Friday, August 20, 2010

Quelques erreurs de comportement

- Avoir bu trop de Cabernet.
- Ne pas avoir lu Dickens.
- Quelqu'un, au débat, a demandé à Claude pourquoi il avait choisi de représenté "a pretty monster". J'ai dit que je ne pouvais pas m'empêcher d'être pretty, bien que je fasse tous mes efforts pour être méchant et ugly, que je m'inspirais pour ça de Thomas Bernardt. Là, j'ai fait un flop. Je me suis même demandé si j'avais prononcé d'une manière compréhen-cible le nom de T. B.
- Ne pas apercevoir de relation sexuelle / amoureuse from there to there et ne pas en être si disjoint.
- Ecrire sur mon blog au lieu du reste (l'étude du Monde).

Labels:

Haïku exprimé

l'église des Franciscains
est considérée
comme l'église la
plus intéressante de Salzbourg
et on pourrait la considérer
comme
une histoire de l'art en Pierre

Labels:

La Langue française est infinie

Dans le bric-à-brac qui constitue le texte du monstre (morceaux de cadavres comme il est composé), je n'aime pas tout dire, loin de là. Je n'aime pas ce qui est faible dans la poésie car je suis obligé de m'appuyer sur mes talents de comédien. Ça m'ennuie. Je n'aime pas non plus ce qui dépend des à-peu-près des traductions, même Shakespeare (Richard III) parce que je suis obligé de m'appuyer plus sur le sens que sur le son. Mais j'ai réussi à placer deux ou trois choses qui me font immensément plaisir. Deux strophes de Baudelaire et une ligne de Milton traduite par Chateaubriand. Les voici.

Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
Peut-on déchirer des ténèbres
Plus denses que la poix, sans matin et sans soir,
Sans astres, sans éclairs funèbres ?
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?

Rocs, grottes, lacs, mares, gouffres, antres et ombres de mort.

Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?
Dis, connais-tu l'irrémissible ?
Connais-tu le Remords, aux traits empoisonnés,
A qui notre cœur sert de cible ?
Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?


Il faut imaginer ça hurlé. Ce que la langue française a de plus beau, hurlé et, de plus, à une Anglaise qui ne le comprend pas (que les sons). Adorable Hedydd qui m'aide tant (bien qu'elle soit de dos au public). Honte de lui dire les morceaux de Shakespeare en français, mais Baudelaire et Chateaubriand, nom de Dieu, non !

Labels:

Pretty Monster

Labels:

Une vache rayée de la vie

Quand je suis arrivé au Caire - c'est à cela que je pensais hier pendant le très long moment où je regarde le public sans rien dire - il y avait des vaches et des chèvres dans la rue (accrochées aux panneaux de signalisation, avec un peu de paille). Le lendemain, c'était l'Aïd, on les égorgeait. Je n'étais au courant de rien. Le centre-ville s'était vidé. Comme un dimanche, mais il y avait des policiers (l'armée) à chaque carrefour. Je me dirigeais vers le musée égyptien. C'est alors que j'ai vu la décapitation de la vache. Je me suis demandé si je restais pour regarder. Je suis resté. J'ai bien fait. Je me suis demandé si je serais resté si ça avait été l'exécution d'un homme. Oui, je serais resté. C'était exactement la même chose (pour autant que je puisse l'imaginer). La vache s'est laissée faire, attacher les pieds, puis basculer brutalement. Mais "brutalement"... A peine par rapport à ce qui allait suivre. Et qu'elle savait. Très vite. Ce serait passé très vite. Un homme est arrivé au dernier moment, sorti de la boutique, avec l'immense décapitoir et il a coupé la tête. Ensuite, ça devient technique, documentaire. Le sang groseille (comme chez Tarantino) en quantité prodigieuse (prodigalité), la merde aussi, en montagne (on doit vider les intestins). On met du sang sur le front des enfants qui regardent aussi (ça doit porter bonheur). Ce qui m'a étonné aussi, c'est que l'autre vache ne disait rien, attendant son tour à quelques mètres. Peut-être les avait-on droguées ? J'assistais à la mise à mort et j'avais le sentiment qu'un homme, lui non plus, n'aurait rien dit : que faire ? se débattre pour souffrir encore plus ? Je vous regarde et je vous juge. Histoire de la perception. Qui perçoit ?

Labels:

Le Bonheur, thème

Est-ce que Thomas Bernardt n'était pas, finalement, le Frankenstein de l'Autriche, le naufragé, l'éternel rejeté, son monstre, son déchet, l'éternel malheureux et l'éternel reproche (cf son testament) ?

"Il est toujours juste de dire que tel ou tel homme est un homme malheureux (...) tandis qu'il n'est jamais juste de dire que tel ou tel homme est un homme heureux."

Explication : Oui, parce que le bonheur n'est pas individuel. L'homme pris dans son isolement est forcément malheureux.

Ou comme disait Rebecca : "Loneliness and solitude are two branches of inaccessibility."

Frankenstein, il n'est pas lié. C'est le trou noir braillard. Le reproche absolu, le Baudelaire lucide et pur. Il est le monstre, le défaut parfait.

Et il a, comme public, l'Autriche ! Ah, ah ! Aucune église baroque ne tient face au ridicule de la situation. Et les gens payent quarante euros pour le voir...

"La solitude de l'homme est le chemin de la dégoûtation."

Labels:

"Ecouter de la musique est devenu, par la technique, une banalité quotidienne."

Belles de jour

"L'enfance est le trou noir où l'on a été précipité par ses parents et d'où l'on doit sortir sans aucune aide. Mais la plupart des gens n'arrivent pas à sortir de ce trou qu'est l'enfance, toute leur vie ils sont dans ce trou et n'en sortent pas et sont amers."

"Faire un enfant et donner la vie, comme on dit si hypocritement, ce n'est tout de même rien d'autre que mettre au monde et mettre dans le monde un malheur accablant, et alors tous les gens sont, à chaque fois, effrayés par cet accablant malheur. D'ailleurs la nature a toujours transformé les parents en imbéciles (...) et fait faire à ces imbéciles des enfants malheureux dans de noirs trous d'enfance."

"Un grand tableau important (...), nous ne le supportons que lorsque nous l'avons transformé en caricature, un grand homme, une soi-disant personnalité importante, nous ne tolérons pas l'un en tant que grand homme, l'autre en tant que personnalité importante (...), nous devons les caricaturer."

"Nous ne maîtrisons que ce que nous trouvons finalement ridicule, c'est seulement lorsque nous trouvons le monde et la vie qu'on y mène ridicules que nous avançons, il n'y a pas d'autre, pas de meilleure méthode."

"Personne n'écrit un écrit pour soi-même, c'est un mensonge si quelqu'un dit qu'il n'écrit ses écrits que pour lui-même, mais vous savez aussi bien que moi que personne n'est plus menteur que les gens qui écrivent, le monde, depuis qu'il existe, ne connaît pas plus menteur que celui qui écrit, pas de plus vaniteux et pas de plus menteur."

"Celui qui a volé vingt schillings est poursuivi par la justice et incarcéré, celui qui a détourné des millions et des milliards, et qui a rang de ministre, dans le meilleur des cas est chassé moyennant une retraite colossale et oublié tout aussitôt."

"Les soi-disant classes inférieures sont, c'est tout de même vrai, tout aussi ignobles et abjectes et tout aussi hypocrites que les supérieures."

"L'art dans son ensemble n'est d'ailleurs rien d'autre qu'un art de survie, nous ne devons pas négliger ce fait, à tout prendre il est tout de même la tentative sans cesse renouvelée, d'une manière qui touche même l'intelligence, de nous débrouiller dans ce monde de désagréments, ce qui, nous le savons, n'est possible en fait que par l'usage sans cesse renouvelé du mensonge et de l'hypocrisie, de la fausseté et de l'illusion volontaire."

"Théoriquement, nous comprenons les gens, mais pratiquement nous ne les supportons pas, pensai-je, nous ne les fréquentons qu'à contrecoeur et les traitons toujours en fonction de notre propre point de vue. Or nous ne devrions pas considérer et traiter les gens en fonction de notre point de vue mais de tous les points de vue possibles, pensai-je, commercer avec eux de manière à pouvoir dire que nous avons commercé avec eux de manière pour ainsi dire totalement dépourvue de prévention, mais cela ne marche pas parce que nous sommes effectivement toujours prévenus contre tout et chacun."

"Peu de choses dans ma vie m'ont effectivement passionné davantage que l'aspect pénal de notre monde. Si nous considérons cet aspect pénal de notre monde, c'est-à-dire de notre société, nous avons, comme on dit, de quoi nous étonner chaque jour."

"Nous décrivons et nous jugeons les gens, et c'est toujours entièrement faux, nous nous montrons injustes dans nos jugements et nous les décrivons comme des gens vils, me dis-je, et cela dans tous les cas, quelle que soit la manière dont nous les décrivons, quelle que soit la manière dont nous les jugeons."

"Rien n'était plus irritant que les livres lorsqu'on voulait être seul avec soi-même, lorsqu'on devait être seul avec soi-même."

"Le beau, c'est l'imprévu."

"La voilà, la magie idéale : pouvoir supporter tout à coup d'être ensemble..."

"Où que nous portions le regard, nous voyons des gens qui n'ont pas assez de tout leur temps pour apprendre à parler et apprendre à marcher, apprendre à penser et apprendre à réciter par coeur, apprendre à tromper, apprendre à mourir, apprendre à être mort. Les hommes ne sont que des comédiens qui nous jouent quelque chose de connu."

"L'art de la conversation est un art de la diffamation, l'art de la conversation avec soi-même est l'art de la diffamation le plus atroce qui soit."

"Les citations me tapent sur les nerfs. Mais nous sommes enfermés dans un monde qui cite en permanence tout ce qu'il est possible de citer, dans une citation permanente qui est le monde même."

"A chaque livre, nous découvrons avec horreur un homme imprimé à mort par les imprimeurs, édité à mort par les éditeurs, lu à mort par les lecteurs."

"Le monde est davantage usé par nous, davantage le monde par nous que nous par le monde."







"La vie ou l'existence n'étaient rien d'autre, selon lui, que la tentative désespérée, incessante et de fait ininterrompue, de se sauver de tout à tous les égards possibles vers l'avenir, qui n'ouvre jamais qu'encore et toujours cet identique processus mortel infini."

"A côté de moi était alité un étudiant en théologie, qu'en l'espace de quelques semaines passées entre la vie et la mort j'avais fait douter de sa foi et donc transformé en bon catholique."

"Il n'y a rien à célébrer, rien à condamner, rien à dénoncer, mais il y a beaucoup de choses dérisoires ; tout est dérisoire quand on songe à la mort."

"Les poètes et les écrivains ne doivent pas être subventionnés, encore moins par une Académie elle-même subventionnée, ils doivent être livrés à eux-mêmes."

Labels:

Le Monstre mange de la viande crue avant d'entrer en scène (mais surveillé par plus monstrueux que lui)


Claude Schmitz. Photo Clémence de Limburg.

Labels:

Un cri d'oiseau nouveau

Bientôt midi. Mozart. Thomas Bernardt. Fenêtres ouvertes sur le parc (l'hôtel est à l'extérieur de la ville). Un cri d'oiseau nouveau.

La ville est encore inaudible. Elle semble invisible. Une façade. Je m'en veux de ne pas aller visiter ses églises baroques. Je m'en veux de ne pas monter à sa fortress. Je m'en veux de ne pas aller me baigner dans ses lacs (qu'on m'a indiqués).

Je ne tape pas complètement. On a laissé le faux ongle au petit doigt. On n'en pouvait plus d'essayer de les arracher. Ici, les maquilleuses changent tous les jours. Ce qui est assez agréable parce que je change de tête tous les jours. Chacune a sa propre interprétation de Frankenstein. Et, franchement, je trouve ça pas mal. De toute façon, j'adore le maquillage. Mais celle d'hier a archicollé les faux ongles, très consciencieuse.

On s'entend bien dans cette équipe internationale. Les Belges (Wallons et Flamands), les Anglais, les Galloises, les Irlandaises, les Américains, les Français... On a découvert qu'il y avait cinq Juifs dans la compagnie. Forcément, ici, on y pense. Trois Arié (ou Arieh), un Boris et Philippe, l'administrateur. Hier, j'ai insulté ce pauvre public endimanché. Toutes les insultes de la créature à son créateur. Les morceaux de Shakespeare, les plaintes, les hurlements, reproches infinis, tout avait un sens infini et très clair : qu'avez-vous fait, vous les catholiques (j'ai déposé la crucifix et le portrait de Marie - plus la Bible - dans ma chambre de l'hôtel St. Virgil) et comment comptez-vous expier vos péchés, vous qui êtes damnés pour les siècles des siècles ? C'était assez agressif, mais tellement tentant... Il suffisait de ne changer aucun mot, mais de diriger l'intention (ou le sous-texte) de telle manière à être complètement compris. On peut tout faire avec le théâtre. Tout ce qu'on pense se voit (comme pensait la petite Catherine Mouchet). En tout cas, Vincent, décidément vraiment smart, l'a perçu. C'est lui qui m'en a parlé : "Tu n'y es pas allé de main morte !" Ce soir, il y a un débat. Ça va donner. C'est pour ça que je révise un peu mon Thomas Bernardt...

Labels:

Belle de jour

"L'humanité est un gigantesque État qui, soyons sincères, à chaque réveil nous donne la nausée."

Labels:

Très belles de jour

"Je n'ai jamais lu un livre jusqu'au bout, ma façon de lire est celle d'un feuilleteur supérieurement doué, c'est-à-dire d'un homme qui préfère feuilleter plutôt que lire, qui feuillette donc des douzaines, parfois même des centaines de pages avant d'en lire une seule ; mais quand cet homme lit une page, alors il la lit plus à fond qu'aucun autre et avec la plus grande passion de lire qu'on puisse imaginer."

"Ce sont d'ailleurs les fragments qui nous donnent le plus grand plaisir, tout comme la vie nous donne le plus grand plaisir quand nous la regardons en tant que fragment, et combien le tout nous paraît horrifiant et nous paraît, au fond, la perfection achevée. C'est seulement si nous avons la chance, lorsque nous en abordons la lecture, de transformer quelque chose d'entier, de fini, oui, d'achevé en un fragment, que nous en retirons une grande et parfois la plus grande jouissance."

"En vérité nous n'aimons que les livres qui ne forment pas un tout, qui sont chaotiques, qui sont impuissants. C'est la même chose pour tout, (...) de même nous ne nous attachons tout particulièrement à un être que parce qu'il est impuissant et incomplet, parce qu'il est chaotique et imparfait."

"Une tête bien faite est une tête qui cherche les défauts humains et une tête exceptionnelle est une tête qui découvre ces défauts humains et une tête géniale est une tête qui, après les avoir trouvés, attire l'attention sur ces défauts découverts et, avec tous les moyens dont elle dispose, désigne ces défauts."

"Ne regardez pas longtemps un tableau, ne lisez pas un livre avec trop d'attention, n'écoutez pas un morceau de musique avec la plus grande intensité, vous vous abîmerez tout et, dès lors, ce qu'il y a de plus beau et de plus utile au monde."

Labels:

Belle de jour

"Nous Autrichiens sommes apathiques ; nous sommes la vie en tant que désintérêt général pour la vie."

Labels: