, quand j'moccupe des acteurs souvent avec des durées de répétition très, très courtes parce que y a pas d'argent, eh ben, y a pas d'temps pour que j'prépare quelque chose parce que, moi, j'suis un acteur un peu lent, un peu difficile, alors, j’ai souvent pas l’temps pour paraître sur scène. Et puis j'ai pas envie non plus de faire comme certains metteurs en scène qui se placent en plein milieu d'leur machin, je trouve que... J'ai horreur de ça.
- Comme Kantor, par exemple.
(Rires.)
- Non, pas comme Kantor ! (Rires.) Si c'était ça ! Ça, c'est autre chose, oui...
- Pour la vingt-cinquième heure, qu'est-ce que vous avez imaginez, Jonathan Capdevielle ? Encore un tour de chant ?
- Ah, c'est pas vraiment un tour de chant, ça s'est transformé plus en une pièce, on va dire : un autoportrait local qui correspond à ma vie à Tarbes ! Voilà. Entre 90 et aujourd'hui.
- Sa vie à Tarbes ! Ça va être pas-sion-nant !
- Ça va être super parce qu'en province, évidemment, il s'passe des choses qu'il ne se passe pas ailleurs, très excitantes parfois, bon, un peu décevantes aussi, mais c'est comme ça qu'on s'construit et j'ai construit cet autoportrait à partir de chansons, mais
- Ça va pas trop parler d'homosexualité, Jonathan ?
- aussi à partir de conversations...
- Ça va pas trop parler d'homosexualité ?
- Ça va parler de tout, c'est universel, l'homosexualité, le problème...
- Non, mais faut dire aux auditeurs quand même...
- Je le dis. Ça parlera de différence, d'arabe, de noir, tout ça, de famille, de maladie, de cancer, bon.
- C'n'est pas l'cas de vos spectacles, YNG ?
- Moi je fais juste une allusion à l'homosexualité en disant... C'est un mensonge, c'est l'seul mensonge que j'fais dans la pièce. Je dis que je suis sponsorisé par cette boîte d'Avignon qui s'appelle L'Esclave et, d'ailleurs, voilà : j'en fais la publicité encore ce soir à l'antenne ! Peut-être qu'ils pourraient me donner un peu d'argent, du coup, je sais pas...
-Pourquoi vous êtes sur scène toujours avec le texte à la main ?
- Ecoutez, l'année dernière, j'avais fait un effort, j'l'avais appris par cœur.
- Et c'était pas concluant ?
- Si ! Si, si. Mais, cette année, j'avais envie de faire moins d'effort. Et, en plus, j'ai lu que Christoph Marthaler dit qu'il aime pas du tout quand les acteurs jouent. Il préfèrent quand les acteurs lisent. Alors, j'me suis dit, ben, voilà, moi aussi, je trouve ça bien. Enfin, je joue un peu, mais pas trop pour rester en contact avec cet objet... J'voulais dire quelque chose d'intelligent, mais j'ai oublié. Voilà.
(Rires.)
- C'est pas grave.
- C'est pas très grave.
- Vous allez voir le spectacle de Christoph Marthaler, justement ?
- J'l'ai vu !
- Et celui d'Angélica Liddell aussi, j'ai cru vous voir...
- Ouais. J'ai vu deux belles choses, oui. Très, très belles...
- Qu'est-ce qui vous a particulièrement plu chez Marthaler ?
- Ben, Marthaler, c'était... J'ai eu la chance de le voir le jour de la générale. Donc sans le chahut du public. Et puis c'était le spectacle du vent. Parce que y avait un vent, un mistral incroyable. Alors quand un acteur posait sa veste sur le sol, elle partait dans l'public, comme ça. Et, à un moment, par exemple, y a eu un sac en plastique qui a franchi les murailles très, très hautes du palais des Papes. Il v'nait de la ville et peut-être de plus loin encore. Il s'est déposé sur scène, il semblait intéressé à la situation. Et puis il est r'parti, il a survolé les spectateurs, et puis il a refranchi, comme ça... Plus libre qu'un oiseau, il a refranchi les murailles de Dieu !
- Il prend des drogues.
- C'est la seule explication pour presque citer dans le texte Marie Myriam !
- Voilà. J'trouvais qu'c'était fabuleux !
- Merci YNG, merci Jonathan Capdevielle.

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Photos Laurent Lafolie.

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Photos Laurent Lafolie.