Tuesday, August 02, 2011

Souffrance de frottement

« Je fais triompher la poésie à l’intérieur même du roman. »

(La seule chose qui m’intéresse – vraiment – c’est – vraiment – de faire triompher la poésie à l’intérieur même du théâtre.)

« Il y a une idée reçue répandue chez les éditeurs qui est que l’intelligence gêne. C’est faux. L’intelligence ne gêne pas. Mais il faut qu’il y ait qqch de plus fort que l’intelligence. Il faut que l’intelligence perde. Il faut que le projet perde, il faut que l’intelligence perde. »

« S’il y a des romanciers futurs qui m’écoutent, là – il faut jamais, jamais oublier que le lecteur fait cinquante pour cent exactement du travail. Quand il rencontre un livre, un cerveau de lecteur, le lecteur fait cinquante pour cent. C’est la chose la plus importante à savoir. »

Sollers : « Mon image, c’est mon cadavre. »

Flaubert : « L’art est du temps pris à la vie. »

« J’ai du mal à m’imaginer un artiste qui serait pleinement à l’aise avec le monde, quand même. C’est plutôt une espèce de trait psychologique commun aux artistes. »

« C’est vrai que ce qu’il y a de plus rare au monde, c’est une philosophie neuve. »

« Le romancier peut être disciple, mais il ne doit pas oublier qu’il reste un disciple. »

« Quand ma grand-mère est morte, bon, elle voulait être enterrée avec ses bijoux. Y a une espèce de con de l’hôpital qui : ouais, c’est pas légal, on va pas signer les registres. J’lai attrapé, j’ai commencé à l’secouer et il a dit ok parce qu’il a senti que j’étais prêt à aller jusqu’au bout, j’allais vraiment l’éclater. Je pensais que c’était quelque chose que j’étais pas capable de faire. »

Coetzee, Journal d’une année noire (Diary of a Bad Year).

« Au lieu d’essayer de faire une continuité narrative, on juxtapose. Ce qui vous vient, paf. »

« J’écris des paragraphes. Parfois longs. »

« Nous sommes en train de devenir des machines, mais le processus n’est pas fini. »

Labels:

Jean Biche au zoo (Rushes 1er avril)


Filmé par César Vayssié.

Labels:

« Elle vivait ailleurs, peut-être dans une autre chambre,
et seule son ombre répondait à mes questions et à mes appels. »

Labels:

Philippe est ivre (Rushes 1er avril)


Filmé par César Vayssié.

Labels:

Déperdition historique de la capacité à aimer

Le fond de la possession, avoir quand même un frère, avoir quand même une mère, un père, des neveux… Avoir quand même le luxe sous la lucarne – et les voix qu’on entend autour le long de la journée – avoir quand même… Aujourd’hui ma mère a perdu une dent. Juste devant. Je lui ai dit la phrase de Leslie Kaplan qu’avait remarquée Maurice Blanchot, tirée de L’Excès-l’usine : « Les femmes ont un merveilleux sourire édenté. » D’ailleurs, ça me fait penser, il faut que je la photographie ! Il fait beau, il fait chaud, la maison s’ouvre jusqu’à la mer. Les champs descendent – et remontent – de la plage à la plage. C’est comme une descente de lit, c’est un terrain frais, on regarde les pâquerettes, les boutons d’or avec sourire. Le vert aussi est reconnaissable. Que mes parents vivent avec névrose n’est pas si important. Je suis qui je suis. Je suis celui qui suis. (Comme disait l’autre.) Je serai où je serai. Tonton René, le frère de mon grand-père avait dit, quand il était petit et qu’on lui avait demandé qui il était : « Le fils à papa. » et où il habitait : « A la maison. » Ça va être dur de photographier ma mère. (Je reprends mon journal.) J’ai essayé tout à l’heure, à la lueur du crépuscule, pas question qu’elle ouvre la bouche. Elle ne comprend pas le sens du « merveilleux sourire édenté ». Pourtant c’est une merveille, c’est vrai, si elle est heureuse et si elle sourit avec cette incisive manquante. Une merveille. Je lui ai dit qu’elle était presque prête à être engagée dans un spectacle de moi – à condition qu’elle garde cette dent manquante. Mon père est illico aller chercher la couverture mitée qu’il conserve pour jouer à la place de Mathilde Monnier à Paris – c’est vrai, elle est parfaite et lui va comme un gant : on dirait du John Galliano. Ma mère est plus rétive, elle ne comprend pas, elle ne comprend pas comme la vie est. Idéale.

Labels:

?
Au téléphone, Marie-Anaïs et Aïssa m'ont dit, je crois bien, que j'aurais raison d'écrire à cette femme qui ne comprend rien à mon travail. (Il faut s'expliquer dans ce métier, j'ai l'habitude.)
Le temps voulu : le 28 juillet, je crois, le rattrapage du stage. Je suis désolé, mais, là, je suis en vacances – et j'en ai besoin – et je ne suis pas le seul !
Ça me paraît plus judicieux, donc, si vous voulez une réponse rapide, d'annuler ou de reporter ce stage.
Désolé pour vos efforts, j'en ai fait aussi beaucoup (et sans être payé non plus).
La prochaine fois, tenez-moi au courant de ce que vous faites. (Impression désagréable d'avoir à accepter des conditions qui ne m'ont pas été transmises.)
Mais tout cela n'est pas grave. Vous m'inviterez peut-être une autre fois – ou vous en inviterez d'autres.
Marseille-Revue, l'opérette marseillaise des origines à Nathalie Quintane, n'était pas vraiment le titre d'un « spectacle » ou d'un « produit fini », mais l' « ambiguïté » est partout, vous avez raison... Elle est même dans la nature (physique quantique) – dans le réel. Rien n'est une chose, tout est tout et, ça, ça s'appelle la vérité.
Un stage ou un spectacle, du moment qu'on le partage avec du public, c'est pareil. Je l'ai affirmé, depuis le premier stage que j'ai donné, à Aubervilliers (où nous réalisions un spectacle par jour) et j’ai ensuite donné de nombreux stages en l’affirmant.
C'est un règlement de compte entre cette personne de l'Afdass et le festival actOral, dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas, ça n'a pas de sens. Or, ce que je fais, moi, c'est que j'essaie de mettre du sens et de la bonté dans ce que je fais. Seulement ça : de la bonté, du sens, on va même appeler ça du réel.
L'administration qui a toujours été détestable (cause de suicide énoncée par Hamlet) est devenue épouvantable pendant la présidence de Nicolas Sarkozy. Elle broute l'absurdité comme une grosse vache obèse. Xavier Emmanuelli vient de démissionner, c'est tout à son honneur. Ça lui a peut-être évité le suicide.
C'est ce que j'aurais voulu dire à cette personne sous haute protection.
Je n'aime pas le ton de votre mail. Inutile de m'en envoyer d'autres, ils ne seront pas lus.



Yves-Noël



Vous pouvez le comprendre autrement : il aurait fallu que je me batte en plein mois d'août pour trouver des gens intéressants pour remplir le quota de l'Afdass, je n'en ai pas la force ni l'envie – à cause, vous avez raison, de l'ambiguïté.

Labels:

Tomb of Baudelaire

By Michael Palmer






At the end of the bridge is a state of prison. Then
it goes back into my throat drying my throat.

Miracle of Sicilian weeping. Bleeds in one of his many
dreams.

He announced that he was about to give a free ‘poetry
suicide’—a free ‘poultry recital.’ Everyone be-
lieved him.

_______


At the end of the bridge is a state of prison. A
voyage will hide itself in your heart, bleeding from the
left eye, the organ of sight. A voyage will hide
itself in someone unfamiliar like a heap of salt.
Mingled with the ordinary blueness would be waves of
foreheads shaped like cups.

She thought he could hear her.

To dance is to live.

_______


Calm and order of an autumn sky. At the end of a
bridge is the state of prison, voyage of eye and
throat full of the fear of night. Then all of winter
will enter like a red block, or like the calm and
order of an autumn sky.

139. Change of form. 139a. Change of colour.

122. Pitfalls. 136. Covers with a lid.

_______


It doesn’t matter what you say but how you say it. By
pronouncing the words they become different. It comes
from above (pointing to his head). Then it goes all
sorts of ways down. Then it goes back into my throat
drying my throat.

Tonight it’s a certainty that the President will resign
(‘a virtual certainty’).

After the party they drove back to her house where she
sucked him off while he spoke to someone on the tele-
phone about the possibility of a job.

_______


Plato’s warning against telling stories, mython
tina diēgeisthai
.

Or the certainty of the ten fingers and ten feet. You
laugh a lot because during the first phase someone
who has taken hasheesh is ‘gifted with a marvelous
comic sense’ which contains its own opposite like the
end of a bridge.

The verb divides us evenly into two objects.

_______


A pretty girl is like a melody.

You must be more confident now that you’ve won the
prize.

And if you listen. And if you listen hearing, if you
listen thought. I’ve been thinking about the whole
trouble about how I got lost in the woods. A man my-
self is lying in a house. Or alone among myself answering
a house. To be calm and voluptuous conjuring a house.
To be eligible for the house. If you listen image, if you
listen house. Ordinary calm and order of the house.
Coffee comma parentheses. Coffee parentheses order.
Coffee parentheses coffee. 131. Untrodden. 136. Covers
with a lid.

_______


137. Combination. 138. Arrangement.

Plato’s admonition against telling stories about
being, mython tina diēgeisthai.

Dear Apollinaire: We drove 500 miles to attend the
wedding of a relative. Our son was to be in the
bridal party. The wedding was to take place at 4 p.m.
on Saturday. On the Friday night before the wedding,
the bride and groom got into a fight and the groom
broke the bride’s nose so the wedding was canceled.
What do we do with the wedding gift we were
going to take to the church? Who pays for the
tuxedo our son rented for the occasion and never got
to wear? And how about the motel bill?

Lorenzo bleu (Rushes 1er avril)


Filmé par César Vayssié.

Labels:

« J’ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès. »

Labels:

Ultra merveilleux (Rushes 1er avril)


Filmé par César Vayssié.

Labels:

Dieu ne sait compter que jusqu’à un

Interview de Xavier Emmanuelli qui vient de démissionner d'un service (le Samu social) devenu insupportablement bureaucratique. J'ai loupé l'interview-papier dans « Charly-Hebdo » dont m'a parlé mon frère. (Cliquer sur le titre.)
Aïssa, j'ai vu que tu m'avais appelé, mais je n'ai pas pu écouter (ça passe mal). En ce moment, je décroche, je dois dire que j'en avais besoin – j'ai tellement souffert, ces derniers temps ! – en plus, je suis sous antibiotiques, ça me crève assez... Pour le stage, je ne sais pas encore si je le fais. Ce qui m'intéressait, c'était de la faire sérieusement, pas à la dernière minute, pas le faire pour le faire – et de trouver une vraie « distribution », pour un vrai projet, d'aller chercher les gens un à un s'il le fallait, mais pour faire qqch de très ambitieux – tout ça dans la logique que nous avions que ce soit présenté à actOral, bien entendu. Maintenant que le projet est amputé par la bêtise – et surtout par le manque de temps qu'il reste maintenant pour le préparer – cette période de vacances – c'est un peu difficile, pour moi, de savoir quoi faire. Laissons passer quelques jours... Je vais en Corse après la Bretagne, je rentre vers le 20... J'attends aussi la proposition d'Hubert (qui aurait ma priorité si c'était aux mêmes dates), il m'a dit qu'il souhaitait que je sois à actOral d'une manière ou d'une autre (il pense à une mise en espace d'un texte ou deux). J'ai demandé (à Marie-Anaïs et à Ophélie) le nom et l'adresse mail de la personne qui nous a foutu dans la merde à l'Afdass, j'ai deux-trois choses à lui dire...

YN

Labels:

Oui, je vais profiter du décrochement (en plus je suis sous antibiotiques à cause de cette maladie de Lyme, ça me crève un peu). Remettons à l'année prochaine, mais promis, on fera quelque chose ensemble ! Juin, je ne sais pas, je suis censé faire un truc au Rond-Point (annoncé, mais sans argent, alors, je dois dire que rien n'est moins sûr, j'en ai ma claque...), mais on fera ! La grotte est géniale. Faudrait passer au moins une semaine sur place, quand même. Pour faire correctement les choses (même légères) – et il faut de la voix chantée – ou même aussi un instrument (un violon, par exemple...) Ici (en Bretagne), j'écoute de la harpe celtique – qu'est-ce que c'est beau ! De la musique avant toute chose... (C'est pas de moi, ça.)
Je t'embrasse, très cher

Yvno

La serre en septembre-octobre, pourquoi pas si jamais il me venait une idée... Il faudrait une idée qui supporte la pluie sur la serre, c'est ça aussi...

Labels:

Le Désespoir

Jean Biche
T'embrasse fort, grande !
Je te lis beaucoup en ce moment pour essayer de savoir où tu en es, mais j'ai du mal à me faire une idée sur la situation (toi aussi, peut-être). Enfin, tant qu'il y a des planches, y a de l'espoir !

Ho, c'est émouvant, les vidéos des notes ! Dis-moi, tu m'enverrais pas une vidéo de ma scène sur la chaise un de ces jours ? Et tu sais si César accepterait que je poste moi-même certains rushes sur mon nouveau site ? Je voudrais faire une page spéciale sur la pièce, avec de la musique, des images, et du mouvement aussi (ça s'impose).

Ta petite Biche
(qui a fait des screen tests atroces le week-end dernier, si tu voyais comment j'étais gauche et indécise, bouuuh)

xx







Yves-Noël Genod
Mais, oui, bien sûr, je pense (mais pas assez fort, visiblement) à tout t'envoyer (par la poste, alors). Là, je suis en Bretagne, alors ça va encore attendre. Je suis sûr que tu en feras des merveilles - no problem with César qui est délicieux... Faudrait récupérer les enregistrements console de Benoît (en particulier de Balibar). En ce moment, je décroche... Si tu savais comme ça me fait du bien ! ILS - oui, ILS - m'ont tellement fait chier, ces derniers temps ! Alors je me tourne vers Dieu – et comme dit Cioran : « Dieu est un désespoir qui commence là où finissent tous les autres. » Donc ça va ! Pense souvent à toi, darling...

Labels: