Friday, October 12, 2012

True Love



Néanmoins, avec le rêve que j’avais fait, j’étais heureux. J’avais rêvé d’Isabelle Huppert, chez mon psy. On se réconcilie avec qui on peut. J’avais lancé un café. Ça prenait du temps, mais j’avais la technique : je retournais me coucher sur le balcon au-dessus de la mer. J’avais rêvé aussi de coups de feu auxquels j’avais réchappé de manière confuse, je n’arrivais pas à raconter l’histoire pourtant si importante dans mon esprit de rêve. J’étais au théâtre aussi : à la Comédie Française, à l’Opéra. Là aussi , confusion. Isabelle Huppert cherchait un « Nouvel Observateur » récent, le dernier, pour voir la critique du film qu’elle voulait aller voir. Titre du film : Mini. C’était, en effet, un titre dont on parlait... Je n’en savais pas plus. Tout n’était-il donc que confusion, à Paris ? Confusion et simplicité, c’était le sens du rêve… La vérité vous arrive par les yeux, par le nez bouché, par les sens, peu importe lesquels, la vérité, comme l’amour véritable, leaves no traces.

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Tarn















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Un dessert d’évidence






Là-haut dans les lendemains bleus (On High In Blue Tomorrows)






Le monde en décision





Je vais aller à Albi, je vais choisir un nouveau roman de Françoise Sagan dans une librairie. Voilà. Ça m’aide pour écrire. Françoise Sagan. C’est assez loin de moi, alors, ça m’aide. Ce que j’écris en pensant Françoise Sagan, c’est possible, pour moi, de le relire. C’est si complexe, tout. Le tout. Ce n’est que complexité. Alors, il faut s’aider. Oui, du tout de la complexité, il faut s’aider, s’« entraider ». Le chien gémissait à l’arrière de la voiture. « Oh, pourquoi le chien pleure-t-il ? C’est parce qu’il quitte Dolly ? Il est vraiment amoureux, alors. Qu’est-ce qu’il s’en passe dans la vie d’un chien ! » Tout à l’heure, il ne voulait pas descendre de la voiture. Il a un problème avec le chien noir qui vit avec Dolly. Eh, bien, oui, il aime Dolly, alors, il a un problème avec le chien qui vit avec Dolly. En permanence. Le mari de Dolly, en quelque sorte. Peut pas le saquer. Voulait même pas descendre de la voiture. Pour éviter les histoires. Puis il est quand même descendu. Dolly si fraîche, si ravissante. Si innocente… Se méfier du chien noir. Pas d’esclandre (ce serait mal vu – mal venu). Chien affreux qui veut faire semblant d’être copain. Je te déteste. Je me méfie de toi. Tu es nul. Tu ne comprends pas Dolly. Moi, je saurais rendre Dolly heureuse. « Mais elle est heureuse, enfin… – Elle est heureuse parce que je suis là. – Non, elle est heureuse tout le temps. C’est sa nature d’être heureuse. Elle est heureuse même quand tu n’es pas là. Que ça te plaise ou non. – Ça va. Je le sais. Je sais qu’elle est heureuse toujours, même quand je ne suis pas là, c’est bien pour ça… »  On a été voir les chevaux. Non, je ne sais pas écrire. C’est très curieux. Je n’y arrive plus. Serait-ce que ? Alors, je vais regarder des films. Je m’en fiche, je vais regarder des films. Je me suis baigné plusieurs fois dans le Tarn, aujourd’hui. Et j’ai beaucoup pris le soleil. Peut-être trop. Je me sens bizarre. J’ai encore chaud. Je ne sais pas où j’en suis. Il est vingt-trois heures. Je vais ouvrir la fenêtre. Les fenêtres. J’habite dans la tour. J’ai nagé en regardant mes fenêtres. Dans la tour. Toutes les fenêtres du château étaient ouvertes, mais, à mon étage, non, il n’y avait que les miennes. C’est pour ça que je les ai reconnues. Il faisait si chaud. J’ai nagé au milieu de cette poussière dont j’ai déjà parlé. Probablement du pollen (me suis-je dit). A moins que j’aie effacé le mot « poussière », c’est possible. J’efface beaucoup de choses dans ce que j’écris. Beaucoup, beaucoup de choses. Beaucoup de choses que Liliane Giraudon ne lira jamais dans ce que j’écris pour Liliane Giraudon. J’efface jusqu’à mon identité. J’ai nagé dans la poussière jusqu’au barrage. La sœur, la sœur de Babeth m’a expliqué qu’on pouvait profiter du barrage. Il y a juste un endroit, à droite, qui est un peu dangereux. Il y a des anneaux au fond, des anneaux métalliques. Il ne faut pas plonger, mais juste à cet endroit-là. Son cousin s’était fait scalper. Elle dit cela, elle est mignonne, la sœur de Babeth. Avec ses géraniums. « Ils sont jolis, vos géraniums… – Oui, ils manquent d’eau. Tout manque d’eau, il n’a pas plu depuis des mois… – Comment vous appelez-vous, déjà ? – Oh, Babeth, vous le faites exprès ! C’est très facile à retenir, Genod, vous dites toujours que, quand je serai vieux, je serai toujours Genod. – Oui, mais le prénom ? – Yves-Noël. – Ah, oui, Yves-Noël… – Ne continuez pas, Babeth, parce que je finirai par vous croire, sur Alzheimer… – Non, non… Oui, oui… Ça vous dit de venir avec moi ? » Je n’ai pas faim. C’est bizarre. J’ai dû prendre une insolation. Je m’en fiche, je vais voir des films. Et puis demain j’irai à Albi. Chercher un livre de Françoise Sagan. Ça m’ennuie de lire autre chose, en fait. Je suis fan. J’ai tout raconté pour aujourd’hui. Les chevaux aussi.






Ruiner, ruiner les évidences. « Seems like only yesterday I was carrying my own weight… » Le désir et l’absence de désir et le corps, cette limite, cette limitation à deux jusqu’à la mort, dit-on (dicton). Une femme reste folle.  Inévidence. Folle, du reste. L’appétit. Vient en mangeant. Credence. Ce film terrifiant de bon sens, je ne peux pas le regarder plus d’une minute. Oui, même jusqu’à la mort, oui, il y a la 2D, mais pas seulement. Simplement. Si l’on limite le cadre, alors, déchire, comme l’eau. Qu’est-ce qui est déchiré ? Versailles ? « Versatile »… « vitesse »… C’est vrai, c’est le métier. Creedence Clearwater Revival.






Oui, le dehors, liquide comme les yeux.
Oui, Albi qui n’existera pas…






C’est une campagne, ici, je dirais : Corot, Millet… Il y a des chênes magnifiques… Et puis ces platanes si vivants… On dirait des bêtes autour du château… Cris d’oiseaux étranges, dans ces platanes. Comme des parasites… Ce qu’il y a de fou, dans cette « région », c’est qu’elle est un pays, un pays clos comme une famille. Il n’y a ni pente ni bord. Le Prisonnier. D’une famille sans recueil, sans bords. Sans limites. Sans mort.
Tous sont au cimetière, encore présents. Et dans les yeux du château. On peut demander la carte que l’on veut. Avec le nom que l’on veut. C’est ainsi. C’est ainsi que « Tante Angèle » se trouve sur la carte – comme titre – mais pas dans la carte. Ce n’est pas un oubli. L’explication.
Oui, toi… Si tu t’avances, même toi. Où donc tu ressurgiras ?

Le dégât des eaux. Nous ne sommes pas assurés. Sur trois étages. Il ne faisait pas froid.






Le soir, de minuscules libellules, mais d’un bleu minuscule aussi. La cloison de la forêt. Il y a tout le plein été et, la nuit, les fenêtres ouvertes. Le grand château de l’origine.

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Photo Sara Rastegar.

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