Sunday, January 01, 2012

Balancement des marées




« Les palétuviers sont des arbres ou arbustes tropicaux appartenant à diverses espèces d'angiospermes, capables de prospérer le long des rivages marins dans la zone de balancement des marées.

Ils supportent l'ennoiement régulier de leur base dans l'eau salée, vivent en colonies et forment de véritables forêts amphibies souvent très denses appelées mangroves. Les palétuviers ne peuvent néanmoins pas pousser sur les milieux sursalés (dit « tannes », ou le sel concentré par l'évaporation s'est accumulé en excès), sauf après lessivage du sel excédentaire qui s'est accumulé dans ces poches.

Pour s'adapter à la forte salinité et à la faible oxygénation du substrat marin, la plupart ont développé des systèmes de racines aériennes. La forme la plus caractéristique est celles des échasses qui permet aux arbres de vivre sur de véritables pilotis.

Par ailleurs ils ont généralement adopté la viviparité pour se propager : les graines, plutôt que de risquer d'être noyées ou asphyxiées, germent sur l'arbre et ce sont de jeunes plantules qui se détachent de l'arbre-mère pour se ficher directement dans la vase. »

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Pour finir, il avait dessiné une barque vide, sans personne




Quelle santé fragile… je suis de nouveau malade. Fiévreux. Et, en même temps, fiévreux, sous les tropiques, ça paraît logique (je l’ai lu dans des livres). Le visage me brûle comme si, je ne sais pas, j’avais pris le soleil ou le grand air… Aujourd’hui, certains sont partis déjà. On les rejoindra demain dans une maison de campagne près de Mexico, celle de Manou, qu’il a dessinée lui-même, il paraît que c’est très beau (si j'en crois les cris de folle de Camille quand Manou lui en a montré les photos). Manou a aussi dessiné un club, à Mexico, très « sélect ». Ce n’est d’ailleurs pas le mot employé, plutôt « hipster ». Il projette aussi un hôtel, ça, j’ai vu, c’est assez magnifique, c’est vrai. Il a des clients dans le monde entier. Sa méthode : quand il a envie de faire qqch, il dessine et cherche ensuite qui ça pourrait intéresser. Vous voulez pas un hôtel de luxe face au Pacifique ? Probablement une question de réseau. Manou mangeait en face de Florent Pagny au mariage de Philippe Stark, pour situer. Manou descendait le Nil sur le bateau de son amant (je ne sais plus le nom, goélette ?), douze hommes d’équipage, pour situer. Alors, l’hôtel de luxe, c’est tout ce qu’il y a de plus cool, ça ressemble au ranch de Tom Ford (dessiné par Tadao Ando)… Un chemin de ronde... Assez précolombien…

Aujourd’hui, comme il a plu toute la rivière, on y est allé, plutôt que sur la plage. On a repris le bateau, avec le même chauffeur malicieux. Il a des lunettes d’un bleu hype qui lui cachent les yeux, mais on sent néanmoins très bien quand il s’amuse. Il adore faire du slalom avec le bateau pour nous faire crier. Il en abuse un peu. A la fin de la journée, ça ne fait plus rire personne. Mais lui, si, je le vérifie, derrière ses lunettes de star à Courchevel, je vois bien qu’il se marre. Il pourrait le faire toute sa vie, ça le fera toujours rire. Les chiens aussi, je m’émerveille comme ils arrivent toujours à s’occuper. Beaucoup de leur passion de vie vient de l’odorat. Ça. Pour moi. Je peux pas trop en parler. J’imagine. J’imagine ce qu’il se passe quand le chien (mon préféré, celui avec les oreilles pendantes) remue les narines. Quoi ? Une odeur très lointaine ? Dieu, peut-être ? Hier soir, au réveillon, « le chien » est resté longtemps à tourner autour de sa truffe. François et moi, on avait essayé de lui faire boire de la margarita. Kader est intervenu sinon, moi, je ne voyais pas le problème.

Le chauffeur a proposé qu’on plonge dans le fleuve, il y avait un arbre qui le traversait, à un certain endroit. Bon, personne n’était très chaud, puis finalement François puis Christian se sont dévoués. J’ai emboîté le pas. Je le fais un peu parce que je suis le héros d’une bande dessinée, enfin, plutôt de dessins séparés, mais qui pourraient donner lieu à une bande dessinée, tout le monde remarque (Etienne Chambaud, par exemple) à quel point je suis un bon personnage – sous le trait de François. (C’est vrai, ça me flatte beaucoup, entre le Grand Duduche, La Femme Assise…) D’abord, il fallait monter sur le tronc, ça glissait vraiment. C’était un peu embêtant, tout le monde qui regardait et filmait. Puis se jeter, ça, ça allait, puis s’accrocher aux plantes flottantes, ça, c’était bien, nager, il y avait beaucoup de courant, c’était merveilleux d’être dans un fleuve en Amazonie… Euh, pas tout à fait… Je suis allé sur une berge. Ça qui est étonnant ici : la Normandie. La Normandie tropicale. Tout est différent et tout est pareil. Une autre planète étrange que l’on reconnaît, mais dont on ne connaît pas les dangers. Tout est un peu différent. Cet arbre où vont sûrement s’abriter les vaches porte des fruits si étranges… En même temps, tellement d’eau, des images à la Tarkovski. Très, très beau. Tous ces pélicans, ces hérons, ces martins-pêcheurs, ces cormorans (les « canards-plongeurs ») et ces petits oiseaux que l’on nomme en anglais « sandpipers » (qui courent très vite sur la plage). Il y a aussi des sortes de poules d’eau que l’on nomme les « p’tites veuves » – comme la veuve noire, l’araignée, dit le chauffeur. Les palétuviers tellement expressifs, on dirait qu’ils veulent nous dire qqch… Bref, quand je suis remonté dans le bateau, j’étais couvert de cloques.

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Le 31


Dessin de François Olislaeger.

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Le Génie de ma grand-mère




François est très intelligent. Au niveau de l’esprit. Du cerveau. Constamment à jouer sur le sens profond des phrases. Il invente des jeux de mots, d’une manière intuitive, à la seconde. François est constamment à s’entraîner pour son travail. Son travail rémunéré, c’est le dessin de presse, la bande dessinée. Alors les jeux de mots, les jeux de situation et – pour la couleur – les aquarelles, les gouaches. Je m’étonnais, pendant le long voyage d’une journée depuis Mexico (qui me rappelait celui d’India Song, de Calcutta dans le delta du Gange, les îles), je m’étonnais de voir constamment du linge qui séchait, était-ce jour de lessive ? tout ce linge qui sèche. François entendait : « singe qui lèche ». Un arbre avec des épines sur le tronc, François entendait : « des étrons sur la pine ». J’en passe et des meilleures. Ce sont des contrepèteries. L’album de la comtesse. Je crois que c’est François qui a d’ailleurs rappelé que Freud (était-ce Freud ?) considérait le jeu de mot comme un « pet de l’esprit »… Une partie de l’équipe faisait tout à l’heure du wakeboard et Etienne Chamzrxzbaud qui est un artiste à la mode était souvent à l’eau. « Chamzrxzbaud est à l’eau ce que la margarine est à l’huile. » Cela ne voulait rien dire, mais c’était bien plaisant. Comme je sortais mon carnet, François me souffla une variation : « Chamzrxzbaud est à l’eau ce que la sardine est à l’huile. » (Mais comme toujours la première version est la bonne.) Etienne Chamzrxzbaud est un artiste très à la mode, c’est ainsi qu’il a été présenté (à plusieurs reprises), en tout cas. Il expose partout dans le monde. Conceptuel. Il est assez gras. Cent trois kilos. Mais, l’année dernière, il était comme moi. C’est d’avoir arrêté la coke. Il était chez sa grand-mère, il a pris trente kilos en trois jours. « C’est qui qui est derrière, maintenant ? » On regardait toujours le wakeboard de la terrasse de l’hôtel. « Margarine. » Il faut faire gaffe. Margarine, ça pourrait lui rester. Ce serait horrible. Ça pourrait arriver. Je racontais que ma grand-mère (bretonne, du côté de ma mère) donnait des surnoms qui restaient pour toujours. L’un, par exemple, qui tenait la Maison de la Presse dans le village : « Chlorophylle » – parce qu’il avait eu un jour le malheur de se vanter d’un voyage à Paris et qu’il avait expliqué à quel point la capitale était sale et polluée, heureusement beaucoup d’arbres dispensent de la chlorophylle, chose essentielle à l’être humain. Le discours était en breton sauf pour les mots qui venaient tout entier du français étranger comme se greffer, ça m’amusait beaucoup quand j’étais petit de reconnaître, par exemple, « globules blancs » ou… mais je ne me souviens plus, non, la belle aventure de la vie n’est pas finie (loin de là), mais je ne me souviens plus. Tant d’oubli nécessaire…






Je mets des zrxz dans le nom d'Etienne parce qu'il y a eu un pataquès. Etienne est adorable, j'étais embêté. Sa galerie parisienne est tombé sur ce post et le lui a signalé, lui qui se croyait en vacances à des milliers de kilomètres. C'est-à-dire, ce qu'il m'a expliqué, mais ce que je savais, « conceptuel », il ne donne jamais d'interview, il prend bien soin de séparer sa vie privée de son œuvre qui doit parvenir pure de toute scorie au récepteur, abstraite, conceptuelle, quoi (sinon ça n'a pas de sens) – et, tout d'un coup voilà qu'une blogueuse... Il m'a aussi précisé qu'il n'avait pas pris trente kilos en trois jours chez sa grand-mère, que personne ne le peut – oui, mais alors, ça, c'est le téléphone arabe dans les groupes, tout est déformé, amplifié, déformé comme véridique, c'est la vie, c'est le téléphone portable (celui de Gaby qu'on supposait parti dans le sac de la bonne de Régina), c'est le téléphone arabe...

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« …la solitude, la communion, l’amitié, la haine, l’amour, la pitié, l’éclat de rire, le sanglot, le hurlement, le râle, l’extase… »

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Le Linge qui sèche (contrepèterie)




« Christophe Colomb, dans ses voyages, a vu, comme il s’y attendait, nombre de merveilles. Il naviguait parmi les rumeurs de marins, parmi les légendes. Il s’attendait à un royaume où les toits des palais seraient faits d’or massif. Il s’attendait aussi, comme le racontaient des chroniques incertaines, à rencontrer des monstres, à voir surgir des forêts tropicales des hommes-troncs, portant sur la poitrine leurs yeux, leur bouche et leurs oreilles, dans lesquelles ils pouvaient s’envelopper, où bien des hommes à queue, comme en ont les singes. »

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« El dificil diamante de los santos »




C’est un soir, j’ai pris une douche. Nous avons pris le soleil. C’est un soir sur cette terre, nous avons pris le soleil. Nous avons pris le soleil, nous sommes revenus. Il y a un livre que je partage avec mon ami Christian. Très souvent, je dis à Christian : « Attention, si tu continues à dire des choses comme ça, je vais t’embrasser... » J’ai commencé aussi (aujourd’hui) à dire cette phrase à Kader. Le livre que je partage avec Christian, c’est : La Complexité humaine, d’Edgar Morin (champs-essai), ce sera ma Bible pour les prochains travaux (Bastille, Ménagerie…) C’est lui qui l’a apporté. Et donc nous le lisons tous les deux. C’est un livre très facile à lire. Il est très simple (contrairement…) C’est un livre qui simplifie en les reliant des choses très complexes parce qu’elles sont séparées. C’est très intelligent, très généreux, très évident. Ça détruit instantanément la bêtise, disons, ça ne la détruit pas, ça la met avec, la destruction aussi, et, en avant, vogue le navire ! « L’Evangile de la perdition ».

Aujourd’hui, nous sommes le 31. Il n’y a pas d’Internet, aujourd’hui, et, de toute façon, pas de réseau téléphonique. C’est assez agréable, ce reliement. Ce reliement réel, religieux. L’Evangile de la perdition. Il faut un livre (il faut un livre…), une plage, quelques amis, quelques solitudes, quelques pesos… Et nous sommes maintenant partout, avec toi (et toi…) que je ne nomme pas, mais à qui je pense très fort pour les prochains travaux… Nous avons pris un bateau, une ou deux glacières, l’une remplie de Corona, l’autre de sandwichs et d’eau, de la crème solaire, etc. (chapeaux, lunettes) et nous sommes partis sur une plage merveilleuse, presque précolombienne, mais pas tout à fait car il y a des prairies et même un cheval qui est passé et que j’ai suivi un moment : « Cheval, cheval… » comme une fiction d’amour – il se demandait ce que je lui voulais. Il n’allait pas vite, nous avancions dans le sable (en plein cagnard), de temps en temps, il s’arrêtait pour me regarder : Que me veut-il celui-là ? J’ai déjà décrit le paysage (si ce n’est pas ici, c’est ailleurs) : un paysage de prairie d’Irlande (ou du Pays de Galle) et de soleil tropical, c’est très étrange, très beau, très naturel.

Lorsque nous sommes revenus de cette plage extraordinaire, trop tôt, à mon goût, l’hôtel dans la lagune m’est apparu stupide et mesquin, ça ne m’était pas apparu jusque là. Un retournement de situation. Jusque là, je me croyais au paradis. Non, le paradis est ailleurs, il y a encore plus beau, toujours plus beau sur cette terre. C’est étonnant. Les territoires vierges inexplorés existent toujours en nombre, en très grand nombre, mais sont de plus en plus réservés aux riches (aux esthètes). Ça a toujours été. Comme l’espèce humaine est très prolifique, il s’agit de parquer la masse (dans des idéologies, des taudis…) afin de bénéficier du luxe. Le luxe n’est que pour quelques-uns, c’est très curieux, mais c’est ainsi.

Dans quelques heures, je retournerai à Mexico. Là, ce sera l’inverse. La foule. La joie de la foule. Qui m’avait frappé le premier jour à ma descente d’avion.

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Je dis que l'avenir c'est du désir, pas de la peur. Bonne année, YNG. Je t'embrasse. O

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