Sunday, May 20, 2012


Bon, le type qui s'occupe de la lumière (très fort : Philippe Gladieux) va aussi s'occuper du son (comme toi, tu t'étais occupé de la lumière...)
On cherche des chants d'oiseaux, un orage, peut-être une voix chantée très belle qui semblerait venir de derrière les murs. L'ambiance du lieu, c'est en lumière du jour, fenêtres ouvertes, à 7h du soir, c'est l'idée d'un jardin, du théâtre comme jardin. Il y a des plantes. Mais surtout beaucoup d'imaginaire. Je m'appuie sur des phrases de Gilles Clément qui parle si bien du jardin. « La présence au jardin suppose l'esprit nu et le corps exposé, il est alors possible de rêver. » Et j'échange le mot jardin par le mot théâtre. La présence au théâtre suppose l'esprit nu et le corps exposé, il est alors possible de rêver. Tu vois le genre. Philippe a un iPhone et de temps en temps il fait sortir des chants d'oiseaux qui viennent, du coup, de derrière les spectateurs, c'est très agréable – et qui se mélangent aux bruits réels de la rue et de la soirée – les Champs-Elysées, parfois un corbeau, mais c'est pas toujours, parfois une manif, et, oh, une fois, c'était génial, des chevaux sont passés dans l'avenue (si tu en as...) Il s'agit d'organiser des retouches comme un peu aux Bouffes du Nord qui semblent en ruines, mais c'est retouché quand même... car les chevaux et les oiseaux ne sont pas tous les jours aussi présents. Tu vois. Il y a aussi une « maison » (la loge au fond du jardin) qui a une très bonne acoustique, on y entend les conversations. J'avais eu l'idée qu'on enregistre ces voix et qu'on diffuse même si les acteurs étaient sur le plateau (pour qu'il y ait toujours du monde derrière) ou alors aussi derrière les spectateurs pour un effet d'inversion. Mais ça, c'est trop complexe, on renonce. Non, si tu as quelques merveilles naturelles à nous envoyer, it would be very appreciated, très cher.
Ah, oui, je cherche aussi des chanteurs (lyriques, il faut du coffre) ou musiciens qui pourraient, en invités, de temps en temps passer sous les fenêtres et lancer la sérénade... Si tu en connais... Il faut que ce soit très beau évidemment (chez moi, rien que du beau !) (Sinon rien, comme tu sais…)

Love

Yvno

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L’Eternel retour



A l’exposition Matisse, je croise Dominique Fourcade…
…et puis j’ai rencontré Hélèna à l’instant même où je pensais à elle – je te jure ! – Je pensais à elle parce que Dominique Uber avait parlé hier au café Le Grand Palais (notre préféré après la représentation) du spectacle d’Avignon d’il y a cinq ans et que je l’avais raconté aussi à Valérie Dréville. Je me disais sur mon Vélib que j’aurais bien aimé raconter à Valérie, ça lui aurait plu, l’histoire de la chemise de nuit de Sylvia Bataille que portait Hélèna et – pif-paf – cette fois, c’est bien elle (il m’arrive bien sûr de croire la reconnaître) : Hélèna, elle aussi en Vélib, incroyablement en forme, rayonnante, égale à elle-même, contente de vivre, contente de me voir, elle me raconte illico qu’elle a gagné la première sélection (vingt sur trois cents !) du concours de « danse élargie » du théâtre de la Ville, c’est une chose que Marlène avait passé il y a un an ou deux… Je promets d’aller la voir pour l’étape suivante, le 16 juin, c’est ouvert au public et c’est dans la grande salle. Elle veut venir aussi au théâtre du Rond-Point, bien sûr. L’embrasser, c’est croire à l’éternel retour. L’été est cet éternel retour. On se parle de nos blondeurs, de nos nouvelles coupes de cheveux.

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« Il est beaucoup plus intéressant de parler de ce qu’on ne sait pas que de parler de parler de ce que l’on sait. »

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Juste aller dans cette dévotion que nous sommes




Photos François Stemmer.

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Joëlle Gayot, l’amoureuse


« Changement de décor », France Culture, ce soir dimanche 20, 23h, et en podcast




Ce soir, nous serons en compagnie d’un être étrange, mi fictif mi réel, qui arpente le théâtre à pas glissés, soulevant sur son passage des bribes de nos histoires collectives. Un metteur en scène qui cite les poètes, s’entoure d’acteurs aux corps osés, froisse et défroisse les plateaux pour y déplier des temps de suspension et des espaces improbables. Il est grand, il est blond, il s’appelle Yves-Noël Genod.
Le geste d’Yves-Noël Genod, dont on pourra voir très bientôt au théâtre du Rond-Point à 19h le prochain spectacle (Je m’occupe de vous personnellement, du 31 mai au 24 juin), est un défi à la rationalisation. C’est le geste d’un artiste dont la réalité semble ne tenir qu’à un fil. Genod sortirait tout droit des pages de Marguerite Duras que ça n’étonnerait pas. Il y a chez lui et dans ses représentations quelque chose qui ne peut s’attraper, à la manière de l’eau qui s’écoule, limpide mais mystérieuse.

Pour situer son travail, on pourrait évoquer Pina Bausch ou encore Claude Régy. Deux maîtres qui l’inspirent. Mais cela ne suffit pas à dire l’impalpable des tableaux que Yves-Noël Genod dresse sous les yeux des spectateurs, tableaux traversés par des présences flottantes qui hantent les scènes à la manière de spectres et par les corps, sans doute même plus que les acteurs, qui donnent leurs volumes aux vides et aux silences. Yves-Noël Genod vient nous voir avec une actrice qui l’a elle-même rejoint pour une première collaboration il y a quelques semaines seulement, c’était à la Ménagerie de verre, le spectacle s’appelait Chic by Accident. Cette comédienne, c’est peu de dire qu’on est content de la voir à ses côtés, c’est Valérie Dréville. Mais oui…



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