Wednesday, December 22, 2010

Neige majeure




La Spree vivante









Kreuzberg
Ostbahnhof








Oui


Columna est Christus















Petite pensée de marbre

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Visite au musée

Je n’ai pas touché la rugosité des pierres protégées par des vitres, mais j’ai senti, oui, néanmoins, le granit et l’ivoire. J’ai senti l’or et l’émail. J’ai senti la chaleur du feu pour faire cuire les briques. J’ai senti l’effort du plus beau silex – comme neuf – et je me suis demandé qui, quelles bêtes il avait tué. J’ai imaginé la fierté de son propriétaire. J’ai été ému de l’artiste antique qui signe son œuvre. J’ai rêvé à ces villes du Moyen-Orient toutes plus belles les unes que les autres et disparues pourtant par une occasion ou une autre. J’ai absorbé comme le sable ces civilisations antiques – et je les ai restituées comme sorties de ma bouche. J’ai été la terre et l’ensemble des choses. J’ai été d’accord avec les légendes. J’ai hésité à me mettre du côté des dieux ou de celui des géants. J’ai remis ma décision à plus tard. J’ai participé du géant à jambes de serpents, j’ai soulevé le géant hors de terre. J’ai construit des palais lentement, des maquettes de palais et de temples. J’ai fait plaisir au peuple...

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Paris-retour

On est dans un avion. On fonce comme un suppositoire dans le noir du ciel. Il y a ce qui peut. Et le monde donne beaucoup. Il donne beaucoup, en ce moment, le ciel. On monte dans un avion et, hop, on passera la nuit à la maison. On est parti d’ailleurs, on revient ailleurs. Rotondité. On arrivera en retard. Bien sûr. On attendra des heures sur l’autoroute sous l’aéroport un hypothétique bus de nuit – et, tout à coup, aussi vite qu’il faudra pour le dire, on se retrouvera à la porte d’Orléans ou à Denfert ou à Montparnasse. Enfin, Paris avec ses caches, ses bistrots, ses passages. Ses panneaux de signalisation, son skaï rouge, son vin rouge, ses cuivres. Son laiton, son chrome, son noir. Son accent, son interpellation, sa pellicule (cinématographique). Ses espoirs, ses conversations, ses maladies...

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Etre Bartabas ou rien

Je suis rentré dans l’immense salle de Chaillot pour la dernière d’un immense spectacle. Le cadre de scène avait été refait, monumentalisé, blanc. J’avais sommeil, incroyablement sommeil, comme quand on conduit la nuit. Je n’arrivais pas à garder mes paupières ouvertes et je trouvais que les images que je voyais étaient hypnotiques. C’était les plus belles images du monde, des images de rêve, mais je devais lutter (avec moi-même) pour les percevoir à travers des couches et des couches de sommeil. C’était la dernière d’un spectacle. Je ne pourrais plus jamais les revoir. Les images. Le texte qui était dit en voix off revenait lui aussi du sommeil, d’un très haut sommeil. Je ne pouvais pas, je ne voulais pas l’entendre. Puis, enfin, les marais ont été traversés, je suis revenu à moi, j’avais traversé la lumière, j’avais traversé les paupières. C’était inouï, c’était des histoires de cheval – et d’univers. Les chevaux étaient appliqués comme de très bons comédiens. Ils dansaient (comme de la danse contemporaine : immobiles). L’homme sur leur sommet était une émanation d’eux, un fantôme, souvent ailé. Une tête, une violence. Dark Vador. L’homme au sol était l’homme, parfois dédoublé. Son ombre s’émancipait, lui aussi rêvait, lui aussi séparait la mort. Toute la salle de l’immense théâtre ne vibrait que pour eux, endormie ou non. Quand les lumières se sont rallumées, j’ai pensé : « être Bartabas ou rien » (sur le modèle de Victor Hugo : « être Chateaubriand ou rien »). Et mon visage devait être lavé de toute ambition car ma voisine m’a regardé avec ferveur et sans un mot. Un regard pour un bonheur.






« Vous ne semblez pas vous douter que celui-ci, que la maladie força de ne connaître que les premières phases de la vie, et que la fosse vient de recevoir dans son sein, est l'indubitable vivant ; mais, sachez, au moins, que celui-là, dont vous apercevez la silhouette équivoque emportée par un cheval nerveux, et sur lequel je vous conseille de fixer le plus tôt possible les yeux, car il n'est plus qu'un point, et va bientôt disparaître dans la bruyère, quoiqu'il ait beaucoup vécu, est le seul véritable mort. »

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Deux citations (l'une réécriture de l'autre)

« Une lampe et un ange qui forment un même corps, voilà ce qu’on ne voit pas souvent. Il reconnaît la forme de la lampe ; il reconnaît la forme de l’ange ; mais il ne peut pas les scinder dans son esprit ; en effet, dans la réalité, elles sont collées l’une dans l’autre, et ne forment qu’un corps indépendant et libre ; mais, lui croit que quelque nuage a voilé ses yeux, et lui a fait perdre un peu de l’excellence de ma vue. »



« Un cheval et un ange forment un même corps, voilà ce qu’on ne voit pas souvent. Je reconnais la forme de l’animal ; je reconnais la forme de l’ange ; mais je ne peux le scinder dans mon esprit ; en effet, dans mon esprit, elles sont collées l’une dans l’autre, et ne forment qu’un corps indépendant et libre. Mais je crois que quelques nuages ont voilé mes yeux et m’ont fait perdre un peu de l’excellence de ma vue. »

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« Noël approche… Ça me met hors de moi ! Alors quoi ? Dépenser des centaines de francs pour fêter la naissance d’un petit con masochiste qui s’est laissé épingler bêtement sur une croix parce qu’il n’a jamais eu le courage de dire merde à sa mère ?! A d’autres ! Je ne marche pas. Les colombes du Saint-Esprit à la casserole ! Qu’elles servent au moins à nourrir tous les affamés d’Ethiopie et d’ailleurs ! Je chie sur Dieu ! C’est une honte d’avoir fabriqué une planète pareille… Et ce vieux con voudrait encore qu’on se mette à genoux pour lui dire merci ! Il faudrait lui foutre tous les sapins de Noël dans le cul ! Avec les aiguilles (surtout les sapins bleus, les plus chers qui durent plus longtemps et qui piquent terriblement), les boules, et les bougies allumées ! Joyeux Noël ! »

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