Sunday, January 16, 2011

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J’aurais donc des amis ?

En ce moment, je vois des choses étonnantes au théâtre. Ce n’est pas complètement des choses que je recommande – on est tellement mal assis, au théâtre, parfois c’est surchauffé, d’autres c’est courant d’air et on ne peut pas bouger – mais ce sont des choses épatantes néanmoins. Epatantes pour les comédiens. L’impression de ne jamais avoir vu de théâtre, de ne pas savoir comment c’est fait. Stanislas Nordey dans La Conférence, de Christophe Pellet, performance surréelle d’engagement, de défense et d’appropriation d’un texte. Ce n’est peut-être pas faire offense à Christophe que de dire que son texte n’est ni du Shakespeare ni du Thomas Bernhard – mais Nordey le rend inoubliable. Anne-Lise Heimburger et Fabien Orcier jouent Identité, de Gérard Watkins (qui signe aussi la mise en scène). Là aussi, un travail incroyable, je dirais, d’abnégation des comédiens au service et disponibles pour un texte qui semble dégager les choses un peu parcimonieusement, un peu fastidieusement, mais si bien joué (et si bien mis en scène) qu’après avoir dormi, le lendemain, on a l’impression d’avoir « rencontré un auteur ». C’est beau, le théâtre sérieux, celui qui se prend au sérieux, à l’anglaise, un auteur, des acteurs (une mise en scène, éventuellement) et du public (docile et intellectuel). Ça m’ouvre des perspectives… Moi qui disais, il y a quelques temps : « Le contemporain est un rideau de fumée. » Irai-je voir pour autant le Valère Novarina (le nouveau Novarina…) dimanche, à l’Odéon, avec Stéphane et Sylvie (les deux S, comme les nomme Alice) ? Après le Nordey, on a retrouvé, avec Olivier Steiner, Christophe Pellet chez Katarzyna Krotki qui venait de finir de jouer Salomé dans un théâtre de banlieue et avait organisé une petite fête dans son charmant appartement de la rue Mouffetard. Plein de pédés. Donc, moi, évidemment, ça a été la crise habituelle : essayer de les mettre à nu le plus possible, les « emmerder » serait mieux dire (pourquoi ne pas leur foutre la paix ?) Je hais les pédés, eux pensent (assez aimablement d’ailleurs) qu’ils me rendent fou d’envie, c’est tout à fait le contraire. (Ils m’affolent, certes.) Mais la vodka et le champagne, le saumon et les concombres, les fines saucisses polonaises, etc., tout était délicieux et Olivier est tellement intelligent qu’il en est quand même très sexy… (C’est un ami de Christine Angot qui sort un livre étonnant, ces jours-ci.) Katarzyna m’a fait son plan habituel, au moment où je m’éclipsais : « Je sais que tu ne m’aimes pas, mais je t’adore. Non, non, tu ne m’aimes pas, mais je m’en fous, moi, je t’adore… (etc.) » Qu’est-ce qu’elle est énervante avec ça ! Qu’est-ce qu’on peut dire : « Mais si, je t’adore » ? C’est c'que je dis. Mais elle est tellement énervante qu’à un moment, je vais dire : « Tu as raison, je te déteste. » C’est ce qu’elle attend et c’est ce qui l’a soulagerait, on dirait… Le lendemain, après le Watkins où j’ai retrouvé Vincent Dissez et Sophie Mihran que j’ai pelotés agréablement pendant la représentation, à moitié déshabillé de mes nouveaux vêtements Balenciaga (les soldes) parce que le théâtre était surchauffé – les vrais amis me laisse les toucher (à force, ils ont compris qu’il vaut mieux ne pas résister, ça amène de la tendresse (Pierre s’était laissé toucher tout de suite, c’était ça qui m’avait frappé – et troublé, en fait, c’était inhabituel)) – dîner chez Julie Guibert et Sébastien Thiery où j’ai retrouvé aussi Herman Diephuis. Ils ont une petite de presque trois ans qui est trop, trop magnifique ! Elle avait visiblement décidé, ce soir-là, d’être à son maximum de séduction, une vraie Marilyn Monroe ! Je lui ai dit, à un moment : « Tu aimes la vie, toi ! » C’est vrai, elle m’a foutu la pêche, cette enfant, m’a sorti de ma dépression (mon psy voudrait que je prenne des antidépresseurs). Elle est trop belle, trop intelligente et joyeuse, elle a des oreilles décollées qui vont forcément malheureusement être recollées, dommage, parce que ça la rend trop craquante, cette distinction, un petit animal, elle avait les yeux brillants de… Elle m’a rappelé quelqu’un… Les yeux de… Je me souviens qu’au moment où je l’ai dit, elle a changé son air (elle ne voulait sans doute pas avoir les yeux de quelqu’un d’autre). Mais alors les yeux de qui, déjà… Ça me reviendra… Je vais laisser un blanc
Je passe maintenant, d’un coup d'Vélib', rive gauche chez Alice et Jean-Marc ou les deux S n’avaient pas été prévenus de ma venue. Au moment où j’entrais « comme à la maison », Alice a dit : « L’invité surprise ! » et j’ai été fêté comme par des chiens. Tout le monde était très beau et tout le monde (surtout Jean-Marc, disons) disait que j’étais de plus en plus beau. C’était très agréable. (Finie, la dépression…) Jean-Marc avait perdu quatre cents grammes et Stéphane m’a conseillé de ne pas trop acheté de vêtements en ce moment parce que, quand je regrossirai, je ne pourrais plus les mettre. C’est vrai que je suis embêté d’avoir demandé de retoucher la taille du pantalon du costume Dior que j’ai acheté pour la performance avec Yves Godin, c’est trop, quand même, là… Tellement ajusté, y a des limites… Là, ce qui me rendait beau, c’était le manteau avec des brocards d’or d’Alexander McQueen (le malheureux suicidé) et la chemise blanche amidonnée et le pantalon noir de Balenciaga que j’avais achetés la veille. Sylvie était très belle et – comme toujours – on félicite les vêtements, mais, bon… Façon d'parler. Des beaux vêtements, sur une femme, montrent des formes… Très fine (mais pas maladive). Je ne parlerai pas des vins, de toute façon, c’est l’extrême et cela ferait honte à mes lecteurs prolétaires. Tout le monde est contre les vins naturels (comme j’évoquais Le Dauphin…), mais j’ai les arguments, là, j’ai bien écouté. Je pourrais redire. En gros, c’est la différence entre un cheval libre (c’est très beau, un cheval libre) et un cheval dressé (c’est très beau, un cheval dressé). Le vin, il faut que ce soit dressé, sinon ça fait jus d'raisin… (Mais je résume vite, c’était plus beau.) Ce matin, il fait un temps magnifique, Felix est à Paris, il veut me voir. Je vais courir au marché. J’ai pris un peu de temps pour écrire ça, sans raison : la vie est magnifique, j’ai des amis ! Le vin de l’amitié remplacera, j’en suis sûr, la drogue d’un labo Servier.






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