Sunday, March 13, 2011

Lettre

Je suis seul. Je suis malade. C’est dans la nuit. J’ai vu la maison de pierre, aujourd’hui. J’ai traversé la France en train où j’ai dormi. J’ai dormi à l’aller et j’ai dormi au retour. J’ai mangé à la brasserie. Et je me suis baladé sous la pluie. Et j’ai mouru, oui, j’ai mouru. J’ai attrapé froid. J’ai vu le grand éléphant renversé. J’ai rêvé à la richesse. J’ai fait la charité. Je suis entré dans une église, dans un parc, dans un cloître… J’ai vu les chats, les bêtes, la misère. J’ai vu le fleuve, long serpent vert qui serpente sous les ponts cassés. Le fleuve seul. Et maintenant je suis seul, et maintenant je suis malade et maintenant j’ai la nuit, maintenant la société s’est faite nuit, s’est faite seule et me laisse – ô mon amour.



« Mon doux et sensuel amour, comment vas-tu ? »

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Les Images de télévision...

« Les images de télévision que vous pouvez peut-être voir en c’moment montrent, dans une nuit d’encre, des villes, des villages éclairés par des incendies. »



« Tu es actrice donc tu peux pleurer… – C’est le contraire : je peux pleurer donc je suis actrice. »



« L’argent ne m’intéresse pas, je vis le plus léger possible, dans un deux-pièces zen à Paris, dans une cabane forestière à Fontainebleau. »


« Tu l’as eu, ton verre de vin ? – Oui, je l’ai déjà bu… – Quel talent ! »



« Dans les pays scandinaves, les terrasses de café sont équipées de couvertures… – Il paraît qu’ici, c’est impossible parce que les gens les piquent. »

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Physique quantique

« L’excentricité semble toujours rimer avec une manière ultra d’être vu, remarqué, entendu ; entre agitation et bruit. Faire son intéressant. Mais aujourd’hui où la recommandation majoritaire incite plus au paraître qu’à l’être, le comble de l’excentricité ne consisterait-il pas à faire son inintéressant ? Chercher à disparaître lorsque tant d’autres cherchent à se faire reconnaître. Parier sur le silence plutôt que sur le boucan, sur la stase plutôt que sur la gesticulation. Devenir un passager clandestin dans un voyage immobile. »

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Hôtel La Mirande, poste d’observation

Je rentre à l’hôtel La Mirande, pour boire un chocolat chaud. Il pleut sur Avignon. Et c’est venté, comme l’automne en Bretagne, c’est beau. Se réchauffer. J’ai essayé L’Evangile selon Jean dans la salle magique, pareille à elle-même, amie (encore plus belle en hiver car il n’y a pas tous les projecteurs). J’ai discuté avec Benjamin, mais maintenant j’ai froid, je suis sorti, puis je suis rentré à l’hôtel La Mirande. Personne ne s’occupe de moi, mais les riches se laissent observer. C’est tout un monde. Les riches sont si riches, si à l’aise. Ils mangent des pâtisseries, c’est dimanche après-midi, dans un faux hiver, à Avignon. A qui j’écris ? Philippe Quesne m’a regardé dormir dans le train, il m’a envoyé un sms après. Lui est à Aix. Les riches sont somptueux, très animal (je vais pas écrire « très animaux » quand même…) « Vous avez un péché mignon… »

Les riches parlent d’argent aussi, parce qu’ils n’ont pas grand chose à raconter. Et le monde, c’est la richesse. Ils sont humbles. Grands voyageurs de l’espace. De passage.

On dirait des tableaux aussi, cette lumière, cette splendeur, dans cette ville ancienne des anciens temps… Sois donc ces portraits…

Je me remets à manger du sucre, parce que Jeanne Balibar, l’autre jour, m’a trouvé trop maigre.

Ecrire, c’est rester à l’intérieur des châteaux. Rester à l’intérieur des châteaux.

La serviette a la consistance du papier, c’est très agréable. Elle donne envie d’écrire dessus. Je la salis de mes lèvres au chocolat.

Je suis ami avec Pierre. C’est très différent d’être ami que d’être amant. Je ne me suis jamais senti son amant, mais je sentais son amour. Là, son amour est un souvenir. Je suis un souvenir de Pierre. Il a fait une crémaillère, hier soir, avec son nouveau colocataire. C’était très enfumé, mais je suis resté un bon moment avec les effigies, les amis de Pierre, Estelle, Renato, Fabrizio, … et le nouveau favori, l’élu du moment, David Abramovitch (ça vaut le coup d’écrire le nom en entier). Pierre est entièrement secret, pour moi, en ce moment. Je sais qu’il continue de vivre ; il doit écrire… Mais l’accès à son cerveau s’est éloigné, il est entouré de mystère. Il ressemblait à Barbara, hier, il s’était fait la même mèche. David voulait venir à Bruxelles, j’ai encouragé bruyamment… Qui sait ? Il a déjà réussi à le traîner à Venise, tout est possible…

Un bébé pleure dans le salon derrière moi…

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