Monday, December 13, 2010

Ecrire ton âme

Je voudrais faire un article sur une chose, bon, encore sur la mémoire – et sur tout. Je lis Gaston Bachelard, en ce moment. En fait, je lis très peu, la vie moderne, mes yeux qui s’abîment (les écrans d’ordinateur)… Mais je lis Gaston Bachelard parce que – quelques lignes et tu voyages, tu voyages partout. C’est le plus grand, il paraît que Marguerite Duras a dit ça quelque part. Je ne savais pas, mais ça ne m’étonne pas du tout qu’elle l’ait beaucoup lu. En lisant Gaston Bachelard, tu deviens un génie (c’est la recette). A propos, j’ai vu Olivier Bertrand tout à l’heure, il était au rendez-vous avec Géraldine Chaillou. C’était comme hier, il m’a dit que ça faisait dix-huit ans, pas plus, que l’on se connaissait. C’était comme hier, alors j’aurais eu l’impression que c’était il y a cent cinquante ans… Non, même pas vingt ans. C’est rien, vingt ans. A notre époque. Donc je lis Gaston Bachelard. Ça a été ça, le plaisir d’Avignon (et ça va être pour cette raison que je vais peut-être y retourner…) Parmi tous les plaisirs d’Avignon, jouer, tracter, rencontrer, la chaleur, la nuit, la douceur, les spectacles, les fruits, l’été, quoi, etc. – celui de pouvoir lire Gaston Bachelard a été le plus grand. J’avais trois quart d’heure-une heure par jour où je pouvais lire Gaston Bachelard. Avant de jouer. Ça me bouleversait. Ainsi j’arrivais chargé de la plus belle chose au monde, l’amour, l’amour tel que Gaston Bachelard le dispense, le produit, le reproduit, le conduit, l’apprivoise… Dans le métro, j’ouvre au hasard, c’est toujours bien, même de relire. Mais voici qu’une phrase surgit, resurgit de ma mémoire… J’avais donc déjà lu Gaston Bachelard ! Ça avait été quand j’avais voulu me lancer dans la chanson… Il y avait une phrase que j’avais chantée, dont j’ai l’air en tête. La mémoire musicale est une partie différente dans le cerveau que la mémoire du langage, par exemple. On peut perdre le langage et se souvenir des chansons. La phrase dit : « Au bord de la mer, il semble que l’enfant, comme un jeune castor, suive les impulsions d’un instinct très général. » Cette phrase est immense et musicale. Immédiatement après est venue la dépression. Je pensais que je n’avais pas d’enfant à amener à la mer, je pensais que mes parents avaient réussi ça, nous amener – tel de jeunes castors – à la mer et l’hiver à la montagne. Et que, moi, non, moi, je ne réussissais pas (ça). Mais la dépression venait sans doute de la mémoire de cette chanson que j’en avais faite, de cette phrase. A l’époque où je chantais avec le groupe Saint Augustin, on m’avait fait remarquer (Gisèle Vienne) que, quand c’était moi qui chantait, on avait envie de se suicider. Je crois que c’était vrai. J’ai quand même travaillé avec Claude Régy et François Tanguy… Imaginez Claude Régy et François Tanguy en variété, vous avez le style… Personne n’aimait trop cette histoire du Groupe Saint Augustin, sauf nous, ça nous enchantait. Julien Gallée-Ferré, très engagé dans l’affaire, avait fait une compile qu’il avait donnée à Philippe Katerine avec qui il travaillait (par Mathilde Monnier). Et Philippe Katerine avait dit quelque chose comme : « J’ai écouté le disque deux fois allongé sur mon lit, j’étais partagé entre l’effroi et l’émerveillement. » Quelque chose comme ça. J’ai appelé Julien à l’instant pour qu’il me redise cette phrase. Je ne me souviens pas parfaitement. (Mais Julien ne répond jamais…) En tout cas, c’est quand j’avais réalisé que Philippe Katerine faisait la même chose, mais cent fois mieux (c’est à dire avec une énergie puissante et une détermination grandiose) que j’avais dû considérer qu’il valait mieux mettre un terme à cette histoire. J’en suis d’ailleurs bien récompensé car Philippe Katerine m’a maintenant inscrit dans son panthéon. Olivier Bertrand ni Géraldine Chaillou n’avaient encore entendu cette chanson. Je le redis donc : Morts-vivants, une chanson de Philippe Katerine dans son dernier album. (Très bon album, mais je dis pas ça pour ça…)

Voilà, je voudrais peut-être écrire des textes comme ça, des textes autour d’une phrase. C’est un peu ce qu’il s’est passé avec Géraldine Chaillou tout à l’heure. Elle a semblé apprécier le rendez-vous (je ne sais pas si ça donnera quelque chose). Je lui ai cité quelques phrases du spectacle avec Thomas Gonzalez qui sont parmi les phrases les plus belles du monde, qui sont aussi des clichés. Comme l’explique Jorge Luis Borges, pour qu’une phrase soit belle, il faut qu’elle soit un cliché parce que « les clichés, il n’y a rien de plus profond ». Pour qu’une phrase nous touche, nous fasse pleurer – ou rire (de joie). Comme : « Un seul chemin sur la terre / A réussi à me plaire / Celui qu’ensemble on suivait ». Ça, ça me fait pleurer, moi. Ou bien : « Je donnerais l’éternité et son silence / Pour un pauvre jour d’été de mes vacances ». Ou : « Fidèle à notre amour, je suis resté fidèle... »

fnatômes fioent comme crevés

Je dors très tard en ce moment. Je m'en fiche, mais ce n'est pas très sain, les journées sont si courtes, les lendemains... J'ai une phrase alors que tout est éteint, dans le noir je retrouve pas le crayon. Alors, énervé, je me force à rallumer mon ordinateur pour l'écrire (les yeux fermés car il m'éblouit). Ça donne ça. C'est un titre de spectacle. Mais en l'état, je trouve, c'est plus beau. (Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? « Filent » ?)

fnatômes fioent comme crevés

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C'est une merveille d'ignorer l'avenir

« La passion reste en suspens dans le monde, prête à traverser les gens qui veulent bien se laisser traverser par elle. »

« La connaissance qu'a un seul homme de la faute de cent autres ne lui sert à rien. »

« Il faut éviter de penser à ces difficultés que présente le monde, quelquefois. Sans ça, il deviendrait tout à fait irrespirable. »

« Je crois aussi que sans ce doute premier du geste vers l’écriture il n’y a pas de solitude. »

« C'est une merveille d'ignorer l'avenir. »

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Le Secret des grands acteurs américains selon Guillaume Allardi

« Bob Dylan, dans une conférence de presse, a dit une chose très belle, pour mettre un terme à sa carrière de folk singer, donneur de leçon : « I refuse to dissociate from the evil. » Je crois que c'est le secret bien gardé de certains grands acteurs américains. »

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Penser à toi, certaines heures, suffit à remplir ce que être avec toi comblait.

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Une excellente idée

Tu m’indiques le chemin, ce soir ? Yves-Noël

Chéri
Je fais un shooting Sardanapale, ce soir. Pas sûr que j’aurais temps et envie de faire en plus le travelo. Et puis j’y étais mercredi avec un sergent et un commandant qui m’en ont donné pour plusieurs jours. Néanmoins l’adresse, c’est 25, rue des Dames, code 4522A et attendre qu’on vienne t’ouvrir. Même seul, ça vaut le coup ! Surtout un vendredi
Kiss


Ah, t’es gentil… Mais ils vont me laisser entrer ? YN

Oui.
Appelle-les avant, dis que t’es un copain de Lucie, la blonde, danseuse

Et je leur explique que j’ai juste la couleur en rapport avec toi, ça craint pas trop ? YN

Non, avec le code ça va normalement. Mais l’idéal est que tu les appelles avant en leur disant que tu veux venir

Et, venir avec une fille, tu disais que c’est une bonne idée ? Y en a une qui me court après, ça mettrait tout de suite la barre assez haut si je l’amenais là…

Excellente idée

Thanks

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Carte du tendre



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Bonne nuit Epicétou

Je suis dans l’Allemagne nazie, je visite ces lacs effrayants. J’ai une voiture. La Suisse, l’Autriche. Parfois je vais à vélo et souvent à pied. Je descends vers le lac. Je me baigne. L’eau légère. La force de mon corps. Mes muscles. Mes définitions. Pieds, jambes, membres. Et la tête portée comme une émergence mathématique. Je suis avec des amis, un ami. Variable. L’homosexualité (qui ne se voit pas).

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Mourir, je veux dire

« I remember this room very well. » Mes frères. Je vais partir dans la nuit. On parle italien. C’est un film ancien, hollywoodien. Italien, pourtant. Je voulais dire quelque chose sur Duras. Marguerite Duras. Encore. Je me souviens d’une note. Il faudrait que je la retrouve. C’était sur écrire comme Marguerite Duras. C’est plus compliqué que ça… Continuer l’œuvre… La scène de la salle de bain du prince. Non, cesser sa vie avec une femme. A chaque instant. Et alors. S’il me plaît ? Lisez ou pas. Après tout qui je vise ? Vous ? Pas forcément… Mon petit théâtre du bal. Rien regarder de loin… Enfin… Il n’y a rien d’admirable. Et puis on va à pied. Ça, la bonne blague ! La danse en rond. Le pessimisme. Visconti n’était qu’une pédale tyrannique. (Mais enfin, c’est un monument…) Luchino Visconti. Le Milanais. « He had a dark side… » « I will destroy you, mother. » « Souris, souris dans la caméra », « Smile at the camera ». Nuages de fumée autour des yeux… « Love-hate, yes. » La vie tragique. Avec ce bleu d’hiver… Il ne faut pas s’épancher. Ne jamais perdre l’hiver. Le contact. Le ciel. De ta cellule. Sur les ponts de ces ombres. Réussir. Une nouvelle vie. Près du lac de Côme. Sur le lac de Côme. Trois robes ou quinze. Et encore l’heure qui passe. (On a beau ne pas croire au temps…) Je sais ce que je fais. C’est pour ça que je vais arrêter. Suivre l’exemple (de la leçon exemplaire…) (Dans du baroque à foison...) « Mourir, naître, c’est la même chose. Peut-être, c’est mieux mourir, je veux dire. »

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La Nudité

« Parfois on dit que les gens bien habillés, ça se remarque pas. Très, très bien habillés… »

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« Chaque fois qu’il en a eu le loisir, et où qu’il se trouve, un homme ne peut s’empêcher de visiter au hasard les appartements à louer. Ce n’est pas du tout parce qu’il s’estime mal logé et il n’a aucune autre raison de vouloir déménager. Ce qu’il cherche relève plutôt de l’hygiène mentale. En arpentant les pièces vides, il tente, en somme, de s’observer à la dérobée, et sous tous les déguisements compatibles avec le lieu, à la manière dont un comédien compose son personnage devant un miroir. »

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Bientôt nous serons nuit…

Bientôt nous serons nuit…

Cherche des acteurs/chanteurs/musiciens pour

Désarroi d’un mélomane

« (…) désarroi d’un mélomane tentant d’écouter au plus près l’adagio K.540 de Mozart (…) »

« Un homme, lit-on dans Faits, II, se demande comment peut à ce point demeurer vive en lui l’absence de ce qu’il n’est pas devenu. »

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La Chance

Il faut que je dise un mot d’Une flûte enchantée, mise en scène par Peter Brook aux Bouffes du Nord…
Chaleur. Je suis dans le plus beau théâtre du monde et c’est en bas de chez moi. C’est incroyable, Paris (et je n’en profitais pas…) Il est presque pas réel tellement il est beau, ce théâtre, il est imaginaire. Il y a, dans le hall, une grande photo (une carte postale agrandie) : le quartier n’a pas changé : c’est mon quartier. Il y a des charrettes et des femmes en robes longues. Mouvement très beau, noir et blanc (ou sépia). Et je pensais : pour eux aussi, c’était vivant, c’était neuf, tout neuf, comme ma vie à moi, eux-aussi, ils avaient de la chance. Une femme m’a dit (puisque j’ai trouvé une place en dernière minute) : « C’est un jour à avoir de la chance. Déjà de ne pas se casser la jambe… »

(J’étais en effet descendu de chez moi, ce soir particulier, parce qu’il neigeait et qu'il allait y avoir – sans doute – des désistements.)

Quant au spectacle lui-même (mais tout était déjà fait…) Je me suis mis à pleurer dès que le premier acteur a posé son pied nu sur le plateau… J’ai dit quelques jours après – en cherchant mes mots – une chose assez simple : Peter Brook arrive à faire de l’art uniquement avec le bon, ce qui est bon. C'est assez rare (pour être signalé) puisqu’en général, on a tendance à penser (et à dire) que l’art parle du pire, que « le pire est au centre de l’art ». Là, non. Ce n’est pas le propos du tout. L’art est possible (et le plus extrême) en délaissant totalement cette théorie. Il est vrai qu’ici Peter Brook est aidé par Wolfgang Amadeus Mozart. Mozart disait toujours (c’est dans le programme) que là où est la profondeur sont la légèreté et l’improvisation. Peter Brook/Mozart parle d’amour. « L’idée est d’arriver à ce que les chanteurs – de jeunes chanteurs – avancent de manière naturelle, vivante et aimée dans le déroulement de l’intrigue sans que l’on impose des projections ou des décors qui tournent… » C’est jusque au 31 décembre. Peut-être y aura-t-il d’autres chutes de neige (à Noël)…

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« Le temps n’est que la rivière où je m’en vais pêcher. Je bois son eau et tout en buvant, je vois le fond sablonneux et remarque comme il est peu profond. Son faible courant entraîne toute chose, mais l’éternité demeure. »






Cherche un acteur pour jouer

Assez lézardé, Peter !



(Spectacle, bien entendu, d'hommage à Peter Brook.)

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Le Bonheur intégral

Access to everything
J’étudie l’art dramatique
La neige nous réunit
(Le métro a son utilité)

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Musique du musée, musique de Venise

J’écris mal, mais est-ce important ? On sait ce que c’est que bien écrire, c’est lire (et après écrire). On ressort ce qu’on a forcément pris – dans un filtre puisqu’on n’est pas tout. C’est ce filtre, l’écriture. C’est pour ça que la mise en scène en est proche. Mais jouer est plus vrai. Luchino Visconti explique (tragiquement, dans son cas) : « Vous ne pouvez jamais être objectif en art, vous êtes toujours vous-même. »

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Une ligne de larmes

Pour moi, la simple vie est insupportable de beauté, alors – pourquoi aller au spectacle ? Il me semble que les comédiens avec qui je travaille comprennent cela. Je pense excessivement toujours aux comédiens avec qui j’ai travaillé. J’aime beaucoup, beaucoup les comédiens. Je pense que c’est ce que j’aime le plus au monde, les comédiens. Et les comédiens avec lesquels je travaille comprennent que la vie est beaucoup plus insupportable que le moindre spectacle. Ce qui leur donne un détachement et un abandon admirables, source d’amour. Voilà (ce que je voulais dire) : les comédiens sont une source. Ils sont l’amour. Ils ne sont rien d’autres. N’est pas comédien qui peut, mais, enfin, c’est un genre qu’il m’arrive de rencontrer souvent. Ce sont mes véritables amis. Nous connaissons les secrets.

Les Derniers manuscrits

« Il est tout de même paradoxal – et pourtant pas si infréquent – que le progrès technique soit synomyme de régression. »

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La Mort de Victor Hugo

« Dieu.
L’âme.
La responsabilité.
Cette triple notion suffit à l’homme. Elle m’a suffi. C’est la religion vraie. J’ai vécu en elle. Je meurs en elle.
Vérité, lumière, justice, c’est Dieu. Dieu, Dieu.
Je donne quarante milles francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans le corbillard des pauvres.
(…)
Je vais fermer l’œil terrestre ; mais l’œil spirituel restera ouvert, plus grand que jamais.
Je repousse l’oraison de toutes les églises. Je demande une prière à toutes les âmes. »

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Le Zèbre




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La Nuit

« La nuit, elle cale derrière son oreiller un carnet ouvert sur une page blanche afin de pouvoir noter ses rêves dans l’obscurité. »






Cette phrase pourrait être le titre de la reprise du spectacle sur le butoh avec Jeanne Balibar, Kate Moran et Marlène Saldana. J’ai déjà changé deux fois de titres. Mais je trouve que c’est possible de changer à chaque fois de titre – en gardant le même spectacle. Changer de titre suffit à recontextualiser. J’y ai pensé à la reprise de La Mort d’Ivan Ilitch, j’aurais voulu changer de titre pour la version de Lausanne, le titre était trop fort, il avait bavé une couleur trop forte, il atteignait le spectacle et sa perception, me semble-t-il (ce titre était bien sûr arrivé par hasard, par association d’idées, lors de la création). Pour le spectacle sur le butoh, nous avons donc déjà eu : La Dernière et l’avant-dernière page d’un poème lent. Puis : Rien n'est beau. Rien n'est gai. Rien n'est propre. Rien n'est riche. Rien n'est clair. Rien n'est agréable. Rien ne sent bon. Rien n'est joli qui est en fait une phrase d’Hélène Bessette que Laure Limongi avait postée sur Facebook le soir où je devais décidé du titre (ce qui fit dire à Marie-Thérèse Allier lorsque je la croisai à la Ménagerie le lendemain : « Dites-moi, vous n’étiez pas déprimé, cette nuit ? »)

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Il y a une douceur dans le fait que personne ne veut rien de moi…

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Le Collectionneur

« I’ve always found that I collect. I’m a collector. And I’ve always just seen that I collect personalities, ideas. »

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Il se rappelle des dimanches après-midi dans la forêt jouxtant le feu.

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