Friday, May 13, 2011

Certains animaux...

« Chacun de ces praticiens, scientifiques, dresseurs, éleveurs, capables de penser que leur animal est capable de penser comment d’autres le voient, chacun de ces experts en perspectivisme font quelque chose que je n’ai pas été capable de faire en dépliant toutes ces hypothèses. Ils ont adopté le point de vue de leur animal. Et c’est peut-être là où je reste engluée dans le parti pris de ma tradition, dans les réflexes naturalistes ou dans le registre d’une sociologie qui dépeuple la scène des acteurs : peut-être faudrait-il se tourner vers chacun des animaux qui a mené son dresseur, scientifique, éleveur ou sociologue au perspectivisme, orang-outan, perroquet mutique, chien désobéissant, vache de concours, corbeau ou cratérope.. Et penser que certains animaux ont peut-être, plus que d’autres, cette compétence : imposer leur talent d’acteurs. On n’est pas tellement loin de ce qu’on appelle si justement : la présence sur scène. »

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Nous

« Dans un magnifique article intitulé « Le cas des orangs-outans désobéissants », la philosophe et dresseuse Vicky Hearne raconte que lorsqu’elle lui a posé la question de savoir ce qui motivait ses orangs-outans à travailler, Bobby Bersini lui a répondu : « Nous sommes des comédiens. Nous sommes des comédiens. Vous me comprenez ? » »

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J’ai aussi toujours aimé Raymond Devos, ce côté...












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« FEU FOLLET


Car enfin ce qui compte c’est avoir quelqu’un dans son lit
Froid ou chaud
Une branche La solitude que tu trompes
Et trempes dans des trous quelconques
Le jeu qui remplit tes jours de mots plus dorés que l’amour
Et l’haleine qui te fait peur au point
De créer l’atmosphère qui rendrait l’homme plus enviable
Et le désir plus désirable
Tes photos de chambre d’hôtel, de désordre et de baignoires
Où dans la glace un bras se lève
Ce décor que tu as lu
Dans de vieilles correspondances
Est ton épave sur la mer
Jamais tu ne touches le sol,
Comme si ton pied était l’aiguilleur, la boussole
De la mort
Le moindre saut est un crime
A la lumière des livres.


Emmanuelle Desmonts-Roudgé »

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L'Entraide










Duncan Evennou et Nathan Bernat. On a acheté des vélos au Mauerpark. Mais on s'est fait avoir. Là, c'est la chaîne de Nathan qui a cassé. Celle de Duncan avait cassé le premier jour. Duncan est toujours le premier à proposer de l'aide. Tout à l'heure, il a porté Simon sur son porte-bagage, du zoo jusqu'à la Schaubühne, ça fait quand même une trotte. Moi, j'ai sauté la soirée Ostermeier. J'ai plus de scrupules. Je suis parti au milieu d'Hamlet, à Rennes, et, ici, Laurent Chétouane a dit qu'il trouvait ça nul, aussi, que c'était rien, en Allemagne, Ostermeier, juste bon pour les bourgeois de Charlottenburg et que y avait qu'en France qu'on pensait – grâce à Brigitte Salino – que ça valait qqch. Alors j'ai décidé de plus faire d'effort. (Et je le dirai même à François Le Pillouer, tiens, qu'il faut plus qu'il invite Ostermeier, même si ça plaît aux jeunes.)

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Nouvelles images

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Correspondance interdite

Pour introduire, je ne savais pas vraiment par où commencer... Yves-Noël Genod s'en est chargé. Voilà que la surprise n'a plus lieu d'être. Il va falloir qu'elle se déplace ailleurs. Je verrai bien...

Ce mail ne devrait pas être. Oui. S'il avait fallu respecter les règles de la bienséance, des droits d'auteur, de la propriété, je n'aurais pas eu à vous écrire. Ce texte a été confié à Genod en toute confiance. Dommage ! Me voici en sa possession, cher Olivier. Texte que je ne devais pas lire, que je ne devais imprimer, que je ne devais pas diffuser, dont je ne devais pas tomber en amour. Eh oui, c'est dit ! Vous n'allez pas contrer des sentiments pareils ! Peut-on se hisser contre l'amour des mots. C'est une définition de mon travail qui me convient. Les règles ont été imposées, formulées, dépassées. Ce genre de contraintes sont pour les gens sages. I'm not an angel.

J'ai lu votre texte en trois nuits. Seulement la nuit. C'est un univers qui me ressemble et où je suis le plus éveillé. La lune, les cigarettes, le monde alentour assoupis, vous & moi. Paysage. Etant pourtant un être solaire (dixit Elisabeth Teissier et ma mère), je suis intimement convaincu que la lune m'a aidé à vous rencontrer. Envoûté par l'écran trop aveuglant de mon ordinateur (je ne devais pas imprimer votre texte), j'ai donc parcouru les dizaines de pages pdf pour suivre cette correspondance comme un rêve, un fantasme, une ombre qui a plané au dessus de mon lit et de mon corps nu, jusqu'à l'épuisement. Epuisé deux fois, puis c'est moi qui vous ai eu. Jamais deux sans trois, c'est faux. Trois Nuits. Qu'est-ce que l'auteur éprouve à savoir qu'il a hanté des chambres nocturnes ? Me le direz-vous ? Vous êtes content ? Vous avez honte ? Peur, peut-être ? J'ai longtemps rêvé de rencontrer un grand metteur en scène riche et talentueux qui m'entretiendrait d'amour et d'argent, le vieux talentueux et le p'tit golden toy à la vingtaine... Sacré veinard, ce Sébastien ! Vous êtes auteur, je ne l'oublie pas.

J'ai fait des rencontres déjà. De textes, je veux dire. Je veux dire, que c'est eux qui sont venus à moi, Pasolini, Lagarce, Copi. Oui, je sais, que des homosexuels. YvNo vous en a parlé peut-être ? Ce n'est plus vraiment un problème depuis que j'ai rencontré ces gens-là. Et vous, maintenant. Je ne vous range pas dans la littérature gay française contemporaine. Non. Gallimard, en plus. Je veux dire que vous et eux faites en sorte que je puisse un peu plus parler encore de cette alchimie qui nous compose. Vous en parlez mieux que moi. Jérôme n'est-il pas sujet à cette dualité en lui ? Vous aussi donc ? Mais tous d'ailleurs ! Moi j'ai besoin de ces deux parties de moi. Mais tout est deux en ce monde. Il y a toujours un contraire indissociable. Virginia Woolf, dans Orlando (je sais que vous savez que je travaille dessus, aucune surprise) parle de l'amour comme d'un volatile qui « possède deux visages, l'un blanc et l'autre noir ; deux corps, l'un lisse, l'autre velu. Il a deux mains, deux pieds, deux queues. » Elle les nomme « Lubricité le Vautour » et « Amour Oiseau de Paradis ». C'est donc ça, pour dire un peu ce que ça m'a foutu votre texte. Comme un champ d'actions au déploiement.

Je ne veux pas en dire trop, incertain de votre réaction, Olivier, je laisse un peu de marge.

Disons que je suis persuadé de votre béatitude face à l'envoi de ce mail, que je suis convaincu entièrement de votre bouleversement quand vous saurez ce que votre oeuvre a eu comme effet sur un jeune homme de vingt-deux, que je suis persuadé d'être le seul à accomplir cette démarche (du moins jusqu'à la publication), que le processus est original (j'aurai pu faire provoc' en reprenant le premier mot de Sébastien, mais quel conformisme, la mise en abîme, tout ça...)

Je fantasme depuis. Des spectres viennent me susurrer à l'oreille que vous auriez écrit ce texte pour moi. Il est déjà trop tard, Gallimard a sonné les douze coups. Tristan et Isolde leur appartient, non ? Je ne vous dirai rien de plus. Ceci est une réponse à la fantaisie qui est née de notre rencontre. Les trois nuits passées ensemble furent intemporelles, irréelles. Mais en tel accord avec mon âme dans l'art. J'y ai de quoi créer, là , tout de suite. Je constate, simplement. Alors comment ça se passe ? Je dois attendre un an avant de dire ces mots en dehors de la surveillance de YvNo ? Je dois laisser le plaisir attendre ? Refouler la nécessité ?

Nécessité... C'est un bon titre ça. Je vais tenter de trouver un adjectif qui tape un peu.

En attendant votre réponse qui sera une de vos priorités dès la réception de ce mail, (soyez indulgent, je suis si jeune).

A bientôt,

Avec tout mon respect,

Romain

PS : Rien de surprenant, en fait.







Romain,

Si écrire signifie recevoir ce genre de lettre, je crois que je vais écrire toute ma vie.

Yves-Noël est impossible, ingérable comme les mustangs sauvages des Désaxés.
Je lui avais fait promettre de ne pas faire circuler mon texte, c'était sans compter sur sa conception de la liberté qui est de toujours transgresser les règles.
Au fond il n'a pas tort, et je n'arrive pas à lui en vouloir.

Mais depuis que j'ai envoyé mon manuscrit à Yves-Noël, les choses ont évolué. Gallimard a en effet accepté mon texte, et ils m'ont demandé l'embargo total jusqu'à la publication, normalement en janvier prochain, dans la Blanche.

J'aurais dû penser qu'Yves-Noël, c'est le contraire sémantique du mot embargo...

De plus, j'ai décidé de retravailler, disons que ça va prendre plus d'ampleur. Le titre va changer, aussi.
Je ne sais rien sur toi, je sais juste que tu as travaillé un passage de mon texte sous forme de comédie musicale ???
Ah oui ? Quel passage ? Et ça a donné quoi ?

Ton mail ne devrait pas être mais il est, et il est beau.

Que faire devant la beauté si ce n'est succomber, se prosterner, remercier ?

You're not an angel. As I am. So nice to meet you.

Nous avons donc passé trois nuits ensemble, j'en suis ravi. Pas la moindre peur.
Juste heureux de l'apprendre. Emoustillé aussi.

Aurais-je écrit ce texte pour toi ?
Mais, oui, si tu le dis !
Si tu le dis, c'est forcément vrai.

Je t'embrasse, toi et ton "contraire indissociableRomain,

Si écrire signifie recevoir ce genre de lettre, je crois que je vais écrire toute ma vie.

Yves-Noël est impossible, ingérable comme les mustangs sauvages des Désaxés.
Je lui avais fait promettre de ne pas faire circuler mon texte, c'était sans compter sur sa conception de la liberté qui est de toujours transgresser les règles.
Au fond il n'a pas tort, et je n'arrive pas à lui en vouloir.

Mais depuis que j'ai envoyé mon manuscrit à Yves-Noël, les choses ont évolué. Gallimard a en effet accepté mon texte, et ils m'ont demandé l'embargo total jusqu'à la publication, normalement en janvier prochain, dans la Blanche.

J'aurais dû penser qu'Yves-Noël, c'est le contraire sémantique du mot embargo...

De plus j'ai décidé de retravailler, disons que ça va prendre plus d'ampleur. Le titre va changer, aussi.
Je ne sais rien sur toi, je sais juste que tu as travaillé un passage de mon texte sous forme de comédie musicale ???
Ah oui ? Quel passage ? Et ça a donné quoi ?

Ton mail ne devrait pas être mais il est, et il est beau.

Que faire devant la beauté si ce n'est succomber, se prosterner, remercier ?

You're not an angel. As I am. So nice to meet you.

Nous avons donc passé trois nuits ensemble, j'en suis ravi. Pas la moindre peur.
Juste heureux de l'apprendre. Emoustillé aussi.

Aurais-je écrit ce texte pour toi ?
Mais oui si tu le dis !
Si tu le dis, c'est forcément vrai.

Je t'embrasse, toi et ton « contraire indissociable »,

Olivier

La Rivalité dans les cours de théâtre

« – Les chercheurs ont-ils fait parler les perroquets ?
On y est parvenu mais dans quelles conditions ? les scientifiques étaient persuadés qu'ils ne pouvaient que jacasser sans rien comprendre. En fait, il faut trouver ce qui intéresse le perroquet. Il a un sens très aigu de la rivalité. Il suffit de donner une récompense à chaque mot prononcé par son rival humain pour que le perroquet finisse par vouloir répondre en premier pour avoir la récompense. Il est donc dans les possibilités du perroquet de parler. »

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La Passion de la raison

« – La raison permet-elle de faire la différence avec les animaux ?
Cette dernière question allait fortuitement permettre de conclure cette conférence en laissant chacun à sa réflexion sur ses rapports avec les animaux. Et en tentant de répondre à cette interrogation qui a parcouru toute la soirée quant à savoir s'il y a continuité entre les animaux et nous ou bien une rupture totale. Pour Vinciane Despret, la réponse est claire, nette et immédiate : « Elle [la raison] a été justement construite pour faire la différence entre humanité et animalité ». »






La passion de la raison, c'est aussi le slogan qu'un publicitaire avait proposé à Antoine Vitez quand il était entré à Chaillot. Ils s'étaient vus, Antoine Vitez avait parlé et le type avait sorti ça. Antoine nous avait dit (nous, les élèves) qu'il avait failli accepter.

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Nathan a trouvé son photographe


Photo François Stemmer. Nathan Bernat.






François Stemmer est venu à Berlin pour photographier les gosses. En fait, il s'est fixé sur Nathan Bernat et Karine Piveteau, les autres n'ont eu qu'à se faire une raison. Maintenant il y a des milliers de photos de Karine Piveteau et de Nathan Bernat et rien pour les autres. Cela dit, Nathan et Karine savent y faire pour les photos. C'était une leçon de les voir travailler sur plusieurs niveaux, avec Elfriede Jelinek, avec eux-mêmes et tous les deux, avec moi, avec tout le monde et, en plus, avec le photographe. Le photographe les mitraillait.

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L'Ecrivain

« Est-ce qu'il écrit régulièrement, me demande une cousine de ma mère qui n'ose pas me dire tu ?... Vous écrivez tous les jours ?... Est-ce que tu t'astreins à écrire à heure fixe ?
 Oui, écrire est mon activité première. Je suis même en général dans une stratégie d’efficacité maximale à l'égard des occupations de la vie ordinaire, de sorte de réserver le plus de temps possible à l'écriture.
Mais je ne suis pas non plus un bucheron. Je ne peux pas comme certains travailler dès l'aube, sans arrêt, jusque vers l'heure du déjeuner de 13H. J'ai besoin de penser, j'ai besoin de rêver. Souvent je m’évade de mon lieu de travail pour aller avec mon notebook m'installer dans un café ou dans un jardin. Bien sûr je pense tout le temps que je ne travaille pas assez...
J'ai trop besoin de vivre aussi. C'est ma revendication : écrire et vivre ! »

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Tendresse pour celui...

Salut Yves-Noël, pourrais-tu me rendre un petit service ?
Voilà, je travaille avec un ami plasticien sur le projet d'une vidéo, petit film... Il s'appelle Emmanuel Lagarrigue (www.emmanuellagarrigue.com). Nous voudrions 3 personnages. Ce sera Dimitri Jourde (danseur de Cherkaoui) et Irène Jacob. Nous voudrions proposer à Jeanne Balibar d'être la troisième. Tournage fin juin, léger. Une journée ou une soirée. Pourrais-tu lui en parler ? Ou me donner son mail ? Merci. je t'embrasse, Olivier.

balibarjeanne@yahoo.fr

Merci !
Tu es bien laconique mais très efficace !

Je lui ai fait suivre ton message aussi...
Y a autre chose aussi. Y a un type qui va t'écrire. C'est un élève du cours que j'ai un peu fait pleurer la première semaine (par mon dédain) et à qui j'ai voulu prouver mon intérêt (amour) en transgressant ta consigne concernant ton texte, je lui ai fait lire. Il en a travaillé un extrait (passage sur les backrooms, plan cul, etc.) en chanson de comédie musicale, en plus. (Et c'est très, très bien...) Voilà, désolé (mais il sait que ça ne doit pas aller plus loin). Il veut t'écrire, le jeune poulain. Je lui ai dit qu'avant ça j'allais me dénoncer. il m'a dit de ne pas trop en dire non plus (sur lui). Alors je te redis juste ce que j'avais déjà écrit, pas plus : "Romain, c’est lui qui était un peu perdu aujourd’hui, mais, enfin, ça devrait s’arranger. Il comprendra (il a compris déjà) que je ne le délaisse pas. Qu’il soit homosexuel n’est pas son problème, mais le mien, et, ce qu’il a compris, j’espère, je crois, c’est que, surtout, ce n’est même pas le mien non plus. Il a tout à fait le droit d’être une star, eh bien, qu’il le soit ! Je suis tout à fait d’accord pour que ce ne soit que la seule solution et je l’aiderai à la trouver. Il la trouvera partout, sous les pas d’un cheval… Eh bien, qu’il se jette dans l’arène, sur la piazza del Campo, qu’il montre, le jeune prince, ces capacités d’amour et d’adresse et qu’il déchire les cœurs des filles et des garçons, sa vie privée ne nous intéresse pas – est-ce que j’en ai, moi, de vie privée ?" Ton texte et cette petite note ont servi à rattraper le coup (ses larmes...) Il joue Orlando aussi... Bises


C'est bien de se dénoncer. Tu me fais sourire. (Tendresse pour celui qui n'a pas de vie privée mais seulement une vie intérieure.)
Tant que tu ne publies pas d'extraits de mon texte ça va, chez Gallimard ils ont bien insisté là dessus, désormais le texte est à eux, ils ne veulent pas de fuites avant parution (en janvier ou février 2012) : « EMBARGO », ont-ils dit !
Je t'embrasse,
j'espère que la belle Jeanne va répondre !

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Hello

« Vouloir dire à une femme, couchée là, attendant, attentive à elle-même, s’adonnant les yeux fermés « au plaisir » : « Hello, c’est moi, ce n’est pas une queue ! » »

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Isaac


Photo François Stemmer. Nathan Bernat.

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