Tuesday, March 15, 2011

L'Affiche



Flier de Jean Biche, dessin de Bram Droulers. (Cliquer pour agrandir.)

Assistante stagiaire : Anna Fedorova
Lumière : Sylvie Mélis
Film : César Vayssié
Photos : Marc Domage

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Le Conseil

Sais pas quoi faire pour TJCC
L’angoisse

Oh !!!! T'es dans quelle salle alors ?

La deux, la moyenne

Ben, c'est bien

Ben, oui, j’ai qu’à rien faire

Non, faut en faire plein, au contraire

Je compte les billets de banque qu’on m’aura filés et, à la fin, je les distribue

Faut que tu fasses attention de viser plus haut que le public du festival TJCC, faut que tu vises l'Olympia, par exemple (et même que ça passe du coup un peu à côté du public TJCC parce que prévu pour l'Olympia). Voilà mon conseil

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Cherche une actrice (Jeanne Balibar) pour un spectacle (one woman show) au théâtre du Rond-Point intitulé

Balibar-tabac

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Le Secret

C’est bizarre, il y a qqch. J’ai parlé de qqch dans ce blog. J’en ai parlé longuement, longuement, quotidiennement… Enfin… Et il y a un secret. J’en ai parlé et le secret n’a pas été entamé. Et maintenant je ne peux plus en parler parce qu’il n’y rien à raconter. Il n’y a plus que le secret.



Jardin secret. « Jardin secret » est même trop bien dit, trop imagé. Il faudrait dire : « vide secret ». (Mais c’est pareil.)



Il n’y a plus que le secret.



Energie folle, nucléaire, inutile, absente, mais énergie (combustible) qui brûle pour rien, même pas pour ce qu’on imaginait. Bien sûr, il y a les mots : « amour », « vie », « joie ». Mais ces mots ne disent rien. Ils ne disent rien. C’est bien. Ils font partie du secret, ils ne font pas partie des beaux-arts.



Les beaux-arts, c’est ça. J’ai acheté deux livres aujourd’hui que j’ai jugés faciles à lire (depuis quelque temps, je ne lis plus – je veux dire, dans le métro – qu’un magazine sur les excentriques (il y a de très bons articles)). Alors j’ai choisi Gatsby, une nouvelle traduction du roman de Fitzgerald et Le jour où Gary Cooper est mort parce qu’il y avait une phrase de Patrick Modiano en jaquette qui vantait le livre. Mais j’ai recopié deux, trois morceaux du poème de Mallarmé :

« …plume solitaire éperdue… »

« …un roc
faux manoir
tout de suite évaporé en brume… »

« …veillant
doutant
roulant
brillant et méditant… »

C’est cela, les beaux-arts et c’est cela que je veux que nous fassions à Bruxelles.

Si l’intelligence me gagnait…

J’ai connu une pièce dans ma vie, Grand et petit, de Botho Strauss et je n’arrive* pas d’en entendre des répliques. Tout à l’heure, au zapping « Vous étiez croyant, vous ? – Du tout. – Du tout ? – Non. – Pas du tout ? – Ni croyant et athée, aucune religion, rien. » C’est ce que disait Bulle Ogier quand elle rencontrait l’informaticien à l’arrêt de bus (Milhoud Khétib). Elle disait : « Catholique ou protestant ? – Rien du tout. – Athée ? – Même pas. – Même pas athée ? Mais d’où crois-tu que nous vienne la lumière ? » Ce soir, j’ai vu Foofwa d’Imobilité (dans l’installation d’Yves Godin). Son spectacle s’appelait : Histoires d’amours et de ténèbres. Jean-Marc Adolphe (à qui il faut envoyer de l’argent car il veut sortir un hebdomadaire qui va s’appeler « A » ou « à », un drôle de truc), j’ai entendu, félicitait Foofwa en lui disant : « Merci pour ton intelligence. » Foofwa avait eu l’impression, un moment, en dansant, que je détestais le spectacle. Mais j’adore Foofwa. Je pourrais même détester un spectacle, ça ne changerait rien (à cette adoration). Foofwa est vivant, c’est tout.

* Oui, vous aurez rectifié.

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« Il suffit de ne pas faire une mauvaise action pour que la bonne action s’installe toute seule. »

Luigia amène son fils à l’école de l’opéra de Paris et elle lui demande : « Alors, comment tu as trouvé ? – Ils sont très bien, mais ça ne me donne pas du tout envie. » Et Wayne Byars dit : « Je trouve que c’est la meilleure critique de l’opéra de Paris ! Parce qu’il faut bien dire qu’ils sont très bien, mais ça ne donne pas du tout envie… » Le fils de Luigia, puisque j’en parle, est intéressant. Il veut faire footballeur, parfois acteur, puis, récemment, s’il ne fait pas footballeur, il veut s’occuper des pauvres. Il a demandé à se faire baptiser. Luigia ne sait pas qui lui a mis ça dans la tête. Elle soupçonne une nounou africaine. « Qu’est-ce qu’elle était bête ! » En tout cas, donc, le petit va au catéchisme. Elle trouve ça très bien, en fin de compte, s’il a envie. C’est juste que ça a pris le créneau, le seul qu’il y avait, pour la guitare…

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Le Scandale de la Vie

Journée encore ouverte. C’est un mercredi. Il n’y a rien de décidé. J’ai la crève. Il fait beau. J. m’appelle presque en larme à cause du Japon. J’ai peur qu’il soit arrivé un nouveau Hiroshima, mais, non, la situation est comme hier (c’est-à-dire le pire constant), mais comme c’est comme hier, ça peut encore rassurer J. Ce sont des journées terribles pour les esprits fragiles * – comment survivre, ici, si loin, si proche à la situation au loin si proche. Si l’on se tourne vers la Libye, si l’on se détourne du Japon, c’est la Libye. Plus rien ne peut rien. On continue de parler quand même au téléphone. Elle me parle de sa soirée d’hier, elle a accueilli une troupe de théâtre d’appartement, je n’y suis pas allé, trop malade. Ses amis ont trouvé ça très bien, mais pas elle : c’était un couple qui faisait le ménage chez elle tout en se plaignant d’être des comédiens au chômage donc de faire ça, du théâtre d’appartement qui raconte qu’ils sont des comédiens au chômage qui font des ménages en appartement : trop redondant. « Le théâtre, il faut que ça élève… » On veut sortir ensemble, peut-être aller voir Valérie Dréville qui joue une pièce d’Eugène O’Neill ; je dis aussi que j’irai bien voir Katia Kabanova à l’opéra, mais que, là, pour avoir des places, c’est petit carton à l’entrée… Dans la journée, J. me rappelle. Elle a appelé Brigitte Lefèvre, la directrice de la danse à l’opéra qui lui a trouvé deux places. Je suis au TCI (Théâtre de la Cité Internationale) pour revoir la salle et Philippe Tlokinski me rejoint. (On s’était disputé samedi pour un problème de salle au 104.) Philippe donne le meilleur de lui-même, c’est très agréable de me sentir retravailler. Une salle, un acteur – et toute la société pour vous faire chier CONSIDERABLEMENT, mais on la prend de vitesse, la société, il s’en faut de peu, mais, pendant quelques heures, on réinvente le monde, loin du danger nucléaire (néanmoins évoqué). Il fait très beau. Je passe chez Colette rendre mon anorak Moncler qui a un trou (les plumes se tirent, c’est embêtant). Il fait très beau, je pousse jusqu’au Rond-Point. Trop tard pour voir la salle, mais je rencontre Pierre Notte qui a écrit un très joli texte sur moi pour le programme. Il m’inscrit pour demain à un spectacle avec Jacques Vergès ! Et deux places, en plus, je ne sais pas qui va venir voir ça… Pas J., en tout cas. Je la retrouve dans l’entrée de l’opéra, la grotte. On a les deux meilleures places. On regarde Katia Kabanova, de Janacek, mis en scène par Christoph Marthaler. On ressort, on prend un taxi. Je dépose J. Le chauffeur ensuite me fait remarquer à quel point il fait doux… Qu’est-ce qu’il s’est passé aujourd’hui ? Je ne peux rien raconter.

* vivants

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César Vayssié va tourner un vrai film et auditionne



Transmettez aux jeunes que vous connaissez. Très recommandé !

Les Photos non libres de droit

Cher, mais je dirais : merveilleux !!!! Tu sais comme j'apprécie Felix et tu sais comme j'aime jouer à plusieurs et les garçons...
Mon costume de Reine de Samba est fou, d'une beauté folle..... Je pense qu'avec il faut chanter une chanson d'homme ou dire un texte d'homme : je pensais à la dernière allocution en date de Khadafi qui est un très intéressant travesti... J'ai aussi en amour en ce moment un texte d'un Malandro d'une favela de rio, sambista : Ademar, ainsi qu'un poème de Keats sur la solitude, mais peut-être cela ne te convient-il pas la solitude.... Pourtant on pourrait coupler ça avec le standard de jazz Solitude merveilleusement chanté par Marianne Faithfull sur son dernier disque..... Ci-joint deux photos de moi qui ne sont pas libres de droit et qu'il ne faut surtout pas faire circuler mais que je te confie en proposition d'un second costume. Mais je sais ce que je veux absolument trouver pour toi : une scène à deux tirée d'un film italien sorti l'an dernier : la plus belle scène d'amour du cinéma depuis 1978. Je ne t'en dis que ça... Je la trouve, après je te la montre...
Here is Keats :

O solitude, if I must with thee dwell
Let it not be among the jumbled heap
Of murky buildings ; climb with me the steep, –
Nature's observatory – whence the dell
Its flowery slopes, its river's crystal swell,
May seem a span ; let me thy vigils keep
'Mongst boughs pavilion'd, where the deer's swift leap
Startles the wild bee from the fox-glove bell.
But though I'll gladly trace these scenes with thee,
Yet the sweet converse of an innocent mind,
Whose words are images of thought refin'd
Is my soul's pleasure ; and it sure must be
Almost the highest bliss of human-kind
When to thy haunts two kindred spirits flee.


O solitude, si je suis vraiment obligé de vivre avec toi
Qu'au moins ce ne soit pas dans ce bordel
D'immeubles foireux ; monte avec moi en haut d'un pic
– Observatoire de la nature – d'où la vallée,
Ses pentes fleuries, le renflé de cristal de sa rivière,
Aie quelque chance d'avoir l'air inoui.
Etc. La suite un autre jour, je dois partir...

J'ai aussi acheté des cierges pour faire comme sur la place Tahrir...

J'ai aussi en amour Cosa Sono Le Nuvole, un court-métrage (40mn) de Pasolini : une adaptation de Othello avec des acteurs tenus par des ficelles dans les cintres comme s'ils étaient des marionettes siciliennes. Toto au-delà du divin dans le rôle de Iago : ce fut son dernier rôle. Et Domenico Modugno, l'immortel auteur de Volare, en éboueur qui chante Meraviglioso : l'histoire d'un type qui veut se suicider et qui y renonce (ça lui est vraiment arrivé d'où la chanson – tu peux la voir sur YouTube, regarde l'extrait à la Rai c'est sublime, on trouve aussi l'extrait du film où il le chante...) : je voudrais chanter cette chanson avec le costume blanc...

J'espère que ça ne t'embètes pas toutes ces propositions, je suis bien évidemment prête à faire tout à fait autre chose. (Quand ai-je dit « capable de tout » by the way ? A quelle occasion ?)

My dear, je suggère que nous nous voyions le plus vite possible : le 4, est-ce déjà possible ? ou le 5, ou le 6, pour prendre des gateaux, parler de tout cela ou pas, parler un peu des Tronomettes, j'en ai besoin et je suis mieux au point techniquement maintenant...

Much much love,

j

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Quatre choses terrifiantes pour les Japonais

(Dans l’ordre.) Le séisme, le tonnerre, l’incendie, le père (le patriarche).






Les journées se traînent dans la misère. Rien ne se fait dans la joie. Il faut décider de titres pour des spectacles, des performances payées des misères pour dans un an, dans six mois, dans trois mois même. Il faut imprimer des programmes. Pour faire venir des gens. Et si on leur foutait la paix aux gens ? Y en a marre. De demander aux foules de participer comme ça. Après ce qu’il se passe dans les pays arabes, il y a quelque chose de dérisoire avec ces histoires de publicité, de programmation. Il y a un côté « chevauchée sur le lac de Constance ». On attend la grande catastrophe. On l’attend d’autant plus qu’elle a lieu sous nos yeux. Et que l’on n’y croit pas. Car ça a l’air d’un film.