Sunday, November 04, 2012

Deux phrases de deux génies qui, pour ce soir, me feront rêver (autour du mot « prolixe »)



« Ces casques grecs, ces épées romaines croisées, les boucliers qui décorèrent alors les meubles les plus pacifiques, ne s'accordaient guère avec les délicates et prolixes arabesques, délices de madame de Pompadour. » (BALZAC, Double fam., 1830, p.276).



« La femme dormait (...). Pas de flots d'étoffes, pas d'ampleurs soyeuses, pas de toilette prolixe et coquette, pas d'exagération galante cachant et montrant, pas de nuage. » (HUGO, Homme qui rit, t.3, 1869, p.88)

Bio



Yves-Noël Genod, c’est quelqu’un qui fabrique des spectacles. Depuis neuf ans et depuis son premier one man show, En attendant Genod, produit par Loïc Touzé pour sa carte blanche dans le festival Let’s Dance, au Lieu Unique, à Nantes, Yves-Noël Genod a réalisé plus de cinquante spectacles (ainsi qu’un très grand nombre de « performances »). Ses spectacles sont toujours inspirés par les lieux et par l’amour qu’il voue aux interprètes, toujours central. Coco Chanel, à qui on demandait par avance qu’elle serait sa prochaine collection, disait : « Comment voulez-vous que je le sache ? je fais mes robes sur les mannequins ! » C’est ainsi qu’il faut voir les spectacles d’Yves-Noël Genod, non pas comme des formes créées ex nihilo, programmées à l'avance, mais comme un ajustement haute couture à partir des interprètes, des contextes et des publics. En ce sens, Yves-Noël Genod est autant un artisan qu’un artiste. Il est quelqu’un qui « fabrique » des spectacles comme, dans la mode, on fabrique des robes à partir de la personne – le théâtre comme l'« habillement » et la mise en valeur de l’essentiel (la « présence »). Yves-Noël Genod travaille aussi bien avec des danseurs que des acteurs, chanteurs, circassiens ou des amateurs aussi, des musiciens, des éclairagistes…

La saison 2011-2012 a été exceptionnellement prolifique. Huit créations et une reprise (plus quelques performances). Six de ces spectacles ont été présentés à Paris, un diptyque au Théâtre de la Cité internationale (– je peux / – oui), une autre création (Une saison en enfer) et une reprise (La Mort d’Ivan Ilitch)  au Théâtre de la Bastille, la Ménagerie de verre (pour Chic by Accident) et, enfin, le Théâtre du Rond-Point pour Je m’occupe de vous personnellement. A cela s’est ajouté une création pour l’île de la Réunion (Réunion des scènes infinie) et une pour Bologne, en Italie (Palace).

Chair translucide, cœur impénétrable



« Devenu progressivement insomniaque, il écrivait des textes informes sur les avions furtifs et les missiles intelligents. »

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Au bowling


Photo François Olislaeger.

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Book club



« En descendant, degré après degré, au cœur de la matière, on découvre la pensée, son ancienne antithèse. C’est vertigineux. On découvre que les atomes véritables ne sont pas des choses, mais des informations », croasse le corbeau subtil.
Il rêve au bord de la mer l’essence de la matière dans la chambre de la bibliothèque. Le grand escalier comme une rampe d’accès au sous-sol, aux tréfonds. Construire une image.
« Et le soleil au bout de tout venant de nous »
« Le monde matériel a perdu la partie. » Le Livre. Le dé à coudre. L’univers. 

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Âges d’or et Âges sombres



Pourquoi ne devrait-on pas lire que les livres qu’on lit avec facilité ? La plupart des livres ne me disent rien et les livres que lisent mes amis ne me disent rien non plus…

« Pascal n’avait aucune idée de la façon dont la société fonctionnait. Il était imperméable au snobisme et ne manifestait aucune faculté de dissimulation, ni aucun sens du mensonge et de la publicité – ce qui le rendait parfois un peu brutal. »

Je lis ma vie dans le livre que je lis. Ma vie n’est pas intéressante, c’est ainsi que le livre me passionne.

Parfois le livre – beaucoup plus difficile, poétique – indique une vie que j’aimerais, traverser la France à la nage. Dans un livre, en effet, l’auteur ne faisait – pendant sept cents pages – que nager parmi les rivières et décrire le paysage. (Je sais qu’on dit le « narrateur », cette différence ne m’intéresse pas.)

Comme je n’aime pas ma vie, mes expériences de lecture favorites sont celles chez les autres, dans le lit des autres, en lisant des livres volés. En général dans ces cours passages – comme est la vie – je n’ai pas le temps de finir le livre trouvé. C’est aussi ça, l’expérience de la lecture : le livre qui reste à lire… (La vie qu’il reste à mener.)

Bref, la lecture est métaphore.
Métaphore de la grande ville.
Je t’écris, je te crie. Je te croise. Je te salue, je te baise. Quel âge ? Jeune.

« Il est sans doute impossible de renouveler entièrement sa conception du monde ; les cas de conversion sont rares. »

Oui, le long temps, le long temps, le long temps, le long temps…

Le récit des trains chargés qui passent avec refrain dans la vraie vie…

« Je suis bien plus âgée que tout ce que tu peux imaginer. C’est comme si j’avais déjà vécu plusieurs fois, et toujours la même vie. Je savais à l’avance que j’allais te rencontrer. Et si nous nous sommes aimés, nous nous aimerons encore, quoi qu’il puisse nous arriver. Nous y sommes programmés. »

Il y a un grand immense oiseau qui traverse le grand immense espace de son.

Tous les univers possibles, les univers spécifiques, les univers similaires…

Combien de mots consommez-vous par jour ? Ce chiffre est-il stable ?

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Entropie



« Les gouttes d’encre, diluées dans un récipient d’eau, ne se reforment jamais. »

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Jamais je ne dirais ce qui m’arriverait sur ce blog, s’il m’arrivait qqch de réel.

Un bol d'air à midi la nuit le filtre et l'use



« Les gens de gauche inventent de nouvelles idées. Quand elles sont usées, les gens de droite les adoptent. »

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Les Fesses de Yuval


Photo Sara Rastegar.

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Spectateur quel métier



Quand je vois des performeurs sur scène, je me dis : « Dire que j’ai fait partie… est-ce possible ? »
Sourire merveilleusement à la vie, voilà ce qu’un interprète n’a qu’à faire (et pas : que faire).

Minority becoming



« Les gens pensent toujours à un avenir majoritaire (quand je serai grand, quand j’aurai le pouvoir…) Alors que le problème est celui d’un devenir-minoritaire : non pas faire semblant, non pas faire ou imiter l’enfant, le fou, la femme, l’animal, le bêgue ou l’étranger, mais devenir tout cela, pour inventer de nouvelles forces ou de nouvelles armes. »

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Fin de stage






Photos Sara Rastegar. Michel Jurowicz, Yuval Rozman, Clément Aubert, Benoît Izard.

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« Bon, ça c'était l'autre jour depuis la plate-forme de la gare Lille Europe. Ca m'a fait penser à tous ces amateurs d'érables qui font le voyage de Kyoto pour observer le changement de couleur des feuilles. Je ne sais pas si c'est un érable ici. C'est le rouge. C'est à cause du rouge. Et justement, dans Peau d'âne qu'on vient de revoir avec C., le prince et toute sa famille, son château, ses chevaux, tout est rouge. Tandis que chez Peau d'âne, tout est bleu. Et il y a trois robes. Il n'est pas question de symbolisme ou de numérologie. Juste de combinatoire. Alors, je me suis acheté la veste à paillette de Michaël Jackson dans Billie Jean. Enfin, la copie officielle, hein. J'espère que ça va briller dans le noir. C'est la pièce d'Yves Noël Genod, vue hier au Théâtre de la Cité Internationale, – je peux / – oui, qui m'a donné envie de paillettes, de lumière. D'ailleurs j'aurais bien aimé qu'Yves Noël fasse la scénographie du concert de Sofitel. Il faudrait que je lui demande. Ou alors il faudrait qu'il lise mon blog (mais aussi il faudrait que j'écrive un peu plus régulièrement). Bon, je vais lui écrire un mail.
J'ai donc pensé lumière, j'ai donc pensé scénographie. Danse. Pas forcément danse, danse. Peut-être pôle-dance ?
 Cessez ces enfantillages !
 Je ne peux pas lui échapper…
On est allé jouer dans l'espace enfants de Beaubourg avec C. avant que je ne me fasse avoir à la librairie où elle m'a fait acheter la moitié du magasin. C'est que c'est trop agréable de la gâter. Ensuite on a mangé du délicieux agneau grillé que prépare le boucher chinois de la rue au Maire avec un reste de soupe miso.
C. a eu envie d'un gâteau après avoir vu Peau d'âne. C'était couru d'avance.
Un peu déçu par l'expo Mathématiques de la Fondation Cartier. Les interviews, ça n'est bien que quand les mathématiciens parlent de leur travail en détail, mais quand ils se perdent dans des généralités, c'est sans intérêt. Les robots de Lynch sont marrants, mais juste marrants. La plus belle pièce c'est la pseudo sphère à courbure négative de Hiroshi Sugimoto. »

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Esti / Bébé










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Un très, très beau poème d’Eluard publié par Pierre



Notre mouvement

Nous vivons dans l'oubli de nos métamorphoses

Le jour est paresseux mais la nuit est active

Un bol d'air à midi la nuit le filtre et l'use

La nuit ne laisse pas de poussière sur nous



Mais cet écho qui roule tout le long du jour

Cet écho hors du temps d'angoisse ou de caresses

Cet enchaînement brut des mondes insipides

Et des mondes sensibles son soleil est double
Sommes-nous près ou loin de notre conscience

Où sont nos bornes nos racines notre but
Le long plaisir pourtant de nos métamorphoses

Squelettes s'animant dans les murs pourrissants

Les rendez-vous donnés aux formes insensées

A la chair ingénieuse aux aveugles voyants



Les rendez-vous donnés par la face au profil

Par la souffrance à la santé par la lumière

A la forêt par la montagne à la vallée

Par la mine à la fleur par la perle au soleil



Nous sommes corps à corps nous sommes terre à terre

Nous naissons de partout nous sommes sans limites







Je parle à Pierre de ce dont je parle toujours (et que Paul Auster dit très bien, je crois, dans The Invention of Solitude que je viens d’acheter), que n’importe quel livre, même le plus crowded a pour sujet principal la solitude parce qu’il s’agit de la solitude de celui qui écrit – solitude aussi de celui qui lit… et blablabla et, d’ailleurs, si j’écoutais ce blablabla, je pourrais déceler moi-même ce que me dit à présent Pierre : que le thème de l’écriture, c’est aussi l’amour (j’aurais pu le déceler parce qu’il y a en effet deux solitudes qui se rencontrent). Et aussi, dit Pierre : « Retrouver l’amour, la possibilité de l’amour. Parce que l’amour est une chose rare et, le thème de la littérature, c’est de le retrouver. » Je lui dis qu’en effet, lui, son écriture, c’est ça – ça aussi, je n’ai jamais cessé de le dire – Bénédicte Le Lamer disait qu’il proposait « un état amoureux du monde ». Il dit qu’il ne le fait pas consciemment, d’ailleurs. Je lui dis : « Non, c’est vrai, tu ne cherches pas à le faire, c’est toi. » (« Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer. » Et Michel de Montaigne ajoute en marge sur la première édition du livre : « parce que c’était lui ». Puis il ajoute encore, mais plus tard, à une autre relecture : « parce que c’était moi ».) 

Fruta prohibida



 « Il fut l’enfant mélancolique d’un siècle d’or et de désordres qu’il contempla harmonieusement, art et hasard confondus. »

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Le Manteau



« Marcel Proust vint s’asseoir au bal en face de moi, sur une petite chaise dorée, livide et barbu, avec sa pelisse de fourrure, son visage de douleur et ses yeux qui voyaient la nuit. »

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Une incarnation soudaine



« People see what they expect to see. It’s the principle of association. »

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