Sunday, March 25, 2012


Photo Marc Domage. Sophie O'Byrne dans Chic By Accident.

Labels:

« Les fleurs, les animaux, le bleu du ciel, le bruit de la musique, je sais pas, moi, tout. Et toi ? »

Labels:

Lutèce




J’écoute Benjamin Britten, A Midsummer Night’s Dream. C’est le premier opéra de toute une liste évoquée par Jean-Paul à la Brasserie du Lutetia (je reprendrai cette liste…) C’est Dominique Issermann (on se souvient, je ne sais pas si je l’ai raconté, qu’elle avait dit : « Je vais pas te lâcher » ; elle ne comprenait pas pourquoi on ne jouait pas Chic By Accident au théâtre de la Ville « pour que tout le monde le voit »), c’est Dominique qui nous a mis en contact. Elle lui dit encore : « Quelle dommage que tu n’aies pas pu voir ça, tu serais mort ! » Tout un monde s’ouvre – peut-être – à moi, mais, pour le moment, c’est la brasserie du Lutetia, le palace rive gauche. Jean-Paul dit qu’il y habite depuis quatorze ans. Il dit qu’à Montpellier, il vit aussi à l’hôtel. Dominique lui dit qu’elle l’envie, qu’elle en a marre de « cette grande baraque » où il faut toujours racheter des oreillers, s’engueuler avec les bonnes. Il dit, attention, qu’il a fait venir ses meubles. Dominique, quand même, trouve les chambres petites, que déjà, pour elle, elle les trouve petites, alors, pour lui qui est grand… Il dit qu’il n’a besoin de rien, que de musique et de livres… Elle parle d’une tablette de lecture – pas l'iPad, une autre, géniale, plus géniale, douze intensités d’écran, qu’avait Philippe Stark, il n’emporte que ça, il a tout (enfin, tout ce qui est numérisé…) Jean-Paul dit qu’il préfère les livres, quand même. A un moment, Dominique tombe en admiration devant les livres – c’est vrai, une très belle édition en trois volumes, dans un turquoise un peu passé, des Ecrits de Gustave Roud, Bibliothèque des arts – que m’a donnés Laurence Mayor à la fin de sa représentation sur Nietzsche (à la Maison de la Poésie). Elle regarde la date, le lieu de l’édition, le papier, je lui dis : « Comme tu es curieuse, Dominique, c’est merveilleux ! » Elle me dit : « Lis cette page, rien que ça, c’est magnifique… » Mais j’ai dû mal à lire cette page parce que c’est le moment où arrive Gérard Depardieu (Pas de Lutetia sans Gérard.) Cette page, la page 57 du troisième volume, dit ceci :

« Cette demeure que je n’ai plus la force d’assumer s’enlise dans les herbes mauvaises, sournoisement, les pierres des murailles descellées, une mousse aveugle sur chaque tuile, au cœur du jardin qui s’ensauvage sans retour… Une à une, les plantes usées s’effondrent sous l’ortie et le chardon ; la clématite mauve est morte. Ah ! que tu ne saches rien de cette agonie. Comment pourrait-on vivre dans un ici qui ne ressemble plus ?
Le plus triste : cette pitié des êtres et des choses qui voudraient nous soutenir encore, de toutes parts. La fontaine, nuit et jour, où viennent s’abreuver les derniers chevaux – et leurs maîtres charitables raniment pour un temps notre grange en la gorgeant de blé »

Je suis un peu gêné parce que je comprends que nous n’allons pas dîner ensemble bien que nous soyons à table, je le comprends, que Dominique et Jean-Paul vont dîner ensemble, mais alors : quand prendre congé ? Ni trop tôt ni trop tard. Ne pas donner l’impression de fuir (ou de s’ennuyer) (ou d’avoir autre chose à faire), mais ne pas non plus s’éterniser, ils ont peut-être faim – sans doute – et attendent que je parte pour commander. Je suis sauvé de ce dilemme par l’arrivée de Gérard. (Pas de Lutetia sans Gérard.) Gérard est annoncé juste avant son arrivée par un serveur qui vient dégager une chaise (des livres de Jean-Paul ?) en l’annonçant très vite : « Gérard Depardieu veut vous voir. » Ça rappelle la mort de Coligny que je viens de lire racontée par Michelet. « Ah, mon Dieu, il m’a vu », laisse échapper Jean-Paul ou qqch comme ça. Il a le temps de fournir encore une information : que Dominique qui dit qu’elle le connaît depuis avant Les Valseuses, a couché avec lui (elle l'avait pris en photo au moment de La Chevauchée). Puis Gérard Depardieu est là et, là, mystère : beaucoup mieux qu’à la télé ! D’abord, je trouve qu’il a la voix de François Tanguy (impression qui va s’estomper) et il n’est pas bourré (pourtant Jean-Paul avait aussi eu le temps de dire qu’il Rebuvait, qu’il l’avait vu REboire). Il a juste une allergie au pollen dont il se plaint beaucoup. Il est très intelligent, très vif, très rapide, très sur lui, mais rapide à capter l’extérieur, les signes, les informations, disponible : Gérard Depardieu, mais en mieux. A un moment, seulement, à un moment, on a failli s’engueuler. Il parle de M.D., je ne sais pas pourquoi, ce livre « de Duras », « …car c’est Duras qui l’a écrit, c’est pas cette pauvre tache de Yann Andréa… » Alors, là, je défends Yann, quand même, et il s’énerve : « Non, j’ai bien connu Marguerite, je peux dire que c’est elle qui l’a écrit ! » Bien entendu, quand c’est Gérard, il n’y a plus que Gérard. J’avais dit que j’allais en profiter pour partir. Dominique ainsi m’informe : « Tu restes cinq minutes et tu t’en vas... » Je reste cinq minutes. On parle de beaucoup de choses en cinq minutes avec le rapide Gérard Depardieu (c’est vrai, je suis soufflé), on lui raconte la Ménagerie de verre, il raconte le film d’Abel Ferrara qu’il va faire sur Strauss-Kahn, il a lu le scénario, il est très bien. On avait évoqué ce tournage auparavant, on avait bien des doutes de l’intérêt de la chose, mais Gérard nous révèle la psychanalyse de ce couple (qu’il doit former avec « Isabelle »), Anne Sinclair / Dominique Strauss-Kahn, et je dois dire c’est vraiment brillant, pas du tout ce qu’on lit dans les journaux, du nouveau sur l’affaire (je suis bluffé). Ce qui me bluffe aussi, c’est que Gérard Depardieu parle beaucoup de La Chevauchée sur le lac de Constance, comme s’il l’avait jouée la veille. Peut-être la présence de Dominique qui le lui rappelle... Physiquement, il est devenu un porc et, avec son soutien à Sarko, on pensait que son esprit aussi était atteint, mais, en fait, pas du tout, c’est très curieux, Duras, Handke, Régy… Enfin, de Régy, il dit une chose un peu olé-olé, il dit que son homosexualité lui est apparue quand il a eu « son accident en Spitfire » (est-ce le nom d’une bagnole, ça ?) et que « le levier de vitesse lui est directement rentré dans l’cul », « coming out instantané ». Il répète deux fois cette histoire au cas où on n’aurait pas entendu (ou alors c’est moi qui la lui fait répéter) et il a des éclairs de plaisir sale (de sale gosse) dans les yeux, je ne suis pas sûr que ce ne soit pas une vacherie, quand même, cette histoire (je demanderai à Claude...) Avec Jean-Paul Scarpitta, directeur de l’opéra de Montpellier (je ne sais pas si je l’ai dit), on parle de tout ce qui pourrait nous rapprocher. On connaît plein de gens en commun, en fait. Il dit que Kate (Moran) l’appelle tous les deux jours, qu’ils sont très copains maintenant. Il dit qu’on pourrait trouver un opéra où elle ferait la récitante. Je saute de joie ! C’est lui qui a fait venir Einstein on the Beach, il dit qu’il fait tout maintenant pour que ça passe par Paris. L’année prochaine, il fait venir Warlikowski. Einstein on the Beach va aller à Mexico. Il faut que je demande (à Kate) quand. Voici une raison (supplémentaire) d’y retourner. C’est ce que je dis. Il dit qu’il fait entièrement confiance à Dominique qui parle d’une manière si démente (et si intelligente, si précise) de notre spectacle, Chic By Accident… Je m’explique un peu, mais Dominique le fait si bien et beaucoup mieux. On parle d’Isabelle Huppert aussi. Là, tout le monde en dit du mal, je peux me lâcher (ou alors c’est pour me faire plaisir…) On dit du bien d’Isabelle Adjani et, bien sûr, de Fanny Ardant. Dominique propose à Gérard de lui faire visiter son exposition sur Lætitia Casta… Mais il est en tournage. Il se lève tôt, tout ça. Moi, elle me l’a fait visiter. Deuxième supériorité sur Gérard. La première était, tout à l’heure, que je n’ai pas dit que, moi aussi, je connaissais « bien » Marguerite Duras (et Yann Andréa). Une petite supériorité que j’avais eue aussi sur Gérard D., c’est quand je l’avais rencontré avec Barbara (au moment de la fête au Rond-Point pour le succès de L’Amant, justement). Déjà, je l’énervais (pas Barbara) et déjà je lui tenais tête (parce que j’en savais tellement sur lui). Mais, ce soir, il a gagné la partie : il est brillant. Bril-lant. « Oh, je dois filer », je dis. Justement Gérard est dérangé au téléphone par... par qui ? – il a du mal à lire, comme moi, sur son petit écran – par qui ? « Roxane ». Dominique me fait passer par son côté, d'un petit signe. Déjà près de la porte, Jean-Paul a le temps de me rappeler : « Ecoutez Le Songe d’une nuit d’été… » C’est celui de la liste qui a dégagé le plus d’enthousiasme. Mais mon enthousiasme à moi était principalement basé sur la pièce de Shakespeare et puis que Claude Régy m’avait dit que Britten, c’était très beau, qu’il aurait bien voulu monter Le Tour d’écrou… Mais, voilà, ça se résume à ça. J’écoute le Midsummer Night’s Dream et je ne sais pas quoi en penser. Y a du boulot ! Et comment ça se fait, le boulot, quand vous n’avez pas le cerveau fait pour ? La prière. Je ne vois que ça. Les signes et la prière. Ecouter. Ecouter. Pendant ces cinq minutes, Jean-Paul propose deux fois à Gérard de rester dîner avec eux. Mais je crois qu’il faut comprendre – et que Gérard comprend – « pas du tout » ou « certainement pas ». La première fois Gérard répond non, parce qu’il a « mangé un agneau ». Dominique lui fait remarquer qu’il dit ça « comme un loup ». Moi, j’ai failli dire – mais je me suis retenu – : Oui, ou comme Obélix avec un sanglier ! Puis Gérard explique qu’il a plusieurs fours, un système très élaboré qui permet d’avoir toujours toutes sortes de plats à disposition. Je dis : « Dans votre restaurant ? « Non, chez moi… » La deuxième fois que Jean-Paul a proposé à Gérard de manger qqch, il dit : « Une salade ? » Mais Gérard redit que non, non, « même une salade… » – J’arrive au bout, je crois. S’il me revient qqch, je vous en parle...

Labels:

Pour Hervé qui court après Roman




A notre époque :

« Salut Roman,

Yvno m'a filé ton mail. Je t'ai rencontré la semaine dernière à son spectacle à la Ménagerie, on a discuté un peu du cons', etc.
Bon, je pense que je vais p't-être passer pour un gros relou, mais tu m'as grave plu, et je tente une deuxième et dernière fois ma chance… *
Si tu veux boire un coup un de ces jours, fais-moi signe.

Hervé »

A l’époque de Pierre de Ronsard :

« Hà ! que ne suis-je abeille, ou papillon ! j’irais
Maugré toi te baiser, et puis je m’assirais
Sur tes tétins, afin de sucer de ma bouche
Cette humeur qui te fait contre moi si farouche. »

Ah, là, là… Comme nous avons perdu, n’est-ce pas ? (Malgré Serge Gainsbourg qui a fait ce qu'il a pu...)

* Il est à noter que la joute amoureuse se complique du fait que Roman et Hervé, tous les deux homosexuels, passent aussi tous les deux le concours d’entrée du conservatoire de Paris, que Roman l’a loupé et que Hervé doit encore passer le deuxième tour.

Les prénoms ont été changés.

Labels:

« Par les prés bigarrés d’autant d’émail de fleurs
Que le grand arc de Ciel s’émaille de couleurs »




Vivre avec le grand jour, le grand espace. La nature mue par la nuit. Les grandes langues, les océans de satin, les féeries inaudibles au-dessus des volcans, des rochers. L’indivisible.

Crains le train. Il passe. C’est le train de la raison. Le duc de Guise.

Une longue langue de terre vierge, au-dessus tu vois ta vie, elle est décrite parmi les moutons, les étoiles, les coquilles…

Labels:

Par rapport au printemps




Alors j’écrivais. Means solitude. Means la nuit. Et l’à-peu-près. Means la mine de la nuit, la mine noire, de crayon noir, de solitude, d’histoires, d’oreille inaudible. Quelque chose fait du bruit, mais quoi ? Aucun souvenir, un ou deux. Quel écrit ? Déchirant.
Oui, je suis partout avec tout. Non. Oui. Avec toi, jamais. Si, ça arrive. C’est arrivé. Le pont de la chaussée, le pont de la mélancolie. Comment disait Agrippa d’Aubigné ? « La masse degenere en la melancholie »

L’affinité avec la nature, avec le silence, toute la beauté, la musique, all the clarity

La souffrance, c’est simplement une incompréhension

Toute la nature célèbre tout le temps cette vérité toute simple

La joie, le bonheur et le chagrin

Et juste remarque que l’espace est déjà en train de les bercer

L’écroulement de l’arbre, les déchirements du dogme…

Labels:

Hollywood Folklore




« Excusez-moi, mais depuis quand une poignée de palmiers chétifs suffisent-ils à créer un paradis ? »

Labels: