Thursday, January 10, 2013

Apparition du théâtre



J’ai vu un spectacle dont je ne peux pas dire du mal car beaucoup de gens que j’aime l’ont aimé, mais — je revenais du Mexique, je me suis précipité à cause de ce qu’ils en disaient — comme c’était mal joué ! C’est-à-dire d’une manière française, névrosée, déprimée, angoissée — quel intérêt ? Jouez dans la langue originelle, ça éviterait le par-cœur de l’ennui, la cachette du par-cœur, l’angoisse du par-cœur, la cachette de l’angoisse du par-cœur, la dissimulation du mensonge car l’intention n’est rien, l’intention ne cache pas le par-cœur et le mensonge et le fait que vous ne pensez pas à ce que vous faites. La mise en scène n’était pas du tout nulle, elle était même discrète, mais les acteurs jouaient tellement mal ! Et je me demandais pourquoi. C’est quand même pas difficile de bien jouer. La France est-elle si... Bon, c’était quand même pas aussi mauvais que Nouveau Roman ! J’écrivais cela dans les premières minutes du spectacle et puis — voyez — la pièce finit par agir, à un moment on y croit, l’arrivée d’un acteur qualifié d’« animal dans le zoo contemporain » ou de « pomme du même arbre » et on y croit — allez savoir pourquoi, ça prend — il y a comme une humilité chez le spectateur qui accepte sa dure condition : rester coincer devant un vilain spectacle — et la pièce, puisqu’il y en a une, prend, par l’acteur-animal — qui a probablement « tué », « pillé », comme il est dit. Cela me faisait penser à la phrase d’Edouard Levé : « J'ai peut-être parlé sans le savoir avec qq qui a tué qq » (que j’avais entendue dans le documentaire radiophonique de Clara Chabalier) *. Les acteurs ralentissaient pour sortir en coulisse parce que les coulisses de ce théâtre sont très étroites — plus il y a d’acteurs, plus il y a d’embouteillage. Et puis c’est devenu bien, je ne sais pas, la lumière a changé, les fautes de jeu ont paru plus discrètes et d’autres merveilles, les merveilles des acteurs, sont apparues.

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Guide


« Robert was maybe just maybe one-quarter alive but... Tracy was definitely dead. No fucking doubt a-fucking-bout it. Because she was... upside down ?
Guided By Voices : The hole I dig is bottomless / But nothing else can set me free. »




« Scott reentered the living room, sat.

« Déjà vu, » Luke muttered. He'd seen Scott reenter the room in that exact way before. Time was he'd have figured such thoughts were just fallout from LSD, DMT, Ecstasy... Now he knew they were magical.

Guided By Voices : Oh, I... / wouldn't dare to... / bring out this... / awful bliss. »




« Tracy dipped the pointy tip of her shoe into Chri's black jeans and gave a very slight push.

Guided by Voices : When you motor away / beyond the once-red lips...

« Oh, shit. » Robert stuck out his shoe, kicked. Chris slid a half foot toward the door. His hands did little flip-flops. The palms bloomed. His face sort of... slackened, is one way to put it.

Guided by Voices : When you free yourself / from the chance of a lifetime... »




« Pam's sculpting two teeny clown hats out of Goof's giant nipples. From the look on his face, he seems very, very into it.

Guided by Voices : I'm too tired to run from the tiger / I'm too dumb to hide in the bushes.

Suddenly there's this, like, unbelievable pain. Upper chest. « Oh, fuck. » Goof gasps, gasps, gasps balls his fist. « Please... stop. » »




« It was minutes to closing. A loud, repetitive, dense guitar riff made the store feel unreal and sort of sinister. It could have been old Spacemen 3. Maybe « O.D. Catastrophe », weirdly enough. Chris was learning on one of the cash registers. He had a pale, impish face, blond, disorganized hair, and a slim, lanky body that drove me insane. When our eyes met he shone, period, for a few seconds there. »




« This works fast, » I say, turning to Mason. « If I space too far out, stick around, keep an eye on me, yeah ? » And even as I say this, I'm spacing out.

« Will do, » Mason said. He was over by my VCR, crouched, doing something.

Donovan : Looking through crystal spectacles / I can see I had your fun.
(...)
Scott stared into something beyond the constraints of human language.
Luke's eyes are so mesmerizing they're practically... what ? I study their swirly, multiplicitous color for what seems like days, thinking, Wow.
Donovan: Dow dow dow dow... dow dow... dow... dow dow. »




« « Later, guys. » Chris, hugging himself to keep warm, trotted into a typical, faintly lit mini-mall. When he turned to wave bye, his friend's truck was a dot.

On the truck's staticky radio, Pavement's « Cut Your Hair » cross-faded into... uh, Guided by Voices?
« Let's fucking end it, » said Robert.
(...) Tracy's eyes watered. « Okay, » she said. And she covered her face. »

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13 (des pieds et des mains)
























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Comme un tableau vivant


« Me servir de la peinture, me servir de l’art pour établir un modus vivendi, une sorte de façon de comprendre la vie. C’est-à-dire probablement d’essayer de faire de ma vie elle-même une œuvre d’art au lieu de passer ma vie à faire des œuvres d’art sous forme de tableaux, sous forme de sculptures. J’ai pensé... J’ai pensé, je le pense maintenant, je ne l’ai pas pensé au moment où je le faisais, qu’on pouvait très bien faire de sa vie, c’est-à-dire de sa façon de respirer, sa façon d’agir, sa façon de réagir avec les autres individus, on peut traiter ça comme un tableau, si vous voulez, comme un tableau vivant, même un tableau de cinéma si vous voulez. En tout cas, c’est mes conclusions maintenant, je vous répète bien que ça n’a jamais été voulu et organisé quand j’avais 20 ans ou 15 ans, du tout, mais je m’en rends compte maintenant après de nombreuses années que, au fond, c’est à ça que j’ai tendu. »

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L'Amour moderne



« Je pense souvent avec une sympathie mêlée de pitié à la vie du peintre Watteau, dont l’œuvre demeure la peinture, l’allégorie, l’apothéose de l’amour et du plaisir, et qui était, au dire de tous ses biographes, d’une constitution si faible qu’il ne put jamais goûter, ou presque jamais, au plaisir de l’amour. Aussi dans son œuvre l’amour est mélancolique et le plaisir même. On a dit que le premier il avait peint l’amour moderne, voulant sans doute dire par là un amour où la causerie, la gourmandise, la promenade, la tristesse du déguisement, de l’eau et de l’heure qui passent, tiennent plus de place que le plaisir même, une sorte d’impuissance ornée. »

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Le Marché de nuit



Jenni Rivera était morte dans un accident d’avion. On m’apportait des glaçons. J’avais été au zoo, au park. Les animaux étaient longs et lents. J’ai compris pourquoi je me distrais de la réalité. C’est parce que je vois tout en spectacles. Il y en a des milliers. La position de survie (puisque rien ne se réalise) est de me détacher de la réalité. J’ai rencontré l’ours de tes yeux, l’ours gris de tes yeux bleus. Il tournait, il n’y voyait pas beaucoup, il fumait un joint.

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