Thursday, November 18, 2010

Les Arbres au-dessus du cimetière et la cure




L’heure la plus juste, ici, cette fois, ce n’est pas le matin, l’après-midi, l’éclat de lumière ou – etc. Non, l’heure la plus juste, ici, maintenant, c’est le crépuscule. Il faut une heure précise pour relier le petit chemin au grand tout ou à la partie du grand tout que l’on pressent. On est engagé dans une chose, une chose ou deux ou deux ou trois, mais le monde est multiple. Il faut, il faut – à tout prix – le moyen de relier ces actions circonstancielles prises dans la prison du temps. Un livre, s’il est bon, est ce reliement. Mais un livre n’est pas toujours bon, non, non… Un livre se traîne… Mais le crépuscule, ici, qui mélange, de force, le tout dehors/dedans par les vitres, les vêtements, par les buissons morts, par les chiens rauques, les oiseaux absents, les gris d’un charme atroce, les télévisions et leurs reportages animaliers, les maisons fermées, les meubles d’été, les salles communales éclairées. Le cimetière, l’église, le château d’eau, la cure. Ici, les gens disent la « cure », c’est la maison que nous habitons. Jusqu’à maintenant, je disais le « presbytère » parce que le premier mot me semblait laid (et aussi à cause du Parfum de la dame en noir…) C’est au crépuscule que le graphisme des arbres semble le plus fort : noir sur gris sans éblouissement, la pure silhouette décapitée, décharnée, dénuée d’oiseaux, l’invisible rendu visible, les nervures – nuage ou ciel – révélées, veines lentes et longues en 2 D et sans utilité.

« Les deux enfants étaient d’une émouvante beauté… »

« Je montais une haute jument nommée Ténébreuse… »

« Ils étaient, écrit Albert Cohen, atteint de la maladie des riches, ils se croyaient pauvres. »

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Un plateau calcaire
























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Tropoétique

Victor cherche un titre pour son prochain projet qui lui permettrait de commencer. C’est drôle, c’est aussi le cas (autrement) de Thomas Ferrand et de Philippe Quesne, le titre est premier. Moi, j’adore les titres, je veux bien jouer aux titres. Il doit y avoir « le fond des choses » dedans et ressembler à un titre de conférence, de soutenance de thèse… Je propose : « Le Fond des choses : fraîcheur et découragement. » Trop poétique. Mais voilà à quoi on joue parmi nos longues soirées d’hiver, au bord du feu, emmitouflé, quant à moi, de tous mes vêtements les uns sur les autres tant que je suis un peu malade…

« Là où il y a commerce des choses, il y a commerce des hommes. »

On projette aussi des films avec le vidéo-projecteur sur le mur blanc au-dessus du feu. Victor, en général (c'est-à-dire que je ne l'ai pas encore vu faire autrement), propose un film et s'endort, systématisme qui me fait penser à une méthode. Peut-être qu'il ingurgite plus facilement comme ça. Hier, « on » a vu Family Life, de Ken Loach et aujourd'hui Loulou, de Maurice Pialat. La fois d'avant – mais là personne n'avait tenu alors que le film semble très bien – Polar, de je sais plus qui. Family Life m'a beaucoup impressionné, Loulou aussi, mais je vois quand même plus comment c'est fait. Guy Marchand est vraiment sexy, il a des poils partout, Gérard Depardieu et Isabelle Huppert, on les connaît par cœur. On les connaît tellement que, même là où ils sont jeunes et jolis, on voit leurs défauts : ils savent ce qu'ils font. Ce qui donne un documentaire sur Gérard Depardieu et Isabelle Huppert, un de plus.

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Oppenheimer Analysis

« « Il y a dans le tempérament américain une qualité que l’on traduit là-bas par le mot resiliency (…) qui unit les idées d’élasticité, de ressort, de ressource et de bonne humeur. » Paul Claudel, assistant à l’effondrement économique de 1929, décrit « l’angoisse qui étreignait les cœurs (et) la confiance qui éclairait les visages ». Cette attitude mentale face à la tragédie est tellement marquante que « si quelques financiers se jetaient par la fenêtre, je ne puis m’empêcher de croire que c’était dans l’espérance fallacieuse de rebondir ». »

« L’art de naviguer dans les torrents. »

« J'ai marché, les tempes brûlantes,
Croyant étouffer sous mes pas
Les voix du passé qui nous hantent
Et reviennent sonner le glas. »

Plus de couleurs d’un jour à l’autre. (Il y a eu la parenthèse de Paris, mais c’est comme si j’étais resté ici, Victor a aussi ce sentiment.) Plus de couleurs. La terrible description nue du vide. Où – tout – se recroqueviller ? Mais les petits coqs ont gardé leurs couleurs (d’automne). Et le veau dans l’étable, brun, est tout neuf lui aussi avec ces grands yeux d’eau.

« Et de la terre au ciel, nous cherchons le chemin. »

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« Leaves my senses in the clouds
Worlds away from city crowds »

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Marie païenne

Marie Payen17 novembre 2010, à 00:33
Subject: cher Yves-Noël
Cher Yves-Noël,
Je lis en ce moment presque tous les jours Le Dispariteur.blog, j'y trouve plein de choses, de quoi me réjouir en tout cas, j'aime beaucoup ce que tu écris, et comme tu l'écris, et l'ENERGIE quotidienne que tu as !...
Tu sais, je projette d'aller chanter des chansons dans les toilettes du théâtre du Rond-Point, toute seule ou peut-être à deux, dans la pénombre, pour un spectateur, et si jamais ça te disait, j'ADORERAIS que tu m'en écrives une petite, quelques couplets, sur ce que tu veux.
Ce sera très minimal, si ça se trouve un peu triste même, histoire de ne pas me faire avoir par l'obligation secrète de rire dans cet endroit (le Rond-Point).
Je ne sais pas si tu as envie de faire ça pour moi, mais si jamais, j'en serais vraiment heureuse, et honorée...
Je t'embrasse.
Je voudrais venir voir encore tes spectacles.
Je te souhaite la meilleure « stratégie pour être là ».
Bises
Marie

Ah, merde… Merci, d’abord ! Mais écrire des chansons, c’est ce qu’il y a de plus dur, non ? Je sais pas faire… Tu veux pas te trouver ce dont tu as besoin sur mon blog (tu peux prendre – et déformer – tout ce que tu veux – beaucoup, c’est d’ailleurs citation) ? En plus, ce que j’aime en ce moment, c’est les chansons avec très peu de texte (genre Philippe Katerine ou Thank You For You Love de Antony And The Johnsons) Alors, des belles phrases, c’est vrai qu’on peut en trouver. Je ne sais pas si, moi, j’en ai écrites (ni où ni quand), mais il y a la Bible, grand classique : « Il y eut un soir, il y eut un matin. » Duras disait : « Qu’est-ce qu’on peut écrire de mieux ? » (C’est l’exemple que je cite toujours.) Ou, toujours l’Eglise : « Vous deviendrez (ou serez) une seule chair. » Ça aussi, c’est beau. J’ai honte, j’ai pas d’idée (mais on sait jamais, je réfléchis…) Bises YN

Re: cher Yves Noel
Oh, là, là, mais j'adore ce message! Hi, hi.
Je suis cent pour cent d'accord avec toi, et avec Philippe Katerine (je l'ai vu à la cigale dimanche dernier, une merveille), c'est l'enfer de chercher des belles phrases, c'est impossible ou presque, et tellement... naze quand c'est qu'à moitié réussi !
Donc : oui, je vais te piller sur ton blog, ou dans la Bible (...), au pif. merci.
Je t'embrasse
Marie

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