Saturday, October 09, 2010

Gros titre

Le chimiquier accidenté est arrivé à Brest

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Qui parle l'ombre parle vrai


Photo Sylvain Couzinet-Jacques. Thomas Gonzalez dans La Mort d'Ivan Ilitch.



Tiens, voilà que ressurgit celui-ci, aujourd'hui, un que j'avais presque oublié, et il revient maintenant.
Voilà, son auteur, c'est Celan. Tu connais. C'est peut-être le plus grand poète du siècle dernier, ce qui ne veut rien dire.
Je t'embrasse
Et Merci, Yves-Noël Genod, je suis heureux.



Sprich auch du
Sprich als letzter
Sag deinen Spruch

Sprich
Doch scheide das Nein nicht vom Ja
Gib deinem Spruch auch den Sinn :
Gib ihm den Schatten
Gib ihm Schatten genug
Gib ihm so viel
Als du um dich verteilt weißt zwischen
Mittnacht und Mittag und Mittnacht

Blicke umher :
Sieh, wie's lebendig wird rings –
Beim Tode ! Lebendig !
Wahr spricht, wer Schatten spricht.



Toi aussi, parle,
Parle en dernier,
Dis ta parole.

Parle –
Mais sans séparer le non du oui.
Donne aussi le sens à ta parole :
Donne-lui l'ombre.
Donne-lui assez d'ombre
Donne-lui autant d'ombre
Que tu en sais partagée autour de toi entre
Minuit et midi et minuit.

Regarde tout autour :
Vois comme ce qui t'entoure devient vivant –
Au nom de la mort ! Vivant !
Qui parle l'ombre parle vrai.


Paul Celan.



Envoyé de mon iPhone

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Te regarde

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Marseille Miracle

Qu’est-ce que la danse ?

Séjour parfait.
J’y suis encore.
Tout à l’heure, je déjeune avec Claire et j’auditionne ensuite un acteur-chanteur. Faut mieux se jeter dessus quand il en est encore temps... Pour faire l’opérette, je peux me passer de la danse – je veux dire de la danse contemporaine française – mais je ne peux pas me passer du jeu et du chant. Tripple thread sont les Américains.

J’ai tout aimé à actOral 2010, ce que j’ai vu, presque tout. J’aime être bon public. Je suis comme le public d’Avignon : je viens pour aimer, pour la fête. J’ai aimé Yan Duyvendak, j’ai aimé Das Plateau, j’ai aimé Gérald Kurdian. J’ai adoré quand Vladimir Golubev chante en russe, accompagné à la guitare, c’est si beau, ça communique si bien. J’ai adoré quand il a fait tomber des feuilles d’automne en tirant juste sur un fil (il en avait coincé un paquet au-dessus de lui). J’ai été jaloux (jaloux = admiratif, ébloui) de cette idée low cost poétiquement puissante (comme toutes les idées low cost). J’ai beaucoup aimé quand il a fait venir Charles sur scène et lui a prêté son iPhone pour qu'il le filme pendant sa chanson (en tournant autour de lui) : parfait. Mais je n’ai pas du tout aimé sa danse. Pourquoi y-a-t-il des tonnes de danseurs qui dansent si mal, c’est un mystère pour moi. Depuis que j’ai rencontré Dinozord et Papy Ebotani, je n’ai plus d’appréhension à le formuler. Ça existe des danseurs qui dansent. Danser veut dire communiquer (par la danse). Ça se voit d’autant plus dans le cas de Vladimir le Russe qu’il fait tout très, très bien, sauf quand il danse (ce n’est pas adressé). Il danse parce qu’il est danseur. Danseurs, laissez tomber la danse, svp ! Si vous savez faire autre chose (comme Vladimir), faites autre chose, si vous ne savez rien faire, je conçois que ce soit désolant, mais même ne rien faire serait d’une virtuosité supérieure ou égale. C’est mon cri du cœur, ce matin ! La danse, c’est tellement sublime, mais si c’est juste bouger, si c’est « le corps », bonjour les dégâts… Donc Vladimir le danseur : tout parfait, tout, sauf la danse.



J’étais tellement content d’être entré comme un poisson dans l’eau dans la proposition de Yan Duyvendak (avec Mathias Glayre, Véronique Alain, etc.) que je suis resté avec eux sous les fleurs de la glycine jusqu’à trois heures et demie sans m’en rendre compte. La « sécurité », mot similaire à la « censure » est tombé sur Montévidéo qui doit fermer pour travaux de mise aux normes et dont le festival (actOral) n’a été toléré que de justesse. Je dis que le mot est similaire parce qu’il s’agit toujours de la même opération administrative d’empêchement et d’infantilisation du public. On ne peut pas détruire sans cesse le vivant sous prétexte qu’il pourrait y avoir des morts ! Mais – comme je disais à Olivier Steiner qui me le demandait – je suis optimiste, je ne pense pas qu’on puisse faire pire que la situation dans laquelle l’art, en particulier le théâtre – et l'Occident, la civilisation se trouvent. L’époque va forcément se rouvrir. Donc la « sécurité » a eu l’idée de surbaisser le gradin de Montévidéo, c’est devenu un gradin plat, au troisième rang vous ne voyez plus rien – et l’idée de génie, ça vraiment, de Yan et son équipe (là aussi : « jalousie »), ça a été de ne jouer que dans le gradin, la scène désertée (invisible, comme je dis, mais perceptible dans ce dédain). Enfin, moi, je l’ai vue comme une idée de génie, je crois qu’ils ne l’ont pas choisie (le gradin a été changé entre deux séries de répétitions, ils avaient répété sur un gradin pentu).



Le Théâtre et la vie

Das Plateau, ça a été un couple, mon Dieu, très sexy ! Le garçon arrivait incroyablement à montrer qu’il ne pensait qu’au cul. (Au cul hétérosexuel.) Et la fille, mon Dieu, torse nu (de si beaux seins). Elle m’évoquait Kataline… Sinon « neige et disparition », ça a été le thème, ce qui n’a pu que suffire à mon bonheur. J’ai donc été très bon public. Pedro détestait et n’arrêtait pas de me dire à l’oreille des phrases que je ne comprenais pas et que je ne lui faisais pas répéter… (A la fin, il a résumé sa pensée : « Il nous faudrait un Larry Clark français ! ») C’est une fiction dans le style enregistrement-vérité, mais, en fait, tout est fabriqué (je me suis renseigné après auprès d’Erik). Moi, j’ai cru à ces tempêtes de neige, ces appels téléphoniques pendant (au moins) une bonne partie de la pièce. J’ai eu peur que la fille meurt, à la fin. Je vois très bien le mal qu'on peut en dire (Pedro) comme je vois aussi très bien par où on peut attaquer ce que Yan et son équipe ont fait, mais c’est justement ça qui me les fait aimer, de voir qu’ils avancent avec confiance et comme à découvert sans souci de l’attaque. (Sans souci apparent. Il paraît que ce sont – les deux cas, dans le travail – des stressés.) Moi, j’attaque pas et, comme je l’ai dit : j’avais envie d’aimer. Aimer, être aimé… Au théâtre, si on en aime le principe, c’est encore plus facile que dans la vie. Et d'un côté ou de l'autre de la rampe, c'est pareil.



Gérald Kurdian a été fantastique. Il a ramassé la soirée (me citant et citant Das Plateau d’un petit coup supplémentaire de fumée blanche). Je lui ai prédit qu’il allait devenir une star, mais ça pourrait lui arriver plus vite qu’il ne semble le reconnaître. Je comprends très bien, en le regardant agir d’une manière si maîtrisée, qu’il ne soit pas entré dans le stage d’Aubervilliers (on ne s’était pas revu depuis) : il a un univers riche, complexe, si maîtrisé et qu’il protège. Il a raison. Il n’a besoin de rien. Il me fait un peu penser à Tim Burton en mettant en scène sa « nervosité »… Ses chansons sont tueuses.

Et puis alors il me reste à parler de ce que j’ai fait.

Mais il est déjà onze heure dix-neuf. Je suis à Marseille. Des fleurs sont tombées dans mon assiette. Je me suis baigné au crépuscule. Je dois rendre les clés de l’appartement. Déjeuner avec Claire. Auditionner Guillaume et rencontrer Julie. Je veux profiter de Marseille, tais-toi Marseille, crie pas si fort… jusqu’au train et je serais heureux même de ne pas y trouver de place (pas réservé) pour encore rester la nuit. Même si, quand on doit partir, on doit partir. Les Marseillais ne vous gardent pas.



Ferai un vers du pur néant

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Au début un livre

« J’ai été un chef dans la bataille, j’ai été une épée dans la main, j’ai été un pont qui enjambe soixante fleuves, j’ai été pris par sortilège dans l’écume de l’eau, j’ai été une étoile, j’ai été une lumière, j’ai été au début un livre. »

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Slow but transcendent

Je bande comme un cerf dans le train réfrigéré
Par la fenêtre, c’est l’automne et les vaches ont l’air au chaud
Ça y est, je me réveille un peu, un peu, un peu, je regarde les gens comme ils sont beaux autour de moi
Moi qui suis très laid, je trouve les gens incroyablement séduisants
Il y a un homme en chemise blanche repassée (à fines rayures blanches) qui tape sur un ordinateur blanc
Avec un air de bonheur et de tendresse dans le visage, de détente
Comme ils sont beaux, les gens : même celui avec la ride de lion très prononcée et qui regarde fixement son iPhone d’un air abruti est très sexy
Une femme a l’air philosophe
Une barbe mal taillée comme c’est la mode (le premier bonhomme avec son gros livre aux pages blanches et son ordinateur tout blanc, sa chemise blanche avec son cou qui sort à l’endroit de sa décollation)
Le paysage change comme une mouvance
Nous sommes sur cette terre donc
Tout ce qu’on voit par la fenêtre on ne peut pas le vivre
C’est tant mieux
Ce n’est pas une fenêtre, c’est une vitre
Il y a comme une fabrique de nuages
Les nuages partent comme de deux cheminées qu’on ne voit pas
Je suis un voyageur, j’ai un billet, tout le monde me fout la paix
Le TGV, c’est des vacances, je vois le soleil se poser sur les gens, sur l’ordinateur aux murs blancs
Sur les gens endormis
Il y a des autoroutes pénibles que nous dépassons à vive allure
Les pauvres petits camions poussifs avec des voitures derrière et des péages
Nous sommes séparés de tout ça, séparés avec bonheur
Maintenant le type à l’ordinateur dort dans une posture de saint chez El Greco : il a posé sa tête en biais sur sa main dont il a replié deux doigts, tandis que l’index et le majeur barre sa joue, il a les yeux fermés, rien de plus beau, c’est une extase
Les êtres humains, mon Dieu, sont à désirer
Je parle de lui parce qu’il est celui qui m’est le plus proche, de l’autre côté de la travée, en vis-à-vis
Et il n’y a pas tellement de monde dans ce train, c’est ça aussi
Et le bar est fermé à cause (ça l’avait fait sourire) « d’un problème d’acheminement de personnel » (un pauvre type de la SNCF avait dit au démarrage)
(A quoi on les oblige, quand même, dans le monde du travail)
(Dire ça)
Et bientôt c’est le Sud, le Sud vient infiniment lentement vers nous
(Mais ce sera le Sud)
Puisque voilà apparaît Avignon
Avignon, mon amour, j’aimerais tellement y retourner cet été
Mais Stéphane Wargnier m’a dit que ce ne serait pas une bonne idée
Je suis très influençable
Le type a vraiment l’air espagnol finalement (dans une autre position les yeux fermés)
De profil, le type à ride de lion est somptueux, il regarde par la fenêtre une affiche qui dit : « Divine île Maurice » (avec une jeune fille qui ressemble à sa femme assise à côté de lui)
(Voilà pourquoi il la regarde, cette affiche, et sa femme aussi la regarde (sa femme que je ne vois pas sauf les cheveux qui sont les mêmes – même genre))
On redémarre
Maintenant nous sommes entrés dans le parc du Sud
Rien n’est plus beau que l’arrivée (ou le départ) du Sud, la possibilité du Sud, quand on y est, c’est comme partout
Penché redressé sur son ordinateur, il a l’air d’un très bel acteur hollywoodien
La beauté, c’est l’éclat
Il faut que je pisse
J’aimerais pisser sur l’homme en blanc et l’homme en noir (avec l’iPhone)
J’aimerais leur chier dessus – je ne vois pas trop ce qui pourrait leur faire plaisir, je n’imagine pas de sexe avec eux
Jouer au judo ?
Partouzer ? Ça , ça fait toujours plaisir
Boire du vin sinon bien sûr comme chez Jean-Marc
Ou sinon les laisser en paix
Lui et lui
L’homme en blanc baille, l’homme en noir bouche fermé
Ils avalent ma pisse
La femme de l’homme en noir lui plaît, il lui sourit (quand elle revient) puis s’isole à nouveau
Mais elle est là
C’est quand il la regarde de profil qu’il est le plus beau
On sent l’éclat de loup, de lynx, dans ses yeux (il cherche à la comprendre, la saisir)
Pour le reste du temps : l’iPhone
Mais sa femme a l’air bien cochon aussi (j’en vois un peu plus)
Elle aussi a l’éclat des yeux
Comment ça s’appelle ces chiens de traîneau à moitié loups ?
Des zarkis, zourkis
L’homme en blanc cavale sur son ordinateur comme un jeune élève collé
Merde il doit faire son boulot et on va, en plus, arriver carrément à Aix
Ralentis, TGV, ralentis !
On voit un pont du Gard en plus moche
Il faut que j’aille au chiotte
Le type en blanc a tout rangé, il va descendre à la prochaine, il est donc d’Aix-en-Provence, c’est ça
Tout à fait le type, en effet (dans son costume)

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Liu Xiaobo, l'honneur appartient à ceux qui adorent la liberté.

Paris

« Cette affaire a écorné l’image de progrès et d’ouverture de notre ville. »

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Pères et pairs

Plein soleil sur la terrasse 2 mon père, discussion patrimoine familial, inattendue… Content 2 ton spectacle ?



Oui, très content ! Fourbu, affamé (et de nouveau dans le train) – jouer une fois n’est pas humain – , mais très content, oui ! L’acteur est si doué qu’il ne me donne pas l’impression que son spectacle soit le mien et pourtant j’ai mon mot à dire : situation très agréable. Profite bien de ton père ; j’ai eu le mien au téléphone… Yves-Noël

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