Thursday, May 31, 2012

Garance et Marcus


Photo François Stemmer.

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Crois-moi, tu t'y feras



– Ça s'est bien passé ?

– Oui, sublime, à mon sens, mais on va avoir du mal à faire trouver son public à ce spectacle (comme tu sais...)

– Tes acteurs étaient contents ?

– Oui, ça les a rassemblés, cette difficulté...

– Une dangerosité pas inintéressante pour les comédiens.

– Non, c'est pas dangereux du tout, c'est pas ça... C'est le fait que ce soit cool qui est provoquant...

– C'est vrai.

– Oui. Quand tu auras fini de baiser, tu reviendras… Crois-moi, tu t'y feras...

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Avec Peeping Tom à la radio

L'émission La Grande Table




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Pour qui sonne ce glas ?



Yves-Noël Genod : exercice d'admiration numéro 6
Le type est grand, mince, légèrement beckettien, peau laiteuse, imberbe, petites lunettes rondes, cheveux fins qui semblent sortis du lit, adulte sage ou ado attardé, peut-être un peu des deux, il s'appelle Philippe Gladieux. Je l'ai rencontré, il y a quelques mois, au Théâtre de la Bastille, il faisait déjà les Lumières pour Yves-Noël Genod. C'était l'hiver et il s'agissait de La Mort d'Ivan Ilitch, le solo avec Thomas Gonzalez. Lumières, c'est une façon de parler car dans La Mort d'Ivan Ilitch, Thomas G. était plongé dans les ténèbres, habillé de ténèbres. Le plateau était fait de noir et de nuit, velours noir profond, nuit lunaire, avec cette sorte de lumière blanche, invisible, noire, qui rend les peaux phosphorescentes. C'était un soir de répétition pour Thomas (répétition chez Yvno = recherche du duende), je m'étais assis par hasard à côté de Philippe Gladieux. Il y avait un problème technique avec le néon que portait Thomas dans ses bras. « Salut. Salut. Olivier. Moi c'est Philippe. » On parle à voix basse, on se serre la main. Philippe a cette douceur rare des vrais hétérosexuels, ceux qui n'ont aucun problème avec l'homosexualité, c'est-à-dire avec le féminin en eux. En même temps il est peut-être homo, en fait je ne sais pas et je m'en fous, mais je ne crois pas qu'il le soit, pas du tout. De Philippe émane un calme fascinant, plus que l'orientation sexuelle, c'est ça qui frappe en premier. Aussitôt je me dis que Duras aurait aimé travailler avec lui, je ne sais pas pourquoi, mais j'imagine un feeling possible entre Duras et lui. Je n'ai jamais connu Duras, mais je la connais comme si je l'avais faite, c'est ridicule, mais tout ce que je vis me ramène toujours un peu à elle. Ma vie est dédoublée par la présence de Duras. LOL. Bon, Duras est morte, paix à son âme, Philippe travaille avec Yves-Noël Genod et c'est de ça dont on parle. Sur son site Philippe dit qu'il est « patient avec un sentiment d'urgence ». Pour parler de lui il dit « éclairagiste ». Il dit aussi : « Les volutes impriment comme des spectres dans l'espace des dessous. Au fil des heures, la circonvolution des pensées fait naître un vortex (d'où l'on verrait un langage organique). On n'imagine jamais rien, c'est la structure qui initie la clarté, nous lions en lisant ; le sujet intérieur. Dans une enveloppe, la lettre est pliée en trois. C’est toujours ce rythme ternaire ! » Je navigue dans le blog de Philippe. Pour écrire cette chronique, je pourrais l'interviewer, j'y ai pensé, mais je préfère garder encore un peu de distance avec lui. Ou plutôt je ne veux pas - tandis que j'écris sur lui - de cette distance que l'on a avec les gens qu'on connaît, les proches. J'apprends qu'il est l'inventeur d'un truc, un procédé qui s'appelle Shape. Philippe écrit qu'en éclairage traditionnel, il « navigue manuellement, attentif au pré-mouvement ». Il joue la lumière en inspirant l’air de la pièce, séduisant jusqu’au filament de la lampe ; un élan d’autofiction. Parce que les consoles d’éclairages n’étaient pas adaptées à sa recherche, il en a conçu une d’un type nouveau, sans séquentiel, sans mémoires. « Shape est un procédé traduisant en lumière les percepts du corps. Son organicité, sa réactivité en terme de rythme, impulsions, sensualité ouvre un espace imaginaire comme on regarde les nuages, le feu ou un être aimé. Techniquement, Shape interfère sur la lumière comme un filtre virtuel. Si le soleil est un ensemble de projecteurs, alors Shape s'insère entre lui et le sol, créant les ombres. Par exemple on pourrait reconnaître un arbre dans le vent ou l'eau de la mer ou un ventre qui respire... Shape restitue les flux où ils subissent une suite de transformations sur lesquels Philippe peut agir en temps réel en terme d'intensité, dynamique, s'adaptant aux situations de l'instant, aux nécessités de surprendre, accompagner, guider, suspendre, figer... Le spectateur y met ses rêves, ses peurs, ses désirs.  Ainsi naît l'abstraction, de l'absence de l'arbre ou de l'eau. Parce qu'on y voit pas nécessairement de l'eau mais un macrophage qui se nourrit de lui-même ou un spectre in-voluant en l'eau. On perd l'équilibre en changeant de référentiel. Et l'on se propulse dedans, comme aspirés par le vide. Pourquoi aurait-on peur du silence sinon ? Shape participe de qui se décompose, se découvre, tisse un lien entre le sujet, les interprètes et l'imaginaire de chacun. Une relation d'équivalence. » C'est sur ce mot que j'arrête ma lecture, « équivalence », je ne veux pas en savoir plus, pour l'instant. Au Rond-Point Philippe fait les lumières, bien sûr, mais aussi le son. Comme dit Yvno, « l'ambiance du lieu, c'est lumière du jour, fenêtres ouvertes, 7h du soir, c'est l'idée d'un jardin, du théâtre comme jardin. Il y a des plantes. Mais surtout beaucoup d'imaginaire. Philippe a un iPhone et de temps en temps il fait sortir des chants d'oiseaux qui viennent, du coup, de derrière les spectateurs - c'est très agréable – et qui se mélangent aux bruits réels de la rue et de la soirée – les Champs-Elysées - parfois un corbeau, mais c'est pas toujours un corbeau, parfois une manif... Jeu de mot lacanien à la con : Gladieux, Glas / Dieu... Tu sais ce que c'est que le glas, Yvno ? Bien sûr, tu sais, mais je vais te le dire quand même, j'aime trop faire mon Wikipédia : le glas est une petite sonnerie faite avec une cloche publique pour signaler la mort d'un habitant. Une idée pour le spectacle ? Pour qui sonne ce glas ??? Sinon, oh, une fois, oh oui je m'en rappelle, c'était génial, des chevaux sont passés sur l'avenue ! Et en parlant de chevaux, « Philippe », tu sais ce que ça veut dire ? Celui qui aime les chevaux. Tout est déjà écrit, depuis le début.

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Des traces de vie véritable ont été retrouvées dans une salle toute grise près du rond-point des Champs-Elysées. Le feu, la vie végétale avec sa belle couleur verte, la vie animale avec des poules caquetantes et divers sifflements d'oiseaux. Même l'espèce humaine, libre, vivante, avec des comportements jamais observés dans ces réserves qu'on appelle plateaux de théâtre. 


(Alain Neddam)

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Titre du spectacle de ce soir


POUR PUBLIC AVERTI

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