Sunday, November 13, 2011

« C'est dingue comme, la renommée, ça attire comme nana... »





















Philippe Tlokinski et Felix M. Ott.

Nous avons échoué sur cette île au drôle de nom, La Réunion, échoué est le mot car comment dire autrement l'impression d'être déversé en une nuit d'un pays de saison en territoire brûlé. Charles Baudelaire, je l'apprends, a voyagé là à l'âge de vingt ans, mais ça prenait alors l'aspect d'un vrai voyage... Les impressions sont mélangées, j'ai un spectacle à Paris à préparer, j'ai un spectacle ici à jouer et, en plus, il y a cette impression de vacances (ou de paradis) qui ne demande qu'à s'émanciper... Personne n'y comprend rien et c'est le monde moderne. La vitesse. Maintenant, je traîne encore car la terrasse est si belle. Elle domine Saint-Denis très, très calme et la mer. Tout le monde doit dormir. Un chien aboie. La lune, l'immense tout noir et plein et joyeux. Le volcan dont on ne sait rien... Maintenant, une cataracte ! C'est la piscine derrière moi qui s'est remise en activité. Je supprimerais la piscine. Vais rejoindre ma chambre où je lirai Baudelaire (La Vie antérieure, Parfum exotique, La Belle Dorothée...) et Houellebecq (son frère), Plateforme. Il y a un décalage horaire. De trois heures. Chez vous il est 22:10. Ici, déjà 1 heure.

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DANN SON BOUSHE LE MO I DANSE




L'une des meilleures présentations qu'on ait faite de mon travail est en créole ! C'est Pascal Montrouge, l'un des deux charmants directeurs qui nous reçoient qui s'amuse à ça dans le programme du festival.



DANN SON BOUSHE LE MO I DANSE, LE VERBE I KLAK ; SON ZISTOIR I PASSE DANN NOUT ZORÈY KOM L’ALIZÉ. ÉPILA N’I RÈST LA, KOM PTI MARMAYE APO ÉKOUTE ALI.



(Malheureusement l'acoustique de la salle est une catastrophe... Ça va être dur de faire de l'alizé... On va voir demain.)

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Edouard Baer m’a regardé. Saint-Eustache. S’il n’avait pas été attiré par moi, je ne l’aurais pas remarqué. Il a l’air en meilleure forme que moi, plus riche, thalasso… J’aime bien Edouard Baer. Il avait des sacs FNAC à la main. J’y allais.

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L’Erotisme

Une fille mangeant
de la choucroute,
une blonde mangeant
de la choucroute,
une pute mangeant
de la choucroute
à L’Européen au
comptoir de laiton

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« A une Malabaraise

Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et la hanche
Est large à faire envie à la plus belle blanche ;
A l'artiste pensif ton corps est doux et cher ;
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.
Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t'a fait naître,
Ta tâche est d'allumer la pipe de ton maître,
De pourvoir les flacons d'eaux fraîches et d'odeurs,
De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,
Et, dès que le matin fait chanter les platanes,
D'acheter au bazar ananas et bananes.
Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus,
Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ;
Et quand descend le soir au manteau d'écarlate,
Tu poses doucement ton corps sur une natte,
Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,
Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.
Pourquoi, l'heureuse enfant, veux-tu voir notre France,
Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,
Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,
Faire de grands adieux à tes chers tamarins ?
Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,
Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,
Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,
Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs,
Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges
Et vendre le parfum de tes charmes étranges,
L'œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,
Des cocotiers absents les fantômes épars ! »

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Son frère Fred

Il y a, plus on s’avançait,
plus le retour vers le pays.
(Puisque le temps allait
à l’envers)
(dans le sens ou à l’inverse
des aiguilles d’une montre)

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« La littérature est un mille-feuille : on ne va pas s’amuser à décortiquer chaque couche du gâteau au moment de s’empiffrer. »

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Bienvenue à La Réunion






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Ce qu’écrivent les autres




Bon, ben, voilà, ça me donne envie d’écrire, de vous écrire. J’ai tant à dire, je n’ai pas le temps. De rien. Ici, un développement (déjà écrit dans un carnet) sur le fait que, quand on vit (bien), on n’écrit pas. Rien de nouveau, mais enfin, une chose ressentie, vécue. On n’écrit pas quand la vie est pleine. Bon. Je suis bourré. Je suis dans l’avion. Vol de nuit. Je vais à La Réunion. Pour jouer un spectacle dont je ne sais rien encore, simplement le nom, c’est moi qui l’ai choisi : Réunion des scènes infinie (c’est extrait d’un poème d’Arthur Rimbaud). Autre chose que je sais sur le spectacle : j’amène avec moi un éclairagiste : Felix M. Ott et un sondier : Philippe Tlokinski. Qu’ils sont mignons ! Des chatons… De jeunes acteurs très beaux qui aiment, baisent, ont un fan club, des filles à leur pied, etc. et que ça amusait de venir à La Réunion faire du son et de la lumière (et accessoirement – c’est le mot ! – jouer). Je les ai engueulés sec, les chatons, parce qu’ils n’ont pas réussi à se libérer pour Paris ! Si j’étais leur agent… Paris (le dire à l’anglaise), c’est quand même plus important que La Réunion. Nom de Dieu ! Paris ! Mais non, les pauvres gars, savent pas gérer leur carrière… L’un fait des séries en Pologne (d’où le fan club), l’autre décroche des bourses de la communauté européenne pour faire ses propres projets… Savent pas gérer leur carrière…

Vous me permettez d’écrire sans recopier mon carnet ? Il y a plein de choses formidables dans mon carnet, mais, là, je suis bourré, je vais pas me mettre à recopier, quand même ! Je suis bourré parce que (mieux dit dans mon carnet), j’ai tout mangé et tout bu. Maintenant j’ai mal au ventre… Ce qu’il y a de terrible avec ces régimes stupides qu’on me fait suivre, sans sucre, sans gluten, sans laitage (SANS FRANCE), ce qu’il se passe, c’est que, par exemple dans l’avion, la bouffe dégueulasse qu’on nous propose, je la dévore comme du caviar, le délicieux pain dégueulasse, le beurre délicieux dégueulasse, le camembert – figurez-vous – ça date de quand mon dernier camembert ? – Sans compter les alcools, apéritifs, vins oiseux, les semoules délicieuses dégueulasses, les viandes industrielles, les tartelettes, etc. La nourriture est un poison, qu’importe ! Je lis dans « Le Monde » qu’on a trouvé le moyen de vivre éternellement (ou presque). Oh, le goût, le goût du sale calendos, du litron, du dessert, je suis un sacré réac', moi !

Allez, je retourne à mes lectures. Je lis Plateforme, de Michel Houellebecq. C’est pas le tout d’écrire, il faut aussi lire (ce qu’écrivent les autres).

(Des nouvelles, bientôt, je promets de m’ennuyer…)

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