Friday, February 10, 2012

Aujourd’hui samedi 11, je lis UNE SAISON EN ENFER, d'Arthur Rimbaud (sorte d’ « Evangile de la perdition », au sens d’Edgar Morin) dans le noir profond de cette salle sublime du théâtre de la Bastille (sans sorties de secours !) et éclairé par Philippe Gladieux. 21h. (Durée 1h10.) Demain dimanche, à 18h, Thomas Gonzalez reprend LA MORT D'IVAN ILITCH, mais, ça, c'est complet, me dit-on.







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Des phrases de Rimbaud très belles que je trouve dans les brouillons d’Une saison… On dirait des inédits… On dirait qu’il est là, à côté. On entend le bruit de ses pieds, dans la chambre…

« Le soleil descendait vers la merde, au centre de la terre. »

« L'araignée romantique faisait l'ombre romantique envahie par l'aube opale. »

« Après ces nobles minutes, stupidité complète. »

« sur une emb(arca)tion à épouvantes »

« J'aimais la mer (...) I’anneau magique dans l'eau lumineuse éclairée comme si elle dut me laver (de ces aberra(tions)) d'une souillure. »

« Quel cloître possible pour ce beau dégoût ? »

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Militant de la parole vraie




Hier, j’ai vu Thomas que je n’avais pas vu depuis des lustres. Marielle m’a proposé un rendez-vous qui « tombait bien », je ne pouvais pas refuser, ça tombait vraiment bien. 16h30. A 18h, j’avais déjà trouvé un rendez-vous qui tombait bien, celui avec Luigia qui me donne des cours particuliers de la technique Alexander. Le corps et l’esprit. L’homme et la femme. Toujours cette fatalité (je voulais écrire : « facilité ») binaire qu’on a sur cette terre ! Nuit et jour. Le soir, j’ai joué Une saison en enfer – mal, j’ai trouvé, mais les gens ont été gentils, adorables, même. Et comment jouer bien un texte pareil ? Je ne l’ai peut-être pas joué assez mal… Je l’ai peut-être trop répéter… « Trop », « pas assez », Duras disait c’est pareil. Régy lui avait fait remarqué que, dans la dernière page d’Emily L. (encore en manuscrit), elle avait mis « trop », puis « pas assez », puis « trop » en quelques lignes : alors trop ou pas assez ? – C’est pareil. Elle avait laissé. (Les « trop » et les « pas assez » y sont encore.) Puis j’ai dormi. La première nuit agréable depuis longtemps. Je me suis réveillé reposé. Le soleil existait, il n’était pas lointain, il existait. Il ne brûlait pas, il ne culpabilisait pas, il ne s’interdisait pas. Il existait. C’était le réveil. Tard. Libre. Reposé. La journée vide, « et personne pour voir qu’(elle) est idéal(e) ». Jouer le soir. Advienne que pourra.

Je suis allé au marché. Soleil. Pas de foule. J’ai acheté « Libé » et « Côté Paris », le magazine de déco où l'on voit, en ce moment, une photo de Dominique et Marc entourés de leur cinq enfants dans leur sublime appartement d’ultra luxe (en couverture et, à l’intérieur, un reportage de dix pages), « L’appartement du Dernier Tango à Paris ». Je buvais des ristretti. A un moment, j’ai – je reprends mes notes, comment était-ce ? – « Mais à un moment, j’avais une tasse dans la main, une tasse encore chaude et je la faisais tourner au-dessus du carrelage avec l’idée que j’allais la lancer, la tasse du deuxième ristretto, en lisant un article sur Sarkozy. Mais la tasse à café me rappelait aussi » Je complète : le premier exercice de « sens-mémoire » de la méthode Actors Studio que j’avais travaillée avec Blanche Salant… J’avais écrit déjà (en vue d’ici) : « Et comment jouer bien un texte pareil ? Un texte ou tout est absolu et où tout est énigmatique, où tout est simple et où tout est contradictoire, où tout est illisible/lisible. Quelqu’un m’a dit : « On avait l’impression d’aller de tube en tube. » » Et maintenant la phrase me revient encore à l’ambition folle (il faudra des siècles, dit Sollers ?) : « Ça veut dire ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens. » « Dans le café, il y avait de la vie, il y avait de belles filles, je vais mieux. » Je voulais préciser, mais je ne l’avais pas fait dans le carnet, que ma manière de remarquer les belles filles, c’est par leur cheveux. C’est si rare. Allons, tout n’est pas encore perdu. C’est ce que m’avait dit Thomas. Ça fait vingt ans qu’il se contente de me le dire. Patiemment. Dans le carnet : « On n’a pas besoin de dire pour exister, au contraire. Quand on est heureux, il n’y a rien à dire. C’est pour ça que tu te places dans l’océan du « ça ne va pas ». Il y a l’île du bonheur – plus tard, il rectifiera, il dira : « plutôt presqu’île » – et tu la regardes de ton océan du malheur. Rimbaud : « le paradis de tristesse ». »

Ensuite, j’écoute (et je regarde) « Entrée Libre », l’émission de Laurent Goumarre. Pour un reportage sur le vitrail, il dit : « le verre ou l’ivresse de la transparence » – au moment d’ailleurs où je me posais justement des questions sur son « système », son sens de la formule... – qu’il avait déjà employée dans une page du magazine « Danser » : « Yves-Noël Genod ou l’ivresse de la transparence ».

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