Saturday, September 29, 2012

Monsieur Solitude



Bébé me reproche d’écrire des choses tristes sur mon blog. Il s’inquiète. Mais, mon Dieu, je lui dis, tout mon blog est très triste. C’est plaintif, c’est élégiaque. Ce n’est pas parce que, de temps en temps, je crie de joie, « Bébé, bébé ! » que je ne me retrouve pas avec, avec – c’est ça que j’ai en partage avec Françoise Sagan – cette conscience de la solitude. Françoise Sagan est beaucoup plus pessimiste que moi. Elle dit – avec raison – que le problème, c’est le manque de temps. Les gens n’ont pas le temps de se connaître. C’est vrai – même en me focalisant sur Bébé comme je le fais – lui ou un autre, lui vaut un autre – je suis triste déjà car, même lui, même une personne, je n’aurais pas le temps de le rencontrer. Alors on se retrouve dans son lit, seul ou triste, et cela s’appelle la conscience. C’est assez rare pour qu’on juge – que je juge – que ça peut avoir sa trace sur ce blog. Mais c’est pour moi, c’est tout, c’est moi, je me reconnais, moi. Vous savez, je suis Monsieur Solitude, quand même, moi... Plus qu’un autre.

C’est fabuleux, la solitude. C’est un pays immense, sans fin, sans fond. C’est Lyon, par exemple. Lyon est la connaissance de la solitude – que j’ai – sous la forme d’une ville. La beauté invraisemblable de Lyon – et qui est réelle – est aussi la beauté d’un pays sans fin, sans fond, avec deux fleuves qui se rejoignent – féminin, masculin. C’est une fourche, comme ça, avec le rejoignement des fleuves, les fleuves qui se retrouvent, enfin, qui sont là, qui se rejoignent et, dans l’espace qu’ils proposent, immense comme une pampa, il y a moi, perdu, incroyable et seul – et pourtant cerné, récolté par les murs de cette ville fictive, cette ville qui ne s’arrête jamais – qui coule  comme les fleuves .

J’ai été si jeune et si seul à Lyon ! La chance que j’ai eue est celle-ci : quand j’ai été jeune – à Lyon – je n’existais pas. Chance que ma sœur n’a pas eue.

Je ne voudrais pas revenir sur Pierre, mais – c’est l’exception – je crains de l’avoir rencontré, lui, pour toujours. Comme s’il était mort, c’est le mieux de ce que je peux formuler. Les femmes que j’ai connues, non, malgré la joie intense, sexuelle, non, je ne les ai jamais rencontrées. On ne devrait jamais renoncer au sexe. Je devrais encore essayer. Mais qui viendra doucement gratter les murs du nothing ? De la beauté et de la déchirure. Voilà ce que j’écris sur mon blog, des choses comme ça. Choses que l’on trouve dans les livres.

Dépendre du temps qu'il trouve



« L’écrivain est un animal sauvage, enfermé avec lui-même. Il regarde – ou pas – en dehors de sa cage, cela dépend du temps qu’il trouve. »

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If it be your will








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L'Homme idéal



« Il n’y a pas d’homme idéal. L’homme idéal, c’est celui qu’on aime à l’heure actuelle. Il peut être enfantin, il peut avoir quatre-vingt-dix ans, il n’y a pas de loi. Ce peut-être un minet ou un grand-père. Il peut être protecteur ou vouloir être protégé. On est maniaque des généralités quand on parle d’homme idéal… »
Ça m’amuse de lire ça parce qu’on parlait, l’autre soir, avec Bébé, des problèmes de jalousie (éventuels) de son ami, Sébastien, qui suit nos aventures (fictives) sur ce blog et je disais : « Oh, mais tu n’as qu’à lui dire que je suis ton grand-père, qu’il ne peut rien se passer de décisivement sexuel entre nous. » Et Bébé dit : « C’est exac-tement ce que je lui ai dit. » Ah, Bébé, je t’admire !

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Amen



Dominique m’a appelé vers cinq heures et demie pour me dire : « Je vais peut-être avoir une place pour Leonard Cohen. Si c’est bon, c’est à sept heures et demie. » A six heures et demie, c’était bon. J’ai dévalé Paris avec l’intention de me tuer. Paris ! Paris, l’Olympia. Ça me faisait peur. Cette convergence. Paris.

J’ai écrit un poème « Il n’y a pas de plaisir extrême » parce qu’en même temps que je regardais Leonard Cohen du cinquième rang en face, je pensais que je me privais de Bébé. Mais – il n’y a pas de plaisir extrême. La première fois que j’ai vu Leonard Cohen, c’était à Saint-Etienne, l’année après le bac. Des amis étudiants m’avaient emmené. C’était mon premier concert. J’ai compris comment c’était bon. Cette chose incroyable. Tout le monde en a parlé, c’est difficile à dire. Communion. La deuxième fois, c’est ce soir. Le manager en coulisse qui m’a parlé en français m’a dit que le « Vogue » anglais avait dit que si on ne voyait qu’un concert dans sa vie, il fallait que ce fut Leonard Cohen.

Une valeur sûre. C’est-à-dire, ce que je peux dire : je le mets aussi haut que Jorge Luis Borges. Sagesse humaine. Poésie extrême. Mais. Il n’y a pas de plaisir extrême. M’a rappelé aussi l’incroyable soirée Pelléas et Mélisande, Maeterlinck, Debussy, Bob Wilson. Toute la sagesse humaine – pas moins – donnée au peuple – en une soirée. Rentrez chez vous, vous pouvez mourir. Ou vivre. Leonard Cohen a dit : « It’s been a great privilege being your friend. »

Dans quel espace insensé peut-on voyager, peut-on se perdre, peut-on progresser ? Délibérément creusé. Ces espaces ne sont pas physiques. Mais ils ne sont pas hors du monde. There is a crack in everything / That’s how light gets in. Ce voyage jusqu’au bord du lac… avec la voiture… le lac artificiel… très long. Go back to the world.

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Oui, le gris pur
Maintenant retransformé
En reflet, en miroir

Et transforme le poème
Lit de neige
En Matière de Bretagne

Le paysage s’est vidé

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Le Veuvage de chaque gouvernement



Il n’y a pas de plaisir extrême. Tout a une faille, a crack, eine Schliere. A smudge, a blotch. A splotch. Une fêlure. Une paille. Il n’y a pas de plaisir extrême. Du sable. Un crapaud. Des traces de verre. Un voile. Ein Schleier.

Der Schleier des Vergessens, the veil of oblivion.

Journée claire. Je vais retrouver Bébé. A la nuit.

A smear. Une souillure. Il n’y a pas de plaisir extrême.  Une fente. There is a crack in everything.

Près d’une porte dans le vide. Dessinée par la mort. Une porte.

De lumière noire. Un ancien passage. Un ancien ruisseau. Un volcan. A crack. In everything. Une strie. Quelque chose de pas net. A streak of oil. Amour.

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