Sunday, June 24, 2012

Au revoir et merci


Photo Philippe Gladieux.



J’ai senti très récemment, une fois que je lui donnais la main, ce n’était donc pas arrivé, qu’Alexandre ne se baissait pas autant que nous autres, à toucher le sol avec ses cheveux comme on le voit sur cette photo. On ne s’était rien dit pour les saluts. Pour moi, c’est une citation pure (surtout quand je suis en bout de chaîne) de François Tanguy. Les saluts plus bas que terre, c’est Tanguy et le Théâtre du Radeau, l’humilité suprême. Mais je vois que tout le monde a suivi comme un seul homme, sauf un peu Alexandre qui a gardé sa manière (très jolie aussi).

Labels:

Je ? no




« La littérature ne commence que lorsque naît en nous une troisième personne qui nous dessaisit du pouvoir de dire Je. »

Labels:

Pour lire aux acteurs tout à l'heure



Juillet.            
       Bruxelles,        
Boulevart du Régent,
Platebandes d'amaranthes jusqu'à
L'agréable palais de Jupiter.
 Je sais que c'est Toi, qui, dans ces lieux, P[ère,]
Mêles ton Bleu presque de Sahara !

Puis, comme rose et sapin du soleil
Et liane ont ici leurs jeux enclos,
Cage de la petite veuve !.....
                                       Quelles
Troupes d'oiseaux ! o, ia io, iaio !...

 Calmes maisons, anciennes passions !
Kiosque de la Folle par affection.
Après les fesses des rosiers, balcon
Ombreux et très bas de la Juliette.

 La Juliette, ça rappelle l'Henriette,
Charmante station du chemin de fer,
Au cœur d'un mont, comme au fond d'un verger
Où mille diables bleus dansent dans l'air !

Banc vert où chante au paradis d'orage,
Sur la guitare, la blanche Irlandaise.
Puis, de la salle à manger guyanaise,
Bavardage des enfants et des cages.

Fenêtre du duc qui fais que je pense
Au poison des escargots et du buis
Qui dort ici-bas au soleil.     Et puis
C'est trop beau ! trop ! Gardons notre silence.

 Boulevart sans mouvement ni commerce,
Muet, tout drame et toute comédie,
Réunion des scènes infinie,
Je te connais et t'admire en silence.



manuscrit 

Labels:

De luxe


(Photo Marc Domage.)

Labels:

Valérie est magique comme toujours




Bonsoir,



Pour vous dire ma surprise de vendredi soir, le plaisir de découvrir votre travail, de me trouver suspendue là, sur le pont de « C. »


Comédienne allemande, j'ai le compliment plutôt revêche.
Puis, dès que je suis entrée dans la salle, et d'une façon très inattendue, je me suis soudain retrouvée chez Robert Walser, chez Rilke aussi, à quelque endroit secret où s'enchevêtrent les désirs.
Merci à vous et aux acteurs de m'avoir emmenée au coeur du jardin, avec toute la force et la délicatesse que ça exige...

Je serais heureuse de pouvoir vous rencontrer un jour proche dans le travail et aussi, de vous inviter à venir voir le nôtre cet automne,

Un bel été à vous,
Jana Klein

p.s.: J'ai retrouvé la traduction du texte de Walser auquel je pensais: « La nature, mon cher frère, est grande d'une façon tellement mystérieuse et tellement inépuisable qu'au moment même où l'on s'en réjouit, on en souffre déjà (...) »



C’est merveilleux que vous ayez associé votre soirée à des auteurs si prestigieux. Je connais très peu Rilke (mais je sais que c’est grand) et beaucoup mieux Robert Walser que j’adore. Il est vrai que nous étions sur les crêtes grâce à Hélène Bessette, l'écrivain français inouï revivifié par Valérie Dréville. C'est vrai, cette phrase de Walser, il y a qqch d'une souffrance, d'une pensée, d'une conscience, qui va contre la vie et sa jouissance, mais dont nous pouvons aussi nous reposer... C'est ce que nous avons essayé de faire avec ce spectacle qui attirait tout comme la foudre, et les rires et les larmes, nous avons essayé... de regarder un peu derrière la scène et de nous reposer... Restons en contact, moi, je n'ai aucun projet sauf ce stage en septembre et je serai ravi de voir votre travail d'automne...






Jenna Hasse

merci pour ce dimanche qui a débuté sous la grisaille et qui s'est transformé au théâtre en une pluie poétique :-) à bientôt!







You're welcome ! Merci infiniment à vous. Oui, l'effet pluie, dimanche, était peut-être le plus réussi de toute la série...







Nicolas Cartier
J'ai découvert votre travail ce soir
Vraiment un très grand merci






Yann Gonzalez
Merci Yves-Noël, merci pour la beauté, elle était partout jeudi soir, sur les visages de tes comédiens, dans la lumière, dans ces gestes si singuliers, magiques presque, dont toi seul a le secret. Je t'embrasse,
Yann



Très ému que tu aies pu voir ça ! (et en ressentir de la magie...) Bises






Cher Monsieur Genod,
Je suis une jeune étudiante d'Isabelle Barbéris en dramaturgie contemporaine. J'ai eu la chance d'assister à une représentation de Je m'occupe de vous personnellement le 19 et en ai fait une critique, que je souhaitais vous faire parvenir.
Merci beaucoup pour ce très beau moment.
Bien à vous,
Aline Esquembre



Yves-Noël Genod s'occupe de vous en personne : dès l'entrée du théâtre pour vous prendre la main, vous saluer et vous mener jusqu'au plateau. Laissez-vous guider par le metteur en scène, il vous tendra alors des cartes qu'il vous faudra tirer : un tirage sous l'égide de la chance, délivrant des citations, des œuvres d'arts et que sais-je encore. Il faut y aller chaque soir pour le savoir.

« Fais les pièces comme ça te vient »

Sur fond de Casta Diva par la Callas, le ton est donné par Virginia Woolf, et c'est ainsi que commence la rêverie théâtrale promise par ce dramaturge à l'allure de magicien.

Hors-cadre, hors champ : théâtre soulagé

Le théâtre est un rond-point qui organise la circulation, ordonne le flux ; Yves-Noël Genod un prestidigitateur capable de montrer dans un même mouvement les codes dramatiques et leur délicieux dépassement. La scène est sans limites. Alors, le jeu saisit toutes les aires: dehors et dedans n'existent plus, le corps découpe des scènes dans l'espace à chacun de ses pas. Impossible de se débarrasser du metteur en scène, tantôt dans le hall du théâtre, tantôt assis à vos côtés. Cependant on se demande si, ce faisant, Yves-Noël Genod ne délivre pas le théâtre de cette figure parfois pesante. La présence d'un plateau n'a de sens qu'en tant qu'objet de sa propre mise en abîme : le monde est une scène qui les contient toutes. L'acteur est tel un enfant qui ne pose aucune limite au jeu, toute chose crée une rêverie, déroule un imaginaire, le fil d'une histoire. Cette ouverture à chaque possible n'est pas sans rajeunir chacun et si l'on rit, c'est bien dans le souvenir de cette audace, cet entrain que l'on n'a que trop perdu. Rien d'étonnant alors dans le fait de recouvrir le sol d'eau pour nager un crawl, d'ouvrir une fenêtre pour s'adresser aux passants. Que chaque lieu soit scène, que chaque chose soit accessoire, même le sapin absent que l'on décore, que tout le monde soit acteur : abolir les règles, émanciper. Où le théâtre commence et où finit-il, qu'est-ce qui sépare encore le spectateur de l'acteur ? La question ne se pose même plus, Genod dépasse cela, il suffit de lâcher prise pour profiter de cette délicate catharsis. En ce sens, ils nous confessent, nous instruisent, nous transmettent, dans une énergie proche de la performance – et les passages d'improvisations ne manquent certainement pas : n'est-ce pas cela le renouvellement des arts vivants ? Dans ce jardin théâtral poussent des plantes aux mille vertus, la scène est un croisement où s'entrechoquent l'hortus conclusus et un terrain sans limite, celui de toute rêverie, de toute possibilité. Ce que Genod a bien compris c'est que ce mixe de la scène, plus que de nous faire accepter notre monde, l’adoucis : purge les esprits et les corps.

Quand le jardin d'Eden se fait purgatoire

Plateau quasi nu dont le seul linge est de verdure, un nombre considérable de plantes aux qualités médicinales – un herbier en somme, dont Yves-Noël Genod nous énumère les espèces. C'est à la fois l'Eden qui baigne dans la lumière des deux fenêtres ouvertes côté jardin, caressées par un léger courant d'air et dans lequel un homme nu fait sa toilette ; mais pourtant, cette nature empotée se fait aussi bosquet érigé par la main de l'homme : jardin profane. Alors on les arrose, on les taille sur scène. La flore se donne dans une dimension de purgatoire car ç'en est fait de la nature toute puissante et indomptable, la plante sur scène constitue une passerelle, un continuum entre la vie et le théâtre. Non seulement la nature s'invite sur scène, mais c'est aussi le cas de la faune : une poule, un oiseau participent eux aussi de cette représentation en abyme de la vie ; ainsi « Ce qu'on maintenait autrefois hors de l'enclos, le sauvage, la mauvaise herbe, pénètre aujourd'hui le théâtre », dit Genod. Ainsi, même en sachant que le plateau possède cette capacité à mettre la vie au carré, on sort surpris de l'allègement prodigué par cette expérience, le voyage a été effectué en douceur. Toutefois, ce n'est pas sans prévenir, nous n'y avons peut-être pas cru en entrant, mais Yves-Noël Genod s'est occupé de nous et personnellement. Il nous a concocté un filtre capable d'apaiser les plus grandes violences de la vie. Aussi appuie-t-il toujours là où ça fait mal : l'amour, le désamour, la mort, l'envie de mort, l'ignorance et le besoin de reconnaissance, l'envie de se sentir être, etc. Chaque plaie de la vie est triturée, cependant on n’en sort que plus serein. Douce abréaction. Ce n'est pas qu'un jeu : ils nous font entrer en état de rêverie et cela pour mieux nous implanter dans le monde tel qu'il est. Rien n'est faux ici, c'est bien la vie telle qu'elle sait l'être et pour nous la faire accepter, quoi de mieux que le théâtre ? L'art de la scène remplie ainsi sa tâche la plus précieuse, celle de nous aider à démêler les nœuds de l'existence ou au moins à la traverser.

Je m'occupe de vous personnellement, mise en scène : Yves-Noël Genod, Théâtre du Rond-Point, 19h, jusqu'au 24 juin (dimanche : 15h30). Avec : Valérie Dréville, Marlène Saldana, Alexandre Styker, Dominique Uber, Lorenzo de Angelis, Yves‑Noël Genod.



Merci ! Et bravo ! Tout est agréable dans ce que vous dites. Une phrase comme celle-ci : « La présence d'un plateau n'a de sens qu'en tant qu'objet de sa propre mise en abîme : le monde est une scène qui les contient toutes » reprend un poème d’Arthur Rimbaud qui m’est cher (Plates-bandes d’amarantes…) et dont j’avais extrait le titre du spectacle présenté en novembre dernier sur l’île de la Réunion : Réunion des scènes infinie. Dans la représentation que vous avez vue, Lorenzo de Angelis remplaçait Marcus Vigneron-Coudray.
Bien à vous,
Yves-Noël Genod













Flavien Giorda

Bonsoir Yves-Noël,



Nous nous sommes déjà croisés (ayant quelques amis communs), et je tenais à te féliciter pour Je m'occupe de vous personnellement, que j'ai vu aujourd'hui, et qui – comme tes autres pièces que j'avais pu découvrir – marque par sa singularité, en terme de gestion de l'espace scénique, du temps, des sensations. Les comédiens sont tous formidables (quel plaisir de retrouver les yeux bleus et le sourire malicieux de Valérie Dréville) et l'irruption de l'extérieur (la lumière, la pluie) dans la pièce était remarquable. Comme si le réel, l'immédiat, influait sur la performance.

J'espère que tu étais heureux de cette dernière et que les retours sur cette dernière création ont été bons.



Très bonne semaine à toi et à bientôt,

Flavien







Objet : Amicalement
Tout proche un homme nous lit, sourire légèrement désarmant aux lèvres, de petits mots du Tao Te Kin ou de quelque autre sagesse orientale, de Marina Tsvétaéva, encore de Peter Handke. Nous l'écoutons et pensons à d'autres mots que nous aimons, d'autres phrases qui selon les jours sont aides pour leurs traversées.
Une femme défait ses bas, mange une pastèque, une autre lit Hélène Bessette, des plantes poussent et se balancent, quelqu'un nage à vive allure sur le sol ou se saisit d'une poule pour en faire une mitraillette. Ça caquette. François Hollande métamorphosé en Madame Verdurin (Cf. Le Théâtre retrouvé) s'avance dans le silence ahuri et programmatique qui ne peut être que le sien devant la délicatesse véritable et la beauté. Nous partageons des instants dont chacun tire une luminescence qui l'accompagnera longtemps. Parfois éclate un feu d'artifice(s). Nous sommes au théâtre. Une femme dit je t'aime et nous « aillerions » la croire. Ils vont traverser le mur. D'autres retirent leur culotte et le toit s'ouvre et se referme. Un homme, au loin, s'exerce au tub comme chez Degas.
Nous avons partagé le temps d'un jardin, appris le noms de tiers herbes. La rumeur nous parvient. Les fenêtres sont ouvertes. Champagne.

Hola.

N. S. (Struve)






Floriane Comméléran
Merci merci merci pour cette après-midi.
Il y avait l'infiniment petit et l'infiniment grand, c'était à la fois un jardin et à la fois une forêt.







Garance Clavel
Merci encore, merci pour hier, Valérie est magique comme toujours – ç'était magnifique !







Cécile Mathieu
Merci pour ce dimanche en votre compagnie.

En flânant avant Je m'occupe... je pensais soudain aux nœuds d'Eva Hesse.

Les mots de Valérie Dréville me portent encore. A un moment, c'était vraiment pour moi, plantée devant moi, elle s'adressait à moi en parlant de cette jeune femme.

Il ne se passe rien et il se passe tout.

J'écris ces mots avec, en fond sonore, un film de Fassbinder, ne parlant pas allemand, la situation n'est pas très claire, je ne comprends rien et pourtant ce « chaos » s'organise.

Bien à vous,
Cécile



Et merci à vous de vous être sentie concernée... Preuve de génie... Au plaisir !







Alain Neddam
Magnifique dernière ce soir au Rond-Point...













Marine Fourniol
…J'étais là de nouveau le samedi 23... surprise d'une pièce autre !!! Avec la lumière, nouvelles présences, textes et émotions...
Merci pour ce bon moment de contemplation...
(…)
Marine

Labels: