Friday, May 20, 2011

Antonija is back !

Il reste des places au stage de Pontempeyrat du 30 mai au 18 juin (possibilité de ne faire qu’une ou deux semaines). Faire un stage avec moi, ce n’est pas ça l’exceptionnel (j’en donne tout le temps). Mais je dois prévenir que s’est inscrite l’artiste la plus insensée que j’ai jamais rencontrée, heu, je veux dire, sensée, qui fait les plus beaux spectacles du monde – et faire un stage avec elle, en sa compagnie, je conseille, là, de tuer (au besoin) femme et enfants (ou homme et enfants) : Antonija Livingstone.



(Cliquer sur le titre pour les renseignements.)

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Antonija is back !

Mon cher Yves-Noël Genod,



« come, come, whoever you are.
wanderer, worshipper, lover of leaving-it doesnt matter,
ours is not a caravan of despair
come, even if you have broken your (golden bough ) a hundred times,
come, come again, come. »



I simply wonder if our time has come.
After many midnights and maybes, and some years now !!
my love for you has not lost its shininess,
it still has a lot of shininess. A fluorescent gray.


X,
Antonija Livingstone

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Comme si tout à coup jouer n'était vraiment qu'un jeu d'enfant

Lettre à Yves-Noël Genod

Bonjour,

Je suis comme l'indique mon C.V une actrice ayant, par la force des choses, développé d'autres activités, je suis donc une fille polyvalente et une actrice qui ne joue pas beaucoup...
Je n'ai fait que très peu de démarches pour travailler en tant qu'actrice avec d'autres compagnies en dehors de la mienne et également très peu de stages ou formations complémentaires...
Et ceci parce qu'il y a eu un long moment où je ne le voulais pas, par orgueil, par peur, par fragilité et aussi par foi et enthousiasme...
Les seuls auxquels j'ai entrepris de postuler sont des stages qui étaient orchestrés par une personne qui m'interpellait particulièrement (Michel Fau, Jean-Michel Rabeux) et qui ont eu chez moi un effet et un impact considérables quand à l'ouverture et la disponibilité dont vous parlez...
Alors voilà, je suis venue vous voir cet été à Avignon où vous jouiez lisiez disiez l'histoire de Vénus et d'Adonis, et votre manière d'appréhender le texte le public la scène m'a laissée perplexe, comme si tout à coup jouer n'était vraiment qu'un jeu d'enfant... et qu'à ce moment précis le monde vous appartenait... et c'était jubilatoire, beau, délicat, brillant, drôle (forcément) et traversant... Tout ce qu'il fallait selon moi qu'il existe sur un plateau et qui me semble insurmontable y était...
Vous avez choisi ma main, ce jour-là, et comme je suis une fille qui croit aux signes, hé bien, quand mon amie Cécile m'a parlé de cette formation à Pontempeyrat je me suis dit que j'avais, à l'heure actuelle, grand besoin de vous rencontrer et d'aller me mouiller un peu avec de nouveaux inconnus sur ce terrain miné qu'est la scène...
L'envie de jouer me tenaille, de jouer vraiment, d'oublier le temps, de laisser resurgir l'enfant qui attend patiemment, de m'enfoncer là où je ne sais pas, de me dévoiler à moi-même et aux autres, l'envie d'apprendre des autres en jouant avec eux ou en les regardant, de me mettre à nouveau en danger même si au fond l'idée me terrifie et de croire pour quelques semaines, quelques jours, quelques heures, que ma vie a un sens et que je n'ai pas entrepris tout ce que j'ai décidé pour rien... et que je suis encore une actrice tout simplement...
Voilà pas vraiment grand chose d'autre, je crois que j'ai exprimé l'essentiel des raisons pour lesquelles j'ai envie de participer, elles ne sont pas très nombreuses mais elles sont de taille (vu mon gabarit elle occupent de la place) et j'espère qu'elles vous suffiront..
A bientôt peut-être.

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Shakespeare avec qui j’entretiens une histoire

Le désir de participer au stage « Jouer Dieu » est né d’une rencontre, celle avec Yves-Noël Genod en juin 2010. Alors en résidence avec Les quatre jumelles, de Copi, nous étions à un moment critique du travail, coincées, liées et pressées par le doute. Nous avions eu alors un très bel échange avec Yves-Noël autour de la possibilité de parler de nous, de notre expérience et de nos problématiques personnelles. Cette dimension nous a accompagné sur toute la suite du travail. Ce qui représentait pour nous des obstacles quasi insurmontables sont devenus peu à peu nos moteurs de création. En des temps où le virtuel et la désincarnation ne cessent de gagner du terrain, j’ai ressenti la réelle nécessité de réfléchir à la présence de l’acteur en ce qu’il possède d’étonnamment vibrant et personnel.
Si aujourd’hui je souhaite participer à ce stage durant la semaine du 13 juin, c’est dans un premier temps parce que je souhaite éprouver à nouveau cette expérience du « moi-source ». Je ressens de plus en plus ce besoin de mettre en chantier et d’interroger ce « être-monde », de me risquer au vertige de l’incommensurable.
J’envisage cette semaine comme un travail de recherche et d’expérimentation supranaturelle abordant l’essentiel de l’art théâtral : le jeu. De plus, n’ayant pas joué depuis environ une année, ce stage représenterait pour moi une belle manière de revenir au jeu, dans un lieu qui m’est précieux : l’Hostellerie de Pontempeyrat, endroit où il est possible de tester et de se tromper, tout en s’affranchissant des contingences du quotidien.
Enfin, sachez que je suis capable de m’intégrer à un groupe et apprécie le travail en collectif. De part mes études de Lettres Modernes et d’Arts du Spectacle, je suis en mesure de pouvoir attester d’une certaine familiarité avec les grands textes du répertoire, tout particulièrement avec ceux de Shakespeare avec qui j’entretiens une histoire quasi obsessionnelle depuis maintenant plusieurs années.
Dans l’espoir d’une prochaine rencontre,
Bien cordialement,

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Ne plus penser ni à apprendre ni à bien respirer ni se placer en son centre

Objet : Candidature au stage « Jouer Dieu »


Madame, Monsieur,


Admirative du travail d'Yves Noël Genod, je souhaite être guidée par son amour du théâtre qu'il transmet avec tant de générosité et de virtuosité. J'aime être sur scène, j'aime le théâtre, je voudrais pouvoir tout jouer... Pour avoir déjà fait un stage avec cet acteur-metteur en scène cet hiver, à Lausanne, je sais qu'il rend la chose réalisable, qu'il donne la possibilité à chacun de donner tout son être pour laisser apparaître des formes, des histoires, des textes splendides. La liberté, la simplicité, le vrai...sont, selon moi, les caractères les plus difficiles à toucher sur une scène de théâtre. S'oublier et être, ne plus penser ni à apprendre ni à bien respirer ni se placer en son centre ; cela se fait tout seul, parfois, et cela ouvre tellement de portes ! Avec Yves Noël Genod, ce qui est dit en introduction des journées, ce qu'il nous pousse à lire et que l'on apprend malgré tout, ce qui se fait sur le plateau laisse place à la beauté du réel, comme par magie. Ce serait une chance de pouvoir observer, de plus près, cette fabuleuse alchimie et d'en envisager l'infini.



Depuis longtemps on me parle de l'Hostellerie de Pontempeyrat, et je suis curieuse de voir ce lieu. Ayant soif de faire de fortes rencontres artistiques et-donc humaines, je sens que le mois de juin, l'endroit et le sujet du stage sont de parfaites conditions pour voir naître de riches échanges.

Attendant beaucoup de cette formation, j'espère que ma candidature retiendra votre attention. Veuillez donc croire, Madame, Monsieur, en ma sincère considération

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Jolie phrase

« (…) On s'est régalé des propositions shakespeariennes et aériennes de Yves Noël Genod, personnalité inclassable cultivant la poésie comme un art de vivre et pratiquant le plateau, verbe et corps entremêlés, avec une générosité délicieuse. (…) » Marie Plantin, Premiere.fr

Une « lettre de motivation »

J'aimerais écrire une lettre d'amour à mon mari, lui qui me dévoile petit à petit ses cartes du monde. Mais me voilà dans le train entre Marrakech et Rabat me disant c'est maintenant que tu dois écrire ta lettre de motivation. Motivée ? Je le suis. Il ne suffit pas d'être, il faut dire : Cher Yves-Noël qui ne me connais pas, je suis motivée. On m'a beaucoup parlé de toi, blah blah blah, notamment mon ami Vincent Deslandres... J'ai vu ton spectacle sur Barbara et j'ai beaucoup aimé, blah blah blah... Tu es impressionnant dans l'être-là ; l'air de rien mais aussi pertinent que la flèche lorsqu'elle touchait la cible dans le cours de tir à l'arc. Un état de jeu et de je entre ciel et terre , entre les dieux vivants et la mort, le sourire complice des vieux sages et des vieux singes, d'eux-mêmes, lucides et dupes à la fois. Un jeu si subtil qu'il est invisible, un mouvement à chaque instant si proche de l'arrêt, blah blah... Ça m'a rappelé mon pote Frank des TG Stan dans ses plus beaux moments. Je sens que je peux peut-être apprendre de toi quelque chose d'essentielle à mon parcours, blah... J'arriverai à 21h à Rabat. Demain, à 8h, je reprends le train, cette fois pour Casa, puis l'avion pour Lyon puis la voiture pour Lons-le-Saunier. Une fois j'accompagnais mon mari pour qu'il aille prendre son train pour Amsterdam en gare du Nord. Après lui avoir dit au revoir, je remontais le quai l'air tranquille mais avec l'urgence de trouver une activité qui allait me faire oublier ma tristesse. Je croise alors Jeanne Balibar, courant, un long manteau ouvert volait derrière elle, elle avait failli rater le départ. Elle était belle. Elle était là l'autre soir à Barbara, belle encore. Le soleil se couche. Je regarde les vaches marocaines. Pontempeyrat, la nature, la caravane, les grandes tablées, le groupe, j'espère que je me ferai des amis si blahblahblah... C'est la banlieue de Casablanca, maintenant. Des centaines de paraboles sur les toits. On a tous les mêmes rêves. Un gros caillou lancé de l'extérieur vient de percuter la vitre dans le couloir du train devant mon compartiment. Toute la vitre s'est ridée d'un seul coup. Je reste un moment perplexe. La vitre brille en mille morceaux de lumière, comme la mousse derrière laquelle je devinais le visage de F. qui dormait dans son bain hier soir. J'aimerais donner pendant une seconde une sensation de non-solitude. J'aimerais donner pendant une seconde un sentiment d'apaisement. J'aimerais avoir plus de certitudes et d’acuité sur ce que j'aime. J'aimerais avoir de nouveaux concepts pour dire ce que j'aime. Il fait nuit maintenant. Je pense à la personne qui a jeté la pierre sur la vitre. Ennui ? Chômage ? Pauvreté ? Libido inutilisée ? La fenêtre est belle ainsi mais je n'aime pas cette beauté, toujours ma névrose de l'innocence.






Merci pour votre si belle lettre que je ne lis qu'à l'instant !

A bientôt, je me réjouis !

Yves-Noël

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Berliner Ensemble (ou Avignon avec Jean Vilar)


Photo Anne Baudoux.

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« Rebâtissons, ami, ce château périssable »

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Roméo, ce con

Je crains pour l’avenir du théâtre. Je l’ressens avec les élèves. Ça nous plaît d’aller au Berliner Ensemble, ça nous plaît d’aller à la Kantine du Berliner Ensemble, ça nous plaît d’aller sous les arbres de la Kantine du Berliner Ensemble, mais, dès qu’on se retrouve assis dans les velours rouges du Berliner Ensemble avant que la représentation ne commence, une immense fatiguennui nous saisit. Comment peut-on encore aller au théâtre ? On sait d’avance qu’on va se faire chier – déjà s’asseoir les uns derrière les autres dans une salle d’un autre temps, c’est, pour la jeunesse, d’un ennui terrible. Je disais à Sarah avec qui j’étais resté le dernier à partir du loft que je me préparais une fois de plus à aller m’endormir au théâtre (nous sommes fatigués), que c’était tout de même bien malheureux, mais elle me disait : « Moi, c’est tout le temps comme ça, je suis une très mauvaise spectatrice. » Présentement, je suis assis à côté de Nathan qui se demande par intermittence ce que je peux bien écrire dans mon carnet. Il regrette de n’être pas assis à côté de Karine. Je lui dis (et donc je l’écris) qu’il peut me peloter, s’il veut, comme il aurait peloté Karine (qu’on aperçoit en effet dans une loge en face), que je ne le dirai pas à sa mère – mais nous allons tout deux probablement nous endormir, oui, nous le savons tous les deux, nous ne nous attirons pas tant que ça, malgré notre très grande sympathie – le noir se fait. Le problème, c’est ça, le problème, c'est pas les acteurs (on en trouvera toujours), c'est les spectateurs. On ne va pas pouvoir encore demander longtemps à des gens de s'endormir au théâtre ! Même dans les velours anciens, on est mal assis, on est coincé. On ne peut pas coincer les gens comme ça ! Krzysztof Warlikowski se plaint souvent de cet état des choses, que les gens les plus intéressants, il les rencontre en boîte, jamais à ses mises en scène pour vieillards presque déjà morts. Je le ressens avec les élèves de cette école : on ne peut pas leur promettre un avenir de théâtre, mon Dieu ! Mon Dieu, faites du cinéma ! Faites au moins du cinéma... (Jeanne Balibar a dit cet après-midi que le cinéma était du « théâtre accéléré ».) La pièce que nous faisons fait 1h35mn, mais je vois bien qu’ils ont du mal à tenir cette durée – et alors, si eux ont du mal, comment demander aux spectateurs, eux, de la tenir ? Pauvres chéris, on aimerait inventer un art à leur hauteur, à leur performance, un art fait de musique et de dessin animé (et ce n’est pas péjoratif ce que je dis – les plus grands artistes sont certainement là – et j’en connais). On parle beaucoup de DSK. Chaque jour, je m’amène devant les gamins en mimant que j’ai les menottes. Ce matin, Marina était toute nue au petit-déjeuner et, comme je m’approchais, elle a hurlé : « Prenez des photos, on va mettre Yvno en taule ! » DSK est devenu un héros. Il n’était qu’un présidentiable, il est devenu un héros (idem la femme de ménage élevée à un rang planétaire). Il y a une histoire qui circule sur Internet que j’aime beaucoup, une version possible de ce qui a pu se passer. DSK avait commandé une escort girl, à midi, habillée en femme de ménage (parce qu’il aime bien ça) et résistante (pour qu’il ait l'impression de forcer le passage, c’est excitant) et, pour une raison ou une autre, l’escort ne s’est pas présentée et, par le plus grand des hasards, c’est une vraie femme de ménage qui s’est retrouvée là au même horaire. Il la prise pour la pute. J’aime beaucoup cette histoire parce que c’est un scénario de Woody Allen (cette possibilité). Sinon autres remarques : Simon en a marre d’être pris pour le père de l’enfant quand il se promène avec Ambre en ville. Romain est très bon en résolution de contrepèteries. Il a trouvé en un tour de main : « Elle revient de la ferme pleine d’espoir jusqu’au pont du Jura », « La cabine 13 », « Mon père, voici la bannière demandée » et… zut ! j’ai oublié la dernière. Je suis sorti et les couloirs vides du Berliner Ensemble étaient de nouveau merveilleux. Et, merveille, cela continuait. La pièce était diffusée au-dehors par des speakers parmi les oiseaux (au-dessus des affiches). J’avais le livre de Gérard de Nerval avec moi, j’avais tout, j’avais la vie, que le théâtre aille à sa perte, c’est la seule solution. S’approcher, tourner autour des théâtres, ne jamais y entrer. Et le monde sera bien gardé. Le projecteur du soleil qui tape en plein dans l'mille quand on ouvre la porte. Une pluie indistincte. De grosses gouttes qui échappent à tout contrôle, à toute phobie. Duncan était particulièrement bon, ce matin. Il a des déboires sentimentaux. Il a vomi toute la nuit. Il était comme prostré et désespéré – avec la chaleur du désespoir. Mais le fait est qu’il était bon – les rives bienveillantes du « show must go on ». Tout le groupe l’entoure avec tendresse. On a pitié de lui. Mais on est ému qu’il soit si bon en jouant, quand il nous parle, par exemple, du Masque de la Mort rouge. Il est sorti plusieurs fois de scène pour vomir encore (comme s’il avait encore qqch à vomir…) Marina en a fait, en espagnol, une scène à la Almodovar. Une scène parfaite. Il nous manque maintenant du public. Il faut faire venir le public. Il faut que ces gosses jouent et, jouer, c’est avec le public.

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Etouffant paysage



On doit faire publicité
de tout – et dans l’air
frais, plane le pollen –
C’est de la neige mystérieuse,
c’est de la neige miraculeuse
Elle parle et dit comme
de la neige, elle mange
et chie comme de la neige

Passent les vents et les marées,
mille fois perdu retrouvé
Toute la ville passe en un
seul jour

Les trajectoires sont dérisoires,
multiples inatteignables.
mais comme à la campagne
Les neiges des flocons passent
et disent : Nous venons du bon
Et si nous nous posons sur toi
nous ne mouillerons pas.

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Attente de rien

« C’était le printemps et les arbres volaient vers leurs oiseaux. »

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