Sunday, February 05, 2012


LA MORT D'IVAN ILITCH
ou l’art du solo dans la très belle salle du théâtre de la Bastille
les 7, 8 (21h) et 12 février (18h) – générale (ouverte sans réservation) lundi 6 à 21h (générale photo même jour à 18h)
Avec Thomas Gonzalez
Durée 45mn
Photo Sylvain Couzinet-Jacques



L'apparition de l'image supposant une conjoncture, on reçoit du noir. Puis du corps. Un garçon. Son corps (caravagesque) traversé. Sa voix (chansons rimbaldiquement idiotes, c'est à dire : bouleversantes). Le corps traverse le noir. Un néon. Un art par définition incertain. Qui d'autre qu'Yves-Noël Genod pouvait revisiter quelque chose d'un nu masculin sans escalier ?

C'est animal. C'est admirable. D'une pudeur inconnue, neuve. Ça rejoint la phrase de Tolstoï : « A la place de la mort, il y avait la lumière. » Un pur purin. Un éclairage dans l'après-coup et qui viendra donner un sens à cette nouvelle expérience (avoir vu une oeuvre aussi inclassable que La Mort d'Ivan Ilitch) et savoir quoi en faire. Dans sa vie. Car, l'art, c'est ce qui nous aide à vivre, non ?


Liliane Giraudon

Labels:

Une aventure




(A tous)

...

Comme ça va vite, pour moi, je ne sais pas pour vous, déjà occupé à deux autres spectacles, le solo de Thomas et cette lecture de Rimbaud… Mais, pourtant, la nuit dernière, assommé par la vodka (de La Java) et sans dormir, je pensais tellement à la présentation de samedi soir. Je l’ai trouvée magique, étrange et irréelle, il me semble qu’on est bien parti. Ce n’est qu’un début, mais des choses ont été touchées, pour toujours et à jamais, comme nous le souhaitions. Ça a la précision d’une écriture absolue et musicale – ou du naturel. Thomas m’a montré ce qu’il ne faut pas faire (rentrer sur le plateau en ayant la trouille et en attendant que ça tombe du ciel), ce que, Dieu soit loué, il ne faisait déjà plus du tout à la répétition du soir à la Bastille… Marlène, géniale irrésistiblement, a aussi montré, peut-être, un risque que Pierre Droulers m’a pointé, mais que j’avais remarqué moi-même. A un moment dans la présentation, je me suis dit : « On dirait qu’elle est la vedette. » Pour une fois, ça ne marche pas. Je crois. Ça isole. (Mais ça tient sans doute à pas grand chose, juste de le savoir, quelques placements.) Ce qui est merveilleux, ce qui m’a le plus ému pendant ces répétitions, c’était quand j’ai eu l’impression d’un seul être, d’un seul homme ou femme. Ce que Valérie fait magnifiquement : se fondre dans l’ensemble comme une débutante, devenir aussi visible qu’invisible – il s’agit de faire un spectacle invisible (l’ambition est grande), un spectacle dans le noir sans l’artifice du noir. Peut-être Valérie le réussit-elle d'ailleurs un peu trop bien : un ami m’a demandé si c’était « voulu d’avoir sous-employé Valérie Dréville » ! Ça m’a fait penser aux producteurs américains du Mépris, de Godard, qui étaient soi-disant furieux que, dans la première version, il n’y ait pas de scène de nu de Brigitte Bardot (d’où le rajout par Godard de la première scène devenue culte – « Et mes fesses, tu les aimes… ») Jeanne a aussi très bien compris ça vendredi : il s’agit d’être là dans toutes ses disponibilités, mais sans être à soi-même sa propre citation, partie d’un tout, d’un reliment infini. C’est très beau. Dominique a été bouleversante, j’ai trouvé (et beaucoup me l’ont dit), « puissance de l’innocence ». Je trouve, pour ma part, que les garçons ont parfaitement joué cet ensemble d’images qui s’évaporent, qui s’échangent, qui ne tiennent pas plus dans les doigts qu’une aile de papillon, Charles, Wagner, Matthias, Lucien.
Il faudra qu’Arnaud m’envoie le peu de notes que je lui ai dicté, il faudra que je regarde la captation de Clara. (Comment faire d’ailleurs – quelqu’un a une idée – pour que je regarde cette cassette ?) Ce que l’on fera, c’est sans doute mettre de l’air à l’intérieur des choses, peut-être ajouter quelques scènes de hasard ou d’autres (avec des enfants, peut-être, ou avec un perroquet, qui sait). Peut-être aussi travailler la lumière (qui est très belle, mais qui pourrait sans doute être mouvante), etc. Mais je suis content qu’on s’arrête un mois, ça permettra ainsi un retour d’assimilation qui nous aidera. Il faudrait que l’on fasse d’autres avant-premières (si Marie-Thérèse le vaut bien…), il faudra qu’on retravaille un peu cette scène appelée à tort « les saluts », toujours très lente à se faire comprendre (ça pourrait sans doute être le plus beau moment du spectacle). Je voulais seulement, juste comme ça, ce soir, vous remercier pour cette infinie disponibilité que vous avez manifestée. Remercier aussi Clara, Marion et Arnaud de leur accompagnement sensible. Vous dire à bientôt et vous taper la bise !

Yves-Noël

Labels:

Mauvaise foi déchirante




Yves-Noël Genod
(...) Ou ça, un peu mieux :


Ne pas porter au monde mes dégoûts et mes trahisons

D’après Une saison en enfer, d’Arthur Rimbaud


« Ce sera mal lu. Mal vu. De toute façon. Il faudrait beaucoup travailler.
Et Yves-Noël Genod est un gros délinquant de la nonchalance… (Si je parle de moi à la troisième personne.) Il faut une piètre estime de soi pour s’identifier à Arthur Rimbaud. Pourtant nous le faisons tous. C’est un plaisir égoïste. Je vous convie à un plaisir égoïste. »

YNG

J'écoute un enregistrement d'Une saison sur Internet. A ma grande surprise, je trouve ça vraiment pas mal du tout. Ça me redonne confiance. Peut-être qu'il faut que je l'enregistre. Pour qu'on n'entende que les sons (qui sont déjà pas mal si on les entend...) et puis je mets Marlène à faire le cochon (elle fait très bien...) Bises



Olivier Normand
Hello, Yves-Noël,
bah oui, ça me semble bien ce petit texte. Ça cadre assez avec la « mauvaise foi » de la Saison. Du genre : je fais l'inverse de ce que je dis, et si ça vous étonne c'est que sans doute, une fois de plus, vous m'avez mal compris..
Peut-être que c'est ça, la clef (de cette parade sauvage) qu'il faut lire la Saison avec la même mauvaise foi déchirante que Rimbaud a mis à l'écrire : ses bouffonneries sont des pudeurs et ses sagesses sont des grimaces, parce que, même s'il n'arrive pas à changer la vie, ça brûle quand même très fort là où il met la main.
Des bises, hâte de voir ça le 10,
O/

Labels:

La Bouche et la langue




Relu « le voyage de Bourg-en-Bresse » en l'imaginant lu par toi, délicieuse langue et bouche. Quand tu veux pour me laisser te goûter en entier ! Love & amitié



Quelle boucle de tes doigts à ma bouche ! Mais l'ai-je lu à voix haute ? Sans doute... C'est un texte extraordinaire, une introspection qui se projette au-dehors, est-ce cela l'amour ?



Mais oui, c'est cela l'amour – et même le sexe ! Viens dans mon lit, je suis encore éveillé...



C'est si rapide tout d'un coup... Je ne veux pas faire ma mijaurée (quelle horreur !), mais c'est autrement que j'imagine une rencontre avec toi.
Doucement...
Doucement



Oh, mais, moi, je suis la douceur même... J'ai un tel besoin de nourriture de douceur... Je voudrais t'apprivoiser... Prends ton temps, mon chéri – je t'imagine, ça me va aussi – et passe une bonne nuit



Merci. J'aime aussi mon rôle de spectateur idéal (prétention !), l'ombre. Entrer soudain dans ta bouche, dans la lumière, je ne suis pas acteur et, pourtant, c'était comme une entrée en scène…

Labels:

La richesse a toujours été bien public




« La fortune personnelle de M. Arnault est estimée à 33 milliards d’euros, poursuit Michel Hilaire, conseiller général et candidat aux législatives. Quand on pense que la TVA sociale doit rapporter 12 milliards d’euros. On va emmerder 65 millions de Français avec ça, alors que si on les prenait à Bernard Arnault, il lui en resterait encore 20 milliards. »

Labels:

A toute l'équipe



Ça se passe bien. La salle est sublime. L’équipe technique subtile et agréable. Bonheur de rencontrer un vrai noir de théâtre, denrée si rare depuis une dizaine d’années. Et puis j’ai la chance que Philippe Gladieux qui a l’air d’un éclairagiste hors pair m’ait pris en amitié et m’accompagne sur ces deux travaux. Bref, on est content.
Je ne sais pas où en sont les réservations. Sur les générales, impossible d’annoncer la réservation, ça se fait par le bouche-à-oreille, par les gens rencontrés directement beaucoup plus que par le mailing ou Facebook. Mais, sur le nombre, je ne pense vraiment pas qu’il y en ait plus que 60, pourquoi ? Parce qu’à la Ménagerie de verre, samedi, il y en avait 80 (la salle était pleine), mais il y avait 9 acteurs et, en plus, parmi ces 9, Jeanne Balibar et Valérie Dréville d’annoncées. Nous pourrions remplir les générales et remplir les représentations, je sais le faire, je l’ai souvent fait et sur des durées. J’ai constaté qu’il ne fallait qu’une condition pour remplir : que le théâtre et moi-même soyons unis dans ce même but. S’il y a un différent, un frein, ça ne remplit pas (ce qui n’est pas non plus très grave). En tout cas, l’enthousiasme n’est pas le même. Cela ne veut pas dire que j’espère que les équipes des théâtres aiment mon travail, non, ça, ça m’est complètement égal. On travaille ensemble, c’est tout. Je suis l’artiste. (Si jamais ça se remplissait, Thomas (je viens de le lui demander), serait prêt à donner une supplémentaire le 12.)
J’ai déjà dit dans mon précédent mail (à Jean-Marie) que ne changeaient rien à la qualité de mes spectacles l’accord ou le désaccord avec les équipes des théâtres (j’ai connu les deux) et que, bien sûr, je n’avais rien contre la bonne entente ! J’ai recopié dans « le Monde » une phrase ou deux de la photographe Dominique Issermann dont celle-ci dans laquelle je me reconnais : « Je me sens responsable de ma liberté, je ne suis pas là pour dire oui, mais pour donner une forme à des rêves. » Je n’ai pas d’inquiétude pour ma liberté, un tout petit peu plus pour celle de Thomas (il ne faut pas qu’il ait peur et les acteurs ont tellement peur, c’est ça le malheur « Tout le travail consiste à calmer leur peur », avait dit Klaus Michael Grüber). En tout cas, croyez, une fois encore, que j’ai beaucoup de respect pour chacun de vous personnellement et pour ce théâtre à l’identité si forte (dans lequel j’ai moi-même joué des choses qui m’ont marqué à vie, Régy et Tanguy), beaucoup de respect aussi pour la manière de Jean-Marie et pour ses choix, sa cohérence – et particulièrement flatté d’être là ! Si en plus ça se passe bien, alors…

A tout de suite

Yves-Noël

Labels: