Wednesday, February 23, 2011

Le Désir, le mot n'est pas encore inventé

Il est tard dans cette grande maison de poupée dans laquelle je vis seul, calmement, cette maison que Sarah m’a trouvée, c’est très gentil, je regarde le « Grand Journal » dans la salle de l’ordinateur, puis, maintenant, j’ai monté l’ordinateur pour écrire un petit peu. Je suis fatigué par ce stage. Ça se passe très bien. Les filles sont super… Mais c’est normal d’être un peu fatigué, mais je m’inquiète toujours d’être fatigué par un travail, j’ai l’impression que si je le faisais vraiment bien, je ne le serais pas, c’est un manque d’intelligence, pour moi, d’être fatigué, manque de raccourcis, la vie est si pleine et vive, il n’y a pas de raison, quand on s’y baigne, d’être fatigué – et courte en plus, la vie – et pleine – et Claudel aujourd’hui en a bien parlé, il faudrait que je recopie Claudel. Je demande que les stagiaires travaillent des textes parce que je veux entendre des belles choses… Quelqu’un m’a parlé de Dante, qui était-ce ? Je veux Dante ! J’ai demandé les Evangiles aujourd’hui à cause de cette idée des slogans du Christ qui m’était venue hier au soir pour sauver la Suisse d’elle-même (je ne vois que le Christ !) – je veux les Evangiles ! Je veux du cinéma. On a été dans un café désert avec Olivia et Anne-Laure après leur scène de Bergman, j’ai dit : c’est là qu’on peut tourner la scène, Olivia m’a demandé : pourquoi tourner la scène ?, j’ai dit : pour le décor et pour les gros plans, pour voir tes très belles dents que je n’avais pas encore vues. C’est vrai, je veux les voir, voir, ces gens, et ils n’ont pas idée comme on les voit encore peu – je les distingue encore très peu dans la forêt de l’obscurantisme, c’est ça qui est fatigant, montrez-vous, mes enfants, aidez-moi à vous voir, je veux voir tous vos détails, je veux voir votre peau, le grain de votre peau, je veux connaître tout de votre beauté qui est immense et beaucoup plus grande que vous ne vous permettez de le croire. Adjani a dit un jour qu’elle avait compris un jour qu’elle pouvait décider d’être belle ou d’être laide, choissez comme elle, les filles, c’est pas interdit. Je suis content, je me suis trouvé une activité pour le week-end. Je vais louer une voiture et visiter la Suisse profonde parce qu’on me dit que je ne peux pas comprendre si je reste à Lausanne (qui est « de gauche » et pas représentative). En fait, le pays est dirigé par le parti d’extrême-droite, l’UDC, qui est le parti contre lequel personne ne peut rien parce que c’est lui qui est le plus proche de « l’identité suisse », c’est fatalité, cette culpabilité qui décourage la jeunesse urbaine car elle n’y peut rien comme on ne peut rien contre sa famille sauf partir, foutre le camp, traverser les frontière, comme disait Grisélidis Réal et, si on ne le fait pas, on est rien et on ne peut s’opposer alors à ceux qui assument de ne traverser aucune frontière – j’irai donc dans la Suisse profonde, avec ma voiture, voir les paysages...

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L'Edifice : l'intelligence et le coeur

Blanche Witty
Ta lecture à la lettre de l'Evangile me fait penser au « christianisme anarchiste » de Tolstoï. Selon lui, si on lisait et comprenait réellement (avec le cœur) la parole du Christ, il n'y aurait plus d'institutions, plus d'Etats – donc plus de guerre et de violence « légitime » –, plus de justice humaine – de prisons – ni de religions... En ce moment, je travaille à traduire ses essais (Quelle est ma foi ? et Confession) qui sont introuvables en français et même difficiles à trouver en russe (évidemment, l'institution orthodoxe l'avait même excommunié), pensant que leur diffusion sera toujours nécessaire a la construction de l'édifice – l'intelligence et le coeur. Je t'embrasse

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